mardi 14 septembre 2010

Et hop ! églises !

Aujourd'hui j'ai envie d'aller vite.
presque sans commentaire, car :
soit nous en avons déjà parlé
soit il est aisé de trouver des informations.
Alors hop !
On y va !


Il s'agit d'un complément à l'article ici consultable sur l'église Sainte-Bernadette de Dijon dont Monsieur Belmont est l'architecte.
On est dans la crypte. Il est aisé d'admirer un tel travail de colonnade. Regardez simplement comment les colonnes font jonction et forment dans un même mouvement chapiteaux et plafond.
Superbes courbes.
la carte postale est une édition Combier qui nomme l'architecte et le photographe D. Tibislawsky.



Et hop !
Nous voici de retour à Mourenx dont nous avons dit tout un tas de choses ici.
Nous ne reviendrons pas sur l'importance historique du lieu construit par Monsieur Maneval mais nous nous attarderons cette fois sur l'église de Monsieur Douillet architecte.
Il semble que celui-ci ait joué les oppositions avec cet environnement.
Courbes souples, matériaux hétérogènes, plan complexe, masse travaillée, tout cela pour briser la rectitude de la cité et faire une opposition en signal.
Il s'agit de signifier la différence de fonction, de particulariser le lieu.
Même si je la trouve attendrissante avec son toit qui se relève au coin et son petit côté pagode, j'ai un peu de mal à prendre cette église au sérieux. Le petit clocher est un rien ridicule.
Mais... il faudrait aller voir et entrer sous ce toit courbé qui cache certainement son jeu.
La carte postale reste un superbe document parfaitement photographié et édité. Admirons le ciel.
La construction de l'image aussi qui donne à la tour une hauteur et un élan incroyable. Tour d'ailleurs très belle.
Nous sommes en photographie véritable aux éditions C. Roux.


Et hop !
Chef-d'œuvre total.
Nous sommes en Italie devant l'une des plus remarquables églises du vingtième siècle à la richesse critique incroyable.
Cette église je l'ai aperçue vite vite vite dans un bus avec 50 étudiants sur une autoroute allant et revenant de Florence.
Le temps de la signaler au micro aux étudiants et Hop ! elle avait disparu...
J'exige qu'à notre prochain voyage à Florence on aille la voir.
L'architecte de ce que l'on nomme parfois l'église de l'autoroute est Giovanni Michelucci. Mais le vrai nom de cette église est Chiesa di San Giovanni Battista.
D'une complexité formelle inouïe qui la range dans une sorte d'expressionnisme italien sauvage, cette église fait à la fois référence sans peur à une sorte de gothique déjanté, de décor de film de Murnau ou de Gaudi sous acide.
Une sorte de sculpture que l'on pénètre, de grotte fabriquée, bref tout conduit à l'impossibilité de saisir le plan et la forme dans sa globalité.
La carte postale est une édition Nova Lux en FotorapidaColor (sic !)
Je vous laisse la visiter sur les nombreux sites visibles sur internet. Et je tente de vous montrer deux petits petits film pris depuis... notre bus.
Tiens... ça m'émeut...



lundi 13 septembre 2010

des intégrations ?

Je n'aime pas pour l'architecture le mot intégration.
Trop souvent il est le porte-parole d'une timidité voire d'un effacement de l'architecture, le rêve finalement bien plus de sa disparition.
La ville est un collage. C'est comme cela que je la parcoure, à droite un garage des années trente, à gauche une chapelle gothique, en face une piscine tournesol et je laisse derrière moi la tour verre et métal.
Je peux même marcher sous les pans de bois s'ils ont la promesse parfois d'un trou de bombardement comblé par Marcel Lods.
J'aime la ville en découpage de zones où parfois, sous la légère inclinaison d'un trottoir, on change d'époque, de plan.
Mais je suis aussi très paradoxalement attiré par les lieux vides, minéraux, froids et monstrueux où la géométrie des volumes durs ne laisse que le jeu des ombres comme dessin et jubilation.
Alors...
Toujours lorsque une image, un lieu me donne le plaisir de rencontrer ce collage je sais que trouverai là matière à rêver la ville.
Voici deux cartes postales qui me donnent cette occasion, deux lieux dont un fut parcouru, l'autre encore imaginé.
Berlin :


