dimanche 23 octobre 2011

escalader Le Corbusier

Les enfants sont terribles !
On leur donne ça et ils prennent ça !
Regardez comment cet impudent tente l'ascension d'une des œuvres majeures de l'architecture du siècle passé :


Remercions la photographie et l'inventeur du scanner qui nous permettent en effet d'imaginer qu'ainsi par le raccourci des distances ce n'est pas le praticable que tente d'escalader le gamin mais bien la façade est de la Maison Radieuse de Rezé par Le Corbusier !
Regardons avec un peu plus de recul cette très belle et vivante carte postale Yvon en photographie véritable :

C'est beau non ?
Et comme toujours, le photographe de cartes postales utilise les enfants au premier plan comme animateurs d'images.
Les gamins ça ne se pose pas trop de questions sur le pourquoi du comment de l'architecture mais ça l'utilise toujours de manière inattendue et intuitive.
C'est souvent ce qu'on appelle l'intelligence.
Ici sans même le savoir et en jouant sur un jeu de plein air, ils arrivent même à nous faire croire à l'impossible : escalader le pignon d'une façade de Le Corbusier !
Ils sont vraiment terribles les gamins de l'Architecture Aujourd'hui...



samedi 22 octobre 2011

Colloques au pluriel



Me voici de retour.
J'étais un peu pris cette semaine par une occupation saine et instructive : le colloque.
D'abord à l'Institut National du Patrimoine où sur l'invitation d'Anouk Bassier, Paul Smith et Bernard Toulier, nous avons pu débattre et suivre l'importance de la carte postale comme moyen d'apprendre, comprendre et parfois même analyser des situations historiques et des témoignages populaires. Dans ce cadre, mon intervention était plus serrée sur la question de la carte postale comme objet documentaire pour l'architecture moderne et contemporaine.
Et puis cerise sur le gâteau, j'ai pu entendre mon ami Dominique M., président du Cercle Guimard discuter de l'importance des cartes postales de cet architecte comme construction d'une image de modernité.
Puis jeudi à l'auditorium de la Cité du Patrimoine et de l'Architecture, il était question du Label Patrimoine du XXème siècle et de son importance dans la lisibilité de cet héritage architectural du siècle passé.
Là, également, en plus d'apprendre et de mieux comprendre les logiques différentes de labellisation suivant les régions, après mon intervention j'ai pu rencontrer une pléthore de personnalités passionnées et passionnantes dont Dominique Amouroux, Viviane Rat-Morris de la Drac Bourgogne qui m'aida beaucoup pour le centre commercial de Sens. J'ai aussi pu mettre un visage sur le nom d'Olivier Nouyrit de DOCOMOMO auquel j'ai promis de venir à Paris suivre les débats de cette association qui fait tant pour le mouvement moderne et dont, je l'avoue, malgré mon adhésion je ne fais pas autant que je voudrais.
Enfin, j'ai eu de prometteuses et revigorantes nouvelles de Royan par les sympathiques chargées de la culture de cette ville que j'aime tant.
En plus, j'ai pu aussi discuter longuement avec Monsieur Perreaudin de la bibliothèque de la Cité de l'Architecture et visiter ce bel outil dont j'ai pu entrevoir la richesse. Jalousie...
Je voudrais remercier toutes les personnes qui d'abord m'ont invité et m'ont offert par deux fois l'occasion de parler de mon travail sur ce blog mais également tous les témoignages de sympathie rencontrés sur place et fort encourageants pour la poursuite de ce travail.
Voilà en quelques mots comment j'ai pu passer une semaine sans vous offrir d'article... Mais allez on va se reprendre !
Alors j'ai cherché dans ma collection une carte postale ou deux pouvant évoquer ces deux colloques. Pour Chaillot ce ne fut pas trop difficile mais pour L'Institut National du Patrimoine... J'ai opté pour une sorte d'évocation...

