vendredi 26 août 2011

Caneton versus Tournesol

Ici on chante la piscine Tournesol de Monsieur Schoeller.
Mais le programme 1000 piscines a connu un autre lauréat : la piscine Caneton.
Comme pour les piscines Tournesol, la France s'est vue couvrir de ce modèle et bien évidemment nos éditeurs de cartes postales ont édité de beaux documents montrant les joies du bain dans l'eau chaude.
La piscine Caneton présente une réponse formelle bien différente de celle des Tournesol(s) et pourtant le programme est quasiment identique. Un bassin couvert qui peut, par beau temps s'ouvrir sur le paysage.
De même une construction qui se doit industrielle mêlant les matériaux comme le polyester, le lamellé-collé et le métal.
Et d'un point de vue esthétique, si la Caneton est moins forte et renvoie moins d'images, elle demeure tout de même bien dans son époque et propose au moins sur les parties ouvrantes quelque chose de totalement "seventies" qui ne peut que ravir les gens de ma génération.
Une sorte de modularité fragile et colorée, un dessin néo-géo vasarélien et pop.
Alors regardez bien maintenant ces quatre cartes postales :





Chaque fois une piscine Caneton mais bien quatre villes différentes !
Deux photographes choisissent des vues depuis l'intérieur et quasiment depuis le même point de vue.
Je vous localise tout ça :
-la première est une carte postale de l'extérieur à Guer dans le Morbihan pour Arthaud éditeur.
-la seconde est une vue de la piscine de Ville d'Avray pour Abeilles-cartes et on retrouve notre photographe Rolf Walter.
-la troisième est une carte postale Artaud de la piscine de Ruffec en Charente. Cette dernière nous donne les noms des architectes de la piscine Caneton : messieurs A. Charvier, J.P. Aigrot et F. Charras.
-la quatrième est une édition Combier qui donne le nom des architectes et il semble que le photographe soit dans l'eau du bassin pour prendre sa photo ! Il s'agit de la piscine de Montchanin.
On peut à l'aide de ces quatre cartes postales voir cette modularité des panneaux au décor en triangle qui s'ouvrent ou se ferment. On voit également les poutres (?) au profil triangulaire en lamellé-collé qui font la charpente et l'ouverture possible du toit.
Il semble que des soucis de conception de ces piscines Caneton soient très vite apparus. Mais je ne sais pas très bien leur ampleur et leur cause exacte.
Si les architectes veulent nous expliquer...
Alors commençons dès aujourd'hui une liste de ces piscines.
Qui en a une près de chez lui ?

des détails :
l'extérieur


de l'intérieur, portes fermées :

portes ouvertes :

on voit ici l'ouverture du toit :

mercredi 24 août 2011

quelque part entre graphisme et architecture...


Je viens de recevoir le magazine étapes:
Et celui-ci contient un article de 16 pages consacré à ce blog.
Vous y retrouverez certains articles et cartes postales publiés sur ce blog et un texte que j'ai écrit pour préciser ma relation à l'objet éditorial que représente une carte postale et aussi comment celle-ci joue avec l'architecture et sa représentation.
Je dois dire ici, haut et fort, que je suis très fier...
D'abord parce que la confiance qui m'est accordée par l'un des plus éminents magazines de graphisme en France est une belle récompense pour le travail que je mène depuis 2007 et que cela confirme ma position sur le regard nécessaire à porter sur les cartes postales comme lieu de recherche possible d'une connaissance du public populaire de l'architecture moderne et contemporaine.
Elles sont des documents d'analyse de l'architecture et de son image. Documents dont il faut apprendre à abandonner la croyance en la forme d'un cliché.
Après la revue d'architecture Criticat, c'est donc une revue de graphisme qui me fait l'honneur d'un article.
Cela prouve bien également les glissements possibles et nécessaires entre les deux univers.
Il faudrait maintenant (allez soyons optimistes !) qu'une revue de photographie s'intéresse au sujet et ose creuser les relations ambiguës entre les photographes d'architectures, les photographes collectionneurs de cartes postales (Martin Parr, Walker Evans...) et les photographes des éditeurs de cartes postales...
Nous verrions sans doute que les leçons de photographie des uns (Becher, Höfer...) pourraient bien avoir pris racine chez les autres (Lyna, Combier, Raymon...)
Je me dois de remercier ici chaleureusement la rédaction du Magazine étapes: et plus particulièrement Etienne Hervy et Guillaume Grall qui m'ont suivi, aidé et ouvert toutes grandes les pages de ce magazine.
Merci.