Voilà bien ce que la France aurait bien eu du mal à faire aujourd'hui. Acceptons ce fait, ne pas reconstruire, ne pas pasticher le passé pour ne pas en gâcher le souvenir.
Le regret d'un lieu disparu est toujours plus beau que sa reconstitution, son imitation. J'aimerais retrouver le texte de Raymond Queneau sur son Havre disparu. C'est exactement ça. Oui il faut pleurer parfois sa ville détruite mais rien ne sert de la réanimer car rien ne peut à l'exactitude des traces et des poussières la relever.
Alors il faut inventer.
Ici, ce que l'Allemagne a su faire à Berlin est une leçon. Cette opposition radicale entre les deux constructions, cette greffe impartiale permet de voir l'un et l'autre, moderne et ancien. Et la ruine est sublimée, dégagée. Elle semble être en perpétuel effondrement contre la netteté du nouveau bâti. Comme une blessure ouverte sur un corps sain, elle accuse la brutalité de la guerre.
Emouvant. Puissant.
Regardez bien cette maquette un rien fragile mais qui dit déjà comment l'architecte a respecté le fragment. Aucune tentative de camouflage, de remplacement, même les circulations restent différenciées et le plan de l'ancienne église est pulvérisé. Il y a pourtant bien une distance, une modestie du moderne. Il offre une surface lisse et nette et totalement fermée comme une énorme puce électronique réanimant le lieu.
Beauté.
Nous devons cette merveille à Monsieur Eiermann, architecte. Il s'agit de la Wilhem Gedächtniskirche. La carte postale est une édition Kunst und Bild.
France :
Nous sommes à Montpellier. La carte postale nous indique que nous voyons la tour Babotte et le marché-parking.
J'aime tout dans cette carte postale : le lieu, son cadrage.
Le photographe de La Cigogne éditeur a su assumer pleinement le rapprochement entre les trois objets architecturaux visibles dans sa ville. Le toit double pente couvert de tuiles romanes, la tour en pierre de taille aux volumes fermés et brutaux et la sensualité (oui) tendue du parking.
Tout se tend.
Tout travaille l'un contre l'autre, l'un avec l'autre. Car si on admet les formes et moins les fonctions, il semble que l'ensemble soit parfaitement en accord !
La dureté est bien plus grande pour la tour que pour le parking qui lui-même est plus fermé et donc plus neutre que cette dernière.
La tour domine, écrase tout autour.
Et le parking dit le secret de ses entrailles, un estomac plein de bagnoles à cacher et recracher. Il dit aussi parfaitement comment il fonctionne, ce qu'il est. Il ne joue pas à faire semblant d'être là depuis 100 ans et finalement cela le conduit à une économie visuelle qui le rapproche de l'utilité défensive.
C'est cela une ville.
Dureté assumée de l'histoire, espaces différenciés aux frontières entremêlées parfois et de temps en temps voir son époque monter à la surface de nos villes dans de belles expressions d'architectes, nos contemporains. (parfois...)
Et la ville c'est surtout un tas incroyable de banalités, de petites mochetés, d'arrangements de rien de temps en temps relevés par une chose importante qui vient sur ce fond nous faire jubiler.
Ici c'est ce beau parking de Monsieur P. Laffite architecte. Oui beau encore aujourd'hui.


