samedi 7 mars 2009

un peu derrière

Sur l'article précédent, je remarquais avec vous un bâtiment derrière l'église St Canisius.
Il se trouve que lors de ma visite sur un site marchand j'ai trouvé ça :


Je n'aime pas beaucoup voler des images sur l'internet mais là c'était trop fort !
On reconnait immédiatement la construction, son escalier et l'étagement des fenêtres. On reconnait le drapeau flottant. Si, en plus on fouille un peu l'image, on retrouve notre église par son campanile juste là :


Le site nous indique qu'il s'agit  de Wilhem Weskamm-Haus- Thomas Morus Kolleg und newmann helm (?).
Je vais fouiller encore un peu pour trouver un peu plus d'informations...

dédicaces à Céline Frémaux

Quand la qualité architecturale s'allie à la qualité éditoriale on est souvent en Allemagne.
A Berlin pour être précis avec ces trois cartes postales d'églises.


Nous commencerons par ces deux vues de la St Canisius Kirche. Les cartes postales nous donnent bien le nom de l'architecte Monsieur Hofbauer et nous indiquent qu'il s'agit là de véritables photographies d'ailleurs d'une rare qualité. Le bâtiment semble une succession d'arcs en décalage donnant l'impression d'un cylindre fendu. C'est assez simple et très efficace. On remarquera également la différence de traitement avec le campanile laissé en béton brut de décoffrage et nous offrant une forme magnifiquement dessinée en aile d'avion verticale. Un petit édicule en bas de celui-ci pourraît bien abriter le baptistère. Tout cela est tendu, fin et remarquablement sobre. Regardez la finesse de l'arc qui fait porche d'entrée : une feuille de béton. Mais jetons un oeil ici aussi.

Ce petit immeuble derrière m'a l'air particulièrement intéressant ! Un bâtiment administratif certainement car il porte un drapeau allemand.
J'ai trouvé peu d'informations sur cette église mais si mon allemand est encore bon il semble qu'elle est brulée (?) et fut remplacée par ça :
www.flickr.com/search/?q=canisius+kirche
Ce qui n'est pas mal du tout aussi !


Nous voici maintenant devant la Kath. Kirche St Ansgar à Berlin-Hansviertel. On sait (ceux qui sont allés à Berlin) que ce quartier fut entièrement reconstruit par les plus grands noms de l'architecture d'après-guerre, de Gropius à Niemeyer.
Ici l'architecte est Willy Kreuer. L'église fut construite entre 1955et 1959. On remarquera là également que le campanile est comme décroché de l'église. Jeux d'obliques sur la façade largement ouverte, décrochements de celle-ci en plusieurs plans donnent un caractère à la fois léger et transparent. Le campanile est une structure porteuse comme peut en produire le génie civil. On peut entendre les cloches sur ce site !
http://www.youtube.com/watch?v=Nx8VZ_reaLI
la photographie est de Harry Wagner. C'est un très beau document pour une belle église pour une belle carte postale !

mercredi 4 mars 2009

Il reçoit Michel Marot

Encore à l'écoute de Métropolitains ce matin.
Cette dernière émission sera podcastée tant elle concerne ce blog.
Ce Matin Monsieur Chaslin a cité notre guide vénéré. Oui.
Il a dû s'y résoudre pour évoquer un ensemble que l'on connaît bien sur ce blog : Marina baie des Anges. (voir article du 9 septembre 2008)
En fait ce matin François Chaslin recevait Michel Marot architecte fort passionnant. Sur les trois articles consacrés à cet architecte dans notre guide, deux sont très durs à son encontre et seulement l'article consacré à la Villa Arson semble plus ouvert !


