lundi 12 décembre 2011

de Paris à New York avec Monsieur Sasek

Pour une fois je vais faire un article transversal allant du site architecture de cartes postales à celui sur mon travail de lithographe.
Non pas par goût de la dispersion mais simplement parce que je crois, que des deux rives de mes intérêts et des vôtres nous pourrions bien nous amuser avec les livres de Monsieur Sasek.
Les deux albums que je vous propose de voir sont certainement parmi les classiques de l'enfantina des années 50-60 et viennent d'ailleurs d'être réédités. Mes deux exemplaires ici sont de 1960 par Casterman.
On y voit Paris et New York traduits par Mioroslav Sasek qui, au lieu d'échapper aux clichés semble volontairement les appuyer, les déterminer comme pour bien faire comprendre à l'enfant lecteur les codes de chacune des deux villes. On y retrouve donc ce qui fait une ville pour un touriste ou pour un rêveur qui souhaite aller voir et confirmer son rêve dans des images tendres et sans violence. Le trait est serré, minutieux, totalement de l'époque. Les couleurs à l'aquarelle sont transparentes et légères et se posent en petits fragments comme des vitraux. Les personnages ont le sourire, heureux d'être ainsi des personnages si parfaits.
Beaucoup de blanc dans les pages, et l'artiste s'amuse des doubles pages et des hauteurs surtout pour New York. Je ne sais pas si Monsieur Sasek est allé vraiment dans les deux villes ou s'il a parcouru des guides, des cartes postales mais il sait bien entre les deux cités nous faire sentir les espaces et l'atmosphère.
Ce sont de belles promenades graphiques, parmi même les plus belles.
Sans doute que l'on se trouve ici entre le Paris de Sempé et le New York de Saul Steinberg.
Je garde mes deux exemplaires, malgré leurs petits défauts, avec jalousie.
On va voir ?
Paris !










Un fort des halles bien sanguin !

Sasek trouve une solution quand le monument est trop grand !



Tout Paris dans ce caniche !


New York !


le monsieur doit être Monsieur Sasek lui-même !








toute la largeur d'un livre pour un camion de pompiers !





Et revoici l'artiste !

dimanche 11 décembre 2011

Royan entre deux dates

Où en était Royan le 20 juillet 1955 vers 6h30 ?
Il suffit de regarder cette carte postale des éditions Combier !
Nous sommes en avion et cette photographie véritable permet de saisir l'avancement du chantier de la plus belle ville du Monde.



Évidemment vous me direz que cette carte postale peut bien être antérieure à la date d'affranchissement mais franchement on ne doit pas être bien loin.
Regardons en détail de la mer vers la ville.



D'abord le portique et les immeubles attenants ne sont pas achevés et aujourd'hui cette ouverture correspond à la situation actuelle suite à la destruction du balcon sur la mer.



Un peu plus à gauche et on retrouve encore le front de mer qui n'est pas terminé. Si on se tourne vers l'église on ne la trouve pas !



On voit parfaitement son emplacement mais rien ne laisse présager sa présence, aucun signe de chantier.
Le boulevard Aristide Briand est lui bien construit et apparaît dans sa globalité avec tous ses aspects. Il forme une sorte de colonne vertébrale au chantier de la reconstruction.
Mais au bout...



...le marché n'existe pas encore !
Il y a même à sa place encore des maisons qui ne sont pas tombées.
Pour le reste, tout un ensemble de petites constructions qui évoquent le Royan d'avant-guerre dont on pourrait avec patience établir leur maintien ou leur disparition programmée par le nouveau plan d'urbanisme.
La ville se réveille doucement de son traumatisme et en profite pour faire peau neuve, celle d'un modernisme avoué et affiché qui fera sa grandeur, sa désaffection et son retour.
Une ville prise dans l'histoire de l'architecture, une ville à sauver à nouveau.
Mais pour dire la joie de vivre à Royan, pour dire le ciel ensoleillé et l'unisson d'un bonheur de vacances quoi de mieux que son auditorium ?



Sa courbe comme une oreille brésilienne moderne doit avoir une fonction sonore, envoyer la musique vers les auditeurs tout en protégeant du soleil les musiciens.
Sur la placette vide seulement occupée par une silhouette bleue en appui, des barquettes de fleurs font semblant de s'épanouir.