dimanche 12 septembre 2010

Marin Kasimir, paradoxalement

Hier nous avons vu l'expérience de Till Roeskens à Strasbourg.
Il existe dans mes classeurs d'autres types d'expériences d'artistes contemporains autour de la carte postale comme objet d'exploration.
Alors que chez Till Roeskens, il semble que l'expérience de la rencontre soit le centre du travail, ce que je vous propose ici est bien plus une histoire de point de vue, de localisation et de retour sur place.
L'artiste Marin Kasimir lors d'une exposition au sein de notre école avait choisi une carte postale du Mans, image assez banale et commune montrant la Sartre, sa rive moderne et ses vieux toits. Une carte postale où rien d'extraordinaire ne se passe à moins que l'on considère que tout est extraordinaire. On peut tout de même se réjouir sur cette carte postale d'un morceau du très bel immeuble courbe de Monsieur Le Couteur. Monsieur Kasimir en était-il conscient ?
Bref, ce choix effectué et la carte postale la Cigogne sélectionnée, il décida de retourner sur le lieux exact de son point de vue. Cette pratique nous la connaissons bien ici avec par exemple le travail de Julien Donada. Voir sur le lieu son image et le lieu lui-même dans la jubilation de son écart temporel est toujours une pratique judicieuse.
Mais là démarre pour Marin Kasimir un autre travail, celui d'une sorte de travelling fixe, de panorama dont il a l'habitude dans son travail photographique. Partant de l'image, il photographie le paysage, le déroule en un cercle fermé jusqu'à retomber sur son image de départ. Il boucle l'histoire en proposant l'édition de ce panorama morcelé en cartes postales qui démarre à gauche par un ready-made de la carte postale d'origine et s'achève par la photographie du même lieu en 2002.
On voit ainsi passer en 7 cartes postales le paysage invisible depuis l'image d'origine, sorte de complément, de ré-appropriation voulant contourner l'agacement du cadre. Le point de vue est pris depuis un petit immeuble qui ne manque d'ailleurs pas de qualités architecturales et qui propose des étages en coursives bien dans le goût de son époque. Il nous arrive encore avec Claude Lothier toujours friand de points de vue et d'images d'y emmener les étudiants. D'ailleurs la majeure partie des personnes présentes sur le jeu de cartes postales sont des étudiants de l'école. Une dame habitant ici pose devant sa porte ouverte. On remarquera aussi que tout le monde pose, offrant une fixité oculaire portée vers l'horizon et ne croisant jamais le regard du photographe. Sauf... peut-être au bout de la coursive Benoît Ciron (est-ce bien toi Benoît ?) qui semble n'avoir pas suivi la consigne...
Ce qui est surprenant avec ce travail c'est évidemment les raccords entre les images et la proposition d'un regard total, embrassant comme dans le regard réel le monde dans sa globalité. Ce désir est ici réalisé mais il est aussi contrarié par la photographie qui reste bien moins mobile que l'œil et détermine malgré tous les beaux efforts plastiques de Marin Kasimir un cadre duquel on est tour à tour exclu et intégré. De cette impossibilité frustrante, Marin Kasimir en fait un jeu qui n'est pas sans évoquer l'histoire même de la constitution du paysage déterminé à l'envi par l'invention de la fenêtre, de la perspective et de la stéréoscopie. Toujours il semble que les artistes voudraient enregistrer le monde dans une image qui serait comme le regard une perpétuelle mouvance de mises au point associée à une mobilité du corps. Mais chaque instrument rend cette aventure impossible. Le cinéma offre le mouvement mais même dans ses expériences de visions stéréoscopiques et à 360 degrés, il ne permettra pas cette promenade libre du regard.
On peut aussi saluer ici la judicieuse mise en scène de Marin Kasimir et le découpage effectué. Son morcellemans du panorama permet que chaque carte postale soit bien composée, reste une image "acceptable" et n'offrant pas de distorsion ou d'attente de sa voisine. Claude pourrait sans doute mieux que moi vous indiquer les aberrations et torsions de la perspective ici photographique. On remarque tout de même de légères juxtapositions d'images.
Je m'attarderai pour finir sur l'objet carte postale.
L'artiste cite bien son objet et le recto comme le verso comportent toutes les habitudes de nos cartes postales ordinaires : titre, lieux, séparations adresse-correspondance, matité du verso et brillance du recto, emplacement du timbre.
Toutes les cartes postales sont donc nommées d'un étrange et ouvert "Le Mans (Sartre) vue particulière".
Tout ce qui se veut artistique est dans ce mystérieux adjectif particulière...
En quoi finalemans ?
Est-ce que la carte La Cigogne d'origine serait nommée en son verso vue générale ?
Ah... les artistes et les jeux de mots....
Ne pas oublier non plus que chaque carte postale et donc chaque image est associée à un mot finissant par Le Mans (lement...) Nous avons ainsi sentimentalemans, brutalemans, habituellemans, paradoxalemans, continuellemans, et actuellemans !
On notera que habituellemans est associé à la photographie de l'habitante du lieu et actuellemans à la vue... actuelle de la ville.
Quel humour ! Humour que l'on retrouve d'ailleurs sur les commerces et services du Mans où chaque profession tente son jeu de mots autour de sa ville et de sa profession. Légalemans pour les notaire et mutuellemans pour les mutuelles...
Je vous laisse avec les cartes postales. Je vous les montre individuel Le Mans par ordre d'apparition de la gauche vers la droite. Je vais aussi tenter un travelling vidéo. Enfin puisque l'occasion nous en est donnée par l'artiste, je vous mets un collage des deux images du même point de vue.
Bonne visite du Mans.
sentimentalemans...

