mardi 2 mars 2010

bosse ton Le Corbusier

Ce matin, je reçois ça :



La carte postale américaine représente le Carpenter center for the visual arts, seul bâtiment de Le Corbusier construit sur le sol américain si on excepte le bâtiment de l'O.N.U dont on sait les difficultés d'attribution.
La carte postale est une carte promotionnelle faisant part de l'actualité du centre, de son inscription sur Facebook, bref de sa "connectique".
On apprend que le design graphique de la carte fut offert par Gillfishdesign.com.
La carte fut expédiée par Claude depuis l'Amérique le 24 février. n remarquera d'ailleurs que la carte ne nomme pas le prestigieux architecte. Pour quelle raison ce manque de fierté ?
Mais que voit-on ?
Pas grand chose...
Un volume cylindrique posé sur le sol semblant offrir un préau et à son étage un jeu de façade très ondulatoire. L'ensemble finalement fait terrasse que permet de rejoindre une passerelle courbe reliant ainsi le dénivelé du terrain.
Sur cette terrasse une construction aux cubes ouverts sur trois niveaux dont le dernier offre encore une terrasse. Tout cela en butée contre un volume parallélipédique ouvert de carreaux de verre.
Une nouvelle fois, l'image du bâtiment produit une sensation de collage de plusieurs constructions accolées les unes aux autres, toutes à la fois formellement différentes et unies comme pour certainement bien signaler leur programme
C'est beau oui.
Je me souviens de la très belle vidéo de Pierre Huyghe réalisée pour et dans ce centre où l'on voit l'artiste en marionnette dans les affres de la création face à d'autres marionnettes façonnées à l'image de Le Corbusier et de l'équipe du centre.
Une bien belle œuvre assez sombre et drôle.



J'ai peu de chose à dire.
Voyez-vous.
Peut-être que l'image... a ses limites.

lundi 1 mars 2010

l'architecte et les cartes postales

En février 2007 (déjà !) j'écrivais un article sur deux cartes postales consacrées à l'hôtel de Ville de Lillebonne en Seine Maritime, cartes postales m'ayant permis de découvrir près de chez moi une oeuvre de Claude Parent.
Hier, je trouve dans ma boîte aux lettres ça :





Ces trois cartes postales me sont directement adressées par... Claude Parent via Madame Carel qui a eu la gentillesse, sur la demande de l'architecte, de les retrouver pour moi.
Il aura donc suffi de deux ans presque jour pour jour pour que j'aie la chance de voir ainsi se concrétiser cette relation. Comment aurais-je pu à l'époque penser cela ?
Les trois cartes postales sont des éditions Normandes Le Goubey. Pour les deux vues aériennes c'est SAROFOT qui a effectué le point de vue et pour la vue en contre-plongée c'est un cliché du Studio Dominique de Lillebonne.
Les vues aériennes permettent de lire les volumes, de comprendre un peu mieux comment les formes obtuses se rencontrent, jouant de basculements et de failles et donnant aux vues depuis le sol d'étonnantes accélérations de perspective soulevant ou écrasant à l'envi sol, murs et parvis.
Mon souvenir de la visite m'offrit d'abord une impression d'échange entre les deux parvis avec une sorte de rue intérieure.
La bâtisse agit en fait comme une "machine" municipale, un nœud souple bien que tendu où les articulations et les fonctions, clairement établies, offrent pourtant une impression générale puissante et lyrique.
Ici nous sommes dans des failles habitées, et le bureau d'accueil s'offre soudain comme une place intérieure dégagée dans les éclats de l'ensemble.
Car le vocabulaire ici est bien celui de la brisure, de la rupture d'une forme et de ses incisions. Rencontre de pointes.
L'ensemble, dans un caractère bien moins brutaliste, offre encore pourtant par sa géométrie un travail formel rude et dans certains matériaux et couleurs presque High-Tech.
Mais le plus remarquable reste tout de même cet expressionnisme lié surtout aux orientations toujours contre-carrées des murs et des fuyantes déformant les fuites optiques.
Il faut aussi dire que le bâtiment se sort très bien du dénivelé du terrain offrant dans la salle des mariages une ouverture sur la ville comme un balcon public.
Je remercie donc vivement Madame Carel pour ces cartes postales et Monsieur Parent qui se fait là un efficace passeur pour ma collection !

