dimanche 15 avril 2012

la donation de Monsieur De Barbarin : volume 4 !

Et revoilà Monsieur De Barbarin et ses belles éditions de cartes postales d'architectures contemporaines.
On trouve cette fois un nombre conséquent de cartes postales dans un format légèrement supérieur au 10 x 15 cm habituel ce qui va perturber un peu mon classement !
Mais cela n'est rien et profitons donc de cette édition. Toutes les cartes postales suivantes sont des photographies de Jacques Windenberger datées de 1987. L'éditeur est la Direction Régionale de l'Equipement et le Conseil Régional Provence-Alpes-Côtes-d'Azur. La série porte le titre de "Le Logement social en Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Viennent ensuite le lieu, le nom du site, le maître d'ouvrage et l'architecte !
C'est donc très précis et sérieux. Le photographe ne fait pas ici d'effet de manche, reste à sa place d'analyse, donne au bâtiment la chance d'être compris et bien vu. Parfois on devine pourtant quelques cadrages un peu plus audacieux mais qui jamais ne semblent fabriquer l'architecture.
Vous verrez que parfois ça sent vraiment les années 80 (matériaux : le carrelage en façade, citations post-modernes) et que c'est d'ailleurs amusant de voir que ce qui est si proche semble parfois déjà... un peu... loin. Il n'y a pas dans cette série de constructions monumentales, pas de star, juste des lieux de vie. L'architecture du trottoir d'à côté en quelque sorte, ce qui ne retire rien à ses qualités. Est-ce que les habitants de ces lieux ont eu droit à des cartes postales ?
Allons nous promener :


Chateauneuf-de-Grasse, Le cadran solaire, S.A H.L.M le Logis Familial, Michel Mazuet architecte.


Vitrolles, Croze, pour Arcade, Atelier 9 architecte.


Cannes, Les Rois Mages, O.P.H.L.M de Cannes et de la Rive droite du Var, Michel Brante architecte.


Toulon, le Toucan, S.A H.L.M le Nouveau Logis, J. Causse, F. Rigault, M. Benaim architectes.


La Garde, les Boutons d'Or, SAGEM, Anne-Marie Bouge, architecte.


Briançon, Le Barry 1, S.A H.L.M Aedificat, Alexandrine Bres, architecte.


Marseille, Les Mûriers, LOGIREM, Mario Fabre architecte.

La série suivante est quasiment identique sauf qu'il s'agit cette fois des constructions publiques.
Toujours Jacques Windenberger à la photographie et la Mission interministérielle pour la Qualité des Constructions Publiques, aide à l'édition. L'ensemble est daté de 1987 également.


Marseille, l'hôpital de la conception, Assistance publique de Marseille, Ministère de la Santé, Paul Phelouriat, architecte.


Miramas, le lycée théâtre, Syndicat d'agglomération nouvelle du nord-ouest de l'étang de Berre (ouf !), Jean-Jacques Morisseau, architecte.
On remarque le détail de l'effet de ruine du haut de la tour... 3 cartes postales !



Six Fours, lycée professionnel La Coudoulière, SICLEP, éducation nationale, Daniel Badani Maître d'ouvrage, Pierre Roux-Dorlut, Jean Parente, Maurice Sauzet, Jean-Louis Duchier, architectes.


Nice, la nécropole de la Plaine du Var, Ville de Nice, Georges Marguerita architecte. Il semble que cette nécropole ait servi de lieu de tournage pour le film Beau Rivage de Julien Donada. Je me trompe Julien ?


Solliès-Pont, le collège, SIVOM de la la vallée du Gapeau, Siame et Besson, architectes.


Contes, le collège, Syndicat intercommunal des Vallées du Paillon, François Druet, architecte.


Risoul, la Mairie, commune, Marc Popesco, Claude Duchemin, architectes. D'ici, j'aime bien ça.


Avignon, la médiathèque, Béatrice Douine, Jacques Prunis, architectes.

Dans l'envoi de Monsieur De Barbarin figure aussi un superbe dépliant en accordéon qui rappelle ceux des boutiques de souvenirs regroupant des cartes postales.