brutalemans...

individuellemans...

habituellement...

paradoxalemans...

continuellemans...

actuellemans...

le petit travelling réalisé pour la petite histoire avec ma presse lithographique...



et un petit collage :

samedi 11 septembre 2010

le monde (vu de chez vous, Monsieur Roeskens)

Je me souviens du moment où j'ai vu ces cartes postales au travers de la vitrine du marchand de journaux.
J'ai d'abord jubilé en me disant que, oui, il existait encore cette pratique d'éditer des cartes postales des quartiers populaires mais très vite, le verso des cartes postales m'indiqua qu'il s'agissait là non pas d'une édition courante mais du travail d'un artiste contemporain : Till Roeskens.
le lieu ?
Le quartier de l'Esplanade à Strasbourg.
La date ?
2004
l'objet ?
une édition limitée pour les quarante ans de l'AERES, association des résidents de l'Esplanade.
On trouve sur le site de l'artiste toutes les explications nécessaires au fonctionnement de ce qu'il faut bien appeler une œuvre puisque ces cartes postales ne sont finalement qu'une des formes d'aboutissement de la démarche de l'artiste.
Ici, sans aucun doute, en plus de la revalorisation de l'image d'un quartier par la considération de ceux qui y vivent et ce qu'ils en perçoivent, on devine que Till Roeskens a surtout établi un protocole de rencontre et généré du lien.
Difficile de juger de la qualité de ce lien, difficile même d'en estimer l'impact puisque ce geste restera intime mais on peut voir et critiquer les images, témoins de cette relation.
D'abord les lieux.
Comme il s'agit d'une commande établie autour d'un quartier et de ses habitants rien de plus normal que de le voir. Le cadrage effectué ici tient à la fois d'une extrême personnalisation du lieu et d'un hasard de rencontre laissé au choix de ceux qui répondent ou non à la demande de l'artiste.
Finalement le nombre est restreint, du moins c'est ce que laisse penser le nombre de cartes postales éditées, 9 au total.
Il est toujours difficile de faire participer le public qui, à raison ou à tort, se méfie d'une proposition dont il ne comprend pas forcément ni les enjeux artistiques, politiques et sociaux ni même la qualité de la rencontre qu'il pourra faire et son intensité. Car tout de même, il s'agit pour l'artiste de venir chez les gens, dans leur intimité la plus stricte.
Que voit-on ?
Justement rien de l'intérieur des appartements, du moins sur les exemplaires en ma possession, il semble qu'il me manque quelques modèles. Toutes les prises de vue sont tournées vers l'extérieur, vers le paysage, vers la ville. Parfois droit devant et frontal, parfois en plongée, le quartier est visible de jour comme de nuit au gré des demandes. Qui tient l'appareil, qui justifie de ce qui est perçu ou non, on ne peut pas le dire à la lecture des images. L'ensemble est varié et ne donne pas du quartier une image dégradante, loin s'en faut.
A part, la vue très frontale prise depuis Chez Frédérique Bonifaix-Zajdel qui est un peu dure, les autres images nous offrent des perspectives ouvertes, des horizons, de la verdure, de la lumière.
Comment aurait réagi l'association si l'artiste avait accentué la dureté de ce quartier dont d'ailleurs pour ma part je ne sais rien.
Il est question ici d'une objectivité impossible du lieu, et je crois bien que Till Roeskens au contraire tente la totale subjectivité voire une "dé-responsabilité" du choix des images en les confiant à des habitants. Mais cela n'est pas une chose négative car je le répète je crois bien que finalement venir voir et rencontrer est bien plus la préoccupation de l'artiste que d'enregistrer un point de vue sur l'architecture ou la ville.
