dimanche 5 octobre 2008

architectes multiples




Sur une carte postale de Saint Quentin en Yvelines au blason d'Elancourt (la différence ?) je repère assez facilement un immeuble de Marcel Lods semblable à ceux de Rouen à la Grand-Mare et qui sont aujourd'hui sujet d'une grande attention. Il s'agit bien ici d'une architecture éditée, multipliée grâce aussi sans doute au rêve d'une architecture industrialisée. J'ai visité ceux de Rouen, les appartements sont superbes. Juste dessous la vue des Lods, un immeuble m'intéressa également. Etagé en gradins, aux escaliers centraux, j'y trouvai une ressemblance avec beaucoup d'autres types d'architectures collectives comme, par exemple les Jardins-Gradins de Messieurs Andrault et Parat. Après une recherche rapide j'appris qu'ils avaient été dessinés par Philippe Deslandes. On trouve cette information et plein d'autres sur le site de la ville de Saint Quentin qui semble fière de son patrimoine architectural (c'est elle qui le nomme ainsi). Je crois qu'elle a raison.

Philippe Deslandes est aussi l'architecte de la gare de Cergy-St Christophe. Au dos de la carte postale on peut lire ces informations : horloge la plus grande d'Europe, architecte Deslandes, réalisation Huchez et Laubeuf, mécanisme de 400 kg pour le mouvement des aiguilles, calculé pour des vents de 160km/h, trotteuse, longueur totale 6m, poids 130 kg rouge (!). Petite aiguille, longueur totale 3,80m, poids total 75kg, noire. Grande aiguille, longueur totale 5,76m, poids 145kg noire. L'extrémité de la trotteuse se déplace à 0,52m/s. Elle parcourt ainsi 45km par jour.
ouf...
La photo est de P.Viard pour les éditions Lyna. Toujours aussi bon éditeur.
La carte multiple de Saint Quentin en Yvelines est une édition Estel.

samedi 4 octobre 2008

Casablanca, le Maroc et Monsieur Zevaco


Quelle matinée !
D'abord je lis les nombreux commentaires de Benoît et de Joachim qui comme toujours sont pertinents et informatifs : merci messieurs. (J'ai vu The taste of the tea, Joachim, la maison est magnifique).
Je me décide donc à répondre par cartes postales interposées à Benoît en vous offrant une vue du passage souterrain de la place Mohammed V située sous les beaux immeubles blancs de Casablanca. J'ai retrouvé cette image dans ma collection grâce à une carte trouvée par Benoît sur un site internet nous montrant l'extérieur. J'ai toujours trouvé cette image très brésilienne. C'est une carte postale Ittah Color éditée à Casablanca.
Puis comme un bonheur n'arrive jamais seul, je reçois ce matin un ouvrage commandé il y a longtemps : Architecture Nouvelle en Afrique de Monsieur Udo Kultermann aux éditions Prismes en 1963. C'est le choc. La couverture était alléchante et bien c'est peu dire.
Vite l'Afrique, vite vite !

D'abord je vois défiler beaucoup de bâtiments construits par Monsieur Zevaco (couverture Maison d'éducation à Tit Mellil) que je découvre. Beaucoup construits à Casablanca même ou au Maroc et qui semble être un architecte passionnant, alliant héritage moderniste de Le Corbusier, lyrisme de Niemeyer et un nécessaire regard sur les situations climatiques et sociales du Maroc. Les formes sont superbes, (et superbement photographiées).
L'ensemble de l'œuvre de cet architecte semble pour moi à découvrir mais sûrement que mon innocence à son sujet amusera les spécialistes. Je vous donne quelques images et vous invite à lire ça :
http://www.frac-centre.fr/public/collecti/artistes/zevaco/noti01fr.htm

Ce qui étrange c'est que, en même temps que j'écris cette page je me dis : Et si la place Mohammed V et sa coupole avaient été construites par Monsieur Zevaco ?
Oui... La boucle est bouclée.
Le livre regorge de merveilles construites ou non. Vous allez voir ça bientôt, attention les yeux !!