Ici, ce dépliant agit comme un superbe ouvrage sur Le Corbusier et la couleur ! On le doit à Thierry Durousseau qui, au dos des pans colorés dans les tons de le Corbusier, nous fournit une belle et riche analyse de l'utilisation, de l'invention de la gamme chromatique chez Corbu.
Si seulement j'avais eu cela avant de commencer mes cadres pour Piacé-le-Radieux...
Enfin, je vois que je ne me suis pas trop trompé je crois !
En tout cas, cette édition est certainement l'un des plus jolis objets éditoriaux sur Le Corbusier.
Je conseille à tous les Aficionados de se le procurer !
Me reste à remercier vivement Monsieur De Barbarin une nouvelle fois pour tous ses envois généreux qui enrichissent ma collection et au-delà la réflexion à porter sur cet objet de communication pour les architectes, l'architecture et les institutions, que représente la carte postale.
Une fois de plus, la qualité éditoriale et la richesse documentaire forment un champ d'exploration pour l'analyse de l'architecture et de sa représentation.

725
Le Corbusier
portraits de villages en Provence
Thierry Durousseau
les éditions générales
C.A.U.E 13
isbn 2-912074-13-4
10 euros
achetez-le !

samedi 14 avril 2012

généalogie Novarina

Une nouvelle fois, je vais évoquer une famille attachante que le hasard et le goût me font régulièrement croiser : la famille Novarina.
Sur ce blog nous sommes particulièrement attachés à l'œuvre de Maurice Novarina, l'architecte. Il y a peu nous avons pu nous réjouir de la belle tour CILOF et la gare de triage (à droite) vous donnera l'occasion de revenir sur le travail de l'architecte.
Je vous donne l'occasion aujourd'hui de découvrir cette nouvelle carte postale de l'une des œuvres les plus attachantes de cet architecte :


La buvette Cachat à Evian-les-Bains est une architecture dont la légèreté, presque le désir d'évanescence, est remarquable. Une sorte de boîte de verre couverte d'une feuille fine interroge admirablement la question de la disparition architecturale, son évanouissement. Cette édition Gil nous permet par sa vue de nuit de nous donner à voir la structure des béquilles de Jean Prouvé et dans mes cartes postales de cette buvette c'est bien la seule à offrir une telle clarté de sa structure tendue et équilibrée, chef-d'œuvre sans aucun doute de technique métallique.



La carte postale fut envoyée en 1959 (!) donc très tôt après sa construction. L'architecte Novarina est bien nommé mais pas Jean Prouvé. Certainement l'une de mes plus belles cartes postales de ces deux grands architectes et ingénieurs.
Je vous donne quelques images d'Architecture d'Aujourd'hui de 1958, revue n°75 qui consacra une double page à la buvette et même des photographies en couleurs ! La mise en page de l'article est aussi d'une grande beauté.




Mais il se trouve que j'ai reçu un message puis un envoi de Virgile Novarina le petit-fils de l'architecte. Celui-ci me confie qu'il possède à son tour une belle collection de cartes postales des œuvres de son grand-père (je jalouse cette collection !) et me fait le grand plaisir de m'envoyer cet ouvrage :


Dans Maurice Novarina Dessins et Peintures, Virgile a réuni une très grande partie de la production graphique de son grand-père. Je ne connaissais pas cette partie du travail de l'architecte, travail pourtant prolixe et varié.
Ici, l'hommage à Le Corbusier est total :







Voici une carte postale Combier de cette même église de Vongy qui nomme bien Monsieur Novarina comme architecte.



Le livre retrace pas moins que la période de 1928 à 2002 ! On voit un homme libre, se laissant prendre par les influences de son époque, les modelant, ne se refusant aucune tentative et jubilant des couleurs, des lignes, des espaces. On devine là un impérieux besoin, sans doute un contrepoint à l'architecture mais avec un écho léger à son travail. C'est d'une grande liberté et toujours d'une grande jeunesse, presque parfois une candeur.
On sent là, comme chez Le Corbusier, un désir d'être un artiste complet exerçant sa main et son œil pour que sans doute les analyses du paysage et du monde forment un vocabulaire ouvert, une sorte de terrain propice à la justesse.
On dira un équilibre personnel.
Je me dois donc de remercier vivement Virgile Novarina pour cet envoi et son attention à ce blog. Il va de soi que dès que les cartes postales m'en donneront l'occasion, j'évoquerai ici Maurice, Valère, ou Virgile Novarina.

Maurice Novarina, dessins et peintures
éditions du centenaire
2007
isbn : 2-915460-49-3

Pour connaître un peu mieux Virgile Novarina : les endormis, France Culture

Pour ceux qui n'auraient toujours pas rencontré l'écriture de Valère Novarina, je me permets de vous conseiller : le Drame de la Vie, chez P.O.L éditeur. Vous ne verrez plus et n'entendrez plus la langue française de la même façon !

