mardi 30 juin 2009

elle est disponible !

Afin de poursuivre notre action de protection du centre commercial de Sens dessiné par monsieur Claude Parent j'ai fait éditer une carte postale de soutien qui doit agir comme une pétition amusante et décalée. (J'espère...)
La voici :


cliquez dessus pour agrandir.
J'ai volontairement choisi une vue du bâtiment dans son état actuel.
C'est un peu dur mais c'est surtout troublant et donc curieux.
Cette carte postale vous sera envoyée sur simple demande et à votre tour vous pourrez l'envoyer  à la D.R.A.C de la Bourgogne une fois celle-ci signée.
Je vous attends donc...



lundi 29 juin 2009

de retour de Venise, Bologne et Florence



L'absence.
Et finalement le retour.
Quelques jours en Italie avec les étudiants.
Biennale de Venise :
La France ridicule avec son Grand Soir de paillettes et de ventilateurs chinois brassant l'air autour de drapeaux de soie noire fixés de peur qu'ils ne s'envolent trop vite trop loin trop fort sans doute. Nous, dans une cage aux fauves fatigués du dompteur dont depuis longtemps onn' attend plus rien . Merci Claude Lévêque.
Mais ne perdons pas de temps. Jubilons.
Hans-Peter Feldman et ses ombres bricolées magnifiques. Je reparlerai de lui plus longuement.
Remercions Simon Starling pour son projecteur infernal d'une beauté remarquable projetant un court-métrage en boucle avec une régularité d'une machine célibataire.
Remercions le duo Betsué/Vives pour leurs facéties burlesques dans un appartement faisant de chacun de nos objets du quotidien un gag hilarant.
Mais une image persiste dans ma mémoire comme une émotion simple. Quelqu'un a vu chez moi ce que je n'ai pas vu. Quelqu'un a vu chez vous ce que vous n'aviez pas vu. Il a porté un regard étonné et poétique sur une présence permanente dans nos intérieurs riches. Cet artiste est chinois il s'appelle Chu Yun. Une féerie de points lumineux organisent une ville nocturne. Ça palpite de points lumineux délicats parfaitement rangés pour générer une échelle urbaine. On avance dans le noir et l'œil petit à petit perçoit les générateurs de ces points délicats : les ampoules de veille de nos appareils électroménagers.
J'aime quand la simplicité de mise en œuvre produit un écart foudroyant avec le résultat obtenu. Il y a là une sensibilité époustouflante mise au service d'un regard sur nos villes, nos vies. Une leçon.
ému.
L'autre rencontre tout à fait intéressante et surtout pour ce qui concerne ce blog est le travail d'Aleksandra Mir.
Signalés par des étudiants qui nous connaissent bien, nous arrivons devant des présentoirs bien remplis de cartes postales.

On croit d'abord à une série sur Venise car le nom de la ville est inscrit sur chacune des cartes postales puis petit à petit on perçoit le jeu. 
Il ne s'agit pas de vues de Venise mais de clichés pris partout dans le monde sur lesquels le nom de Venise est apposé.

Bien évidemment cela résonne pour nous ici. Voici Claude et David bien amusés.
Voir l'Opéra de Sydney situé à Venise dit beaucoup de la relation iconique que nous avons avec les architectures et leurs représentations. 
La série est composée de cent cartes postales différentes et le tout édité à 1 million d'exemplaires.


Et l'ensemble est mis à la disposition du public gratuitement. Il fallait nous voir remplir nos besaces d'images. Il fallait nous voir les ranger par ordre le soir venu pour savoir quel numéro manquait à la série !
C'est généreux, malin et un rien inutile. C'est délicieux.