Jean-François Zevaco et Emile-Jean Duhon : Pavillon de la ville de Casablanca à la foire internationale de Casablanca.


Jean-François Zevaco : école à Casablanca

Jean-François Zevaco : école à Agadir

Jean-François Zevaco : école à Casablanca

Page de gauche Jean-François Zevaco : école à Casablanca, page de droite James Cubitt : école à Sekondi, Ghana

Jean-François Zevaco : hôpital à Ben Slimane

mercredi 1 octobre 2008

L'aile ou la cuisse





Attention on touche au sublime.
Voici l'exemple même de la carte postale qui réunit un ensemble incroyable d'intérêts.
Avec ce Pont-Restaurant Jacques Borel sur l'Autoroute A6 à Saint Albain c'est une réunion possible de Martin Parr, Tom Phillips, du dernier voyage en Italie, d'une certaine forme joyeuse de brutalisme et d'une cinéphilie enfantine.
Pour ce qui est de Martin Parr je crois que c'est simple, photographier un tel objet, l'éditer, et trouver quelqu'un pour avoir envie de l'envoyer c'est bien la définition d'une boring postcard. L'antiforme du pittoresque.
Mais la peinture a bien changé et Tom Phillips redéfinirait la carte en question comme gripping and not boring. La preuve : ma jubilation à sa découverte et finalement la vraie signification d'une époque.
Pour l'Italie, il suffit de se reporter à l'article consacré à Pavesi et aux Autogrill publié le lundi 7 juillet 2008. On pourra comprendre comment un modèle d'architecture et un modèle de service se répand dans l'Europe.
Pour ce qui est du brutalisme, il suffit de lire les formes aveuglées de l'extérieur, solides comme si la peur d'un effondrement sur la chaussée obligeait à un sur-dimensionnement optique des formes. Mais aussi comment on peut avec un graphisme fort (flèches, lignes, couleurs typographie) donner à cette solidité une enveloppe joyeuse, festive et surtout ludique. On dirait Fun ou Pop aujourd'hui, merci le orange-marron.
Pour ce qui est de la cinéphilie enfantine c'est semble-t-il Monsieur Borel qui servit de modèle à l'affreux Monsieur Tricatel qui tente d'imposer la mauvaise nourriture dans le film L'aile ou la cuisse avec le couple De Funès et Coluche. Dans ce film, l'un est le fils de l'autre (improbable), l'un est un bon acteur, l'un est un grand guide gastronomique et l'autre un clown ne voulant pas reprendre le flambeau du père (ni de la comédie d'ailleurs). Reste Julien Guiomard, l'affreux Tricatel qui lui est un grand acteur un peu perdu ici.
Les deux cartes postales sont éditées chez La Cigogne en exclusivité Hachette. Elles sont datées toutes les deux du 12 septembre 1975 et comportent au verso :
tous les 2 le midi malade ! Reins ventre vessie ?? Tous les 2 retour Grande Motte malade ??
Cela ne s'invente pas ! Serait-ce la nourriture de Monsieur Borel ou de Monsieur Tricatel ?

mardi 30 septembre 2008

faire la traversée

Après Marseille, l'autre rive.
Un peu par hasard, je me suis retrouvé avec dans les mains une petite série de cartes postales de l'Afrique du Nord et du Maroc en particulier. Si on serre encore, pour être plus précis, de Casablanca.


D'abord l'étonnement de la permanence d'un point de vue entre deux images de l'Avenue de l'Armée (Force) Royale. La beauté également des deux bâtiments ainsi visés et faisant canyon. Aucun nom d'architecte pour ces cartes, celle en noir et blanc est une édition La Cigogne expédiée en 1961, celle en couleur est une édition Barcelona non datée. C'est beau. C'est moderne. J'aime l'implacable cylindre et le rythme des balcons.

