lundi 5 novembre 2012

Tetrodons à sauver !


Voilà bien un cas d’école !
Des Tetrodons jouent leur rôle depuis des années dans un V.V.F. à Lège Cap Ferret. Des amoureux de ce type d’architecture, des passionnés, des “connaisseurs” savent la valeur patrimoniale de ces petites constructions si marquées par les préoccupations de leur époque : mobilité, légèreté, modularité. Ces mêmes passionnés sous la menace de la destruction de ces Tetrodons s’organisent joyeusement sans colère, simplement pour sauver ces bâtiments de la destruction aveugle.
Des promesses sont faites, des ventes sont organisées.
Mais voilà...
Voilà que sous des prétextes étranges de déteriorations possibles du terrain par le déménagement de ces Tetrodons, ceux-là mêmes qui en ignoraient jusque-là la passion qu’ils soulèvent oublient soudainement les promesses et stoppent l’action de sauvegarde...
On croit rêver...
Pourtant les V.V.F furent à leur époque de grands soutiens et de grands commanditaires d'une architecture contemporaine de grande qualité. Il suffit de voir sur ce blog le nombre d'occasions que nous avons d'évoquer ce patrimoine. Il faut espérer que cela n'augure pas de massacres de cet héritage.
Une fois de plus, le combat patrimonial, la connaissance de l’histoire de l’architecture, la passion de citoyens vigilants à leur architecture seraient mis à mal par des ignorants soudainement éclairés et intéressés ?
Reste le Droit. 
Et nul doute que ce dernier et l’énergie des amateurs permettront enfin que, dans un jeu social apaisé, les promesses soient simplement tenues.
Le patrimoine architectural moderne et contemporain appartient à tout le monde mais surtout à ceux qui le vivent, l’aiment et le sauvent.
Le Comité de Vigilance Brutaliste reste à l’écoute de ce dossier et vous demande de soutenir cette action de sauvegarde.
Pour vous rappeler la forme et l’intelligence de ces petites constructions qui savaient ne pas être des mobile-homes affreux et des camping-cars dégueulasses qui envahissent nos horizons voici des extraits d’Architecture d’Aujourd’hui de juin-juillet 1972. C’est une référence et il suffit parfois de savoir lire pour savoir voir et aimer.
Rappelons donc que ces Tetrodons sont l’œuvre des architectes de l’A.U.A, de J. Berce, E. Ciriani, M. Corajoud, B. Huidobro, G. Loiseau, A. et J. Tribel. Le constructeur étant le Groupe Barbot.
le C.V.B.















samedi 3 novembre 2012

Retrouvailles ludiques

Revenons un peu à notre intérêt pour les aires de jeux, le plein air, les loisirs enfantins. Nous verrons que cela nous permettra de retrouver quelques amis et de découvrir quelques belles architectures.
D'abord à Fontenay-sous-bois :



La belle carte postale des éditions Raymon nous montre la ZUP et son centre commercial. On retrouve là toute la qualité de l'éditeur et du photographe J. N. Duchâteau que nous connaissons bien et avec lequel j'aimerais bien parler !
Mais que vise-t-il ? Se reculant au maximum pour embrasser à la fois les deux tours et son centre commercial, il installe également dans son cadre les très beaux jeux pour enfants qu'un autre photographe de cartes postales avait cadrés pour les éditions Yvon, rappelez-vous ici.





Cela permet de confirmer le beau travail de cadrage du premier photographe qui "invente" un rapprochement entre les immeubles et les jeux alors que Mr Duchâteau dans une sensibilité plus objective (oui c'est curieux !) donne à voir le lieu pour ce qu'il est. Mais... mais... on sait que les photographes parfois travaillent pour deux éditeurs différents. Et si Mr Duchâteau avait réalisé les deux clichés ?
Il semble que l'architecture de cette ZUP soit de Marcel Lods, sans certitude.
Et si on pédalait ?



Nous voici à Dunkerque devant le Casino. Au premier plan, les bambins font du karting à pédales, ce qui semble bien les réjouir ! A l'arrière la très belle structure du Casino mêlant briques et béton tendu se donne à voir. On aimera que cette structure dans sa forme constructive aurait pu être aussi bien une gare  ou un centre sportif. L'idée étant de couvrir une grande surface par une voûte. Il semble bien que cela ait disparu sous une restructuration du début des années 2000. Doit-on le regretter ? Oui. Et que sont devenus les petits karts ? Quel chemin ont-ils pris ? Il doit y avoir des centaines de photographies dans les albums familiaux du Nord, d'enfants au volant de ces bolides !





