C'est certainement sa qualité, c'est aussi mon trouble car il est difficile de comprendre le labyrinthe construit pour la musique.
Commençons par cette carte postale qui nous montre de nuit la Philarmonie :
La nuit en entourant la construction à la fois camoufle sa complexité mais ajoute aussi à son mystère. Difficile de lire les lieux, d'en comprendre les formes. L'expressivité brisée, la fragmentation, la régularité contrariée de certaines géométries sont appuyées par le noir et blanc et une lumière dure et dramatique à la Murnau.
Une sorte d'architecture hantée... Comme un dessin de Thomas Dussaix.
Tout s'organise...
Depuis la salle de concert, il semble bien que cette première impression disparaisse. On sent d'ici un centre, un point focal dont l'ensemble des pans fracturés voudraient en se brisant permettre de faire le tour. Regardez comme de notre place nous voyons l'ensemble... Regardez aussi le détail des fauteuils qui sont légèrement décalés les uns des autres pour suivre les côteaux des tribunes. Comme des champs de vignes.
Il s'agit bien d'une machine à entendre et écouter, un instrument de musique devenu architecture. Il s'agit aussi d'une cérémonie et de traiter la rencontre entre ceux qui officient et ceux qui reçoivent au plus juste, non pas en jouant le spectacle social mais bien plus dans une sorte d'économie, d'efficacité spatiale et sonore. C'est une expression de l'hygiène de l'oreille.
Les deux cartes postales proviennent du même éditeur mystérieux "Kunst und Bild" qui ne nomme ni Hans Scharoun ni le photographe.
Mais poursuivons avec un très bel objet éditorial '' Berlin Philarmonie" par Ulrich Conrads chez Lettner-Verlag Berlin éditeur en 1964.
Ce livre est magnifiquement mis en page avec des photographies d'une très grande qualité dues à Liselotte et Armin Orgel-Köhne.
Mettant en opposition ou, au contraire, jouant des collages audacieux des photographies de la Philarmonie, le livre nous donne parfaitement cette sensation de labyrinthe, de MerzBau à la Schwitters de la construction de Scharoun.
Les angles brisés jouent les contre-points à des espaces disjoints dont seul le public dans ses déplacements semble donner la mesure et même l'utilité. On se perd dans des lignes, dans une abstraction expressionniste jubilatoire mais aussi déstabilisante. Les doubles pages entièrement couvertes des photographies déjouent les lectures mais parfois, les photographes dans les marges du livre permettent au public de prendre possession du lieu avec humour et humanisme.
C'est un beau livre sur une belle architecture, imprimé avec beaucoup de soin comme on savait le faire à cette période.
Bonne visite !
1 commentaire:
Et ça fait plaisir de savoir qu'on "a été" à l'intérieur.
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