Il avait bien cru qu'avec une telle modernité et un tel appui des sciences il obtiendrait le premier prix au concours d'architecture pour la construction de cette église.
Il avait d'abord vu cette forme au Palais de la Découverte et avait cru trouver là une belle solution plastique pour son toit en lamellé-collé qui posait problème depuis le début de ses recherches.
Il pensait qu'une église se devait en ce milieu de XXème siècle recourir ainsi aux sciences mêlant la spiritualité la plus pure à la beauté des mathématiques car il avait beau être un laïc il aimait croire que, quelque part dans l'univers, régnait un ordre supérieur qui dessinait le monde.
Alors pourquoi ne pas penser que la surface à section horizontale elliptique, montrant la variation de la corrélation théorique entre 2 variables liées par la loi de Gauss, dans la salle des mathématiques ne pourrait pas être une architecture superbe pour l'église de Royan.
Mais voilà, Guillaume Gillet emporta le concours haut la main avec un projet plus élancé, plus structurel alliant génie civil, art de l'ingénieur (Laffaille et Sarger) et une forme d'une certaine manière plus classique.
Cet échec au concours remit en cause son engagement dans l'architecture et il retrouva vite son goût pour la musique pensant que là aussi, les formes et solutions mathématiques donneraient bien plus de solidité à ses mouvements symphoniques.
Il plongea dans la musique sérielle et dans l'anonymat le plus strict.
On dit que parfois, quand le vent vient du large, le béton de l'église de Royan vibre et laisse échapper un son qui ressemble étrangement à sa troisième composition pour percussions et piano préparé.
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