mercredi 4 juillet 2012

documents Documenta 13, Updating Kassel !


Voici la preuve de la vitalité de la carte postale comme moyen de communication outre-Rhin.
Trouvées dans un lieu d'exposition consacré à l'architecture dans la gare de Kassel, ces quatre cartes postales gratuites m'ont simplement fait découvrir l'exposition en question. En effet, si mon œil n'avait pas glissé sur ces dernières présentées à l'extérieur, je n'aurais pas vu l'exposition !
L'exposition tente de faire connaître la ville et l'architecture contemporaine de Kassel. Il s'agit de populariser les projets, d'offrir des expériences et de démontrer la vitalité de l'urbanisme.
Au dos un petit texte évoque le devenir et l'expérience de l'architecture si j'en crois... le traducteur Google !
Sur ce site tout en allemand Updating Kassel.blogspot, je retrouve mes cartes postales et d'autres... que je n'ai pas eues sur place ! On devine tout de même le travail riche et même beau d'inventaire de la ville!
Faites-y un tour !
On notera aussi que les cartes postales sont déjà adressées !
Je vous donne donc le recto et le verso de chacune d'elles. Du point de vue stylistique, on retrouve bien l'effet boring des cartes postales à la Martin Parr sans doute accentué par la typologie des constructions en question. Le cadrage est plus inventif, le choix des lumières plus étrange. C'est le piéton qui cadre, invente le rapport à la ville, appareil en bandoulière. Vous verrez que, par hasard, j'ai retrouvé le parking et que, sans la carte postale trouvée quelques minutes avant, je n'aurais pas "vu" cette architecture, preuve de la réussite de la démarche, preuve que l'image imprimée valorise en quelque sorte la rencontre fortuite !
Allez !
En visite !






 




















Quelques images de l'exposition Updating Kassel :
des images d'une installation de Topotek 1







Sans titre par le Professeur Christoph Mäckler, architecte. Les photos ne rendent pas la belle qualité des images !





ECB, Love architecture. Des fils phosporescents tendus dans l'espace noir !





















Le parking retrouvé !


mardi 3 juillet 2012

documents Documenta 13


Nous sommes de retour de la Documenta 13. Des étudiants de l'ESBA TALM ont pu vivre la manifestation dans toute son ampleur. Documenta 13 propose de très belles pièces et d'autres dont nous ne parlerons pas. Je me permets de vous conseiller vivement l'œuvre de Kentridge, l'installation de dessins de Tacita Dean, de vivre la performance de Tino Sehgal. Les œuvres du parc sont assez décevantes sauf celle de Anna Maria Maiolino et même s'il ne fait pas partie de la sélection officielle ne manquez pas les sculptures de Balkhenol dans l'église Sainte Elisabeth.
Pour ce qui est très précisément en relation avec ce blog, nous parlerons d'une édition de cartes postales trouvées sur place. Mais pour l'instant, voici quelques instantanés de la ville sans autre prétention que le partage.
Commençons par quelques vues de la très belle Kunsthochschule de Kassel, l'école des Beaux-Arts qui sait allier métal et béton. L'architecte est Monsieur Paul Friedrich Posenenske.



















































































































Poursuivons par une belle surprise, la LutherKirche de l'architecte Heinz Rall. Construite sur les ruines de l'ancienne église dont subsiste encore le clocher, elle offre une succession d'espaces remarquables. Commment ai-je pu manquer cela il y a cinq ans ? Juste en face, vous irez voir les dessins superbes de Tacita Dean.










































































































































































































































En allant voir le chef-d'œuvre de William Kentridge, vous passerez par la Joseph Beuys Strasse. N'oubliez pas de lever la tête pour admirer la très belle charpente de la gare !











































































Dans les rues bavardes, vous serez écrasés par le Cinestar Kino, vous verrez de belles grilles grises, vous serez éclairés par des lieux rouges interlopes et dans des cours secrètes aperçues depuis des fenêtres, les autos puissantes refléteront vos rêves modernistes les plus colorés.