Et pour que la famille soit au complet, visitez le site consacré à Madeleine Novarina.

vendredi 13 avril 2012

cadeau Bonux

Trois architectures très différentes, trois programmes, trois lieux.
Mais chacun d'eux offre des plaisirs ludiques à leurs pieds.
Cela me suffit pour les réunir.
Tu viens jouer ?



Cette carte postale Raymon éditeur fut expédiée en 1985 mais à l'évidence est bien plus ancienne. Nous sommes à Franconville devant le complexe sportif et patinoire.
Une succession de triangles fait la façade moderne dans certainement une structure en lamellé-collé.
J'aime bien. Aucune information sur l'architecte.
Mais j'aime bien cela aussi :



Cette autre structure de bois et de métal fait un praticable bien beau, sculptural. Et il semble que les adultes s'y amusent autant que les enfants !
Ne jamais oublier en architecture les plaisirs d'arpenter les structures !



Une barre longue percée dit-on comme une fiche informatique offre bien un jeu plastique puissant et infini.
Nous sommes à Villeneuve-la-Garenne au pied de la Caravelle. La carte postale Eurolux nous donne même les noms des architectes : Appert, Herbé, Lecouteur et Grandpierre.
Elle ne nomme pas Jean Dubuisson qui semble pourtant bien l'architecte principal, du moins celui que l'histoire de l'architecture aura retenu. Pourquoi cet oubli ?
Cette architecture n'existe plus. Je veux dire plus ainsi, puisque Roland Castro l'a brisée en petits morceaux néo-art-déco. Il a gonflé la barre en la brisant. C'est un exploit. Attention !
Je ne suis pas cynique. Je ne sais rien de comment on vivait et comment on vit maintenant là, à Villeneuve-la-Garenne.
Vous le savez, mon défaut vient de mon goût pour les images. Vous trouverez dans cet article de Philippe Mangeot, les avis et l'histoire de cette transformation.
C'est vrai, je reconnais aimer cette image. Aimer cette grille. Et Monsieur Castro a cru certainement bien faire. Tous les architectes croient bien faire (enfin j'espère). Mais dans notre guide d'architecture contemporaine en France, notre guide vénéré et usé jusquà la corde de sa reliure, Dominique Amouroux nous livre pour Villeneuve-la-Garenne, certainement l'un de ces plus incroyables et lyriques articles. Je vous conseille vivement de lire ça et je lui accorde tous crédits. C'est une sorte de cadeau Bonux de ce post !







à la montagne :



Nous sommes aux Arcs grâce aux éditions Combier. Le photographe a compris une nouvelle fois qu'il pouvait tirer parti du premier plan coloré et géométrique offert par les jeux des enfants.
Il anime là de formes solides le paysage très réussi de cette architecture que l'on doit, selon Combier éditeur à l'Atelier d'Architecture des Trois-Arcs. Et c'est beau l'architecture ainsi photographiée parce qu'elle n'est pas camouflée derrière un sapin.
Elle assume sa puissance de fermeture, sa construction du paysage que les reflets des ouvertures dans leur organisation implacable modulent en plein de fragments de ciel. Ici à n'en point douter, les adultes comme les enfants ont trouvé des structures à arpenter, des jeux de déplacements, des subtilités de parcours.
Vous retrouverez ici et ici déjà des cartes postales affirmant cette possibilité.






jeudi 12 avril 2012

URGENCE ABSOLUE à Vélizy-Villacoublay



Des menaces terribles planent au-dessus d'une des œuvres majeures de Claude Parent et Paul Virilio à Vélizy-Villacoublay.
L'usine et le centre de recherche de Thomson-Houston aujourd'hui Thales sont menacés de destruction et des panneaux annoncent déjà sa chute.
Comment une mairie peut-elle laisser un tel ordre de destruction se réaliser sur une œuvre pourtant importante de ce duo d'architectes alors même que leurs travaux et particulièrement ceux de Monsieur Parent connaissent aujourd'hui une politique de classement, une reconnaissance nationale et internationale ?
Les institutions du Patrimoines (D.R.A.C Île-de-France), les associations de défense de l'architecture moderne et contemporaine, les amateurs d'architecture, les architectes, toutes les énergies doivent se mettre au service de la protection du centre de Recherche Thomson-Houston de Vélizy-Villacoublay.
C'est une URGENCE ABSOLUE !

Signez cette pétition ! (c'est gratuit et indolore !)



Je sais que vous êtes tous, lectrices et lecteurs de ce blog, des passionnés de cette architecture. Passez un bon week-end en ayant fait une bonne action !
MERCI ! Je compte sur vous !

Vive l'architecture moderne ! Vive le Brutalisme !