J'ai déjà dit comme je peux me satisfaire de Marina baie des Anges. Je vais donc vous montrer aujourd'hui l'église qu'évoque Michel Marot dans l'émission de ce matin grâce à deux cartes postales. J'ai reconnu ce nom d'ailleurs et j'étais certain d'avoir des images. J'ai fouillé d'abord dans mon classeur "Vatican 2" sans résultat et j'ai finalement mis la main sur ces deux cartes postales dans le classeur alphabétique, juste à côté de  Monsieur Minangoy.
La carte postale de l'extérieur de l'église nous montre donc un bâtiment en pointe au clocher plus que spectaculaire, d'une arrogance jouissive. Au concours du clocher le plus pointu de France il aurait la palme, ça gratte le ciel. Dessous une pyramide aplatie reposant semble-t-il sur une ligne de vitrail et un mur de pierres. Je ne sais comment on appelle l'énorme chien-assis qui fait portail mais je le trouve assez incongru et très "village". Les poutres qui le soutiennent sont bien maigres. Michel Marot nous dit que c'est Monsieur Novarina qui le conseilla aux commanditaires. C'est possible qu'il reste quelque chose de cet autre architecte ici. J'ai pour ma part toujours beaucoup de mal avec ce mélange de matériaux et de couleurs. C'est à la fois paysan et moderne ou ni l'un ni l'autre. La carte postale ne nous indique que le nom de la commune : Les Grès (Aube) (commune de Fontaine-les-grès) Eglise Ste-Agnès. Michel Marot est cité comme architecte. Pas de date ni d'éditeur.
Sur cette autre carte postale, nous pénétrons à l'intérieur de l'église. Un culte aux lambris de pin semble y être effectué !
On admirera la flèche dessinée par le vide du clocher qui évoque l'ascension rapide et étroite à travers la fusée du même clocher. J'aime ça. Dessiner un tel signe avec du vide c'est étonnant. La photographie y rend bien justice et le noir et blanc ici est judicieux. J'aime comment tout cela joue aussi avec l'ellipse du lustre fruste. (Dites le vite : lustre fruste !)
J'aime moins les deux appuis de biais qui passent devant le chœur. 
Il s'agit d'une carte postale en photographie Roze. L'architecte est nommé et son titre de Grand Prix de Rome aussi. 1954. A-t-il rencontré, croisé là-bas dans les jardins et sur les terrasses Jacques Ramondot ?

En piqûre de rappel je vous remets un peu de Marina Baie des Anges. Je tiens à signaler qu'aucune de mes cartes postales ne cite Michel Marot comme architecte mais toujours Monsieur Minangoy. Il me faudra travailler cette question parfois si délicate de l'attribution des bâtiments. Dois-je corriger mes cartes postales et bouleverser mon classement ?
En attendant voici :
Villeneuve-Loubet Marina "Baie des Anges" Architecte Minangoy, le port chez Combier en Cimcolor expédiée en 1979.
Puissant non ?
Guide d'architecture contemporaine en France
Par Messieurs Crettol, Monnet et Amouroux
chez technic-Union 1972

mardi 3 mars 2009

la laideur en héritage


Il y a des sites, on ne sait pourquoi, on a beau détruire et refaire c'est toujours la laideur qui l'emporte.
Je crois que la Peak Tower de Hong Kong fait partie de ce type de lieu.
Voyez ce Peak Tower restaurant. C'est laid non ?
Je veux dire c'est grotesque et même risible. Une mauvaise architecture qui tangue entre un James Bond sans budget et un décor pour la série des thunderbirds que j'adorais enfant. Vous me direz c'est déjà pas mal. Oui.
Mais non.
Je peux accorder facilement mon dégoût à ma nostalgie si nécessaire, parfois même je m'y roule mais là franchement. C'est quoi ?
Un morceau de cargo posé sur pilotis ? un nécessaire de toilette agrandi ?
Remarquez, on n'oublie pas facilement ce genre de construction.
Et puis arrive l'argent et Terry Farrell architecte, on détruit le moche et on construit... le moche !
Là le registre c'est bouchon de flacon de parfum à deux balles. Épouvantable...
Comment faire aussi raté ?
Ça veut tellement pas faire comme tout le monde, ça veut tellement faire moderne que c'est une vraie tartufferie. c'est le Futuroscope sans l'humour, c'est le coup de compas qui ne se discute pas, c'est clinquant. je crois que si on met le pied dedans ça peut porter bonheur non ?
C'est typiquement ce genre de truc qui dégoûte de l'architecture contemporaine. C'est un bidule, un machin, c'est dessiné en deux secondes sous une influence fromagère.
la commande devait être simple : la même chose mais moderne. C'est réussi c'est la même chose mais moderne mais laide.



