mercredi 11 février 2009

Science et Vie et Buckminster Fuller


Bon, ce n'est pas une carte postale mais ça valait 50 centimes, le même prix.
La couverture est de René Ravo un grand illustrateur comme Géo Ham. Je rêve encore parfois sur ces images à la gouache magnifiques et il fut une époque où on les trouvait, ces numéros de Science et Vie par années entières sur les foires.
Voilà.
La couverture est très intéressante et résume parfaitement le contenu de l'article. Une maison sur un camion est débarquée ou embarquée sur un cargo. Tout est dit : mobilité, légèreté et référence appuyée par le cargo et le camion à l'industrie. La petite maison, cube luminescent, est un modèle de série puisque un autre camion attend derrière. (débarquement donc). Nous sommes en octobre 1945...
Il s'agit donc bien de reconstruire la France. L'article veut faire le tour de la question en interrogeant les différentes options les plus sérieuses et les plus surprenantes. On y trouve la maison gonflable sur laquelle on projette du béton, la maison en bois vert dont la charpente en planches contrariées séchera sur place et assurera la solidité (une idée tout bonnement géniale) et aussi la maison de notre cher Buckminster Fuller dont je vous ai déjà parlé ici. A noter que le journal le nomme Backminster. Une maison de plâtre et maison de papier suivent. Référence également à la maison en fusée de céramique dont je sais depuis peu que André Bruyère aurait établi des projets... Tout se recoupe, je vous dis.


mardi 10 février 2009

je suis à Brasilia


Ce matin je me suis levé de bonne heure.
Il faut dire qu'hier soir j'ai pu découvrir Brasilia de nuit et que cette vision rêvée pendant longtemps m'est apparue enfin après un très long vol et un atterrissage tardif. Depuis la vitre du taxi, j'ai pu voir rapidement l'objet de ce désir lointain et m'assurer ainsi que, oui j'étais enfin à Brasilia.
Épuisé mais heureux j'avais hâte de rejoindre la ville. La nuit fut donc courte et ce matin sous une lumière un peu étrange et mystérieuse, j'ai pu comparer ma vision nocturne avec celle de ce matin radieux.
C'est assez curieux de voir comme les formes changent et comme soudain l'architecture semble beaucoup plus affirmer ses références à des objets du quotidien. Oscar Niemeyer a dû assembler ses idées formelles sur la table de sa cuisine. Le paysage reste sublime malgré ma difficulté à lire enfin cette architecture de visu et de ne pouvoir me détacher de cet aspect très domestique. Je n'avais jamais vu non plus la référence à Matisse sur mes nombreuses cartes postales et dans mes lectures. L'inscription en très gros caractères du nom du peintre sur les deux tours centrales est certainement un hommage tardif de l'architecte pour le peintre dont la ligne n'est pas si éloignée que ça de celle de l'architecte. (à moins que ce ne soit le contraire)
Mais je suis là sous le ciel bleu de Brasilia. Enfin je saisis le vide sous les pieds de Jean-Paul Belmondo dans le magnifique film de De Broca l'homme de Rio. J'ai dû voir ce film une bonne dizaine de fois, tout autant que les aventuriers de l'Arche perdue pour lequel Spielberg reconnaît une influence directe.
Dire que dès ce soir je reprends l'avion pour Chandigarh... 
 

La carte postale est une édition Mercator envoyée en 1981 par François et Roselyne. Ils ont vu eux, ils ont vu...

dimanche 8 février 2009

du noir et blanc, de l'histoire



Ceux qui suivent mes deux blogs savent que ce matin j'ai fouillé dans des vieux papiers à vendre. Je suis aussi revenu avec ça.
Voici pour commencer une connaissance. Les gratte-ciels de la Région Parisienne qui sont de Marcel Lods pour ceux qui l'ignoreraient encore. J'ai déjà évoqué ce grand Monsieur ici. Je suis d'une ville qu'il a modelée.
Cette belle carte postale de Drancy est une édition Godneft écrite le 5 octobre 1934, parle de repas d'huîtres et de bon poulet. C'est déjà une bonne chose à retenir et écrire à Abel !


