mardi 15 juillet 2008

le mensonge, ce rêve pris sur le fait





Georges Candilis est un architecte important.
Mais voici que s'entrechoquent dans ma collection deux de ses réalisations. Une, considérée à juste titre comme un événement urbanistique et architectural du XXème siècle, Le Mirail à Toulouse, l'autre, plus modeste est la réalisation de villages-vacances au bord de mer, Port Barcarès.
Les deux œuvres témoignent, je crois, d'une véritable attention au programme, aux exigences humanistes et à une forme qui serait le résultat serein mais implacable de ces deux nécessités. Je n'ai vécu ni dans l'un ni dans l'autre et je ne me suis promené ni dans l'un ni dans l'autre. Je sais aussi que l'histoire (les escaliers du politique) parfois entraîne les volontés acquises vers des utopies regrettées. Je crois que c'est malheureusement le cas au Mirail comme dans beaucoup de villes nouvelles.
Je vous laisse lire le texte de notre guide favori, il est long mais juste et déjà pessimiste alors qu'il est écrit en 1971...
"Caractéristiques : Sur concours national lancé en mars 1961. 800 ha. 100 000 habitants. 25 000 logements. Implantation des immeubles en Y. Trois quartiers actuellement achevés ou en voie de l'être.
Le tissu urbain de Toulouse ne pouvant plus accueillir l'excédent de population dû à l'accroissement démographique, à l'éxode rural et à un fort dynamisme industriel, la création d'une Z.U.P au mirail fut décidée en 1960. Date à laquelle d'autres opérations d'urbanisme débutaient également à Nîmes-Pissevin et à Caen Hérouville-Saint-Clair par exemple. Moment où la Z.U.P apparaissait comme la panacée pour régler des problèmes de croissance urbaine à long terme, pour affirmer sa puissance vis-à-vis des autres métropoles aussi. Moment où les élus locaux croyaient avec certitude pouvoir prévoir l'avenir à partir de quelques données statistiques. L'opération du mirail était la plus importante que l'on n'avait jamais étudiée jusqu'alors. Elle devaient abriter 100 000 personnes et créer un équilibre avec la ville ancienne. Le projet adopté après concours contrastait singulièrement sur le papier avec la médiocrité des "grands ensembles" que l'on construisait alors (et encore aujourd'hui). Il proposait : un complexe urbain complet, avec des équipements administratifs, commerciaux, scolaires, universitaires, de loisirs ; une implantation linéaire des immeubles, articulés entre eux ; un brassage social ; la recréation de la rue comme espace vivant, actif, grâce à une dalle piétonne et la séparation des circulations hommes-voitures ; branches des immeubles aboutissant chacune à un groupe d'équipements ; rues intérieures aux immeubles ; appartements comportant une zone de jour et une zone de nuit différenciées en niveau. Dix ans plus tard, alors que les trois premiers quartiers (Bellefontaine, Reynerie, Mirail) sont achevés ou en voie de l'être, quelques questions se posent : la masse de problèmes posée par la création d'une ville nouvelle est-elle actuellement surmontable ? Les conditions économiques qui guident toute étude sont-elles suffisantes et permettent-elles de créer un espace de qualité ? L'entassement contraignant de textes administratifs n'atteint-il pas un seuil critique et n'a-t-il pas abouti à codifier un style architectural ? Une équipe d'architectes aussi importante et expérimentée soit-elle, peut-elle prévoir le déroulement de la vie de 100 000 personnes ? Peut-on déterminer avec certitude le mode de vie, le type de rapports sociaux, les conditions économiques qui existeront trente ans plus tard et mettre en volumes architecturés l'idée que l'on s'en fait ? D'ores et déjà des déficiences sont apparues au Mirail ; les équipements collectifs n'ont pas été créés en même temps que les logements, les petites boutiques sont concurrencées sinon éliminées par un supermarché implanté à proximité, les rues intérieures sont parfois murées par les occupants. La vie de la ville nouvelle est ainsi privée de certaines possibilités : le Mirail peut devenir cité dortoir. La victoire aux élections de 1971, d'une municipalité désireuse de faire participer largement les promoteurs privés à la réalisation de l'opération, n'est pas sans ajouter une interrogation supplémentaire."
Voilà qui est dit. Comment vit-on au Mirail aujourd'hui ? Laissez moi vos témoignages.
La carte postale est une édition Cely sur laquelle le correspondant a noté : le mensonge, ce rêve pris sur le fait. Merci Brigitte.
C'est une vues multiples comme on dit. Mais est-ce que les cinq garçons souriants en contre-jour sont encore habitants du Mirail ? Ont-ils eu la chance d'aller en vacances à Port-Barcarès autre lieu construit par Georges Candilis ?
Et notre guide nous informe encore : caractéristiques : 42 000 lits au total, 1ère tranche en cours 18 000 lits dont : 9700 lits en immeubles et villas, 6000 lits en villages de vacances, 1500 lits en hôtels, 800 lits en camping, caravaning.
Progression de densité d'occupation du sol différenciant ainsi plusieurs choix d'habitats.
Encore à l'état embryonnaire, cette unité touristique s'est déjà singularisée par deux attractions "vedettes" ; le Lydia, bateau échoué ; le musée des sables présentant une soixantaine de sculptures en plein air. La première de ces attractions n'a apporté aucune solution au problème des loisirs pour soirée de vacances, pas plus que la seconde n'a défini la place de l'art dans un espace urbain. Deux gadgets pour une station dont l'architecture se réfère à celle de Leucate, distante de quelques kilomètres seulement.
La carte postale est une édition S.L en lyoncolor.
Je vous rappelle : guide d'architecture contemporaine en France de Messieurs Amouroux, Crettol, Monnet chez tecnic-union,1972.
merci messieurs merci.

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