Palace


C'est pour ce genre de rencontre que je continue à fouiller dans les boîtes à chaussures.
Voici le Riyadh Palace Hotel.
Je n'ai pas beaucoup de renseignements, franchement rien. Mais c'est vraiment un dessin que j'aime. Un cylindre central aveugle articule deux barres écrans aux vitres fumées comme des lunettes de soleil de contre-bande. Ce marron foncé est si daté...
Puis, à chaque extrémité à nouveau deux cylindres ajourés à peine, presque une architecture de défense, des meurtrières. Les escaliers de secours sans aucun doute. C'est brutal et franc comme construction et comme dessin. On aimera également les pilotis très élevés et de base carrée comme si on n'avait pas fini de descendre la façade jusqu'au sol. La structure ici se donne à voir.
Pas de débauche de matériaux luxueux, pas de marbre en fine feuilles sur la surface. Le luxe se cache ailleurs, dans un service impeccable, une attention discrète au client. Du moins j'imagine.
J'imagine le silence des pneus des énormes limousines glissant sur un parvis ombragé.
J'imagine.
Ce bâtiment pourrait être une sous-préfecture, un centre bancaire, un palais de justice n'importe où.
Il baigne pourtant dans un air surchauffé en Arabie du Sud.
International.
La carte postale n'est pas datée, elle nous indique : Saudi Hotel Services Company. Riyadh palace Hotel P.O box 2691 Riyadh Saudi Arabia telephone 4012644 telex 200312 Kasser SJ
Si vous vouliez y réserver une chambre...

axe majeur plié


J'aime les livres à systèmes que l'on appelle parfois pop-hop.
J'aime l'architecture.
J'aime les villes nouvelles.
J'aime la sculpture contemporaine.
Donc : j'aime ce livre que je reçois ce jour.
Etrange publication éditée par l'Etablissement Public d'Aménagement de Cergy-Pontoise en 1992, ce livre se déploie et nous donne à voir, à la manière de nos livres d'enfance, l'Axe Majeur dessiné par Dani Karavan à Cergy-Pontoise.
Il s'agit certainement là encore d'un ouvrage promotionnel. C'est en tout cas un bel objet éditorial mettant en balance à la fois la monumentalité de l'œuvre et la fragilité extrême du livre à systèmes.




 
Déplié on est en avion au dessus de 1m (!) de paysage. C'est tout bonnement spectaculaire. Je connais mal l'œuvre de Dani Karavan, je veux dire de visu (de visée).
Pourtant Cergy n'est pas loin. ma visite de son site me permet de comprendre un peu mieux son univers formel très orienté vers des bases géométriques alliant puissance, cheminement, point de vue et monumentalité.
Il fait des monuments. Moins des sculptures. 
Il me faudra parcourir cet Axe Majeur bientôt.


Je trouve dans ma collection bien rangée maintenant une carte postale de Cergy-St-Christophe nous montrant un coucher de soleil sur l'Axe Majeur. Cette carte lyna est une photographie de Paul Viard qui a su mettre en scène l'inscription astronomique de l'œuvre de Karavan. Nous sommes sur la trace des Aztèques, des Indes ou encore de Stonehenge ou la cosmogonie rejoint l'espace sous les pieds. Impressionnant. Il me faudra vérifier si cet alignement céleste et terrien a lieu tous les jours et à quelle heure...