Sous la terre maintenant :



Voici une bien belle Boring Postcard !
Nous sommes à Lavaré (Sarthe) dans la colonie de vacances de Choisy-le-Roi par les éditions Combier. On passera sur les bungalows sans intérêt et sur le cadrage qui ne nous laisse comme point central que le malheureux tube de béton de tout-à-l'égoût recouvert de terre et qui sert de jeux...



Voilà bien un imaginaire de concepteur d'espaces d'aires de jeux bien pauvre qui a dû finalement retrouver la richesse d'invention enfantine capable de voir dans ce collecteur des eaux usées au choix une grotte au trésor, le ventre d'une baleine, un vaisseau spatial !
A ce souterrain d'une pauvreté qui fait sans doute sa grandeur nous préférerons cela :



Vous reconnaissez ? Allez... Oui !
Nous sommes sur un très beau spot de ce blog devant le V.V.F des pins de Cordouan à la Palmyre. Nous retrouvons le sous-marin et depuis ce point de vue je crois bien que nous voyons son entrée pour passer sous le sable ! Regardons également les autres détails de cette merveille du design des aires de jeux par le Group-Ludic.





Quelle merveille ! Il me faudra aller voir ce que tout cela est devenu !
On saluera également le monsieur qui regarde le photographe et donc nous regarde aussi. N'oublions pas que ce V.V.F doit aussi beaucoup à sa belle architecture moins lisible sur cette image.
Un autre V.V.F :
C'est écrit sur l'image !



En Corse nous retrouvons également deux centres d'intérêt. L'architecture d'abord avec ce qui semble bien être un travail intéressant qui fait songer au travail de messieurs Salier et Courtois en Gironde.



De gros contreforts de béton sur lesquels on pose une charpente et un toit de tôle. Mais je ne trouve aucune info sur ce V.V.F. Par contre, on retrouve nos jeux préférés de Aires et Volumes.



On les retrouve sur cette autre carte postale ce qui tente à prouver qu'ils faisaient "images" pour ce V.V.F. Merci de votre attention.




 

lundi 29 octobre 2012

Vichy au bord de l'eau et de la nuit

Depuis un moment des cartes postales de Vichy finissent par faire un petit paquet intéressant. Je vous propose donc une petite visite de cette ville au travers de quelques cartons 10x15cm. On verra que l'architecture y est belle et moderne.
Commençons fort :



Ce très beau bâtiment est en fait l'internat d'un "groupe technique" du lycée d'état de Vichy-Cusset. La carte postale Léo Lafont nous montre bien sa belle façade et les très jolis piliers qui dégagent les ouvertures. C'est sérieux mais bien dessiné et le correspondant indique au verso : " J'ai été plus sensible au charme de ce bâtiment qu'à celui de la ville, presque morte en cette période d'avant-saison. Voilà un internat dont nous nous contenterions n'est-pas ? " Tout est dit...
Mais la construction moderne de Vichy qu'on trouve le plus en carte postale est la Rotonde sur le Lac par l'architecte Marol. Et c'est bien normal tant cette construction a marqué les esprits par sa forme, son articulation particulière au lac et sa grande ouverture (quasi-totale) au paysage. C'est une sorte de machine à voir le paysage d'une grande élégance.
Regardons :



La carte postale Iris nomme bien l'architecte Marol et nous montre la Rotonde attachée par sa passerelle au quai. La sensation d'être à ras de l'eau pour les visiteurs est bien visible ici. On doit se croire sur un bateau !



L'autre carte Iris est plus "maritime" et accentue la valeur de loisirs nautiques de la construction en prenant le point de vue depuis le Lac et en laissant glisser le petit voilier. Mais d'ici la Rotonde semble un rien écrasée sur les quais, moins libre.
La dernière carte postale, toujours chez Iris, nous montre la Rotonde toute illuminée, de nuit, en faisant de son reflet un spectacle doré à la feuille !