Vient ensuite une vue du Rond-point Mermoz avec la Cathédrale que l'on doit à Tournon je crois. Il me faudra vérifier cela, je possède des cartes postales de ce bâtiment. Au loin on aperçoit un autre bel immeuble aux balcons en décrochements prononcés. C'est une carte Jansol à Chambéry mais pas de date.


Regardons maintenant cette belle vue dite partielle par l'éditeur La Cigogne. Admirons les belles villas géométriques et blanches aux terrasses accueillantes. Un peu Royan, un peu Tel-Aviv, j'imagine.

On retrouve maintenant le bâtiment vu sur les premières cartes grâce à cette vue prise d'un étage. C'est une Photo-Casa aux éditions Excelsior et Photo Emile. On sent bien qu'il s'agit d'un papier photographique et non d'une impression offset.


Une vue multiple (je n'aime pas beaucoup ça) nous renseigne bien. C'est une édition C.A.P en real-Photo qui nous dit : Palais de Justice (Marrast, architecte), services municipaux, place Lyautey, Mosquée Quartier des Habous, la Poste et l'immeuble Liberté par Monsieur Morandi architecte.
C'est cet immeuble qui me fit acheter cette carte. Je le trouve très beau avec sa façade en courbes et vagues blanches. N'ai-je pas aussi ça déjà quelque part dans mon fonds ? La carte n'est pas datée.


On retrouve l'immeuble "Liberté" sur cette autre carte multiple aux éditions de La Cigogne non datée également.

Quittons Casablanca pour Meknès avec cette vue de l'avenue de la République et l'immeuble des Habous dont on nous donne le nom de l'architecte Monsieur Goupil. Vu les différentes nuances de gris de la façade, pourrait-on imaginer un jeu de polychromie ? C'est encore une carte La Cigogne.

Pour finir avec ce côté-ci de la Méditerranée, voici Marrakech et son hôtel Mamounia aux éditions Photo Bertrand en "véritable agrandissement photographique" !
Les architectes sont Messieurs Prost et Marchisio. Il fut construit en 1922.
Pour tous les nostalgiques et amoureux du Maroc il existe un site passionnant sur lequel j'ai trouvé des témoignages et des informations :
http://www.marocantan.com/2006/10/molire_mekns.html
Vous verrez que mon hypothèse d'une façade polychrome était juste ! (je suis très fier !)
Je ne connais pas le Maroc mais ce petit tour en cartes postales me donne envie d'y aller à la recherche de ces beaux immeubles.

dimanche 28 septembre 2008

la donation Patrick Gaïaudo 3


Pour finir je vous mets en dernier la carte postale représentant l'immeuble de logements à Bergerac de Bernard Saillol en 1992. Pourquoi ?
Parce qu'il se trouve que cet architecte a aussi construit l'incroyable résidence de l'Avant-Garde en Dordogne dont j'ai pris connaissance grâce à l'un de nos étudiants, Adrien Dumont qui, lors d'un périple sur une bicyclette de son invention rencontra cette résidence. Un peu par hasard, la même année nous tombions dessus et furent évidemment fort excités par cet ensemble improbable de logements sociaux qui étaient alors en assez mauvais état mais laissaient penser encore à une grande réalisation poétique et curieuse, quelque chose entre Ricardo Bofill et des décors de film pour Fellini. Là en pleine campagne ce fut possible d'avoir une telle vision ruinesque, piranésienne, comme une Atlantide retrouvée. Incroyable je vous le dis. Tiens, allez puisque je pars dans un lyrisme sans nom j'ose : Julien Donada doit faire un film de ce lieu ! Julien au travail, c'est pour vous !
L'ensemble date de 1987 et il faut noter que Monsieur Saillol a travaillé avec Monsieur Lay.
Il existe un très beau livre sur cette résidence de HLM à Montignac-sur-Lascaux aux éditions du Demi-Cercle avec un texte de Hubert Tonka et de superbes photographies de Georges Fessy. Si vous allez en Dordogne, ne manquez pas cet endroit, c'est un moment d'architecture rare, un cas unique, une exception à la règle de l'ennui. Maintenant j'ai très envie d'aller voir ceux de Bergerac...




la donation Patrick Gaïaudo 2


Voici quelques cartes tirées de la série n°3. A noter que celle-ci s'accompagne d'un texte de Didier Arnaudet et que l'ensemble des photographies est de Vincent Monthiers. Il est temps de remercier Patrick pour ces très beaux cadeaux. Et pour commencer voici l'office commercial pharmaceutique à Gradignan par Alain Triaud, Luc Arsène-Henry et Brigitte Gonfreville Dumon en 1992.