En attendant je tente une reconstitution où le soleil est une lampe de poche.
Je vous rappelle que l'architecture est de Ricardo Bofill. Il semble que là, dans cette rencontre avec Karavan un ensemble incroyable d'influences se soient rencontrées : le jardin à la française (à l'italienne donc) revisté façon New-Age dans une remarquable piste d'atterrissage pour soucoupe volante.
Mais je suis trop sarcastique peut-être et je ne suis pas certain de savoir quoi faire de ce genre de travail, à la fois remarquablement spectaculaire et grandiose et totalement épuisé par justement ce trop grand sens d'une métrique spirituelle qui m'exaspère un peu. Comme on disait dans les années 80 : too much. Mais reste l'incroyable monument à Walter Benjamin en Espagne et le magnifique monument aux morts de la Brigade Neguev à Beersheba.
www.danikaravan.com/ 

http://www.cergypontoise.fr/sortir/axemajeur/site.php

samedi 28 février 2009

Cartes postales de New York, une collection d'architecte


Je reçois ce jour "New York, 1850-1950" aux éditions Acte Sud. 
Il s'agit de la collection de cartes postales de Monsieur Italo Rota architecte. C'est donc pour ce blog très intéressant. 
Dans la préface l'architecte nous parle de la constitution d'une iconographie new-yorkaise, de la manière dont  l'image influence la ville et la construit en chacun d'entre nous comme un lieu imaginaire, vocabulaire pour le cinéma et la littérature.
 Voir New York serait voir des images de New York, une des rares villes au monde où finalement l'expérience réelle de son parcours serait moins la ville elle-même que le phantasme construit par juxtaposition de ses images. En fait, et par expérience, voir New York c'est en reconnaître ses images.
Italo Rota nous parle peu de la constitution de cette collection, il ne nous dit rien de ses choix, à peine aborde-t-il le classement opéré dans l'ouvrage. On ne saura rien de la manière dont cela a pu constituer un modèle pour son propre travail. (La couleur ? Le factice ? Le point de vue ?) Cela le place entre les "Boring Postcard" de Martin Parr et "Postcard Century" de Tom Phillips mais pas du côté de Rem Koolhaas et de son "New York délires".
On appréciera à la fin de l'ouvrage la liste des lieux, les nom des architectes et les dates de construction, ce qui agit comme un guide de voyage. On regrettera lourdement la mise en page qui coupe les cartes postales en deux par la reliure, les agrandissements qui sectionnent également les images, il aurait été si simple (trop ?) avec le même format de laisser à leur échelle ces cartes postales et de les imprimer une à une et page à page. C'est incompréhensible.
Mais c'est tout de même un très beau livre dont on aime la masse, le papier et la très belle qualité d'impression et son prix abordable.
Le livre fut publié en 2000.


J'ai cherché dans ma collection des cartes postales communes avec le livre. Page 114 apparaît le Lincoln Center que je compare immédiatement avec une carte postale, c'est assez étonnant mais il semble bien qu'il s'agisse de la même image retravaillée. Les voitures sont à la même place mais semblent avoir été redessinées pour paraître plus actuelles. Plus étonnant encore ma carte postale est une production française ! Au verso apparaît la mention made in France... Retour au pays donc pour cette image expédiée vers Laigueville dans l'Oise en 1935. L'éditeur est bien américain, il s'agit de la Manhattan Card Pub. Co de New York city. L'ouvrage nous indique que l'architecte de ce bâtiment est R.H Robertson et qu'il fut construit en 1890 ! Il semble qu'il y ait une confusion entre celui reproduit et celui qui est bien attribué à Robertson.
Celui de la carte postale et du livre est bel et bien de J.E.R Carpenter. On retrouve d'ailleurs cette information et des cartes postales sur ce très beau site :
">

Voilà qui est réparé mais qui n'est pas rassurant quant à la validité des informations du livre d' Italo Rota.


Dans ma collection je trouve le Woolworth Building chez MP Co éditeur. Pas de date, l'immeuble fut bâti en 1913 par Cass Gilbert. Information vérifiée !



Voici le Chrysler Building. Une merveille.



Mais regardons bien ces deux cartes postales et notamment le dessin de la flèche. On perçoit nettement une différence entre les deux images. Je crois que nous tenons là une image d'avant la construction et une image du bâtiment tel qu'il est aujourd'hui, même la grille des ouvertures est différente. On se régalera du grand ciel vidé de la concurrence sur l'image interprétée et de la réalité de l'urbanisation sur l'image prise du ciel. Rappelons que l'architecte est William Van Alen en 1930.