mercredi 8 octobre 2008

le flou du droit d'auteur



Alors que la générosité en architecture est en débat à Venise, il est heureux de se rappeler que les architectes contemporains ne le sont (généreux) souvent pas quant à leurs droits d'auteurs.
On connaît les problèmes qu'ont pu avoir certains bloggeurs et sites internet après la diffusion d'images de bâtiments sur le net, certains devant même retirer leurs images.
En 2002, l'artiste Raphaël Boccanfuso proposait une solution définitive à cette difficulté de diffusion due à une application par trop véhémente du droit d'auteur ce qui pourrait être une des explications de la disparition des architectures modernes et contemporaines en cartes postales.
En floutant les bâtiments assujettis à cette puissance, il propose une image qui étrangement au lieu de créer la disparition de la construction nous invite à une curiosité encore plus grande. Evidemment la silhouette de la Tour Eiffel reste aisément identifiable mais il existe des exemples plus difficiles comme le centre Pompidou. Cette position me semble réellement révélatrice de notre époque.
Ces cartes postales qui étaient aussi doublées je crois d'un affichage public dont je ne retrouve pas trace dans mes archives, furent éditées par San de Sénart et le Centre Photographique d'Ile-de-France, Pontault Combault. Il existait quatre modèles. Si ça traîne dans vos tiroirs ...
Je crois aussi qu'il existe une architecture floue d'avance, dé-matérialisée qui ne nécessite pas ce genre d'intervention. Une architecture invisible parce que camouflée, intégrée pour être polie.

lundi 6 octobre 2008

le beau et le laid



Deux cartes postales qui s'opposent tant sur le plan de l'objet architectural visé que de la qualité éditoriale. Seul point commun, le chantier.
Je commence avec le beau :
voici une carte postale éditée par Lyna-Paris-Abeille-Cartes dans une série exceptionnelle éditée à l'occasion du vingtième anniversaire de la démolition des Halles de Paris. (C'est une précision de l'éditeur). N°30 "La fin des Halles". Au cœur de Paris, un monde nouveau se construit, en prise déjà avec le XXI ème siècle. Ici, en novembre 1974, à deux pas du chantier des Halles, s'élève, sur le plateau Beaubourg, la première arche du centre Pompidou... Photographie d'Alain Gesgon.
Recherche historique réalisée par Alain Gesgon et le CIRIP/Musée de l'Affiche Politique. (sic)
Magnifique carte postale, magnifique moment de construction, magnifique impression. La qualité absolue pour le cartophile. Je ne sais pas si le photographe, Monsieur Gesgon a réalisé d'autres clichés (cartes ?) mais je suis preneur...
L'autre carte postale est une édition Gilbert Fromanger. Tirée uniquement à 500 exemplaires on a envie de s'en réjouir... Elle nous montre le Canton de Duclair dans la série "actualités", la construction de la salle polyvalente d'Anneville Ambourville en novembre 1989. La qualité d'impression est du type photocopie, tirage numérique fait à la maison. Découpée au cutter et bordée de blanc pour faire plus chic. Evidemment il s'agit d'un travail modeste, d'un passionné de sa région et de cartes postales qui s'amuse et à cela il n'y a rien à dire. Mais tout de même..
J'imagine que le noir et blanc est économique et permet également de jouer sur la nostalgie des cartes anciennes. Dommage que la qualité éditoriale ne suive pas car le cliché est intéressant ainsi que l'objet. Cela aurait pu au moins faire une belle boring postcard mais il s'agit surtout d'une dumpy postcard.

architectes multiples 2




Me voici à nouveau à Elancourt.
Je cherche dans mes revues le numéro spécial "villes nouvelles" de Techniques et Architecture N°301 et je trouve quelques informations complémentaires.
D'abord admirons le centre administratif "Les 7 mares" qui semble être un immense meuble à tiroirs dont chacun aurait une fonction. Les porte-à-faux sur des pilotis bien frêles rendent l'ensemble à la fois dynamique et solide. Il semble mais je n'en suis pas totalement certain que l'architecte soit bien encore Monsieur Deslandes.