mardi 16 juin 2009

paysage


Certains inventent le paysage, ne s'y intègrent pas, ne s'y perdent dans un mélange mélodramatique de respect pépère et d'écologie de bazar. Certains construisent avant tout pour la confrontation, seul rapport direct possible du corps avec ce qu'il construit. Tout contre.
Certains fabriquent les horizons comme des aztèques. Certains mettent du poids sur la terre pour que l'œil voie les formes justes sous la lumière.
En même temps l'hommage aux forces tellurique est rendu. En même temps comment mieux dire la falaise que par une autre falaise ? Comment mieux signifier le lieu ?
Regardez au fond comme la ville est brouillard, nuée, invisible. Regardez le ridicule des toits aux tuiles romanes d'avant-hier ? Regardez comme c'est vieux avant d'être ?
Regardez.
Je préfère le rocher abrupt, je préfère que ça coupe l'œil. Que ça surgisse indiscutablement construit. La revendication de notre présence, sans égard, certes mais avec la jouissance de notre puissance. Oui.
Notre puissance qui rend un hommage misérable à la vrai nature celle des failles dans les roches millénaires, celle des gravats de montagne, celle des déluges.
Chambre d'amour c'est son nom. Chambre d'amour.
Les vagues s'y brisent, viendront un jour nettoyer le bleu trop dur des piscines. Ça claquera, ravinera. Vous verrez l'eau monter au pied du contrefort. Même pas peur. Et c'est bien sur ce promontoire artificiel que le spectacle démiurgique sera le plus beau.
Il s'agit d'une carte postale aux éditions Lavielle expédiée en 1985.
Nous sommes à Anglet, Chambre d'Amour construit pour le village Vacances Famille.
Une icône déjà évoquée ici par exemple le 1er octobre 2007.

la permanence du point de vue, l'importance du premier plan

Je ne sais pas pourquoi mais les photographes de cartes postales aiment bien revenir sur le lieu de leur crime.
Après plusieurs années, ils réactualisent leurs clichés en posant le pied photo au même endroit qu'il y a quelques années. D'ailleurs je ne sais rien de cette fréquence sauf qu'elle permet de mesurer le temps passé.
Nous avons déjà vu ça sur ce blog . Parfois quelques minutes entre deux images, deux cartes postales, parfois plusieurs années.
L'autre chose c'est que dans cette permanence, s'ajoute le choix du premier plan qui tente de situer, décorer, agrémenter l'objet même de la carte postale. Ce choix est quasiment toujours fait de verdure ou de fleur. C'est la joie de vivre, la nature, la couleur qui s'invitent entre l'architecture et le spectateur comme si, sans cet agrément, elle n'était pas regardable.
Avec les deux cartes postales qui suivent nous en avons un bon exemple :


Nous sommes à Saint Georges de Didonne près de Royan devant le casino. La première une édition C.A.P en réal-photo fut expédiée en 1964. La deuxième pour Théojac en mexichrome fut expédiée en 1966, donc deux ans  d'écart. C'est peu. On remarque la similitude évidente de point de vue. Le goût de la jardinière. D'ailleurs je ne peux m'empêcher de rapprocher formellement les jardinières de l'architecture de Monsieur Delhomme dont le nom n'apparaît que sur la première carte postale. Un long parallélépipède blanc posé sur le sol. Admirons aussi les parasols qui ont changé de couleur.
Pourquoi diable se mettre là ? Pourquoi ne pas nous montrer autre chose de ce casino ?
Le premier cliché nous permet de mieux saisir l'architecture ma foi fort simple et élégante, bien ouverte sur ce que le contrechamp nous laisse deviner : la mer. Il me faudra, à ma prochaine visite à Royan, voir si moi aussi, devant ce casino, je choisis pour le photographier de me mettre devant les jardinières...