En tête d'article vous avez déjà vu une carte postale du Palais de Chaillot aux éditions Yvon. Cette belle carte nomme bien les architectes Messieurs Boileau, Carlu et Azéma. Mais son intitulé est drôle puisqu'elle donne : "Paris ... en flânant"
Une autre :


Cette autre très belle carte du Palais de Chaillot, Trocadéro nous montre sa maquette ! L'éditeur de ce cliché est Chipault Concessionnaire (?). La carte postale semble datée de 1937 et elle nous donne : architectes du Trocadéro : Carlu-Boileau-Azéma et architectes des bassins : Thiers-Maitre et Expert.
On oublie en effet souvent ce travail d'architecture des bassins.
Je vous laisse admirer le travail de retouches et d'invention sur ce cliché de maquette surtout dans la végétation. On s'y laisse prendre ! Et le logo de l'éditeur avec des ailes veut nous faire croire à une photographie aérienne... certainement que le survol d'une maquette en avion ça doit être quelque chose !
Pour finir :


J'ai cherché une carte postale pouvant évoquer l'ambiance des colloques et je n'ai trouvé que cette dernière !
Alors on est un peu loin de ce que j'ai vécu ces derniers jours mais c'est amusant toujours de voir une salle préparée pour recevoir et entendre des personnalités.
Ici nous sommes dans la salle du conseil d'Administration du Centre Technique du Bois, avenue de Saint Mandé à Paris 12e. J'ai déjà publié cette carte postale en 2009.
Je crois bien que Candida Höfer ne fait pas mieux.
Admirez le mur du fond à gauche recouvert d'une photographie géante... d'un sous-bois !

Tétrodon sauvé !

J'apprends une incroyable nouvelle !
Des passionnés d'architecture sont en train de sauver un des tétrodons de Fos-sur-Mer que nous avons vus sur ce blog.
Quelle belle nouvelle !
Il semble que depuis quelque temps cette petite architecture de résine et plastique si typique du milieu des années 60 et du début des années 70 trouve enfin un regain d'intérêt. On sait le sauvetage des bulles six coques de Maneval, des Futuro et de certaines piscines Tournesol. Maintenant s'ajoutent les tétrodons de A.U.A.
Imaginons un magnifique musée de plein air sur lequel auraient atterri toutes ces architectures souvent pleines d'innovations et de richesse plastique.
Pour ma part, j'apporte mon soutien à ce sauvetage et je vous tiendrai au courant des événements. Il semble qu'une association va voir le jour, nous y adhérerons cela va sans dire.
Voici quelques images envoyées par Philippe Piron, ces images sont de Denis Moreau, merci en cas de diffusion de citer son nom.





samedi 15 octobre 2011

Calatrava, France, Italie, Suède

Parce que je reçois de Monsieur Perreaudin une carte postale du pont de Calatrava à Venise, je décide de jetter un œil dans ma collection pour voir ce que j'aurais comme cartes postales de cet architecte singulier.
D'abord la très belle carte de Venise (merci Mr Perreaudin) :


Cette carte postale d'un grand format nous montre Venise de nuit traversée par cette passerelle d'une très grande élégance et même, pour l'architecte, d'une grande sobriété. On sent là, à la fois la volonté d'une forme affirmée, décidée et tendue mais également un respect, un silence nécessaire au lieu de son implantation. Peu de fantaisie constructive, de débordement structurel. Une très belle courbe se jette d'une rive à l'autre.
On pourra sans doute regretter l'effet "Escalator" du garde-corps et la présence de ce verre bleuté.
Mais l'ensemble est beau sans aucun doute et je retrouve quelques images que j'ai prises à Venise :



Il convient d'admirer les très délicats détails du dessin :

Le très beau squelette ne se révèle que sous le pont, presque invisible ou alors seulement spectacle depuis les bateaux de Venise :



Partons en Suède :



Voici la Turning Torso. Quelle silhouette !
Pas de doute ici l'architecte fait preuve d'un vrai désir d'image, construire un objet singulier et marquant comme il sait le faire. Nous passerons sur les références biomorphiques qui lui sont chères et que je trouve parfois d'un symbolisme douteux et inutile pour admirer simplement le tour de force (LA tour de force ?) que représente un tel objet architectural.
L'effet visuel est saisissant et la volonté de faire une fois de plus un signe urbain est parfaitement claire. Ici le défi est sans doute plus du côté de l'ingénieur que du côté de l'architecte au sens où évidemment l'exploit est dans la structure porteuse qui finalement ne détermine rien de nouveau ni sur la manière d'habiter ni sur la manière de lier la ville au privé. Sorte de Tour Eiffel de l'habitat, sensationnelle certes mais pas révolutionnaire. La photographie de cette carte postale est de Stefan Berg pour HB Liab Box éditeur.
Celles-ci sont de votre serviteur :