Cette position est d'ailleurs lisible dans les informations et la constitution même des cartes postales. Au verso de chacune figure le nom de la personne qui a reçu l'artiste pour la prise de vue avec la mention : le monde (vu de chez......)
Pour ma part je m'étonne un peu de la place de la parenthèse venant entre monde et vu. Il s'agit bien d'abord du monde.
Puis ensuite de là où il perçut et non d'un monde vu (donc déjà reconnu) et de qui autorise cette vue avec le nom de la personne en gage de subjectivité.
Mais il suffit de regarder les autres travaux de l'artiste pour comprendre ce détail. Il est d'abord un arpenteur, un artiste des lieux et des espaces plus certainement qu'un artiste de sa représentation subjective. Le monde est pour lui global au sens qu'il est un objet et sa représentation est juste un outil d'appropriation. (enfin je crois...)
L'autre détail surprenant pour nous qui aimons les cartes postales c'est le bord noir...
le bord noir et le bord blanc... des cartes postales !
On sait que les éditeurs épris de luxe, de qualité et même de prétention artistique nous affligent de ce bord blanc si chic qui veut faire passer la carte postale pour une photographie d'art, voire même une estampe. Cette mode a signé le déclin de la carte postale à bord franc en la rangeant au rayon de la carte postale vulgaire, celle dont l'image est salie par les doigts sur les... bords.
Mais le bord noir ?
Disons que tout en m'emmenant vers le tirage photographique de club photo ou du professionnel de studio grandiloquent, il faut avouer que cette pratique est plus rare chez les éditeurs de cartes postales. Elle donne peut-être un côté trop sérieux, trop professionnel donc assez élitiste et peut-être trop cher...
Ce bord fait entrer la photo à l'intérieur du cadre de la carte postale et indique qu'il s'agit d'abord d'une photographie puis d'une photographie imprimée dans une carte postale. Ce bord dit bien l'exclusivité du registre artistique avant le caractère commercial et populaire de l'objet carte postale et de son habitude formelle. Il s'agit en fait, comme on dit dans l'art contemporain d'une installation...
Mais là où l'artiste est habile et même j'ose généreux, c'est qu'il abandonne ces cartes postales aux tourniquets des marchands de journaux et cela remet à sa place ce travail artistique, le rend populaire et accessible jouant des codes et des représentations de l'objet. La preuve :
je me suis fait avoir !
Et j'aime ce doute distillé tranquillement. L'artiste a aussi vendu directement ses cartes postales auprès des habitants dans une bannette autour de son cou. Là, je crois qu'il est à nouveau question de confrontation avec les gens du quartier, d'établir du lien et de les faire réagir à la relation d'image qu'ils entretiennent (ou pas) avec leur lieu de vie. C'est presque devenu obligatoire aujourd'hui, l'artiste contemporain doit rencontrer le public, se justifier et si possible faire de l'animation autour du travail, c'est je crois un académisme bien partagé (que j'ai aussi pratiqué !)
Il faudra trouver le moyen de connaître l'intensité de cet échange, savoir si la vente fut un succès et si les habitants se sont reconnus dans ce type de représentation et d'action.
Sur la nécessité de ce genre d'action, qu'importe finalement, puisque nous reste une belle série d'images témoignage à la fois d'une pratique contemporaine de l'art et de la vie d'un quartier de Strasbourg qui, je le signale, comporte si mes souvenirs sont bons quelques réussites architecturales d'où mon déplacement dans ces lieux.
Au fait les architectes de ce quartier sont messieurs Stoskopf, Hummel et Kronenberger.

