jeudi 21 juin 2012

Charlotte Perriand dans les livres



Alors que je termine la lecture de Une vie de création de Charlotte Perriand, livre dans lequel elle raconte son histoire et sa vie riche, incroyablement riche, mon frère Christophe m'apporte pour une relecture un livre qu'il possède depuis longtemps Intérieurs de chalets et de maisons de campagne aux éditions Massin. Il est temps que je vous dise que ce frère depuis des années s'intéresse au design bien avant moi et que son flair de frère aîné l'a amené à acheter mobilier et livres que je dédaignais alors...
Ainsi aujourd'hui est-il à la tête d'une sorte de petite bibliothèque des Arts Décoratifs des trente glorieuses, bibliothèque que je jalouse souvent le week-end quand Christophe me fait le plaisir d'apporter un ou plusieurs de ses volumes et les trois éclairs au café du dessert dominical !
En voici donc un exemple et mon cœur a sursauté lorsque je me suis aperçu que la quasi totalité des photographies de ce livre représentaient du mobilier de Charlotte Perriand ! Alors pas de carte postale aujourd'hui mais je vous connais maintenant et je sais que vous allez vous régaler. Je dois donc remercier Christophe mais aussi Claude et Gaëlle qui m'ont permis de lire Charlotte Perriand dans une version de ce livre dédicacée par l'artiste lors de leur rencontre avec celle-ci.
Je vous donne sa dédicace : " L'enfant est un créateur né".
J'ajouterai également : "quel joyeux petit destructeur !"

Une vie de création
Charlotte Perriand
éditions Odile Jacob
1998

Allez ! Regardons l'œuvre de Charlotte Perriand :



























mardi 19 juin 2012

Maroc Moderne

Commençons par un mot fort : liberté.



La superbe tour Liberté se dresse fièrement dans le ciel du Maroc en imposant sa silhouette dansante dans un ciel comme vidé. On pourra une fois encore et toujours en somme, se réjouir des lignes, des contrastes, du socle qui la porte, du traitement de ses derniers étages. Cette carte postale des éditions la Cigogne ne mérite-t-elle pas toute l'attention nécessaire ? Les connaisseurs de Casablanca auront plaisir à savoir que cette dernière fut une exclusivité de Sochepress, rond-point Lapérouse à Casablanca.
De la liberté encore !



Se peut-il que le petit palmier de la première carte postale soit celui bien plus grand de celle-ci ? Notre point de vue a pivoté pour nous montrer l'autre façade et le bleu nettoyé du ciel cette fois fait son œuvre. Il s'agit d'une édition Fisa. Aucune des deux cartes ne nomme Monsieur Morandi l'architecte de la tour Liberté.
Un peu d'ombre :



Les palmes permettent à l'église du Sacré-Cœur de se rafraîchir et d'apparaître furtivement dans un paysage immédiatement oriental. Les éditions Studio Marti jouent la carte de l'exotisme et c'est assez réussi même si on ne fait que deviner l'architecture. Préférence à l'ambiance plus qu'à l'information, il s'agit bien là de la belle école de la photographie de cartes postales !
Attention ! Merveille !



Oui, il s'agit là aussi d'une carte postale ! Nous sommes au pied de l'hôtel Karabo à Restinga au Maroc. Nous admirerons l'architecture d'une modernité toute brésilienne...
Un bâtiment qui prend la courbe se pose sur de superbes pilotis en V libérant le sol que le photographe va pourtant chercher avec son cadrage. Regardez le premier plan, la terre vient contre l'objectif !



Cadrage audacieux et construction moderne font de cette carte postale des éditions Jeff datée de 1966 une superbe image. On notera un papier curieux au grain particulier. Il doit s'agir d'une carte-photo.
Par contre, je n'ai aucune information sur l'architecte de cette merveille ni sur le devenir de cette architecture.
Plus précis :



On aura reconnu la beauté rigoureuse du travail de Monsieur Zevaco, l'architecte de cette résidence des sapeurs pompiers d'Agadir. On trouvera sur le site du FRAC Centre deux dessins et un texte sur cette construction remarquable.
D'ici nous percevons le traitement en béton brut alternant avec des pans de murs blanchis, une fermeture des volumes, un traitement très sculptural de la tour et on s'étonnera du "couronnement" de celle-ci.
Les fleurs au premier plan sont inutiles à la beauté de l'architecture mais nous ne devons pas trop en vouloir aux éditions Hassan Tber car elles nous permettent tout de même de voir le travail du grand architecte.

lundi 18 juin 2012

Les enfants donnent l'échelle

Petite suite enfantine.
Rien que ce moment comme point commun aux cartes postales qui suivent. Les enfants vont animer, utiliser voire dessiner l'architecture et la ville.
Ils sont spontanés ou bien encadrés ! Ils sont les rois !
En ligne !