Voici un autre magnifique document. Il s'agit d'une carte postale de la Clinique Saint-Charles de Montpellier. C'est un superbe bâtiment superbement photographié et superbement imprimé en héliogravure. On admirera les jeux des volumes de l'entrée très spectaculaire et marquée par son temps, les années trente. On admirera les coursives en façade faisant de l'ensemble un paquebot. On admirera les lignes épurées de ce centre hospitalier de type "bloc". Lumière, espace, blancheur, géométrie, tout est là pour dire la modernité. C'est superbe. On doit cette belle image aux architectes Pelletier et Teisseire. C'est une édition photographique languedocienne imprimée eh oui chez Braun et Compagnie.
Si vous voulez en savoir un peu plus :
http://www2.logement.gouv.fr/publi/accesbat/coll98/055_057.PDF


Finissons avec la Neues Rathaus de Stuttgart. Une belle vue d'un bel ensemble urbain moderne. Là aussi les formes simples se marient à de grandes ouvertures. C'est puissant et ça dit bien le caractère officiel du bâtiment. Mais je reste sur ma faim en ne trouvant pas le nom de ou des architectes. On n'oubliera pas de jeter un coup d'œil au très beau petit bâtiment au premier plan avec son escalier cylindrique et également au chantier sur la droite. Des hommes s'affairent sur un toit. La carte postale n'a pas de nom d'éditeur et je pense qu'on peut la dater de la fin des années quarante début des années cinquante. Non ?

mercredi 4 février 2009

pour toi, jeune artiste contemporain


Pour toi.
Tu vas agrandir l'image le plus possible. Tu vas la forcer un peu sous Photoshop en te faisant aider par un ami qui maîtrise mieux que toi le logiciel. Tu n'oublieras pas de le remercier. Puis, si tu as un budget offert gracieusement par une bourse régionale, une aide de centre d'art, une aide à la création tu l'installeras dans un grand caisson lumineux comme tu as vu faire Jeff Wall en 1992, tu étais jeune encore et encore plus impressionnable.
Et puis tu diras un bon discours, tu écriras ta haine de la société marchande (beurk c'est pas bien non) avec plein de fôtes d'eurtograffe (c'est plus créatif), puis tu diras les mots magiques : ville, urbain, utopie, surveiller, punir, politique, concept, société, parasitage, radicalité et puis tu diras les noms magiques ceux-la ils sont très très forts alors vas-y n'en oublie aucun : Artaud, Guy Debord (celui-là il est super-fort), Warhol, Derrida, Deleuze (un autre super super fort), Foucault il y en a tant n'hésite pas !
Alors avec beaucoup d'aplomb tu viendras rejoindre notre groupe. Mon groupe.
Et puis viendront Topor, Perec, ton frère, les gens qui vont chez l'assureur, Georges Lucas, le sucre et ton chat et tu verras notre groupe est tout petit mais il sait rire large, très large de lui-même, mais dans le groupe il y a toujours les grincheux et surtout ceux qui veulent mener le groupe. J'ai voulu mener le groupe.
Mais tout est spectacle tu sais, tout.
Auras-tu vu l'ombre puissante qui traverse l'image et que la Renault 5 semble fuir ?
Auras-tu vu le monolithe de la Tour Fiat ? En connais-tu les architectes, Messieurs Saubot et Jullien ?
Auras-tu vu la gamme chromatique si parfaite de cette image ? Les verts, les bleus doux, les gris et les blancs ?
Rendras-tu cette image à son photographe Monsieur Pinet ?
Diras-tu combien tu dois ton amour pour cette image aux Becher, Martin Parr, Tom Phillips ?
Enfin diras-tu merci à cet art populaire qu'est la carte postale et qui enregistra le monde pour tes beaux yeux, partout du fond des mines aux avions dans le ciel ?

inouï non ? Monsieur Grimal architecte


Vous savez comme j'aime l'improbable en architecture et ailleurs également.
Mais avouez qu'avec cette euh... église de la Z.U.P des Minguettes à Vénissieux on atteint un degré très élevé d'improbabilité.
La carte postale, une édition France-Publicité expédiée en 1972 nous indique que l'architecture de cette chose est due au Cabinet Grimal.
Pour cet architecte que je découvre, je trouve un lien avec René Gagès que nous connaissons bien sur ce blog et auquel j'ai déjà rendu hommage. Il semble que les deux architectes aient travaillé ensemble sur Bron Parilly. Franck Grimal serait le fondateur d'Archigroup.
Je trouve peu de choses sur internet et peu d'images pour comprendre un peu mieux à qui on a à faire. Mais une nouvelle fois j'adore ça, partir d'une carte postale et apprendre, tirer un fil et voir que j'ai un écheveau de laine au bout !
Donc si vous voulez voir cette église aujourd'hui allez là, mais vraiment allez-y c'est vraiment, vraiment curieux !
http://www.architecturerhonealpes.com/patrimoine/historique.php3?id_loca=219
Il semble que vu le verdoiement de la chapelle, l'ensemble soit en cuivre ce qui explique ce changement de couleur du brun au vert.
J'aimerais beaucoup voir l'intérieur, cela semble tout petit. C'est à la fois un spoutnik, un morceau de fête foraine, un bidule, un stand de foire commerciale, c'est moderne, style atome à la bruxelloise totalement invraisemblable, un rien hertzien et donc parfaitement jubilatoire. Je tiens là mon totem, un de plus.
Merci Monsieur Grimal.
On n'arrêtera pas de chanter les louanges de Vatican II qui a permis l'éclosion de tant et tant de ces églises merveilleuses.