samedi 27 février 2010

des églises


Parfois ami(e)s lecteurs, lectrices vous me donnez de quoi faire un article.
Ainsi je reçois de Valérie Herran, une fidèle parmi les fidèles cette carte postale d'un projet d'église à Vaux-en-Velin.
Ce qui est étonnant c'est qu'il est tout de même assez rare maintenant d'assister à de telles constructions et de les voir publier ainsi en carte postale retrouvant là les chemins des trente glorieuses.
On y voit donc, un peu loin, la masse de la future église sous un ciel très large dans le goût de notre époque à grands renforts d'imagerie infographique. Les bâtis réels et existants sont décolorés et les piétons des fantômes transparents animant parfois la rue aux végétaux un rien criards.


Il s'agira de l'église Saint Thomas de Vaux-en-Velin par les architectes Siz'-ix. On peut aller sur le site pour voir leur travail et, j'aurais bien rendu visite à leur immeuble du XVIIIème arrondissement de Paris mais je n'ai pas pu avoir l'adresse exacte malgré un message auprès des architectes.
J'avoue ne pas bien "saisir" le volume et l'espace de cette église par cette image mais on pourrait parler, comme ça, à l'envi, d'une masse jouant à la fois d'une courbe-bloc et d'un mur qui semble transparent et coloré (?). Entre les deux une faille sur toute la hauteur avec vitrail bleu. A gauche un édicule qui pourrait être le baptistère, voit son toit agrémenté de canons de lumière.
Le campanile bien détaché doit "faire signal" et semble d'une légèreté métallique assez euh... fruste. Mais encore une fois, difficile de parler d'après une telle image dont d'ailleurs on ne sait si elle est définitive, rêvée ou même projetée.
Valérie ira voir et nous dira plus de choses une fois l'objet construit.
Je poursuis avec ça :


J'ai tout de suite été séduit par cette carte postale d'une belle qualité éditoriale. La véritable photographie au papier dur et brillant et aux contrastes superbes met bien en avant le magnifique campanile du sanctuaire de Aranzazu au pays basque.
Cette tour aveugle comme hérissée de pics m'a immédiatement fait penser à une tour de bois que l'on enflamme parfois dans certaines contrées pour des fêtes religieuses. Il y a là dans cette forme aussi quelque chose de défensif, de rude, de brutal et la répétition un peu loin de la même tour, cette fois accolée au sanctuaire, ajoute encore à cette impression.
J'aime aussi le flou de la croix au sommet et sentir ainsi la faiblesse de l'objectif photographique qui semble tirer du cou pour saisir cette hauteur !
Et une fois de plus, cette carte postale me permet d'apprendre.
Apprendre que l'un des architectes de ce lieu est Francisco Javier Saenz de Oiza, celui-là même qui a dessiné les magnifiques Torres Blancas de Madrid que j'espère bien voir très bientôt et qui sont des icônes brutalistes.
On apprend aussi que le sculpteur Chilida a travaillé pour ce sanctuaire. Cela donne furieusement envie d'aller voir....
Il semble que la route soit rude pour y accéder car la correspondante nous indique que la 2cv fut bien vaillante...