Les photographies ci-dessous sont tirées du catalogue de l'exposition "Claude Parent, l'œuvre construite, l'œuvre graphique" Cité de l'Architecture et du Patrimoine 2010 HYX éditeur et sont de Pierre Berrenger.


Pierre Berrenger, Photographe.



Pierre Berrenger, photographe.



Pierre Berrenger, photographe.

mercredi 11 avril 2012

Conférence demain

Je vous invite à me rejoindre demain à 18h30 au Musée Français de la Carte à Jouer d'Issy-les-Moulineaux pour une conférence sur ce blog.
C'est l'occasion de se rencontrer, de se revoir, de discuter.
Venez nombreux !
C'est gratuit et il y aura distribution de cartes postales militantes !
A demain donc !

la France d'en bas (des immeubles)

Par trois fois, des photographes de cartes postales sont venus au bas des immeubles, cadrer la vie d'ici.
Ils ont trouvé un parking, une façade filante bien difficile à saisir dans un ensemble, parfois coupant le point de fuite par une autre barre.
Pourtant, sans jugement de valeur, juste pour offrir à ceux qui vivent là l'occasion de s'y reconnaître, de faire d'un lieu de vie une image possible.
D'abord...



La carte postale Lyna nous montre la résidence du Luth à Gennevilliers. Cette carte était une exclusivité de la Presse-Papeterie-Cadeaux-Tabac (ouf !) de Mr Brisset.
On remarque un Caddie abandonné et un ciel d'une artifice inouï. L'un va bien avec l'autre.
Puis...



Le centre H.L.M de Baignet-les-Tournelles à Chelles en Seine-et-Marne. Les éditions Mage nous donnent deux noms d'architectes : Messieurs Bauve et Nicolas.
Ils ont particulièrement bien dessiné le béton des garde-corps. Ils y ont mis toute la modernité...
Sur le parking, les caravanes tiendront leurs promesses de vacances à la Grande Motte et les 2CV Citroën en attendant font bien leur boulot pour la France qui se lève tôt.





Enfin...



Sur le plateau de la Duchère à Lyon, le bâtiment SACVAL se donne à voir dans un noir et blanc bien... gris.
La façade encaissée, les premiers niveaux comme sous une colonnade, l'escalier desservant le demi-niveau, la répétition, la répétition, la répétition, la répétition de la grille vers l'infini du point de fuite.
Reste le brillant de la carrosserie d'une 403 et les feuilles jeunes et frêles d'arbustes qui ne désirent que croître contre la falaise de béton.


mardi 10 avril 2012

de la peinture moderne (presque)

Voilà un cas vraiment intéressant.
En même temps on verra qu'intéressant ne veut pas forcément dire beau...



Cette carte postale du Centre Pompidou est une reproduction d'une peinture de M. Legendre aux éditions Krisarts (1981).
Et là, c'est le choc !
D'abord bien évidemment par le style de la peinture dont on devine l'habitude de peindre plus certainement les mamelons gonflés de Montmartre que de l'architecture moderne. Ensuite parce que l'objet peint abrite lui-même l'avant-garde picturale et subit ainsi une sorte de retournement fond-forme assez saisissant !
Monsieur Legendre le peintre pourtant joue sa carte stylistique avec vigueur dans une sorte d'imitation grise d'un post-post-impressionnisme rejoint de manière fatale (hélas pour lui) par une naïveté d'effets picturaux éculés.
Mais ...
Car, vous vous doutez bien que je ne prendrais pas cinq minutes à défendre cette œuvre s'il n'y avait pas un mais...
On remarque sur cette peinture un élément incroyable c'est le Diatope de Monsieur Xenakis et ici, sur cette peinture, il est représenté à un moment tout aussi incroyable : sa construction !*



On peut donc malgré la qualité relative de cette peinture lui rendre grâce d'avoir su enregistrer ce moment ! Aucune autre carte postale dans ma collection ne me montre ainsi le Diatope. On devine même les drapeaux flottants de Radio-France !
Comme quoi, un document malgré des qualités redoutables peut tout de même porter des informations étonnantes : ici la structure de l'œuvre éphémère de Monsieur Xenakis.
Enfin reste à relativiser le réalisme de cette représentation...
D'ailleurs est-ce d'abord une représentation du Centre Pompidou ou une représentation de la peinture de Monsieur Legendre ?
Je vous laisse y répondre avec les empâtements, les rehauts et la gamme chromatique du peintre et aussi une certaine forme de tendresse...

* et si, vu la date de l'édition, il s'agissait du démontage ?...