lundi 2 juillet 2012

Eden Morfaux, fabrique d'archipel à Gentilly

Je reçois ce jour une série de cartes postales qui rendent compte des interventions de l'artiste Eden Morfaux dans la ville de Gentilly : fabrique d'archipel. Je dois ce courrier à Guillaume Grall avec qui j'ai eu le plaisir de travailler pour le numéro spécial de Etapes Graphiques, numéro consacré à la relation entre graphisme et architecture.
Regardons ces cartes postales :








































































































Posés dans la ville, des volumes de bois peint proposent à la fois l'invention d'un lieu éphémère et un praticable urbain se jouant de la limite entre sculpture, jeu, architecture à échelle réduite, caisse de livraisons.
On peut à loisir choisir sa référence sauf que l'artiste, en travaillant directement avec les associations et les habitants, invente bien surtout une sorte d'outil relationnel, une mécanique de la rencontre. La capacité de projection est ici non pas une absence de décision de l'artiste mais bien un écran aux désirs, un libre-cours.
Il ne fait aucun doute que la qualité plastique de l'ensemble est au rendez-vous. Les formes simples des parallélépipèdes offrent une sorte de calme, de repos aux débordements formels de la ville, à sa richesse de signes ici ralentie, atténuée et surtout encadrée.
Les photographies sont de l'artiste, Eden Morfaux, et donc il s'agit bien là de son point de vue sur son propre travail.
Que nous dit ce point de vue ?
D'abord toujours d'un peu loin, Eden Morfaux va chercher la ville, la pose au travers des vides des espaces jouant des grilles de l'architecture et ne se refusant pas sa réalité parfois poétique comme le camping-car qui offre son rêve de mobilité contre la fixité de la ville et l'errance de la sculpture de l'artiste qui se déplacera de point en point dans la ville de Gentilly comme on peut le voir sur cette carte postale :



















On remarquera que les localisations sont reprises au verso de chacune des cartes postales par ce même petit signe.
On perçoit aussi l'architecture un peu dure parfois mais qui par l'échelle de l'objet de Eden Morfaux démontre une qualité de la ville : des espaces disponibles. Cette ouverture du sol urbain, sa disponibilité à l'intervention sont ainsi affirmées par l'artiste. "il y a de la place" bien plus que "il y a une place". Faire de la place à la rencontre, à l'échange mais étrangement sur les cartes postales même de l'artiste, il y a du vide puisque rarement sur ces images les habitants ne sont visibles. Dans ce moment de l'image, la sculpture semble bien plus une œuvre minimaliste oscillant entre un Carl Andre désordonné, un Sol LeWitt amusé, ou un Rietveld inutilisé. C'est pourtant bien la qualité de ce vide qui fait le bonheur de ces vues sur la ville, la réjouissante possibilité d'un espace à entreprendre, un archipel, un eden.
Le lieu à la fois isolé et isolant, espace à la Robinson Crusoé qu'il faudra cultiver, user, donc vivre.
L'artiste en utilisant la carte postale comme moyen de partage de cette expérience doit vouloir l'offrir dans un média populaire que les habitants une fois encore pourront s'approprier. C'est l'occasion de trouver son lieu, de le partager et aussi de l'archiver dans les familles. C'est donc un bel objet éditorial dont il faut souligner la grande qualité d'impression et de composition.














































