Dans un chemin de grue tracé au sol, dans les espaces libres des barres habitées et neuves de Creil dans l'Oise, une ligne d'enfants se tenant la main court vers le photographe de cette carte postale Combier datée de 1964.



L'image est superbe, l'architecture...
Pourtant d'une certaine manière, c'est bien là le paradoxe des lieux de ce type, offrir malgré tout un bonheur de vivre ici.
Les enfants ont cette puissance de faire de chaque espace un terrain de jeux. Ici leur signature est un jaune poussin qui habille trois d'entre eux !
Les architectes de la Cité Biondi sont Monsieur Louria de Paris et Monsieur Garnier de Creil.
Et le sable :



Là aussi, à Saint Germain-sur-Ay, les gamins s'alignent ! Ils font du toboggan une sorte de présentoir à leur jeunesse !



Qui les a arrangés de la sorte ? Eux-mêmes ou le photographe ayant trouvé cette belle idée pour animer l'image ? Les parents ne sont pas loin. D'ailleurs que vise-t-on d'autre avec cette carte postale Di Mario expédiée en 1974 ? La construction à toit mono-pente à l'arrière ? Le parc des jeux pour les enfants ? Le bonheur ? Ici, avec cette image, nous pourrions bien être à la frontière entre la photographie de l'album de famille et la carte postale.
Un chef-d'œuvre du jeu pour enfants :



Nous retrouvons ici à la Palmyre, l'ensemble du Sous-Marin du Group-Ludic que nous aimons beaucoup sur ce blog. Cette image nous le montre dans sa splendeur c'est-à-dire utilisé par les gamins. Rappelons le fonctionnement de ce sous-marin : on emprunte l'une des entrées constituées par les gros tubes blancs qui surgissent du sable et on passe sous... le terrain ! Au passage on admire alors les lumières produites par les tubes de Plexiglas et autres hublots visibles et plantés sur le sol ! On peut aussi descendre par l'échelle ici :



Voyez comme tous les regards se tournent vers ce gamin qui pose fièrement sur son échelle ! Personne ne regarde le photographe des éditions Artaud ! A n'en point douter c'est la star de cette carte postale ! On notera que celle-ci nous donne bien le nom des designers de ce jeu merveilleux et aussi le nom des architectes du très beau village de vacances "les pins de Cordouan" messieurs Villeminot et Champrit.
Vous en voulez encore ?



Toujours chez Artaud, nous voyons bien le village de vacances et aussi le Sous-Marin. Surpris dans un saut courageux, un enfant utilise et s'amuse donc de cette aire de jeu si originale. On peut d'ici, un peu mieux voir le très beau travail des architectes qui ont glissé la construction sous les pins.
Un escargot :



Cette carte postale éditée par Nouvelles Images en 1986 (déjà !) reprend une photographie célèbre de Martine Franck à la bibliothèque pour enfants de Clamart que nous avons vue ici ou ici. La photographie date, elle, de 1965.
Sans aucun doute il s'agit d'une demande de la photographe mais il doit bien y avoir aussi là, une facétie enfantine comprise et perçue par la photographe. Inutile de dire que cette image sert parfaitement l'architecture, la rend aux enfants qui semblent y trouver leur échelle... en colimaçon !
Une image géniale pour une architecture géniale de l'Atelier de Montrouge. J'imagine que chacun des enfants doit avoir quelque part dans un tiroir encore aujourd'hui cette photographie et, parfois, la sortant ils pointent de leur doigt d'adulte leur visage d'enfant.
Et chose unique sur ce blog, nous avons le témoignage de la photographe Martine Franck sur cette image. En effet dans l'excellent et très beau livre consacré à cette bibliothèque, nous pouvons lire :