Pour vous lecteurs fidèles de ce blog, je ne donnerai que quelques images de la revue afin que vous ayez tout le loisir de vous la procurer et d'en lire le contenu.
Je vous conseille tout particulièrement l'article à deux voix de Philippe Vasset et Eric Tabuchi ainsi que les extraits du mémoire de Philippe Raynald.
Vous porterez également un regard attentif à l'exposition "Graphisme et architecture" dont Etienne Hervy était le commissaire avec Vanina Pinter et dont Guillaume Grall avait en charge le graphisme et qui est l'auteur de la mise en page de ce numéro.

quelque part entre graphisme et architecture...
10,70 euros
indispensable cela va de soi...



on retrouve ici quelques vieilles connaissances...

une partie des pages consacrées à votre blog :



une vue de l'article de Eric Tabuchi et Philippe Vasset :

une belle manière de finir...

mardi 23 août 2011

sculpture habitable, habitat sculpté.

On retrouve encore le beau travail de Monsieur Pierre Székely et je sais que, comme moi, vous aimez voir et revoir son œuvre.
L'occasion nous est donnée de mettre ensemble une carte postale de l'une de ses si particulières sculptures-jeux et de son architecture.


Nous sommes au Petit Clamart, au pied de la Cité de la Plaine à quelques mètres de la sculpture que les enfants utilisent si bien.
La carte postale Raymon est colorisée et fut expédiée en 1961. Cette carte est bien moins animée que celle que nous avons déjà présentée et la pluie a laissé une petite flaque marrante pour compléter les jeux possibles de la sculpture de Monsieur Székely.
On peut tout de même bien lire les volumes étranges et incongrus au milieu de cette cité. C'est cette différence qui autorise d'une certaine manière le jeu.
Puis nous voici à Beg-Meil :



Cette carte postale est très belle et sa composition de plusieurs vues fait jouer les courbes du village de vacances avec bonheur.
Regardez bien tous les détails de décoration.
Ici en bas à gauche on devine un atelier de vannerie en cours de route !
Jeux, loisirs, sport, détente dans une des architectures les plus significatives de son époque se déroulent sous nos yeux grâce à une carte postale "Belles éditions".
Cet éditeur n'oublie pas de citer les architectes associés à Monsieur Székely : H. Mouette et J.F. L'Ollivier.

On pourrait, si on était plus habile que moi pour les collages, se jouer des échelles et faire de Beg-Meil une sculpture ou de la sculpture une sorte de maquette pour une architecture !


lundi 22 août 2011

un vrai chef-d'œuvre parisien

Lorsqu'une construction figure dans plusieurs guides d'architecture contemporaine et moderne, quand deux articles lui sont consacrés dans Architecture d'Aujourd'hui, on peut sans risque parler de chef-d'œuvre de l'architecture.
C'est le cas ici avec cette caisse centrale d'allocations familiales de la région parisienne :



Nous sommes à Paris donc, rue Viala dans le XVe arrondissement.
Cette superbe carte postale Yvon en photographie véritable nous montre le bâtiment de manière remarquable. Elle nous donne également le nom des architectes : messieurs Raymond Lopez et Marcel Reby.
Notre guide vénéré ajoute Monsieur M. Holley et l'excellent guide d'architecture de Paris d'Eric Lapierre nous donne également Henri Longuepierre.
Eric Lapierre dans son long et détaillé article nous dit également que cette caisse d'allocation était également en fait le projet de diplôme de Michel Holley.
L'exploit de ce bâtiment tient dans deux éléments principaux : parfaite analyse des besoins et adéquation totale de la technique architecturale à ce besoin.
La complexité des enjeux est telle que dans le premier article d'Architecture d'Aujourd'hui des graphismes expliquent les liaisons et les déplacements des divers "fluides" de la construction.
Mais de cette application rigoureuse à un programme pourrait naître une sorte de monstre mécanique peu sensible or ici, au contraire, c'est un bâtiment d'une grande légèreté structurelle qui voit le jour.
Voici un court extrait de l'article de Eric Lapierre :