La carte postale nous montre, un peu de loin c'est vrai, la maison pour tous. L' architecte est Monsieur Venencie, Monsieur Demangeat est le scénographe et Monsieur Rossigneux le sculpteur. Cette maison pour Tous a un emploi très polyvalent puisque, comme nous l'indique la revue:
Elle comporte notamment une salle à usage polyvalent (conférences, spectacles divers dont théâtre et cinéma), des ateliers, salles de réunion et expositions, un restaurant, une école de musique avec auditorium, une école de danse, un foyer pour personne âgées, une garderie. Un hall d'accueil et d'information, un foyer-bar-cafétéria et l'administration complètent cet ensemble réparti sur trois niveaux.
C'est vraiment pour tous...
On admirera également le Parc des Coudrays et ses sculptures-jeux d'enfants si typiques de cette époque. Ce Parc a-t-il gardé sa splendeur ? On retrouve des éléments de jeux similaires à ceux publiés le 8 avril 2008. Ces cartes postales d'Elancourt et de Saint Quentin en Yvelines donnent follement envie de s'y rendre. Surtout qu'il y a également une superbe école maternelle dessinée par Monsieur Deslandes et une autre, l'école du Parc pour laquelle Jean Prouvé a participé avec Monsieur Merlin. Celle de Monsieur Deslandes est furieusement "Atelier de Montrouge" !

La carte postale est une Lyna en couleurs naturelles dont les photographies sont de Monsieur Pinet. Expédiée en 1982 on ne sait pas qui a dessiné la grenouille !

dimanche 5 octobre 2008

D'autres blocs pour l'Afrique




Continuons à feuilleter le livre.
Je vous avais promis du lourd...
Regardez ce magnifique projet d'André Bloc et Claude Parent d'un théâtre pour Dakar au Sénégal. Une pierre énorme, creuse, contient le théâtre. La radicalité que peut produire la poésie parfois...
Et puis encore une forme minérale, pleine, en courbe pour une église d'Alger par Andrault et Parat. La maquette nous laisse à penser une transparence totale laissant apparaître la membrane de la construction.
Malheureusement aucun de ces projets ne fut réalisé. Donc peu de chances de tomber sur des cartes postales...
Le livre : Architecture Nouvelle en Afrique par Monsieur Kultermann aux éditions Prismes.

comparaison n'est pas raison



Hier vous avez découvert l'architecture nouvelle en Afrique aux éditions Prisme.
Je continue à vous ouvrir le livre.
Voici un exemple de ce que la mémoire rapproche mais que la fonction éloigne. Un rapprochement formel infra-mince. Dans le livre, je tombe sur une maison en béton construite en éléments préfabriqués à Kampala en Ouganda par Ernst May. Ma mémoire colle immédiatement dessus une sculpture de l'artiste Absalon, Cell N°1 de 1992. J'aimais beaucoup le travail de cet artiste trop tôt disparu. Il avait condensé dans ces micro-bâtiments beaucoup de mes intérêts pour l'architecture, la sculpture et un certain dédain (violent, ironique et inutile) pour le monde. Il s'agit pour Absalon d'un minimum pour une fonction : au minimum vivre. J'aurais envie de dire que pour Ernst may c'est vivre au minimum. L'un s'inflige la dureté d'une réalité complexe faite de sa biographie et de son travail d'artiste, l'autre libéré d'un camp d'internement pendant la guerre reçoit comme mission de sauver des familles africaines des bidonvilles. C'est étrange non ?
Tous deux proposent des formes assez ressemblantes. J'avoue mon trouble. Que tirer d'un tel rapprochement ?
Je crois peu de choses. C'est sûrement plus significatif de mon univers que du leur. Un goût pour les formes pleine mais entr'ouvertes, pour la tension de surface, pour une mécanisation du lieu de vie, pour une forme d'isolement volontaire ou nécessaire due à un enthousiasme récalcitrant pour ce qui m'entoure. Être dedans-dehors, parmi-ailleurs. Une visibilité de l'isolement.
Mais arrêtons là le jeu psychologique qui ne conduira à rien. Restent deux constructions toutes deux très fortes et très belles. Il faudra revoir le travail d'Absalon, le revoir boxer le vide, vivre le vide et mourir. Il faudra espérer que l'expérience moins luxueuse de Ernst May aura sauvé quelques vies. C'est tout.
La carte postale d'Absalon est une édition Tate Gallery. Elle nous indique que la cellule est faite de bois, carton et de néon. C'est donc une image de solidité mais c'est une coquille fragile comme Sainte Bernadette du Banlay.