vendredi 26 février 2010

Totem en Liberté



Voici une carte postale ambitieuse tentant par un coup de zoom d'enchâsser la statue de la Liberté dans un canyon d'immeubles.
Est-il question ici de nous faire croire à New York ?
Il faudrait demander à monsieur Serge Le Manour le photographe qui signe ici un cliché pour Yvon éditeur.
Une belle image en tout cas qui dit bien, oui, l'ambition d'un certain Paris.
Et puis à gauche, une fois encore la tour Totem, magnifique structure porteuse de cubes habités de chanceux. (et de riches...)
Peut-être que le seul défaut (et encore) de cette tour c'est la qualité du verre de la façade hésitant entre un miroir total et une "fumée" occultante.
Il est d'ailleurs assez surprenant de voir comment entre la transparence totale et le reflet total, les architectes s'amusent à croire à la disparition ou du moins l'intégration de leur bâtiment, réalisant des clichés montrant le doublement d'une façade voisine se reflétant ainsi sur la nouvelle construction. Comme si doubler la ville de son reflet était le gage de sa tenue. Même Monsieur Balladur tient ce raisonnement dans un petit film visible au Pavillon de l'Arsenal comme pour excuser la modernité de s'introduire dans les quartiers anciens. On se souvient des débats concernant la pyramide du Louvre qui a dû prouver son effacement matériel pour avoir droit de... cité ! Je revois encore les échantillons de verre exposés pendant le chantier. Aujourd'hui tout le monde s'en fiche de cette pyramide, moi le premier et je regrette bien plus le centre commercial en sous-sol nous offrant comme première vision du Louvre une odeur, celle des pizzas bon marché des restaurants de pacotille d'une galerie commerciale identique à mon Carrefour de Tourville (pas celui de Sens !).
Mais au Pavillon de l'Arsenal l'exposition des maquettes offre aussi un collage inédit d'architectures modernes posées les unes à côté des autres comme finalement peut apparaître la ville.





Je vous propose quelques collages d'ailleurs un peu désirés par l'accrochage car tout autour des maquettes, des caméras sont proposées au public lui permettant à son tour de zoomer et de projeter cette image en grand, se jouant alors d'une image soit du touriste avec son caméscope, soit de la préfecture de police observant par le haut la ville. Étrange dispositif qui veut à la fois empêcher de voir et permettre par l'image vidéo de faire croire à la liberté de son regard...
Mais ne boudons pas notre plaisir, les maquettes sont superbes et les dessins à eux seuls méritent le déplacement. Ils sont parfois comme celui des tours de Monsieur Aillaud d'une beauté exceptionnelle.
Ai-je besoin de vous rappeler que la Tour Totem est de messieurs Andrault et Parat.


jeudi 25 février 2010

fierté, est-ce trop ?

Disons que j'ai hésité longtemps mais comme je vous connais fidèles et larges d'esprit et toujours heureux de ce qui m'arrive de positif, (du moins je l'espère) je me suis dit que oui, après tout, je pouvais jubiler de ça.
Ça c'est l'extrême honneur que me fait Monsieur Parent de citer presque intégralement l'un de mes textes publié sur ce blog le 31 décembre 2008.



Comment à ce moment aurais-je pu espérer, rêver et croire qu'un jour cet avis serait ainsi partagé et soutenu ?
Et puis la boucle est bouclée comme une grande vague qui s'abat. Ce texte se trouve ainsi serti de la parole de Monsieur Parent dans un ouvrage à la fois beau et palpitant édité à l'occasion de l'exposition de Monsieur Parent à Chaillot.
Ce livre Nevers, Architecture Principe, Claude Parent, Paul Virilio est publié aux éditions HYX.
Il est d'une grande beauté éditoriale.
Et bien sûr pour moi de la plus haute importance...

