dimanche 11 novembre 2012

Que de Wien...

Passons par l'Autriche avec deux œuvres extrêmement différentes tant par leur programme que par leur esthétique. Et vraiment c'est très très différent !
On verra sans doute que je choisis sans vergogne l'une plutôt que l'autre.
Mais je reconnais à ces deux architectures une véritable force d'attraction et une vraie réalité plastique.
On commence avec la plus étrange :



La carte postale Rau-Color nous dit bien tout : Hundertwasser-Haus ! Il s'agit bien d'une architecture de cet architecte fantasque, écologiste, utopiste et humaniste. Un rien buccolique aussi dont la naïveté du programme architectural, son petit bonheur de faïence et de couleurs vives, n'arrivent pas à me séduire. Changer la vie passe sans doute en architecture par autre chose qu'un espace ici anarchique (et non anarchiste) une liberté de couleurs et des références amusées à un art populaire qui mérite mieux que la pacotille de bazar d'une boîte à bijoux de jeune fille. Enfin, comme finalement tous les architectes décorateurs aux références d'images (bien plus que d'espace) ils ont le mérite de faire des images dans lesquelles on habite (se reconnaît) en attendant d'y vivre...
On préférera Gaudí ou mieux encore la vraie architecture sans architecte donc sans fierté d'image de marque. Cette image d'ailleurs ici est due au photographe Karl Schiefer.
Autre chose :



Cette belle architecture qui ne laisse vraiment aucune place à un imaginaire suranné est celle de l'ONU à Wien donc. L'architecte Johann Staber construit une volumétrie puissante, sculpturale et qui fonctionne par une déclinaison du tripode triangulaire courbé. La masse joue de ses pleins et aussi des vides ici mis en relation les uns avec les autres par des jeux très subtils (oui absolument) de circulations et de percées. La couleur orange vient révéler à cette construction un sens technique et souligner des affectations particulières.
Ici la nature en référence c'est l'homme dans un paysage construit par son architecture. C'est une forme de topographie émergente qui dans son échelle dit sa puissance, sa solidité. On aime y circuler comme on pourrait aimer une visite troglodyte dans une montagne de rocher. On ne décore pas en singeant un modèle, on reconstruit le modèle.
On notera qu'il s'agit du même éditeur qui ainsi démontre bien qu'il sait partager tous les types d'architectures de sa ville.







samedi 10 novembre 2012

Un livre pour une maison bulle

Si vous aimez Pascal Häusermann, vous serez heureux d'apprendre qu'un nouvel ouvrage consacré à une maison réalisée par Claude Häusermann est en souscription.
Joël Unal, en effet, nous informe de cette future publication et c'est avec plaisir que nous nous en faisons l'écho. Il va sans dire que c'est bientôt les Etrennes et que, au pied du sapin, cela pourrait être un beau cadeau et une belle occasion de visiter par le livre l'une des merveilles de l'architecte suisse.
Alors...


jeudi 8 novembre 2012

Le Comité de Vigilance Brutaliste à Yvr'Art

Oyez ! Oyez ! Braves gens !
Le Comité de Vigilance Brutaliste participera au festival Yvr'art dès ce week-end !
Au programme le Comité proposera une exposition de dessins de Thomas Dussaix le plus vigoureux des membres de ce Comité mais également une conférence sur l'architecture moderne et contemporaine vue au travers de la carte postale par votre serviteur (et autre membre tout aussi vigoureux du Comité).
Il y aura plein d'autres artistes, plein de manifestations !
Venez ! Venez !
Si vous voulez voir en chair et en os l'animateur de ce blog et son acolyte juvénile. La conférence aura lieu le vendredi 9 novembre à Yvré l'Evêque dans la salle Georges Brassens !
Au plaisir de partager ce moment avec vous !