architectes multiples




Sur une carte postale de Saint Quentin en Yvelines au blason d'Elancourt (la différence ?) je repère assez facilement un immeuble de Marcel Lods semblable à ceux de Rouen à la Grand-Mare et qui sont aujourd'hui sujet d'une grande attention. Il s'agit bien ici d'une architecture éditée, multipliée grâce aussi sans doute au rêve d'une architecture industrialisée. J'ai visité ceux de Rouen, les appartements sont superbes. Juste dessous la vue des Lods, un immeuble m'intéressa également. Etagé en gradins, aux escaliers centraux, j'y trouvai une ressemblance avec beaucoup d'autres types d'architectures collectives comme, par exemple les Jardins-Gradins de Messieurs Andrault et Parat. Après une recherche rapide j'appris qu'ils avaient été dessinés par Philippe Deslandes. On trouve cette information et plein d'autres sur le site de la ville de Saint Quentin qui semble fière de son patrimoine architectural (c'est elle qui le nomme ainsi). Je crois qu'elle a raison.

Philippe Deslandes est aussi l'architecte de la gare de Cergy-St Christophe. Au dos de la carte postale on peut lire ces informations : horloge la plus grande d'Europe, architecte Deslandes, réalisation Huchez et Laubeuf, mécanisme de 400 kg pour le mouvement des aiguilles, calculé pour des vents de 160km/h, trotteuse, longueur totale 6m, poids 130 kg rouge (!). Petite aiguille, longueur totale 3,80m, poids total 75kg, noire. Grande aiguille, longueur totale 5,76m, poids 145kg noire. L'extrémité de la trotteuse se déplace à 0,52m/s. Elle parcourt ainsi 45km par jour.
ouf...
La photo est de P.Viard pour les éditions Lyna. Toujours aussi bon éditeur.
La carte multiple de Saint Quentin en Yvelines est une édition Estel.

samedi 4 octobre 2008

Casablanca, le Maroc et Monsieur Zevaco


Quelle matinée !
D'abord je lis les nombreux commentaires de Benoît et de Joachim qui comme toujours sont pertinents et informatifs : merci messieurs. (J'ai vu The taste of the tea, Joachim, la maison est magnifique).
Je me décide donc à répondre par cartes postales interposées à Benoît en vous offrant une vue du passage souterrain de la place Mohammed V située sous les beaux immeubles blancs de Casablanca. J'ai retrouvé cette image dans ma collection grâce à une carte trouvée par Benoît sur un site internet nous montrant l'extérieur. J'ai toujours trouvé cette image très brésilienne. C'est une carte postale Ittah Color éditée à Casablanca.
Puis comme un bonheur n'arrive jamais seul, je reçois ce matin un ouvrage commandé il y a longtemps : Architecture Nouvelle en Afrique de Monsieur Udo Kultermann aux éditions Prismes en 1963. C'est le choc. La couverture était alléchante et bien c'est peu dire.
Vite l'Afrique, vite vite !

D'abord je vois défiler beaucoup de bâtiments construits par Monsieur Zevaco (couverture Maison d'éducation à Tit Mellil) que je découvre. Beaucoup construits à Casablanca même ou au Maroc et qui semble être un architecte passionnant, alliant héritage moderniste de Le Corbusier, lyrisme de Niemeyer et un nécessaire regard sur les situations climatiques et sociales du Maroc. Les formes sont superbes, (et superbement photographiées).
L'ensemble de l'œuvre de cet architecte semble pour moi à découvrir mais sûrement que mon innocence à son sujet amusera les spécialistes. Je vous donne quelques images et vous invite à lire ça :
http://www.frac-centre.fr/public/collecti/artistes/zevaco/noti01fr.htm

Ce qui étrange c'est que, en même temps que j'écris cette page je me dis : Et si la place Mohammed V et sa coupole avaient été construites par Monsieur Zevaco ?
Oui... La boucle est bouclée.
Le livre regorge de merveilles construites ou non. Vous allez voir ça bientôt, attention les yeux !!

Jean-François Zevaco et Emile-Jean Duhon : Pavillon de la ville de Casablanca à la foire internationale de Casablanca.


Jean-François Zevaco : école à Casablanca

Jean-François Zevaco : école à Agadir

Jean-François Zevaco : école à Casablanca

Page de gauche Jean-François Zevaco : école à Casablanca, page de droite James Cubitt : école à Sekondi, Ghana

Jean-François Zevaco : hôpital à Ben Slimane