Marcel Nouvel et Jean Duchamp

J'aurais pu intituler cet article les abus de l'œil.
Me rendant à l'expositionusu Pavillon de l'arsenal sur le Paris construit entre 1948 et 2009, je tombe devant l'un des modules du moucharabieh de l'Institut du Monde Arabe de Monsieur Nouvel.
Immédiatement, je dis bien immédiatement, mon cerveau m'envoie le Grand Verre de Marcel Duchamp, c'est abusé non ?
Surtout si l'on pense que, jamais au grand jamais, sur place (à Paris et à Philadelphie) je n'y ai pensé. Pourtant... voyons, tout ici m'oblige (eh oui je ne l'ai pas décidé consciemment ce collage) à ce rapprochement. D'abord la taille, l'échelle assez proche des deux objets même si celui de Monsieur Nouvel serait plus exactement une moitié de celui de Monsieur Duchamp. Ensuite la manière de l'installer dans l'espace, devant une fenêtre du lieu, là c'est égal pour les deux ! Puis le châssis-même renfermant l'objet qui permet de voir les deux côtés, les deux faces, jouant aussi d'une certaine manière sa disparition (il faudrait parler de la face de l'épaisseur du Grand Verre !)
Ensuite, la géométrie machiniste et oculiste des deux pièces, toutes deux évoquant un certain érotisme de l'oeil mécanisé, pistons, coulisses, iris s'ouvrant au gré pour l'un de la lumière pour l'autre du désir... et de certains gaz !
La machinerie célibataire, un rien vaine de l'un et de l'autre surtout ici chez Monsieur Nouvel puisque l'objet, en panne (c'est si duchampien !) ne fonctionne que dans l'idée. Alors que étrangement chez Monsieur Duchamp, la machine fonctionne par le langage sous-jacent.
La matière même de l'un et de l'autre, métallique et brillant et aussi un rien crasseux de poussière. Même les boulons défaits et tombés dans le châssis de la fenêtre de Monsieur Nouvel me ramène à la brisure du Grand Verre, sa panne que certain jubilerait bien vite à nommer sexuelle.
Mais là... oulà! C'est un peu fort !
Mais comment faire avec ce collage mental ? Dois-je m'en amuser, m'irriter de l'impossibilité de me dégager de cette obligation inconsciente ? Travailler à bannir ces collages ou poursuivre la rencontre sur une table de dissection d'un parapluie et d'une machine à coudre ?
J'espère que ni l'un (le mort) ni l'autre le très vivant Monsieur Nouvel, ne m'en voudront de ce méli-mélo de références mais je suis ainsi constitué, eh oui de l'un et de l'autre.

un grand verre...

pas encore brisé...

où les célibataires, uniformes en livrée...

ne sont que pistons et bielles...

lumière à tous les étages...

mercredi 24 février 2010

Athis-Mons détruit ?

Il semble qu'en France plus on vous reconnaît une valeur historique et patrimoniale, plus vous avez de chance (?) de voir les oeuvres concernées détruites.
A croire que les Labels et autres attributions permettent d'un coup un éclairage qui conduit fatalement à une envie soudaine de voir le construit passer sous les pelleteuses comme par exemple récemment la Cité des Poètes à Pierrefitte-sur-Seine.
Mais aujourd'hui je me fais le relais de menaces concernant le supermarché d'Athis-Mons construit par Claude Parent et une équipe d'architectes et d'ingénieurs sur la base du procédé de l'ingénieur suédois D. Jawerth.
On peut aujourd'hui voir dans l'exposition sur Monsieur Parent à Chaillot cette construction et son originalité constructive.
Il semble qu'une vigilance accrue permettrait d'espérer une protection mais une nouvelle fois cela se fait ou se fera dans l'urgence.
Ne serait-ce pas plus simple que par le fait du prince (loi Malraux), le Ministre de la Culture si fervent de l'oeuvre de Monsieur Parent lors de son discours inaugural, ne fasse un classement d'office des supermarchés de Monsieur Parent ? (Sens, Ris-Orangis par exemple)
Vais-je devoir faire ici aussi une demande officielle de classement comme pour Sens dont d'ailleurs nous attendons avec patience le résultat ?
Si donc, quelqu'un a cette énergie et veut l'additionner à la mienne, battons-nous encore pour Athis-Mons et les autres centres commerciaux.