Nous sommes à Pleaux au centre de vacances familiales devant le bar.
Nous sommes en 1985 et Coco prépare son matériel pour la pêche de demain.
Il fait chaud et les enfants sont dans la piscine juste en face, ce qui fait qu'on peut les surveiller d'ici en buvant une petite bière.
Oui.
Moi je me souviens de cette mode des couffins en osier pour les jeunes mamans de cette époque. On les voyait trimballer ainsi les nouveaux nés avec fierté dans un mélange de vieux sentiments hippy et libertaires, comme si soudain l'enfant des années quatre-vingt devait être baladé dans cet esprit un peu vain de liberté, celui aussi de Moïse lâché sur les eaux.
Combien de mes étudiants, alors braillards et aux couches sales sont allés ainsi de l'arrière de la Renault Cinq au Caddie du supermarché...
Mais.
Mais de cette image, ma petite fabrique intérieure me dit encore et toujours : "regarde la forme des chaises et celle du toit, regarde"
Oui.
Quelque chose dans cette chaise en plastique joue parfaitement avec ce toit en paraboloïde hyperbolique.
Quelque chose d'une souplesse, d'une torsion qui permet une rigidité suffisante pour porter du poids.
Et alors que j'ai toujours détesté ces chaises de plastique, ici je leur trouve une réalité constructive, une idée de ruban souple assez judicieux et efficace.
Je me pose alors la question du rapport que les architectes ont avec nos fesses.
Quand Marcel Breuer dessine son fauteuil Vassily le voit-il aussi comme une structure porteuse qui dans une autre vie aurait pu, au lieu de soulager nos derrières, maintenir sols et plafonds ?
Je me souviens, ayant dû démonter un de ces fauteuils, avoir eu du mal à retendre la structure métallique qui offre une tension invisible au dessin. Voilà bien une question d'architecte !
Et Zaha Hadid (je vous aime) avec une banquette inouïe n'offre-t-elle pas l'occasion comme un géant de simplement s'asseoir sur une maquette de ce qui pourrait être une de ses constructions ?
Un été, je me rappelle avoir fait des photographies en stéréoscopie d'une de ces chaises de jardin, la voyant alors de près et l'œil glissant comme une architecture de Monsieur Niemeyer.
Voyez, voyez comme je m'amuse parfois (sérieusement), et pour voir en relief, croisez vos yeux et concentrez vous sinon....
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