mercredi 7 novembre 2012

Territoire Marcel Lods

Nous allons avoir encore l'occasion de parler de l'œuvre de Marcel Lods qui a laissé dans ma région bien plus qu'une empreinte : un territoire.
Cet héritage va de la reconstruction du centre ville d'Elbeuf et son ciné-théâtre, de la Zone Verte de Sotteville-lès-Rouen en passant par les très beaux et donc très menacés plots dits "verre et acier" des hauts de Rouen. Il aurait sans doute été nécessaire de déclarer ce territoire protégé au même titre qu'un parc régional mais il semble que finalement de destructions en détériorations successives la Région Normande, les différentes municipalités qui doivent pourtant à l'architecte l'intelligence d'une reconstruction populaire et humaniste préfèrent oublier cet héritage, casser ce patrimoine.
Pourtant quelle autre région peut s'enorgueillir d'un tel héritage sur une région si serrée et qui permet une véritable histoire de l'architecture des Trente Glorieuses au travers des transformations de la pensée d'un architecte qui passera du béton au métal en quelques années... (Firminy avec Corbu ?) Une leçon qui ne sera donc pas apprise, pas retenue et qui finira par des regrets bien plus tard, donc quand il sera trop tard !
Alors régalons nous de quelques œuvres majeures de cet architecte qui ne sont pas toutes dans la Région Normande ce qui vaut sans doute mieux pour elles...
Retour :



Voici une image rare. Il s'agit d'une carte postale nous montrant la très belle école de plein air de Suresnes. Nous l'avons déjà visitée mais ici c'est une image inédite que je vous montre. Nous sommes dans la salle à manger des Grands grâce aux éditions R. Gallois. On perçoit bien l'architecture, l'espace, l'ouverture et la révolution de ce mode constructif. Regardez comme le jour pénètre à l'intérieur, regardez comme l'échelle des agencements est celle des enfants ! La lumière rase leur tête et le petit mur de séparation est juste à leur hauteur quand ils sont assis. Debout, les enfants voient toute la salle et à l'extérieur ! On remarque que les filles mangent aussi avec les garçons, que les maîtresses sont dans la salle et que tous se savent photographiés. Qu'est-ce que la vie a réservé à ces regards ?











Alors ?



C'est beau non ?
Il s'agit de l'immeuble Bourgogne dans la Zone Verte, rue Garibaldi à Sotteville-lès-Rouen. La carte postale est une édition Estel en photographie véritable. Elle nous donne les informations suivantes : Marcel Lods, architecte en chef des bâtiments civils et Palais Nationaux, Alexandre, architecte à Rouen, Busse, architecte à Paris et Yvelin, architecte à Sotteville-lès-Rouen. Regardez ce beau dessin très abstrait, très pur qui va de rythmes en brisures et qui laisse toute l'expression plastique au mode constructif. Regardez comme les volumes, de décrochements en décrochements, ordonnent des espaces à vivre dont la répétition forcée forme enfin le style. Regardez comment le bâtiment touche le sol et comment il finit dans le ciel : finesse des colonnades, finesses des bétons, jeux des matières. La délicatesse du petit auvent au-dessus du dernier balcon prouve bien l'attention humaniste de ce dessin.









On retrouve notre architecture :



Cette fois un peu plus perdu dans son espace urbain, adouci par les feuilles qui chatouillent le cadre, notre quartier Garibaldi est en couleur grâce aux éditions Iris. Nous sommes au milieu des années 60. Presque pareil :



La carte postale des éditions J. Kettler nous offre un peu plus d'informations en nommant bien les deux immeubles : Bourgogne et Garibaldi mais omet le nom des architectes.
Nous reviendrons autant que nécessaire sur le travail de cet architecte. Il fait partie de mon paysage, de ma ville, de ma vie.
Il fut un initiateur de formes, un inventeur de méthode. Il mérite bien que l'on préserve son héritage.
Sauvons les "Lods" des Hauts de Rouen ! Protégeons la Zone Verte de Sotteville-lès-Rouen !
Notons qu'une partie des "Lods" des Hauts de Rouen est aujourd'hui réhabilitée avec qualité et sérieux : poursuivons !

mardi 6 novembre 2012

Faire la fête dans les Vosges

Il y a ainsi, on ne sait pourquoi, des constructions qui ont eu droit à pléthore de cartes postales. C'est le cas avec cette salle des fêtes de Saint-Dié dont je compte pas moins de six cartes postales différentes dans ma modeste collection !
Regardons de loin d'abord :



Depuis une légère hauteur, la salle des fêtes de Saint-Dié est ainsi cadrée par les éditions Yvon. On perçoit déjà bien son dessin qui m'a toujours fait penser à une église moderne. Cela est sans nul doute dû à son mur en claustra et à son toit en cuivre oxydé qui pourraient tous deux composer ainsi un lieu de culte moderne.
Pourtant c'est bien une salle des fêtes. L'éditeur installe la construction dans son paysage et s'amuse du contraste avec la Cathédrale au fond.
On s'approche ?