Mais les lumières de la nuit donnent aussi beaucoup de qualité au quartier des Ailes à Vichy. Le logement social et ce quartier moderne, sans souci, trouvent dans les cartes postales un moyen d'expression de leur rôle urbain. La grande qualité photographique de ce cliché fait vibrer des bleus intenses contre des points lumineux. On accorde alors à ce type de quartier tout l'égard qu'il mérite et on en dégage une grande plasticité. Je n'ai pu trouver nulle part le nom du ou des architectes du quartier des Ailes.



On notera que le Yacht Club, la Rotonde donc, eut les honneurs d'un petit article dans le numéro de Février 1964 d'Architecture d'Aujourd'hui. Cela nous permet de relever une erreur d'attribution de l'architecte par l'éditeur des cartes postales qui indique L. Marol alors qu'il s'agit bien de Jean Marol que nous connaissons bien sur ce blog.

samedi 27 octobre 2012

Le Corbusier en vrac

Aujourd'hui quelques nouveautés corbuséennes arrivées dans la collection depuis peu. C'est un rien mélangé, mais quand c'est Le Corbusier on aime sans trop de condition. Et puis, est-ce ma faute si l'architecte a chanté l'angle droit pour finalement faire des carapaces de crabe ?
On commence ?



Cette très belle prise de vue aérienne par le service aviation de Combier nous montre Ronchamp et sa chapelle dans toute sa splendeur. Le point de vue nous permet de mieux saisir la forme tortueuse du toit mais une belle surprise est cachée sur cette carte postale. Regardez bien...
Alors ?



Oui ! Bien vu ! Le tas de planches du coffrage de notre chapelle reste visible, abandonné dans le bosquet ! On aimera ce fatras de lignes droites qui ont permis de réaliser le moulage des courbes de Ronchamp ! L'ultime vision du chantier avant son nettoyage nous permet de saisir la fabrication de la chapelle. On notera que Le Corbusier est nommé sur cette carte postale non datée malheureusement.
Encore depuis les airs :



















Nous sommes à Rezé au dessus de ce que l'éditeur Gaby nomme la cité "le Corbusier". On se demandera pourquoi il ne dit pas "Cité Radieuse"! Le cliché du photographe Heurtier nous permet de voir la ville de Rezé et l'implantation dans la presque campagne de la Cité Radieuse, souvent nommée Maison Radieuse à Rezé. L'objet architectural est bien isolé, seul dans son échelle et ses proportions. On imagine les enfants profitant encore de ces petits chemins verdoyants tout autour de la Cité. même si c'est un peu loin, on en profite tout de même aussi pour voir la différence de traitement du toit-terrasse avec la Cité Radieuse de Marseille.



En 1959 :



A. Caillon le photographe de cette carte postale éditée par les dominicains d'Eveux pour récolter des fonds pour soutenir l'œuvre de Le Corbusier a fait un beau cliché, une belle carte postale. La pente du terrain que rétablit à l'horizontale le couvent est bien marquée au premier plan. Elle forme un triangle sombre sur lequel le béton se pose. Les pilotis partent du haut vers le bas pour rejoindre une assise. Le contraste du noir et blanc fait chanter les vibrations des volumes sur la façade. Simplement une belle photographie.




mercredi 24 octobre 2012

Une carte postale de Royan très rare

Je vous montre, une fois n'est pas coutume, une carte postale très rare de Royan.
Je sais même beaucoup de choses sur cette carte postale. Elle fut éditée à seulement cent exemplaires, elle date du mois de septembre de cette année, le photographe est votre serviteur et la prise de vue, sur le toit de l'église de Royan, fut réalisée pendant la résidence du Comité de Vigilance Brutaliste.
Donc...une rareté !
Certains l'ont même déjà reçue.
La voici :


Vous aurez remarqué que cette carte postale possède sur son verso une déclaration du Comité de Vigilance Brutaliste. On notera aussi que cette carte postale est reprise par le Café Perdu pour faire l'annonce de notre soirée sur Royan. Il y sera question de la ville, de l'église et de la résidence du C.V.B. Vous pourrez y voir en exclusivité nationale une sélection des rush vidéo réalisés sur place pendant la résidence avec Thomas Dussaix.
Venez nombreux ! Nous fêterons les 500 000 visiteurs du blog, la belle architecture française, la plus belle ville du monde ! A cette occasion, la carte postale sera distribuée gratuitement.
à lundi 29 octobre au Café Perdu à Rouen !