mardi 3 février 2009

André Bruyère architecte


le 12 août dernier, Grâce à Monsieur Chaslin nous faisions le point sur l'architecte André Bruyère.
J'avais posté alors une carte postale représentant un hôtel dont l'image laissait penser à un bâtiment et un architecte intéressant.
Aujourd'hui je reçois "Pourquoi des architectes" du même André Bruyère édité en 1968 chez Pauvert.
Il semble que nous tenions là un étrange bonhomme. Héritier de le Corbusier, prônant à la fois le merveilleux et une certaine rationalité que parfois on qualifiait de lyrique. Il y a aussi beaucoup d'amertume, un désarroi je crois de génération. Le livre assez véhément parfois, mai 68 est tout proche, est un catalogue de projets et de réalisations. Bien plus de projets d'ailleurs.
L'ensemble semble juste, beau et d'une plasticité assez marquée par son époque. Volumes pleins fendus, courbes ondoyantes, rêves de sculpture et un sens total du paysage et de l'inscription dans le lieu de l'architecture et tout cela respire le Brésil.
Cela pourrait tendre au loufoque, projet œuf, mais c'est toujours au contraire empli d'une utopie seule possible celle liée à l'analyse. L'ouvrage est d'une grande qualité de composition que l'on doit à Monsieur Le Breton.
Il faudra encore trouver d'autres images, d'autres cartes postales.
Voici quelques images tirées du livre et quelques citations :

l'architecture est pour moi, la façon de mouler une tendresse sur une contrainte. Et si après avoir résolu les difficultés techniques, ça sent la main, c'est une œuvre d'art. Encore que tout dépende de la main ; mais il est peut-être sans importance que le résultat soit contestable. la rue merveilleuse est bien faite d'un tas de médiocrités manuelles.

Il est intéressant de voir au passage combien l'uniforme ou le véhicule de série se prêtent volontiers aux transformations, aux interventions imaginatives. Voitures et toilettes sont donc des sujets d'intérêt, tout comme la fermette qu'on arrange dans sa campagne. Mal. Mal du siècle.

Un univers poétique, seul, est habitable.

L'objet se sert du béton armé pour réaliser cette voûte comme si ce béton armé se prêtait à n'importe quoi. C'est bien ce qui s'est passé, la main guidée par un rêve.

 





lundi 2 février 2009

à livres ouverts


J'aime ces cartes postales qui nous montrent les beaux bâtiments en construction.
Il y a toujours là un moyen de comprendre mieux la structure et le dessin d'une construction. le chantier (de construction comme de destruction d'ailleurs) c'est la visibilité assurée. Et puis l'organisation du chaos, l'univers formel et l'agitation me réjouissent et m'étonnent toujours autant.
Voici une belle vue aérienne du chantier de la Bibliothèque de France. C'est une carte postale Cart'Com dont la diffusion permettait de signaler la visite possible du chantier. Malheureusement je ne m'y suis pas rendu !
La carte postale nous indique le nom de l'architecte Monsieur Perrault et le nom du photographe Monsieur Baranger. C'est beau, de qualité et historiquement c'est un bon document. Bref, une belle carte postale.
J'aime ce lieu, j'aime l'espace entre les tours et les cimes des arbres qui dépassent du trou central. Arbres qui furent pris dans la forêt de Bord tout près de chez moi.
N'oublions pas la belle passerelle qui traverse la Seine juste devant la Bibliothèque et qui est aussi très surprenante. Monsieur Perrault a dessiné un vide. il semble que Paris aime les architectures d'air : la tour Eiffel dont sa masse d'air est plus lourde que sa masse de métal, le forum des Halles et son patio dont il ne faut pas eh oui oublier la véritable et indéniable beauté, l'Arche de la Défense dont le cube central laisse l'œil passer au travers. De l'air de l'air de l'air de Paris ! Merci Marcel Duchamp.


Voici une autre carte postale de la Très Grande Bibliothèque.
Celle-ci provient du musée des maquettes-grands travaux de l'état 1981-1995 à Jarnac en Charente.
La photographie en noir et blanc fait plus artistique ainsi que le bord blanc très large pour donner à l'ensemble du style...
Mais le bâtiment est là, vu depuis la Seine qui poussa un peu sur les fondations et voulait s'inviter dans les sous-sol. L'architecte est nommé. J'ai acheté cette carte postale sur place à Jarnac après une visite assez affligeante du musée où vous pouvez voir les cadeaux faits à notre président Mitterrand pendant son mandat et quelques belles maquettes c'est vrai.