Mon premier reportage dans Life
par Marine Franck

" La bibliothèque pour enfants de Clamart fut mon premier reportage publié dans Life International. C'était en 1965. Stagiaire à Time Life, je faisais mes débuts dans la photographie.
Comme j'aimais à la fois les enfants et l'architecture contemporaine, c'était un projet rêvé.
Ma première vision de la bibliothèque fut prise du quatrième étage d'un HLM. Il faut imaginer une série d'immeubles autour d'un grand espace, dans lequel s'érigeait un bâtiment relativement bas et où tout était en courbe. J'ai été séduite par l'harmonie des formes. L'intérieur était d'une clarté joyeuse et les enfants semblaient heureux, épanouis, dans ce lieu où tout avait été pensé en fonction de leurs besoins.
En tant que reporter, j'aimais laisser vivre dans leur cadre mes sujets, en l'occurence, la bibliothèque. Une des choses qui m'ont particulièrement frappée, ce fut la liberté, l'aisance avec laquelle les enfants déambulaient dans la grande salle. Tout était à portée de main, les enfants passaient d'une table à l'autre, d'un bac à livres à l'autre. je n'avais qu'à les suivre le plus discrètement possible, je n'avais guère besoin de les interroger, je voyais dans leurs regards le plaisir qu'ils prenaient à être sans surveillance apparente ; je me souviens d'un calme absolu, d'un respect des lieux. Personne ne se chamaillait ni ne s'arrachait de livres.
L'heure du conte était un moment privilégié ; les enfants se mettaient en demi-cercle autour de la conteuse ; et, à les observer derrière l'objectif, je me rendais compte combien la voix humaine peut transmettre le goût de la lecture et ouvrir l'imagination.
Au cours de ce reportage, j'ai tout de même enfreint une des règles que je m'étais imposées en tant que photographe : ne pas intervenir. (Un vieux routard de Life, Loomis Dean, qui suivait mes débuts de photographe m'avait dit : "Martine, tu sais, à Life, il faut toujours avoir une photo choc", ce qu'il appelait un opener, une image d'ouverture.) Suivant son conseil, j'ai installé les enfants dans l'escalier que j'avais soigneusement éclairé.
J'avais vraiment envie que mon reportage paraisse.
Ce n'est pas ma photographie préférée mais elle est devenue, avec le temps, une de mes photos "icônes". Elle n'a pas été choisie par le rédacteur de Life mais elle a été par la suite maintes fois utilisée, pour des couvertures de livres, des affiches, tirée en carte postale, en poster, pour des collectionneurs...
C'est bien curieux, la vie d'une image !
Je n'oublierai jamais la joie que j'ai eue à faire ce reportage."

Et nous à voir vos photographies...

Espace à lire
La bibliothèque des enfants à Clamart
Gérard Thurnauer, Geneviève Patte et Catherine Blain
Gallimard 2006
un livre superbe, une architecture superbe !

dimanche 17 juin 2012

La quinzaine radieuse c'est bientôt !

Prenez date !
Réservez vos jours !
La quinzaine radieuse va bientôt commencer et, une nouvelle fois, elle sera bien riche et bien dense !
Petit rappel : à Piacé-le-radieux, Le Corbusier, suite à une demande d'un céramiste local, avait dessiné une ferme radieuse tentant de mettre en place ses théories architecturales dans le milieu agricole et rural.
Le projet fut très avancé et de nombreux documents prouvent l'intérêt de l'architecte pour cette question et ce petit village de la Sarthe a bien failli voir se construire une œuvre du grand architecte.
Mais... aucune construction n'est sortie de terre et c'est bien le fantôme de cette utopie que Marie et Nicolas Hérisson font revivre au travers de leur association (qui peut aussi être la vôtre) en invitant pendant cette quinzaine radieuse des architectes, des designers, des artistes contemporains à réaliser ou montrer leurs travaux.
C'est courageux, un rien fou et totalement jubilatoire !
Je vous donne le programme dans lequel vous retrouverez votre serviteur qui montrera à vos yeux ébahis une (grosse) partie de sa collection de cartes postales consacrées à l'œuvre de Le Corbusier. Cela sera l'occasion pour vous de voir pour de vrai ces merveilles que vous voyez par écrans interposés !
Venez nombreux ! On vous attend !
Et j'attends tout particulièrement nos étudiants !
Voci le site de l'association : http://www.piaceleradieux.com/
Voici le programme :








quatre cent...

mille... lectures sur ce blog !
merci à tous.

samedi 16 juin 2012

Tournesol en bouton

Il y a longtemps maintenant que je n'ai pas fait avec vous le point sur la floraison des piscines Tournesol dans ma collection.
Voici trois nouveautés qui nous permettront sans doute d'éclairer notre printemps un rien gris. Commençons par une piscine qui vient jouer dans la cour de la mer !













Cette carte postale nous montre la piscine Tournesol d'une ville importante pour la modernité architecturale : Roquebrune Cap-Martin. C'est bien dans ce paysage que Le Corbusier a quitté ce monde suite à une baignade.
Il n'a bien évidemment pas connu cette piscine Tournesol et il est certain qu'il aurait sans doute préféré prendre son bain dans la mer juste derrière même en hiver !
L'édition de cette carte postale MIRE est datée de 1981.
Une autre :



Cette fois nous sommes à Cours (Rhône) devant la piscine et le château. On notera sans doute le désir du photographe d'allier la modernité et le passé de la ville en collant par ce point de vue les deux constructions. Quel collage ! Qui s'en tire le mieux ?
Cela nous permet de lire un peu certains des beaux détails des piscines Tournesol comme le dessin des hublots, et la manière assez belle dont les côtés de l'entrée se courbent vers le sol.



Entrons dans cette piscine :



Une nouvelle fois chez Combier éditeur, la belle coquille de métal et de résine permet les joies du bain avec bonnet obligatoire !
On notera que ces deux cartes postales Combier de Cours notent bien Monsieur Schœller comme architecte.