Un demi-million !

Quelle coïncidence !
Alors que ce soir nous allons fêter l'inscription à la liste supplémentaire des Monuments Historiques du centre commercial dessiné par Monsieur Claude Parent à Sens, voici que ce matin j'apprends que plus de 500 000 pages ont été visitées sur ce blog !
500 000 !
Merci à tous pour votre fidélité !
En espérant que cela vous ait donné envie de défendre, aimer, voir, visiter l'architecture moderne et contemporaine.
Allez ! Encore un petit effort et nous fêterons notre millionième  visiteur !
A ce soir !



lundi 22 octobre 2012

Un patrimoine au pied des barres

Comme pour atténuer la rigueur d'une orthogonalité un peu rude, souvent au pied des tours et des barres H.L.M, on pose une petite construction tourmentée. Nous avons eu l'occasion maintes fois ici de voir que l'église moderne joue souvent ce rôle à la fois d'objet architectural original qui opère alors comme un signal et même un signe du nouveau quartier.
Mais il arrive aussi souvent que la hall des sports, la piscine, la maison des jeunes, le marché, s'accordent également cette place et, dans une expression quasi sculpturale, offrent aux habitants une sorte d'effet Bilbao à rebours !
Voyez encore un exemple ici à Malakoff :



Nous sommes sur la place Henri Barbusse et au pied du hard french un effet de style vient se poser. Le petit centre commercial est d'ailleurs d'une très grande beauté avec son toit en double courbure typique du goût pour les paraboloïdes hyperboliques de l'époque. Les mathématiques font de belles courbes, donnent l'impression d'un geste moderne et gratifient les constructeurs (et l'architecte !) d'un sentiment de prouesse et de devoir accompli : ici, je le répète, avec justesse.
Le voile de béton dessine bien des courbes fines, une sorte de toile de tente figée qui abrite un ensemble extrêmement léger de pans de verre (aujourd'hui bouchés semble-t-il).





On admirera aussi le beau dessin des points d'appui et la récupération des niveaux du sol. Sur ce ciel de béton tendu, se posent quelques bulles de plastique distribuant de la lumière. On pourra tout de même reprocher à ce centre commercial d'être un rien trop proche sans doute des habitations offrant aux regards des fenêtres un étrange paysage courbé et vide. Mais c'est bien ce patrimoine qui fait les belles surprises de la banlieue, qui donne envie de venir la voir et de l'aimer aussi comme un laboratoire de l'architecture que les éditeurs de cartes postales (ici Lyna) ont su révéler et offrir.
Regardons encore :



La carte postale Combier nous donne le ciel comme hauteur sur la ville de Charleville-Mézières, Mohon. Nous sommes au-dessus de "Ronde-couture", quartier dessiné par le Cabinet Charlot-Despas si on en croit l'éditeur. Une fois encore, plantés au milieu des monolithes de béton dont ici les proportions restent humaines on devine des constructions bien plus étranges aux toits hérissés de pointes spectaculaires.




On retrouve un peu ce type de dessin sur une architecture de Courbevoie vue ici. Les constructions renferment les services habituels : centre commercial, bibliothèque, etc. Mais une fois encore c'est bien dans le contraste que se décident ces gestes architecturaux, sans doute pour offrir au regard des immeubles et de l'habitation une architecture originale, presque un spectacle de la modernité. On prendra le temps pour cette image de regarder le plan urbain si typique également du traitement de ce genre de quartier. Les immeubles sont jetés au milieu de pelouses dont le seul traitement semble bien le tracé des chemins piétonniers tortueux et "libres", comme inventés par le cheminement des piétons et des habitants. L'organisation de places et de placettes sur lesquelles on pose les jeux pour les enfants et les bancs pour "les liens sociaux". On rejette les parkings des automobiles en périphérie pour justifier des espaces-jardins libres et végétalisés. Si tout cela ne manque pas de volonté, tout cela manque tout de même un rien d'idées. Il semble que la vue depuis une tour sur une pelouse verte plate et vide reste le summum de l'urbanisme. Plus tard, comme partout, planter des arbres et faire faire des graffs sur les murs du préau de l'école seront les deux seules politiques visibles de la transformation urbaine. Le cimetière des hommes est toujours là mais celui des automobiles visible au bas de la carte postale a disparu. On n'en déduira rien.