dimanche 5 octobre 2008

comparaison n'est pas raison



Hier vous avez découvert l'architecture nouvelle en Afrique aux éditions Prisme.
Je continue à vous ouvrir le livre.
Voici un exemple de ce que la mémoire rapproche mais que la fonction éloigne. Un rapprochement formel infra-mince. Dans le livre, je tombe sur une maison en béton construite en éléments préfabriqués à Kampala en Ouganda par Ernst May. Ma mémoire colle immédiatement dessus une sculpture de l'artiste Absalon, Cell N°1 de 1992. J'aimais beaucoup le travail de cet artiste trop tôt disparu. Il avait condensé dans ces micro-bâtiments beaucoup de mes intérêts pour l'architecture, la sculpture et un certain dédain (violent, ironique et inutile) pour le monde. Il s'agit pour Absalon d'un minimum pour une fonction : au minimum vivre. J'aurais envie de dire que pour Ernst may c'est vivre au minimum. L'un s'inflige la dureté d'une réalité complexe faite de sa biographie et de son travail d'artiste, l'autre libéré d'un camp d'internement pendant la guerre reçoit comme mission de sauver des familles africaines des bidonvilles. C'est étrange non ?
Tous deux proposent des formes assez ressemblantes. J'avoue mon trouble. Que tirer d'un tel rapprochement ?
Je crois peu de choses. C'est sûrement plus significatif de mon univers que du leur. Un goût pour les formes pleine mais entr'ouvertes, pour la tension de surface, pour une mécanisation du lieu de vie, pour une forme d'isolement volontaire ou nécessaire due à un enthousiasme récalcitrant pour ce qui m'entoure. Être dedans-dehors, parmi-ailleurs. Une visibilité de l'isolement.
Mais arrêtons là le jeu psychologique qui ne conduira à rien. Restent deux constructions toutes deux très fortes et très belles. Il faudra revoir le travail d'Absalon, le revoir boxer le vide, vivre le vide et mourir. Il faudra espérer que l'expérience moins luxueuse de Ernst May aura sauvé quelques vies. C'est tout.
La carte postale d'Absalon est une édition Tate Gallery. Elle nous indique que la cellule est faite de bois, carton et de néon. C'est donc une image de solidité mais c'est une coquille fragile comme Sainte Bernadette du Banlay.

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