mercredi 3 octobre 2012

Fais la plus grande la gouttière je te dis !

L'architecture moderne comme toute architecture a su répandre des modèles, des signes. Ainsi d'un bâtiment à un autre, une forme, une idée, voyagent, changent et réapparaissent comme preuves de la circulation des solutions ou... des habitudes. Tout cela finit par faire un genre, un style voire un académisme. Mais, après tout parfois les formes mentent et nous laissent aussi croire à des proximités qui ne sont finalement que des cousinages visuels.
Lorsqu'on demandait au responsable du programme "Bourran", de navette spatiale soviétique, comment il expliquait la proximité avec le projet américain, celui-ci répondait simplement: "Nous avons d'excellentes photocopieuses..." Il faut croire que certains architectes aussi !
Commençons :



Je n'avais pas encore eu l'occasion de vous montrer sur ce blog la très belle et célèbre Fondation Maeght à Saint Paul de Vence. Je n'ai malheureusement pas encore eu la chance de visiter ce lieu qui pourtant porte à lui seul une grande partie de la Modernité Artistique. La caractéristique essentielle de cette construction, ce qui fait son "image" et la rend reconnaissable immédiatement c'est bien sa couverture et ses deux gigantesques toits en demi-cylindres. L'ensemble parfaitement Corbuséen est de ce point de vue spectaculaire et demeure un geste dont la gratuité fait la grandeur. On notera avec étonnement  et même un peu d'agacement que les deux cartes postales que je vais vous montrer et qui sont des éditions de la Fondation Maeght oublient de nommer l'architecte ! Incroyable !
José Luis Sert est donc cet architecte oublié.
La première carte postale nous permet de lire le bâtiment depuis le sol un peu comme les sculptures de Giacometti qui forment une foule éparse à son entrée. On retrouve bien le vocabulaire des brise-soleil, du mélange de pierres en opus incertum (eh oui !), de briques et de béton blanchi superbement mis en œuvre. L'autre carte postale toujours chez Maeght éditeur...





...nous propose une vue plus... artistique. Depuis les terrasses, nous visons dans un noir et blanc au ciel dramatique la géométrie courbe et généreuse de l'un des demi-cylindres. On perçoit également la relative transparence de l'ensemble et les circulations habiles. Mais on ne nous donne toujours ni le nom du photographe ni celui de l'architecte ! Pourtant on retrouve le logotype de la Fondation Maeght qui met bien en avant les "signes" de son architecture. Mais voilà un signe qui voyage :



Cette carte postale de St-Médard en Jalles nous montre plusieurs aspects de la ville devant lesquels nous passerons rapidement même s'ils ne manquent pas de charme. Ce qui nous retient est situé dans la case en haut à droite de cette carte postale Théojac expédiée en 1976.



La Maison de la Culture nous rappelle bien quelque chose non ?
Jean-Jacques et Philippe Chaveron, les deux architectes de cet ensemble ont sans aucun doute vu José Luis Sert. A moins que cela ne soit le contraire ! Mais quoi ? C'est beau aussi non ? Alors... Tout est là, le toit qui décline à l'envi le jeu des courbes, le mélange du béton et des briques, et même un certain équilibre des volumes et des ouvertures. La proximité de dessin est grande. Quand un dessin est bon !
Je ne trouve rien sur ces deux architectes et je ne peux dire comment ils revendiquent cette proximité qui, personnellement, loin de me déranger, est pour moi l'exemple d'une pertinence formelle jouée et déjouée. La citation est possible, l'écho d'une forme à une autre aussi. Reconnaître une construction dans une autre c'est aussi parfois faire de l'architecture. On retrouve mieux sur cette autre carte postale Combier l'architecture des frères Chaveron. Nommé théâtre de l'Ouest-Aquitain et centre culturel, le lieu est bien visé dans une esthétique parfaite et attentue de la carte postale : premier plan fleuri ! Mais surtout on devine un peu mieux le principe constructif et le plan de l'ensemble.



On pourrait tirer un peu la ficelle :



Cette très belle piscine de Montbard nous propose aussi un peu ce signe moderne. Oui, ici un peu de loin c'est vrai. Quoique, si vous regardez bien à l'extrême droite de la carte postale La Cigogne on retrouve tout de même le vocabulaire. Mais c'est surtout pour moi l'occasion de vous montrer cette belle piscine que l'on doit aux architectes Maillard et Ducamp et aussi Jouven et Phelouzat.
Ce Bigger Splash à la française me plaît beaucoup. Alors un prétexte en vaut un autre ....

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