Au font, le front de mer, superbe sans l'envahissement des terrasses illicites en regard des lois de l'architecture moderne, donne à voir sa polychromie audacieuse, sa géométrie aboutie.
Comme si ici, dans le cadre d'une carte postale Elcé, Oscar Niemeyer côtoyait Auguste Perret.
Nous sommes cette fois aux alentours du 27 juillet 1962 à 10h.
Le cachet de la Poste fait foi et histoire.

samedi 10 décembre 2011

Aillaud color color

Aujourd'hui nous ne ferons pas de découverte mais nous tournerons encore un peu au pied des belles tours d'Emile Aillaud à Nanterre.
Il semble que la production de cartes postales concernant cette architecture soit bien fournie et que les photographes et éditeurs aient trouvé là un "spot" intéressant et certainement aussi un marché car cet ensemble de logements par le nombre de ses habitants suffit à lui seul à justifier l'édition de cartes postales.
Alors réjouissons-nous simplement une fois encore de la polychromie, de la forme, de la poésie de cette architecture qui tente de rivaliser, de s'arc-bouter au paysage et plus certainement même à l'inventer.
Voyons :

Dans un premier plan touffu, presque chargé, dont les verts se bouchent un peu d'ombres, on devine un jardin trop planté.
Surgissant d'un peu au loin mais tout de même avec vigueur, voici les tours de Monsieur Aillaud. Elles tentent dirait-on de faire le lien entre le ciel et la terre et on ne sait plus si les couleurs montent ou dégringolent.



La photographie est de J.-N Duchâteau, photographe chez Raymon et grand marcheur de banlieue parisienne. La carte postale est éditée en Raymoncolor.
A gauche on devine les constructions également polychromes de Monsieur Kalisz.



Voyons encore :


Plus serein, plus clair et aussi sans doute plus ennuyeux, le premier plan de cette carte postale Lyna en Lynacolor qui nomme l'architecte. Un petit parc au cercle fleuri, des constructions basses un peu ternes vues d'ici servent de promontoire, de socle à l'horizon hérissé des tours de Monsieur Aillaud. Pas de doute ici, c'est le bleu du ciel qui est visé, c'est l'ambition colorée des tours.



On admirera en effet, comment ici le blanc et le bleu se rassemblent pour tenter à la fois d'alléger les tours (désir de disparition ?) et les magnifier en faisant vibrer les tons. En fait, comme des nuages percés de fenêtres.
On reconnaîtra là le beau travail de Ralf Walter le photographe que nous commençons à bien suivre sur ce blog.
Il y a encore certainement d'autres très belles vues de ces tours, d'autres qui nous feront encore croire à la beauté de cette architecture.

jeudi 8 décembre 2011

Jean-Pierre Laporte designer par Karoll Audibert

Hier matin dans ma boîte aux lettres une grosse enveloppe mystérieuse et totalement inattendue.
A l'intérieur un livre, un bonnet de bain pour piscine Tournesol et une lettre d'un correspondant de moi inconnu.
Le correspondant :
Il s'appelle Karoll Audibert, vit à Montpellier, il est graphiste et trouve à juste raison que nous avons de nombreux points communs comme le goût de la photographie en relief (stéréoscopie et surtout pas "3D") les piscines Tournesol, le design et l'architecture. Même Antigone de Monsieur Bofill semble pouvoir nous rassembler, c'est dire !
Le livre :








Passionnant ! Il s'agit d'un très beau livre sur un designer pour ma part inconnu Jean-Pierre Laporte et sur sa production entre 1965 et 1975. Et on se régale ! Karoll Audibert son auteur, nous offre là une occasion unique je crois de reconsidérer ce travail avec un bel enthousiasme et une qualité éditoriale vraiment superbe qui va du travail de graphiste au choix des couleurs et aussi, et j'y suis sensible, des papiers. C'est l'exemple parfait qu'un travail acharné autour d'une œuvre peut produire un bel ouvrage. Les amoureux des années Pop et Seventies vont écarquiller les yeux d'envie ! (Suivez mon regard !)
J'ai évidemment cherché une correspondance avec des cartes postales mais je n'en ai pas encore trouvé. Cela viendra bien !
Le bonnet de bain :



Vous pouvez ainsi me voir, magnifiquement chapeauté, d'un bonnet pour la piscine orné d'une représentation d'une piscine Tournesol ! Mais où est mon maillot ?
Alors je remercie vivement Karoll Audibert pour cet envoi et je vous invite tous à vous procurer son bel ouvrage si vous vous intéressez au Design (et c'est le cas).
Pour ma part, il ne fait aucun doute qu'à ma future visite de Montpellier, j'irai rencontrer bonnet sur la tête Karoll Audibert !