Comment un photographe peut nous dire la vie portuaire sans nous montrer de bateau ? Comment faire avec de l'architecture tout juste sortie de terre (sable) pour évoquer l'intemporel de l'activité des marins alors que l'architecture même se veut extrêmement contemporaine ? 
Il suffit de cadrer un peu en dessous et de se placer devant le joyeux bazar des marins, filets de pêche, ancre et caisses pour nous mettre immédiatement dans l'ambiance maritime de vacances.
Il est vrai que si vous ne le faites pas, vous pourriez bien être n'importe où devant un centre commercial ou une station service. Pourtant, ici à Port Leucate, Monsieur Candilis l'architecte a bien travaillé et il serait possible par une belle photographie et donc une belle carte postale d'aimer nous dire la modernité et l'audace de son architecture. Mais non. N'oublions pas que le domaine de la carte postale est souvent le pittoresque, ce que le dictionnaire Larousse définit comme ce qui est digne d'être peint. Aujourd'hui la peinture a fait son lit de ce genre de pittoresque tout comme la photographie. Il faudra trouver d'ailleurs à ce média un terme correspondant. Mais aujourd'hui tout est photographié surtout ce qui ne mérite pas de l'être, comme un retournement du pittoresque que la photographie plasticienne aurait pris à son compte. Zone vague, architecture vide, absence de population et frontalité, tout nous dit que nous n'aurions pas dû faire le cliché (c'est le terme) mais que justement nous le faisons. Faire de l'ennui de la situation le bonheur de l'image. Mais les photographes de cartes postales sont passés avant vous et c'est ce que nous dit je crois Martin Parr.
Cette carte postale de Port Leucate est une édition PAP non datée.

lundi 15 juin 2009

Claude Parent en revue


Vous pourriez crier au scandale, vous étonner, dire votre agacement.
Vous auriez raison car cet article ne vous présentera pas de carte postale mais des images extraites de la galerie des Arts N°96 Août 1970.
Mais vous me connaissez maintenant. Et dès que vous aurez vu la couverture, vous aurez compris la raison de ce chemin de traverse et bien au contraire vous serez heureux de partager mon enthousiasme pour ces images.
André Parinaud dans son éditorial entièrement consacré à la Biennale de Venise fait un éloge appuyé à Monsieur Claude Parent. Il en fait le seul vrai héritier de 68 (Paul Virilio doit encore en rire) mais très à propos évoque la qualité de l'œuvre vénitienne et son subtil mélange de collectivité et d'individualisme :
"Que voyons-nous à Venise ? Une remise en question de l'idée même de l'œuvre, de l'idée même de l'art, mais sur un plan positif et non dérisoire. Celui qui entre dans le pavillon français tente d'abord vainement de découvrir une œuvre à "regarder" mais il sent très vite qu'il habite une œuvre, qu'il la vit exactement comme s'il était au centre d'un tableau cubiste ou d'une sculpture de Moore en train d'escalader les formes, d'en apprécier la réalité avec ses pieds, son dos, ses mains, sa colonne vertébrale, sa respiration, sa tête et son cœur."
C'est très juste et c'est exactement ce que j'ai ressenti lors de ma visite des architectures de Monsieur Parent ou de celles de Madame Zaha Hadid et de Monsieur Libeskind. Le corps en action, éveillé et arpentant un paysage bien plus qu'une construction.
L'article sur 8 pages (!) nous informe des principes de l'architecture-principe (oui) et des constructions en cours et réalisées avec une abondante et superbe iconographie. Des photographies de Vera-Cardot, Longechal et Béranger. C'est simplement superbe et informatif. C'est la première fois que je vois une image en couleur de Venise, ce point de vue de la Maison de l'Iran ou l'intérieur de la maison d'André Bloc.
Si vous partagez mon goût pour l'architecte, procurez-vous cette revue.

Voici le supermarché GEM de Reims-Tinqueux, celui qui est actuellement défiguré.

Voici la Maison de l'Iran à la Cité Universitaire avec son bel escalier.

Voici le supermarché de Ris-Orangis, qui mériterait lui aussi une protection. Si quelqu'un m'aide j'assure !