(cliquez pour agrandir)

J'apprends également que Monsieur Chemetov serait en partie responsable du classement de ce bâtiment au titre des Monuments Historiques. (avec un tel parrainage...)
Il est évident que ce bâtiment a fait histoire. Si les éditeurs de cartes postales ont cru bon d'éditer une caisse d'allocation familiale c'est bien qu'au-delà de l'importance et de l'enjeu social du bâtiment, signe d'une politique avancée, la construction même avait su dégager une image digne d'intérêts et de correspondances...
Et la carte postale se devait de suivre l'événement architectural.
Admirez sur cette carte postale la qualité photographique et les détails architecturaux :

Le mur-rideau:

Les bulles translucides sur le toit:
Je vous donne également quelques images tirées d'Architecture d'Aujourd'hui de novembre 1959 et février 1955.
Vous aurez également la page de notre guide vénéré en fin d'article.

La maquette rend lisible le plan du site :

L'un des graphiques expliquant le fonctionnement des réseaux :

Un dessin du projet à une époque où le graphisme avait du sens :

Pendant le chantier, la transparence et la légèreté de la construction :

Remarquez que les bulles sont en attente d'être posées au premier étage :


le dessin de l'escalier est d'une très grande beauté :


Quelques vues de l'intérieur, remarquez les puits de lumière produits par les bulles :





Notre guide vénéré nous donne :



guide d'architecture contemporaine en France
Messieurs Amouroux, Crettol et Monnet
Tecnic-Union
1970
absolument indispensable !

guide d'architecture Paris 1900 2008
Paris Pavillon de l'Arsenal
Eric Lapierre
2008
absolument indispensable !

dimanche 21 août 2011

cône religieux et brutal

Je vous assure que c'est le hasard si le dimanche je vous montre des églises...
Mais après tout pourquoi s'en excuser surtout quand les églises sont comme ça !


Alors ?
Je sais...Vous n'y croyez pas...
Et pourtant si.
Cette Cathédrale est en Amérique du Sud à Rio de Janeiro. C'est la Cathédrale de São Sebastião.
On la doit à l'architecte Edgar de Oliveira.
L'image nous dit bien l'ambition de jouer avec le paysage et le photographe n'aligne pas pour rien la Cathédrale avec le relief à l'arrière-plan.
Trois cônes sur cette même image : le rocher au fond, la Cathédrale et le campanile...
C'est au sens propre un monstre que cette Cathédrale.
On voudrait pouvoir grimper cette colline artificielle et rejoindre son sommet.
Est-ce possible ?
En tout cas elle est pour moi l'exemple parfait et concentré de mes goûts pour une architecture franche, violente, presque tellurique.
Autour d'elle tout à présent se mesure à son échelle. Et cela n'est pas plus brutal finalement que les absides romanes surgissant dans nos plaines.
Et là, imaginez maintenant 20 000 fidèles à l'intérieur... Oui 20 000...
La carte postale n'a pas d'éditeur mais donne le nom de son photographe : Carlos Alvim.

vendredi 19 août 2011

Michel Duplay pour un V.V.F

Encore une preuve de la vitalité moderne des Villages Vacances Familles à une époque pas si lointaine avec celui de "la Pommeraye" à Vaujou.
Voyez :

un détail:

Cette carte postale Combier nous montre une construction massive aux modules parfaitement dessinés et lisibles dans un registre constructif qui n'est pas sans me faire penser à messieurs Andrault et Parat dans le traitement des jardinières et de l'escalier par exemple.
L'éditeur nous donne le nom de l'architecte : Monsieur Michel Duplay.
Et même si les cartes postales dans un désir de verdure et de fraîcheur nous montrent les constructions d'un peu trop loin, on devine bien là une qualité et une originalité.
Il semble par exemple que le jeu des toits posés comme des prismes sur un socle forme une dynamique intéressante.
On touche ici la limite de l'analyse par les cartes postales car il est évident que le photographe a choisi de s'attarder non pas tant sur l'architecture moderne du lieu que sur le fait que ce centre de vacances est un lieu de nature et de repos. D'où un appui surtout sur le parc qui entoure les constructions plus que sur ces dernières...
Il fallait pouvoir en envoyant une carte postale dire avant tout les vacances et le farniente avant de dire que l'architecture moderne de Monsieur Duplay y participe grandement !
En même temps on peut aussi le voir comme un hommage à la discrétion possible de cette architecture, capable à la fois d'être parfaitement de son temps et parfaitement intégrée.
Allez savoir...
Pour ma part, je reste un rien frustré derrière ces cartes postales de ne pouvoir jouir au mieux des bâtiments de Monsieur Duplay mais vous me direz à raison qu'il me suffit d'aller passer quelques jours sur place dans ce Village Vacances !
voici d'autres cartes postales Combier:

un détail:


un détail:





et deux détails:

jeudi 18 août 2011

arlequin 10



Georgette avait accepté tout de suite de poser pour le photographe. Après tout, elle avait bien le droit d'être un peu regardée.
Elle n'avait pas vraiment choisi la maison de retraite et de repos "la chimotaie" mais comme elle avait passé toute sa vie dans l'éducation nationale, elle avait droit ici à des avantages et de plus cela n'était pas très loin de son grand fils.


Elle en était bien fière de ce garçon militaire de carrière, chasseur à la XIe compagnie et qui aujourd'hui lui racontait comment il manipulait des missiles anti-char SS 11.


SS, chez Georgette cela résonnait autrement et elle se souvenait bien comment dans la teinturerie de la rue Georges Herrewyn de Bonnières, ses parents avaient fait acte de courage et de dévouement républicain en cachant au fond de la boutique deux parachutistes anglais pendant la seconde guerre.



Elle revoyait sa mère teindre les manteaux de laine verts des aviateurs dans un grenat profond pour leur faire passer plus facilement les barrages.
Ils réussirent d'ailleurs fort bien et l'un deux revint les voir en 1955 à moins que cela ne soit en 56 l'année de son mariage avec Roger.
Cet aviateur était toujours militaire et c'est certainement cet épisode de leur vie qui conduisit son fils à devenir un militaire dévoué et efficace.
Mais Georgette était maintenant bien fatiguée surtout depuis la disparition tragique de son autre fils.
Il partit un jour en expédition avec une cordée de camarades artistes pour une Nouvelle Ascension du Mont Analogue.
Malgré les explications sur la localisation de cette montagne, Georgette ne comprit jamais où elle se situait. Qu'importe !
Elle avait dit au-revoir à ce fils alpiniste pour la dernière fois un soir de septembre. Il était très beau, un roc comme elle aimait à dire.
Mais le roc n'avait pas rencontré la montagne mystérieuse. On perdit la trace du voilier et des compagnons de cordée.
Georgette attend encore parfois son retour.



Alors dans le tiroir de la table de chevet de la maison de retraite, sous le catalogue de la Camif, bien rangée dans un étui en cuir, la photo du fils alpiniste est disponible au regard de Georgette.
Et même si, sur l'image son fils est de dos, elle est avec lui au bout de la corde rouge et cela la réconforte.



Dans son journal "Var-Matin" on annonce qu'un voilier français vient d'être repêché au large des côtes néo-zélandaises. Le petit bateau fut récupéré entièrement vide de ses occupants. Pourtant chose étrange rien ne laisse penser ni à un accident ni à un naufrage, les affaires de premiers secours et les kits de survie sont encore dans la cabine du voilier.
Un navire de l'armée française s'est dérouté pour tenter de retrouver les passagers... On dit que les chasseurs de la XIe compagnie seraient à bord.
Georgette est confiante et heureuse.

Mutuelle Générale de L'Education Nationale
Centre Gériatrique
Combier éditeur

Missile anti-char SS 11
éditions Lyna

Bonnières
rue Georges Herrewyn
édition d'art A.P

Alpismo d'alta montagna
ascensione in cordata ghiacciaio
édition Sacat Torino.