L'éditeur Iris préfère les jets d'eaux, élément urbain qui dit le chic, le beau. On admire depuis ce point de vue la belle courbe du toit qui plonge en son milieu vers les puissants piliers. C'est peut-être un peu moins gracieux de ce côté-ci, le mur aveugle bleu surmonté de sa petite cheminée est moins spectaculaire que l'autre côté. Regardons encore :



Des fleurs au premier plan, des arbres qui ont grandi, nous sommes bien devant une carte postale ! On se réjouira avec l'architecte du bleu du ciel à l'identique du bleu de la salle des fêtes. Mais faisons le tour :



Et paf !
C'est beau non ce claustra ? Aujourd'hui on dirait "résille "! Difficile depuis ce point de vue de comprendre l'objet. On regardera aussi le beau porche d'entrée décoré pour une occasion républicaine et le contraste de la belle plante grasse au premier plan, très sculpturale. La carte postale Iris nous donne deux noms d'architectes pour cette salle des fêtes : Messieurs Bertrand et Ringwald.
Sur le côté :



On comprend mieux vu d'ici la salle. On devine bien l'étage derrière le claustra, salle qui doit bénéficier ainsi d'un éclairage maximum et d'un beau plafond. Un rez-de-chaussée permet sans doute d'abriter les locaux techniques. Regardez comme l'escalier est judicieusement placé dans le plan. Cette belle carte postale est imprimée en Procédé 301 par Draeger pour Yvon. On notera que l'éditeur oublie l'un des deux architectes Mr Ringwald.
Pour finir :



Retour vertical sur la salle des fêtes. Sans doute un peu trop de végétation pour nous, les amateurs d'architecture ! La carte postale est bien plus récente et fut expédiée en 1986 ce qui prouve qu'encore la salle des fêtes de Saint-Dié savait faire événement dans la ville.

lundi 5 novembre 2012

Tetrodons à sauver !


Voilà bien un cas d’école !
Des Tetrodons jouent leur rôle depuis des années dans un V.V.F. à Lège Cap Ferret. Des amoureux de ce type d’architecture, des passionnés, des “connaisseurs” savent la valeur patrimoniale de ces petites constructions si marquées par les préoccupations de leur époque : mobilité, légèreté, modularité. Ces mêmes passionnés sous la menace de la destruction de ces Tetrodons s’organisent joyeusement sans colère, simplement pour sauver ces bâtiments de la destruction aveugle.
Des promesses sont faites, des ventes sont organisées.
Mais voilà...
Voilà que sous des prétextes étranges de déteriorations possibles du terrain par le déménagement de ces Tetrodons, ceux-là mêmes qui en ignoraient jusque-là la passion qu’ils soulèvent oublient soudainement les promesses et stoppent l’action de sauvegarde...
On croit rêver...
Pourtant les V.V.F furent à leur époque de grands soutiens et de grands commanditaires d'une architecture contemporaine de grande qualité. Il suffit de voir sur ce blog le nombre d'occasions que nous avons d'évoquer ce patrimoine. Il faut espérer que cela n'augure pas de massacres de cet héritage.
Une fois de plus, le combat patrimonial, la connaissance de l’histoire de l’architecture, la passion de citoyens vigilants à leur architecture seraient mis à mal par des ignorants soudainement éclairés et intéressés ?
Reste le Droit. 
Et nul doute que ce dernier et l’énergie des amateurs permettront enfin que, dans un jeu social apaisé, les promesses soient simplement tenues.
Le patrimoine architectural moderne et contemporain appartient à tout le monde mais surtout à ceux qui le vivent, l’aiment et le sauvent.
Le Comité de Vigilance Brutaliste reste à l’écoute de ce dossier et vous demande de soutenir cette action de sauvegarde.
Pour vous rappeler la forme et l’intelligence de ces petites constructions qui savaient ne pas être des mobile-homes affreux et des camping-cars dégueulasses qui envahissent nos horizons voici des extraits d’Architecture d’Aujourd’hui de juin-juillet 1972. C’est une référence et il suffit parfois de savoir lire pour savoir voir et aimer.
Rappelons donc que ces Tetrodons sont l’œuvre des architectes de l’A.U.A, de J. Berce, E. Ciriani, M. Corajoud, B. Huidobro, G. Loiseau, A. et J. Tribel. Le constructeur étant le Groupe Barbot.
le C.V.B.