Voici le pavillon français, tout en fonction oblique. Magnifique. Je ne le verrai malheureusement pas à Venise Samedi prochain...
Mais cette couleur rose, Monsieur Parent, cette couleur rose ? Un effet photographique ? Une réalité déterminée par quoi ?


dimanche 14 juin 2009

Sofitel Pulmann


Toujours pas d'architecte à vous mettre sous la dent !
Mais voici une bien jolie carte postale promotionnelle de l'hôtel Sofitel, aujourd'hui hôtel Pullman.
Thomas qui occupe la chambre 563 raconte à Mamy qu'il fait de la pâtisserie et que ce soir, il ira au défilé du 14 juillet. Oui Thomas, va voir ça avec ton compagnon de chambre.
Parmi les choses les plus intéressantes sur cet hôtel, les ascenseurs extérieurs en forme d'œufs transparents qui grimpent sur la façade. Il me semble bien que c'est toi, Sylvain qui me les as signalés lors de notre petit tour parisien, t'en souviens-tu ?
Sinon bon.
Soit on se plonge dans une nostalgie seventies, Pompidou, Ds et rois du pétrole et là oui c'est bien typé, bien marqué, soit on laisse tomber tout ça et c'est un peu ... euh ... rigide.
J'aime pourtant bien la lumière que renvoie la façade mais je ne comprends pas le décrochement et la différence de traitement des derniers étages. La prise au sol m'a l'air bien compliquée et au moins deux étages aveugles font un socle sombre peu élégant. Le haut de la cage d'ascenseur est un volume inutile et disgracieux. Du carreau de céramique, de l'aluminium, du verre fumé et de la peinture marron foncé, oui on peut faire de belles choses avec ça mais là, je ne sais pas, quelque chose retient ce qui pourrait être une belle jubilation. Pourtant, encore au moment de la photographie, il a de l'ampleur cet hôtel et il domine bien son ciel. Aujourd'hui, un coup d'œil sur Google Earth et on le trouve bien serré, un immeuble au verre bleu cette fois lui fait la nique...
La vue depuis les belles chambres où l'on dort à deux doit être bien différente. C'est pour cela qu'il faut en descendre et regarder depuis le sol le beau pas cadencé de nos vaillants pioupious.
On n'est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé...
Je vous donne le téléphone : (1) 40 60 30 30 le télex : 200 432 le télécopieur (1) 45 57 04 22
On ne sait jamais si cela vous dit !

ça ondule

Deux cartes postales pour deux bâtiments fort différents en deux lieux bien éloignés.
Pourtant ça ondule pareil !
Le béton l'autorise et une fine feuille de ce matériau permet toutes les audaces.
Commençons :

Nous voici en France à la Garenne Colombes, Hauts de Seine. On voit le marché couvert entouré de voitures blanches, grises ou bleutées. Étrange accord coloré qui répond bien au gris bleuté du toit de la bâtisse. Évidemment ce n'est pas aussi spectaculaire que le marché de Royan mais c'est une belle coupole aux chapeaux chinois. On ne laissera pas de côté les petits immeubles en briques derrière qui ont l'air bien dessinés aussi. C'est une carte postale Lyna pour Abeille-Cartes qui ne nous donne pas le nom de l'architecte que je n'ai malheureusement pas trouvé sur internet, ni ailleurs.

Nous voici à Haifa en Israël devant le Dan Carmel hôtel. Là, il s'agit d'une édition Palphot sans date ni architecte...
J'aime bien ce petit édifice. Juché sur des pilotis un peu frêle, le Rondo-café doit offrir une bien jolie vue depuis ses baies vitrées très ... vitrées. On rêve un peu au Brésil mais quelque chose d'un peu gauche dans les proportions nous en éloigne. C'est à la fois volontaire et un peu raté, les vitres ne sont pas bombées et le raccord entre les plans droits et l'ondulation du toit est un peu sauvage. Mais je suis un peu dur.
On devine à l'intérieur une autre forme circulaire, le bar ?
Le point rouge de la dame assise sur le banc doit vous rappeler quelque chose, c'est facile, ça date d'aujourd'hui.
Je me vois bien là avec une orangeade bien fraîche, jeter un coup d'œil au paysage tout en vous écrivant des cartes postales. Il ferait un peu chaud.

reprise de cet article le 21 avril 2010 :
Les architectes de l'hôtel Dan Carmel sont messieurs S. et A. Rosoff. Pour l'aménagement intérieur H. Fenchel, Kellner et Iossifov. On peut lire un article dans le numéro 112 de l'Architecture d'Aujourd'hui de 1964.