65/75
Jean-Pierre Laporte
Dix ans de création
Karoll Audibert
éditions Edouard Edwards
isbn 978-2-7466-2357-6
octobre 2010

l'édition semble à petit tirage, dépêchez-vous ! Il n' y en aura peut-être pas pour tout le monde !
pour commander le livre :
pour découvrir le travail de Jean-Pierre Laporte :


mercredi 7 décembre 2011

les Tournesols dedans dehors

Il y avait bien longtemps que je ne vous avais montré des piscines Tournesol.
Voici trois nouveaux épisodes.
On fera vite car on commence à bien connaître cet étrange objet architectural que l'on doit à Monsieur Schoeller.
On s'amusera encore pourtant d'une sorte de séquence possible allant de la vision de loin vers l'intérieur puis vers le jardin avec pourtant trois piscines venant de trois lieux différents.



On commence d'un peu loin, perdu au milieu d'une végétation luxuriante laissant juste apparaître la piscine Tournesol de Raismes. On dirait que les extra-terrestres viennent de se poser et qu'on les surprend à l'atterrissage !
Les éditions Pierron ne nomment pas l'architecte et la carte postale n'est pas datée.
Depuis l'intérieur du vaisseau :



La carte postale Artaud nous montre bien la belle structure de la piscine de Chatelaillon et aussi les beaux ensembles des cabines et de l'accueil tout en plastique moulé.



N'oublions pas aussi cette qualité du traitement intérieur des piscines Tournesol. Ici l'image est pleine de vie. Une leçon de natation sans aucun doute sous l'œil avisé d'un public assis au bord du bassin. Le rai de lumière venant de la gauche nous indique que la piscine est en position entrouverte ce qui est confirmé par le petit croissant sur la structure en hauteur. Et ici Monsieur Schoeller est nommé comme architecte de Paris !
Prenons l'air :



Cette très belle carte postale, pleine de vie est une édition André. On regardera comment la pataugeoire reprend le cercle de la piscine dans ce très beau cadrage sur l'intérieur ouvert.


Le geste du garçon qui regarde le photographe et semble lui indiquer quelque chose (?) est aussi très rigolo. On remarque que la scène est bien animée également par le jeu des regards des adultes qui tantôt regardent l'enfant tantôt regardent le photographe. Tous savent que ce moment sera arrêté pour l'éternité photographique, dans un moment de conscience de l'image partagée.
On s'amusera aussi du joyeux bordel de serviettes et autres accessoires de bain éparpillés dans l'arrière plan !
Une très belle carte postale de la piscine Tournesol de Moirans expédiée en 1997.



lundi 5 décembre 2011

la fonction est oblique et le ciel est bleu.

On pourrait se contenter déjà d'une seule carte postale de l'église Sainte Bernadette du Banlay et s'étonner que, finalement, il puisse exister une telle carte postale de cette extraordinaire architecture.
Les fidèles de ce blog savent qu'ici on a déjà bien parlé de cette église à travers des cartes postales et autres documents et on connaît la passion (oui) qu'on porte à l'ouvrage.
Mais voilà qu'un détail, un rien, un geste atmosphérique, peut produire une nouvelle lecture d'une image.
Je viens de recevoir cette carte postale :



Et vous connaissiez déjà celle-ci :


Mais quoi me direz-vous ?
Eh bien le ciel.
Pourquoi l'éditeur de cette carte postale de l'une des églises les plus remarquables a-t-il jugé nécessaire de refaire le ciel ?


Pourquoi ainsi le nettoyer des nuages ? En quoi cet élément atmosphérique gêne-t-il la perfection de l'architecture ?
Pourtant le béton lui n'est pas retouché. La falsification du ciel, élément symbolique s'il en est pour Sainte Bernadette, ce bleu si Virginal, couleur de la Sainte Vierge se doit-il coûte que coûte d'être un aplat parfait pour découper le lieu de culte dans sa forme comme Matisse avec ses ciseaux découpait ses gouaches ?
Est-ce un signe du ciel ?
Le nuage serait l'image d'une faute à réparer, d'un péché à pardonner. Rien ne devrait entamer la montée au ciel de la parole prononcée ici.
Surtout, je crois pour l'éditeur qu'il faut qu'il fasse beau. Beau pour la visite, beau pour l'image. Il faut au moins qu'il fasse beau. Tout est dans ce au moins.
Pourtant Sainte Bernadette du Banlay est belle sous le bleu, sous le gris. Et lorsque l'eau de pluie dégouline sur ses flans c'est un peu comme des cascades grises qui ruissellent dans des grottes et dont malgré le voyage de l'eau dans la terre, on ne peut prendre en défaut la pureté.
Et voici que l'éditeur, dans les deux éditions successives n'a pas cru bon de corriger sa faute d'orthographe du nom de monsieur Virilio puisqu'il y ajoute un T final.
Une forme de Parent T.