samedi 3 novembre 2012

Retrouvailles ludiques

Revenons un peu à notre intérêt pour les aires de jeux, le plein air, les loisirs enfantins. Nous verrons que cela nous permettra de retrouver quelques amis et de découvrir quelques belles architectures.
D'abord à Fontenay-sous-bois :



La belle carte postale des éditions Raymon nous montre la ZUP et son centre commercial. On retrouve là toute la qualité de l'éditeur et du photographe J. N. Duchâteau que nous connaissons bien et avec lequel j'aimerais bien parler !
Mais que vise-t-il ? Se reculant au maximum pour embrasser à la fois les deux tours et son centre commercial, il installe également dans son cadre les très beaux jeux pour enfants qu'un autre photographe de cartes postales avait cadrés pour les éditions Yvon, rappelez-vous ici.





Cela permet de confirmer le beau travail de cadrage du premier photographe qui "invente" un rapprochement entre les immeubles et les jeux alors que Mr Duchâteau dans une sensibilité plus objective (oui c'est curieux !) donne à voir le lieu pour ce qu'il est. Mais... mais... on sait que les photographes parfois travaillent pour deux éditeurs différents. Et si Mr Duchâteau avait réalisé les deux clichés ?
Il semble que l'architecture de cette ZUP soit de Marcel Lods, sans certitude.
Et si on pédalait ?



Nous voici à Dunkerque devant le Casino. Au premier plan, les bambins font du karting à pédales, ce qui semble bien les réjouir ! A l'arrière la très belle structure du Casino mêlant briques et béton tendu se donne à voir. On aimera que cette structure dans sa forme constructive aurait pu être aussi bien une gare  ou un centre sportif. L'idée étant de couvrir une grande surface par une voûte. Il semble bien que cela ait disparu sous une restructuration du début des années 2000. Doit-on le regretter ? Oui. Et que sont devenus les petits karts ? Quel chemin ont-ils pris ? Il doit y avoir des centaines de photographies dans les albums familiaux du Nord, d'enfants au volant de ces bolides !





Sous la terre maintenant :



Voici une bien belle Boring Postcard !
Nous sommes à Lavaré (Sarthe) dans la colonie de vacances de Choisy-le-Roi par les éditions Combier. On passera sur les bungalows sans intérêt et sur le cadrage qui ne nous laisse comme point central que le malheureux tube de béton de tout-à-l'égoût recouvert de terre et qui sert de jeux...



Voilà bien un imaginaire de concepteur d'espaces d'aires de jeux bien pauvre qui a dû finalement retrouver la richesse d'invention enfantine capable de voir dans ce collecteur des eaux usées au choix une grotte au trésor, le ventre d'une baleine, un vaisseau spatial !
A ce souterrain d'une pauvreté qui fait sans doute sa grandeur nous préférerons cela :



Vous reconnaissez ? Allez... Oui !
Nous sommes sur un très beau spot de ce blog devant le V.V.F des pins de Cordouan à la Palmyre. Nous retrouvons le sous-marin et depuis ce point de vue je crois bien que nous voyons son entrée pour passer sous le sable ! Regardons également les autres détails de cette merveille du design des aires de jeux par le Group-Ludic.





Quelle merveille ! Il me faudra aller voir ce que tout cela est devenu !
On saluera également le monsieur qui regarde le photographe et donc nous regarde aussi. N'oublions pas que ce V.V.F doit aussi beaucoup à sa belle architecture moins lisible sur cette image.
Un autre V.V.F :
C'est écrit sur l'image !



En Corse nous retrouvons également deux centres d'intérêt. L'architecture d'abord avec ce qui semble bien être un travail intéressant qui fait songer au travail de messieurs Salier et Courtois en Gironde.



De gros contreforts de béton sur lesquels on pose une charpente et un toit de tôle. Mais je ne trouve aucune info sur ce V.V.F. Par contre, on retrouve nos jeux préférés de Aires et Volumes.



On les retrouve sur cette autre carte postale ce qui tente à prouver qu'ils faisaient "images" pour ce V.V.F. Merci de votre attention.