Je vous laisse à votre tour, devant les cartes postales :

Le monde (vu de chez Madame Jung Busch)

Le monde (vu de chez Frédéric Bonifaix-Zajdel)

Le monde (vu de chez Dominique Gras)

Le monde (vu de chez Martine Defert)

Le monde (vu de chez Camille et Diane Bonifaix)

vendredi 10 septembre 2010

les bras croisés.



Cela pourrait être une carte postale de banlieue banale.
Des immeubles en enfilade, des lampadaires et des autos aussi un peu comme ça garés de ci de là.
Une carte postale de Rosny-sous-Bois éditée par Raymon, la rue de Strasbourg.
Tout est calme finalement et la correspondance au verso est tout aussi sereine, rien de plus que d'habitude, la météorologie, le retour qui s'est bien passé, les salutations amicales.
Mais voilà.
Une présence.


Rien qu'une et tout ce paysage se redéfinit, se personnalise.
Nous avons un héros.
Il est là les jambes bien écartées pour se tenir solidement dans son lieu et les bras croisés pour dire son sérieux et son attention à ce qui se passe.
5 ans ?
6 ans ?
Et puis il regarde le photographe, il le surveille presque. Il est chez lui.
Et l'ombre venant presque le toucher ne lui fait pas peur, et même elle agit comme un merveilleux cadran solaire dont la pointe de l'ombre d'un lampadaire agira bientôt pour signifier que son heure à lui est arrivée.
Le garçonnet doit avoir le soleil dans l'oeil ainsi deux astres se toisent. Soleil et oeil.
Ont-ils discuté le photographe et lui ?
Y a-t-il eu arrangement pour sa présence sur cette carte postale ?
Et si, encore aujourd'hui, un homme savait que là au fond d'un placard sur une carte postale il est photographié.

mercredi 8 septembre 2010

Mille et une

Parfois des cartes postales de bâtiments sont éditées pour célébrer des événements.
Elles n'ont d'autre vocation qu'informative et de communication et ne sont d'ailleurs même pas constituées pour être réellement envoyées.
Elles sont distribuées, offertes et on ne sait vraiment pas qui les envoie.
C'est le cas de cette série sur l'Institut du Monde Arabe de Monsieur Jean Nouvel.
Et cela nous permet de voir un chef-d'œuvre (oui, pour moi c'est ainsi) mais de le voir d'une très belle manière car la qualité éditoriale pour laquelle vous connaissez ma sensibilité est très grande ici.
Il s'agit de Cart'Com donc de cartes postales distribuées gratuitement sur des présentoirs dans Paris et en région. Cette série date de 1992 (tout de même !) et fête le cinquième anniversaire de l'Institut.
Commençons :


Vu depuis les quais de la Seine L'Institut du Monde Arabe est installé dans une ambiance très parisienne avec pont et péniches et la lumière sur l'ensemble est d'un beau vert tendre.
On devine parfaitement l'incroyable escalier ziggourat à l'intérieur du volume de verre et la pointe qui offre à son sommet une vue stupéfiante sur le chevet de Notre-Dame et forme une faille entre les deux corps de l'Institut.
Presque discrète ici sur cette image, la construction est d'une grande beauté juste.
Au dos de cette carte postale comme au dos de toutes les autres une phrase ou une citation viennent évoquer l'Institut.
Ici c'est Pierre Miquel :
"Qui dit IMA dit aussi par anagramme, AMI : aimer, montrer, informer "
La photographie de cette carte postale est de P. Delagarde.
Poursuivons avec la façade sud :