Enfin le pont d'Orléans :





Tout tient dans le biais et dans sa courbe.
Ce pont est vraiment superbe. Je vous conseille vivement d'aller le voir et d'arpenter les rives.
Les deux cartes postales sont envoyées par Claude (merci). La première est une édition Ligneau qui nous donne le nom de l'architecte Clatrava et aussi la SESTEC/TPI (?)
La seconde est une édition M.G qui ne nomme que l'architecte.

mercredi 12 octobre 2011

Gropius Berlin train

Un peu pour affirmer qu'il existe des modèles qui s'opposent au dernier message vu sur ce blog, je vous propose un exemple de logements collectifs réalisés par l'une des icônes de l'architecture du XXème siècle : Gropius.
Nous sommes dans le quartier Hansaviertel que nous avons déjà un peu visité sur ce blog mais voici une nouvelle carte postale fort belle :


Cette carte postale est à l'origine une photographie de Carl Höfer et il s'agit d'une édition Bln.
Datée de 1957 avec un tampon du Interbau Berlin, elle nous montre la très belle barre réalisée par Gropius dans le cadre de ce concours de logements à Berlin.
Les architectes sont nommés : Gropius et Ebert mais ce qui est amusant c'est que Gropius l'est comme architecte... américain !
Bien au-delà du très beau bâtiment, même si mon préféré à Hansaviertel reste le très chic immeuble de Pierre Vago, c'est l'ambiance avec ce petit train qui promène dans le quartier les visiteurs venus admirer la fine fleur de l'architecture mondiale.




Lors de notre visite du quartier nous n'avons pas eu la chance d'être ainsi promenés mais nos pieds ont fait l'affaire !







mardi 11 octobre 2011

un modèle français : malheureusement ?

Voici trois cartes postales de "grands ensembles" :