Pour la dernière et grande pièce, le square Utopia, l'artiste détermine seul la forme et la proposition spatiale en travaillant également d'une manière forte la colorisation.
Cet orange fluorescent donne aux images une forte imprégnation d'artificialité comme s'il s'agissait d'imagerie informatique. J'ai d'ailleurs hésité longtemps devant ces images à croire en leur réalité physique. Les ombres violettes ont sauvé ma perception. Cette fois, des jeunes viennent animer le lieu immaculé et les sons des pas et des rollers résonnent jusqu'ici. L'échelle est humaine, les espaces proposés sont ici bien plus ordonnés presque comme un jardin à la française dont les topiaires auraient été remplacées par ces colonnes orangées. Une géométrie pour des corps libres qui se rencontrent, s'assoient, discutent, courent : la frénésie simple d'un jeu possible ou d'un repos.
Nous terminerons en remerciant Guillaume Grall pour cet envoi et nous signalerons qu'il a composé et mis en page le journal de cette intervention de Eden Morfaux en sachant comme à son habitude jouer des contraintes, des formes et des espaces de la pagination, écho parfait finalement aux espaces sculpturaux d'Eden Morfaux.

Le square Utopia est visible jusqu'au 16 septembre 2012 à Gentilly.
3ème édition
l'art dans la rue
2011/2012
Fabrique d'archipel
Eden Morfaux
http://www.edenmorfaux.com/a/

pour connaitre mieux le travail de graphiste de Guillaume Grall :
http://www.playgground.net/index.html

mardi 26 juin 2012

époustouflant, époustouflant Omicron


J'ai dans ma collection deux cartes postales de la halle du centenaire à Breslau. Je pourrais tout aussi bien écrire : j'ai deux cartes postales de la halle du centenaire à Wroclaw puisque la ville porte les deux noms. Cette halle est un monstre de l'histoire du béton. Construite au début du siècle dernier, elle est sans aucun doute l'une des constructions sans pilier intérieur la plus vaste jamais construite. Et, en plus,
elle est d'une grande beauté, surtout son intérieur.
Nous devons cette merveille technique et esthétique à l'architecte Max Berg.
Voici la première carte postale :



Cette édition A. Bröse de Breslau fut expédiée vers l'Allemagne sans doute juste avant les années 20 vu la qualité de l'objet postal. La bâtisse est prise dans son reflet, d'un peu loin et ne donne pas réellement la mesure de son ampleur architecturale. On notera le titre en allemand " Breslau Jahrhunderthalle ".
Beaucoup plus récente :



Cette très belle carte postale sans aucun nom d'éditeur doit dater du milieu des années trente. On retrouve la même nomination "Breslau Jahrhunderthalle". Nous sommes plus proches et la sensation de masse devient aussi plus réelle. On notera aussi que dans sa rigueur, l'ensemble est même un peu ennuyeux et pompeux, ce que la petite colonnade et sa sculpture d'entrée n'arrangent certes pas. Mais... attention, cela reste du moins avec ce que je peux vivre depuis cette image comme l'une des constructions les plus radicales et fortes sur un carton 10 x15cm !
Et voilà qu'hier, Claude m'envoie un lien vers le site de l'un de nos anciens étudiants, Romain Tardy.
(oui je sais Romain, ça fait longtemps !)
Sur ce site nous voyons et comprenons que ce dernier avec son collègue Thomas Vaquié ont réalisé une intervention spectaculaire à l'intérieur de la halle du centenaire. Et je dois dire que je suis resté bouche bée ! Cela porte le titre de O (omicron).
Il est bien loin le "son et lumière" de jadis ! L'alliance musique et jeux de lumières et d'images projetées est vraiment parfaitement accomplie. La manière dont les deux artistes ont réussi à la fois à respecter la colossale structure et à en tirer un parti à la fois formel et cultivé de références est surprenante et j'ose, époustouflante !
Vous allez être totalement renversé de votre siège et encore nous ne voyons qu'un film ! L'expérience dans le réel doit être absolument renversante !
Prenez le temps de bien écouter les protagonistes puis ensuite de regarder le petit film. Parfois Viméo rame un peu mais soyez patients, cela vaut largement le coup !
Attention ça commence, vous allez entrer dans l'étoile de la Mort, dans Tron version Metropolis, dans une mécanique visuelle puissante. Accrochez-vous !


O (Omicron) / Making of from Romain Tardy (AntiVJ) on Vimeo.



O (Omicron) from Romain Tardy (AntiVJ) on Vimeo.