Maison individuelle Le Bouscat Atalante 1992

Nouveaux bureaux Marie Brizard Bruges diAgonAle 1992

Entrepôt à vins Blanquefort Patrick Hernandez architecte 1992

La donation Patrick Gaïaudo 1


Patrick Gaïaudo est un ami et un collègue de travail, ce qui croyez moi ne va pas forcément de soi.
Patrick Gaïaudo connaît bien la danse et donc la philosophie.
Patrick Gaïaudo aime Bordeaux.
Et voici que Patrick Gaïaudo m'offre une collection originale de petits porte-folios de cartes postales d'architectures contemporaines édités par Arc en Rêve, centre d'architecture de Bordeaux. Je ne sais pas exactement ce qui poussa cette institution à choisir ce mode de communication mais cela reste un très beau travail éditorial. Les photographies sont très belles et bien évidemment jouent un contre-pied avec la photographie de cartes postales en épousant un postulat bien plus artistique, le choix d'un noir et blanc un rien chic qui se voudrait à la fois documentaire mais également graphique (voire mystérieux) ne nous laisse aucun doute quand à la destination de ces cartes postales : surtout pas la boîte aux lettres !
Il s'agit bien plus d'un catalogue à la forme ironique s'amusant de notre rapport aux cartes postales, voulant offrir une image grand public tout en maintenant une haute qualité culturelle comme dirait Thomas Shankland. On ne craint pas les reflets superposés, on ne craint pas le grain et les arbres aux branches dénudées, on ne craint pas l'hiver. On tente même d'éviter la représentation au risque de ne pas comprendre le bâtiment. Ici on fait de l'art par de la carte postale. Les photographes ne s'effacent pas au profit d'une construction, ils en ont une idée et tentent et arrivent parfois à nous la donner. C'est superbe mais... parfois frustrant !
Il n'en demeure pas moins que ce genre d'initiative manque aujourd'hui. Qui m'offrira la série numero 1 ?
Voici en attendant des cartes postales tirées de la série 2 :
Cité Frugès, maison arcade Pessac Le Corbusier 1926 photographie de laurent Gouyou-Beauchamp-1991
J'ai eu la chance de voir cette cité l'année dernière. Les bâtiments sont en restauration après des années d'abandon et je ne sais pas dans quel état cela pouvait être en 1991 ! Il reste encore beaucoup de travail pour redonner à l'ensemble ses traits d'origines. On voit encore de la persienne et de la poutre apparente en rajout et du double pente à l'ardoise locale sur certaines constructions.
Abattoirs de Bordeaux marché aux bestiaux Bordeaux Jacques Debat-Ponsan architecte 1932-38 photographie de Laurent Gouyou-Beauchamps 1991

Marché-Parking Victor Hugo Bordeaux Jean Dauriac architecte 1957-65 photographie de Vincent Monthiers-1991

Institut Régional du Travail Social Aquitaine Talence Edmond Lay et Jean-Paul Saint-Laurent architectes 1974 photographie de Laurent Gouyou-Beauchamp-1991
Vous connaissez mon admiration pour le travail de Monsieur Lay qui a eu droit à d'autres articles sur ce blog, notamment pour l'extraordinaire caisse d'épargne dans le quartier Mériadeck. Somptueux.

Internat du lycée Gustave Eiffel Bordeaux Jacques Hondelatte architecte 1991 photographie de Vincent Monthiers-1991