On pourrait rapidement en regardant ces trois images se dire qu'il s'agit du même endroit, du même architecte, du même projet.
On n'aurait finalement pas tort sur le projet sans doute : du logement social, un quartier avec son centre commercial, sa galerie marchande, son parking.
Pour le reste...
La première :
Nous sommes à Lyon la Duchère (le plateau). La carte postale Trollet date de 1964 et ne nous indique pas le nom des architectes François Régis Cottin et Frank Grimal. On devine au fond assez majesteuse une barre franche et puissante à la grille très déterminée. Le cliché est absolument superbe, le document rare.
On perçoit en bas de l'image que le chantier se termine et le centre commercial prend la mesure de sa modestie face à la barre. Une sorte de fragilité l'oppose à la masse.
La seconde :
Nous sommes cette fois à Nancy dans le célèbre Haut-du-Lièvre grâce à une carte postale La Cigogne sans date.
Depuis une légère hauteur on vise là aussi la petite galerie commerciale qui s'aligne et se fait déborder par la barre qui n'en finit plus de toucher l'horizon. Certainement l'un des plus célèbres monstres de l'architecture française du logement social, une forme d'apothéose inouïe et aujourd'hui décriée. Aujourd'hui seulement ?
Bernard Zehrfuss qui en est l'architecte a fait ici une œuvre sévère, rigide, presque dédaigneuse. Difficile maintenant de soutenir une telle âpreté même en se réfugiant derrière un classicisme un ordre, une composition.
Pourtant... je sais que je cède facilement à la fascination d'une telle puissance. Ma fascination ne m'oblige pas à y vivre !
Je balancerai donc toujours entre une irrépressible admiration et une inquiétude face à une pensée qui forge une telle forme d'habitat.
Et son abstraction tombant comme un jugement de valeur sur l'habitant est une question difficile. C'est la limite atteinte par l'architecte qui "ordonne" plus qu'il ne construit. On pourrait aimer le Haut-du-Lièvre comme on aime Vauban. Sans défense, sans son programme, juste pour une géométrie paysagère qui n'oblige justement aucun corps à s'y immobiliser. Le plus beau mur du monde...
La troisième :
La cité de la Tour à la Courneuve, rue Renoir...
Je ris de Renoir venant peindre là, trop tendre sans doute, trop mou.
Il faudrait un peintre plus sec, cernant de noir, tirant à la ligne et apposant les aplats comme des coups de couteau.
Mais cette carte postale Yvon n'a pas besoin de peintre. Elle dit tout, d'un coup de noir et blanc colorisé. Elle dit l'architecture qui pousse sur des chemins de grue, qui suit à l'infini les parallèles, qui ne finit que par manque de crédits, d'habitants, d'ambition urbaine.
J'imagine encore et encore les traits au tubulaire sur les règles des apprentis architectes. J'imagine la rationalisation parfaite comme une forme d'hygiène de vie, une pensée toute tournée vers l'élimination des différences parce que le moule de béton ne supporte pas le débord. Alors la vie doit suivre.
Reste une image que j'ose trouver superbe encore, sans doute (et c'est aussi là mon incorrigible défaut) parce que vide... Je rêve de l'espace inscrit sur la dalle qui fait le toit du centre commercial, je rêve de cette géométrie une fois de plus dure et parfaite. Et je me pose la question de son inutilité urbaine, de ce désert construit sans objet, sans raison, sans promenade. Cet aplat d'architecture me fait jubiler, m'emmène dans un imaginaire de solitude, tranquille. C'est, je vous l'accorde, effrayant mais cela me rassure aussi.
Mais je visite plus facilement mes images ayant compris depuis peu que le réel a comme force la déception. Et c'est une force habile qui vous prend sur un refrain de nostalgie, de rêves oubliés, d'utopies encore adorées.
Que faut-il donc penser de ces lieux ?
Je veux m'autoriser à les trouver beaux, indéniablement monstrueux et inaccessibles.
Non pas que je ne puisse pas les voir, mais je ne les vis pas. Ils sont finalement pour moi bien plus comme des sculptures, des pleins, des vides. Et cette dimension sociale, cette exactitude de l'expérience doivent aussi admettre que nous sommes nombreux à les nier pour nous réjouir en toute innocence mais dans un luxe insultant des images bien plus que du réel.

lundi 10 octobre 2011

le Sillon de Bretagne

Ici on aime les paysages construits, les collines artificielles, les fractures habitées.
On aime la démesure (souvent très calculée), on aime les géants bâtards oscillant entre monstre sans tête et Sisyphe épuisé.
On aime mieux la désintégration que l'intégration.
Alors :


Le Sillon de Bretagne à Nantes fait parfaitement l'affaire.
Sa taille, son ambition au-delà sans doute d'une raison architecturale en fait une sorte d'objet dont on se dit qu'il fut incontrôlé, débordant, autonome.
Son isolement dans le paysage fait de lui LE paysage. Il fabrique ses pentes, son horizon, sans laisser d'autre choix que de lever la tête pour le contempler, obligeant à une forme de soumission du regard.
Il est fort.



Sur cette carte postale La Cigogne par Gallon photographe on perçoit l'escalier géant bouffant presque totalement le ciel. Sur une ouverture au 21ème étage un point au stylo-bille vient situer la vie d'un habitant. Et même si d'un point de vue topographique, il est difficile depuis un sillon de voir un horizon, il est certain que depuis cette hauteur brutale cet habitant profite d'un dégagement ouvert. Un peu, presque comme ce qui suit mais de moins haut :


Cette carte postale Artaud nous montre bien le Sillon de Bretagne qui tente de fuir, de s'étendre dans son paysage. On sent qu'il pourrait ainsi poursuivre sa progression, croître encore et encore comme un projet de Superstudio (Continuous Monument), une architecture sans fin laissant autour d'elle un paysage intact.



On le voudrait seul ce sillon, seul progressant à l'infini sans les accessoires du centre commercial, du parking et des pavillons.
Il serait alors un être vivant, une forme de grappe poussant sans cesse, un lierre géant à la fois parasite et circulation organique.
Sur cette carte postale on nous donne les architectes : messieurs Maeder, Parois, Boquien et Ganuchaud.