mercredi 10 mars 2010

portée ?



Voici une carte postale que j'aurais bien pu regarder un peu vite et ranger dans les cartes postales Boring ou un peu mieux, dans le classeur réservé aux cartes postales d'intérieurs de restaurants vides.
Car, oui ce grand vide, cet ennui profond qui jaillit de cet alignement de chaises de paille rustiques d'habitude me plongent dans un état de jubilation morbide et de désespoir esthétique. Enfin, je vous rassure quelques secondes seulement ensuite j'en souris et m'en amuse.
Mais...
J'ai toujours un regard plus ouvert quand je perçois comme ici un travail de charpente intéressant.
J'aime les structures en lamellé-collé et là je suis servi. Regardez les belles courbes tombant étrangement à l'intérieur de la salle.
C'est assez beau non ?
Elles offrent une idée de mollesse et d'abandon en dégageant totalement l'espace de cette pièce.
Mais ce qui me questionne encore plus c'est bien sur quoi ces poutres reposent ?
Car enfin c'est certain, c'est impossible que la baie vitrée retienne à elle seule ce poids !
Aucun pilier et aucun renfort dans la façade, avouez que c'est mystérieux... Est-ce que quelqu'un d'entre vous comprend comment cela tient ?
Un tirant sur le toit retenant aux extrémités les poutres par l'extérieur ?
En tout cas, pour moi il s'agit bien d'une prouesse constructive et structurelle. Du coup cet espace immense dégagé complètement de tout pilier devient bien alléchant.
Même si la sensation que les poutres se plient au dessus de nos têtes est aussi bien curieuse.
Nous sommes à Offoy dans la Somme au domaines des îles. C'est une carte Combier sans date et sans nom d'architecte...

mardi 9 mars 2010

The Prud

Je recois ce matin de Concord :
Voyez ce que nous dit l'éditeur de la carte postale :
Completed in 1964 and design by architect Charles Luckman, The Prudential Tower is Boston's second tallest building with 52 floors thta reach 750 feet. It was the tallest buiding in the world outside New-York on competition. Today, it is no longer even among the fifty tallest buildings in the U.S.A. A 50th floor observation deck, called the Prudential Skywalk, is the highest observation deck in New England.
Ouf !
Le cliché est de Patrick Ruth et semble bien accuser la belle grille de la tour, dans un jeu bien abstrait.
En même temps ce point de vue raccourcit énormément la tour au point que je me demande si la photographie n'a pas été soit prise d'un étage (?) soit prise au téléobjectif afin de ramener l'œil au plus près de la grille.
On admirera la délicatesse de la Poste qui colle sur l'image cette pièce de papier offrant au cinétisme de l'architecture, le code secret d'un jeu de lignes orange très... troublantes !
Puis-je (dois-je ?) tenter de retirer cette intervention qui finalement dans son hermétisme me ravit ?
La carte nous dit aussi que les habitants de Boston appellent la tour "the Pru" car c'est ainsi que c'est imprimé dans le cadre blanc de la carte postale.
Claude Lothier est l'expéditeur de cette carte postale. Merci Claude.

ça grignote le patrimoine moderne

le Comité Français de Vigilance Brutaliste est au regret de vous annoncer la destruction commencée du magnifique Palais des Congrès de Rouen, oeuvre de Monsieur Dusseaux.
Voyez :






Comme le cœur des rouennais doit aujourd'hui battre d'un sentiment de renouveau devant les attaques des grignoteuses.
Ils l'ont eu le Palais des Congrès...
Il faudra être très vigilant ces jours-ci car on pourrait bien voir la grignoteuse traverser la Seine et attaquer le tout neuf bâtiment de Monsieur Ricciotti...
Avec un peu de chance, des fouilles archéologiques mettront un beau bordel dans le futur chantier et la ville de Rouen se retrouvera avec un beau trou au pied de la Cathédrale.
J'ai hâte maintenant de voir la tête stupéfaite des heureux du jour, quand ils verront que finalement le Palais des Congrès à côté du projet de Monsieur Viguier était bien gentil !
Vive l'absence de culture architecturale française !
Vive la République des idées bien pensantes !
Vive le conformisme idéologique !
Mais ce qui est rassurant avec Rouen c'est que vous verrez dans vingt ans on cassera à nouveau, parce que vraiment le moderne...

lundi 8 mars 2010

miroirs vide.