Cest sans doute l'image que, tous nous avons de l'Institut du Monde Arabe, un grand pan de verre traité en moucharabieh technologique. Une prouesse technique pour une grande valeur d'image.
C'est à la fois parfaitement judicieux d'un point de vue référenciel et totalement merveilleux au sens du conte de fée.
Et c'est vivant, réagissant à la lumière offrant un cinétisme et quelque chose d'un rien organique qui me séduit beaucoup plus que n'importe quel mur végétal.
Chaque panneau est une belle grille comme un appareil photographique éclaté ou un dessin géométrique arabisant. Quelle intelligence dans cette proposition jouant totalement du décoratif et du hight tech.
La prise de vue est encore de Monsieur Delagrave et elle est superbe. Ici c'est le bleu qui l'emporte. Regardez comme l'accessibilité semble réduite à une fente sous le pan de verre. Cela joue aussi avec le contraste saississant de l'invention d'une place publique devant le bâtiment, lieu de circulation libre et d'une accessiblité limitée (en image) à la construction comme pour rendre finalement important l'acte de le pénétrer. Ici pas de grande porte d'entrée monumentale, pas de signal mais bien un passage en proportion limitée pour gagner l'intérieur. Il s'agit d'une transparence biaisée, d'un contradiction souhaitée. le bâtiment semble à la fois crier son ouverture aux éléments extérieurs (lumière et visiteurs) et à la fois les restreindre, les obliger à passer par une fente, le trou resserré d'un iris...
Oui oui oui.
Mais de l'intérieur :


Nous sommes dans la salle du Haut-Conseil.
Magnifique non ?
D'abord le lieu et la manière dont il est perçu par le photographe G. Fessy.
Jean Nouvel sait faire ça, nous placer sur des belvédères pour voir la ville. Il nous l'offre dans des machines à voir d'une grande poésie.
Et je crois qu'ici avec cette construction, il a parfaitement réussi à jouer d'un bâtiment alternant son désir d'effacement au profit du spectacle urbain et sa présence articulant à l'envi les signes référentiels.
Car regardant l'art gothique et son ambition de dentelle, l'Institut du Monde Arabe est lui aussi un objet technique assumé au service d'une lumière et d'une transparence qui en évoque d'autres plus puissantes que l'on doit aimer en s'en protégeant. Il est un filtre parfait fonctionnant dans les deux sens et ne retenant finalement que les sens éblouis.
Bref tout sauf post-moderne.
La lumière du soir teinte tout d'un orange doré et dessine les motifs sur les piliers.
Une merveille.
On notera les bords blancs qui se veulent toujours le signe d'un certain luxe et d'une attention particulière qui malheureusement n'ira pas, de la part de l'éditeur jusqu'à nommer le nom de l'architecte.
Et là, vraiment on ne comprend pas !

mardi 7 septembre 2010

ils sont parmi nous

J'en suis certain, ils sont parmi nous.
Il suffit de voir comment ils ont influencé l'architecture, comment ils ont évoqué par la forme des constructions leurs vaisseaux spatiaux, comment ils tentent de nous habituer à voir ces formes pour être convaincu qu'ils sont parmi nous.
D'où viennent-ils ?
Personne ne le sait mais David Vincent les a vus lui.
Regardez par exemple ici :


Vous êtes convaincu ?
Ne me dites pas que vous pensez une seule seconde qu'il s'agit là d'une coïncidence...
Pour moi c'est clair, il s'agit bien là d'un vaisseau, d'une soucoupe volante. Bien évidemment ils sont malins et cachent leurs engins sous des masques architecturaux mais tout de même si on fait une liste, rien que sur ce blog nous avons déjà vu les piscines Tournesol, le palais des sports de Saint Nazaire, le Futuro de Suuronen...
Alors...
Vous ne trouvez pas que cela fait beaucoup de constructions aux allures d'OVNI ?
Ils sont là.
Regardez mieux les petits doigts de vos amis et surtout ceux des architectes. S'ils n'arrivent pas à les plier, il s'agit sans aucun doute d'êtres venus d'ailleurs....
Celui qui a dessiné le Kenyatta Conference Center à Nairobi se fait appeler Karl Henrik Nøstvik.
Et qui nous dit que ce nom étrange d'architecte ne cache pas en langue klingon un code secret ?
Méfions-nous et organisons la résistance.
Il parait qu'ils vont refaire le Forum des halles.... chut.....

La carte postale est une édition Kenya Stationeers et la photographie est de Dino Sassi