Personne.
Pas même à bien y regarder dans les reflets.
La ville vide.
Peut-être un dimanche ?
Le mois d'août ?
Mais la place des Miroirs d'Evry porte bien son nom. Sur des pans de verre tout de biais le soleil tape jusqu'à s'égarer sur le sol dans des reflets ombrés.
Difficile de lire l'espace et encore plus l'architecture. Que dire alors de sa fonction...
La sensation aussi d'un bordel de formes, d'un agglomérat de matériaux que le point de vue écrase surtout dans le fond de l'image.
Les immeubles qui dépassent aux larges jardinières font bien penser à messieurs Andrault et Parat.
Mais les volumes de briques ?
Cette place d'ici a l'air bien peu ouverte et ressemble plus à une voie piétonne encadrée de vérandas.
On ne peut rien juger d'ici.
Le vide de marcheur, le manque d'animation, heureusement contrebalancés par un ciel éclatant et une lumière écrasante, ne font pas peur.
Une oblitération de la Poste nous dit : "venez voir grandir Evry"
Oui. On viendrait bien. Nous sommes en 1980.


les shorts


Trois gamins au coin d'une rue.
La rue en friche, un peu.
Herbes folles passées et laissées derrière eux.
Ça pique les mollets.
Et puis dans l'accueillant petit immeuble se prépare sans doute un goûter mémorable, quelque chose de gargantuesque.
Mais aussi les devoirs à finir.
Demain, oui demain, les shorts un peu sales reprendront l'exploration du terrain vague. L'espoir d'une cabane à construire là, en secret.
Car le chantier des immeubles ne laissera pas beaucoup le temps d'en profiter.
Construire aussi ce souvenir.
La flèche peinte un peu sèchement sur le bitume donne le sens de circulation de la course cycliste de ce week-end.
Et les rochers, immuables enregistreurs d'une énergie tellurique, composent malgré eux un désuet paysage.
Nous sommes à Saint Michel sur Orge, devant les H.L.M Saint Michel.
La carte postale Combier nous donne également une date : 1974
Et mieux encore un nom d'architecte : Monsieur André Gossin.

samedi 6 mars 2010

des choux et des épis

Nous revoici à Créteil, cette fois avec une carte postale des épis de Monsieur Grandval que nous avons déjà évoqués ici.
Je n'avais que (et c'est déjà beaucoup) la carte postale de Nogovoyages à vous montrer.
Maintenant je peux aussi vous faire voir ça :


Une belle édition chez Raymon éditeur dont nous apprécions tant le travail ici.
La carte postale nous offre un point de vue ouvert dans lequel on circule aisément. D'un peu haut, on voit parfaitement le quartier et l'implantation des tours sur le sol.
Le bâtiment des garages à gauche et une autre construction circulaire couverte d'un toit bleu dont je ne connais pas l'usage, mais j'aimerais qu'il s'agisse d'une école. L'ensemble a l'air neuf car on devine au travers des fenêtres de la tour de gauche le vide des appartements, sans rideaux et dans lesquels la lumière pénètre parfaitement.



Je ne vois personne et seules les Renault 4 signent une présence.
Le guide d'architecture contemporaine en France est assez dur sur ces immeubles de Monsieur Grandval :
"1693 logements, architectes : Gérard Grandval et Louis de Marien, actuellement en chantier, en plus des immeubles pétales de G. Grandval, simple décoration de façade qui cache mal la pauvreté des cellules intérieures, et des inquiétantes barres courbe de Marien, ce quartier accueillera le Palais de Justice (architectes Badani et Roux-Dorlut)..."
Malgré cette dureté le guide d'architecture contemporaine en France nous donne tout de même une image fort belle du chantier et un plan. (édition de 1972)




L'édition du même guide de 1974, nous les montre terminées !


Aujourd'hui restent tout de même des tours qui ont le mérite d'un effet de reconnaissance, d'avoir produit un lieu connu et permis aux habitants d'habiter quelque part, un endroit, une particularité. Même si cela ne fait pas "architecture" c'est au moins ça de pris.
Aujourd'hui je crois que nous sommes nombreux à aimer ces tours et leurs balcons comme une feuille de ginkgo biloba recourbée. On parle aussi d'épis, de choux. On pourrait aussi évoquer la pomme de pin !
Il manque c'est vrai la dégringolade végétale prévue par l'architecte depuis les balcons. Certainement un règlement de copropriété ou du locatif interdisant cette forme de personnalisation !

au Nord, vraiment

Pourquoi tant de sol ?


Cette carte postale nous montre le restaurant "the North-Cape Hall" en Norvège, lieu qui signe le passage du grand Nord.
Pourtant, pas de glace, pas de neige mais un sol caillouteux un rien martien pris en rase-mottes par le photographe.
Puis comme se rassemblant sous une force certainement magnétique, les cailloux se groupent en un mur, puis deux.
Une grande baie vitrée bien étirée permet de voir le paysage qu'ici on ne peut que rêver car le photographe n'a pas cru bon de le signaler. Il a cru que, oui, cette construction, permettrait de saisir l'instant et le lieu.
On ne saura donc rien des fjords, des montagnes et de la mer. A peine dans le reflet panoramique de la vitre peut-on lire quelque chose.
Le vent, lui, est indiqué par un drapeau flottant fièrement dans une bande d'azur à peine voilée de gris.
Une force.
Et un objet fragile posé sur une construction simple mais belle qui, finalement, n'est qu'une fenêtre retenue par deux murs de pierres sèches.
Une date au stylo-bille : 1965.
un éditeur : AUNE kunstforlag.