samedi 9 juillet 2011

Corbu campagnard et contemporain

Nous avons déjà évoqué ici le travail remarquable de Nicolas et Marie à Piacé-le-radieux.
Comment ils arrivent à projeter le rêve de Le Corbusier dans un espace où rien ne fut construit.
Ils font du fantôme de la ferme radieuse la réalité d'une action menant à la fois le goût pour l'architecture, le design et l'art contemporain.
Voici que Nicolas m'envoie gentiment la nouvelle série de cartes postales éditées par l'association.
Je vous en fais part évidemment.
On commence par l'architecture avec cette carte postale nous montrant les maquettes réalisées par les étudiants de Tadao Ando, maquettes des habitations de Le Corbusier. L'ensemble fut présenté à Piacé :

Une céramique de Norbert Bézard qui fut à l'origine de la réflexion de Le Corbusier sur une ferme radieuse :



Une sculpture de Lilian Bourgeat, entre N. Hérisson et M. Duchamp, 2011 :



Certainement que, par les jeux de mots et renvois possibles entre les deux patronymes l'artiste s'amuse d'une référence bien connue....
Enfin, un très beau tracteur de bois ! On le doit à Pascal Rivet. La pièce s'appelle New Holland.
C'est sans aucun doute une très belle pièce !



Un regret : j'ai oublié cette année de vous parler de la Quinzaine Radieuse et de sa programmation... honte à moi !
Vite prenez rendez-vous pour l'année prochaine !
Et surtout Adhérez !


vendredi 8 juillet 2011

dans le paysage... oubliée

Voilà un cas bien particulier et qui dit beaucoup de la relation entre image, nomination et architecture.
Regardez cette carte postale :


Que voyez-vous ?
Une vue aérienne d'un établissement tout en longueur dans un parc boisé aux alentours d'une cité hlm.
On comprend, sans aucun doute, que l'objet de cette photographie aérienne est bien cette bâtisse toute en longueur.
Mais ce qui est totalement surprenant c'est que cette bâtisse est un lycée et un lycée qui porte un nom bien célèbre pour nous amateurs d'architecture : Le Corbusier.
Il s'agit bien du lycée Le Corbusier à Poissy.
Mais quoi ?
Poissy... je vous dis... regardez bien encore...
Allez je vous donne un détail :


Alors ?
Oui ! Il s'agit de la Villa Savoye !
Nous avons donc une photographie aérienne d'un bâtiment de le Corbusier nommé par un bâtiment qui n'est pas de Le Corbusier et même qui le place dans une grande indifférence !
C'est étonnant non ?
Pourtant ce lycée porte bien ce nom à cause de sa proximité avec la célèbre Villa de l'architecte ! On voit d'ailleurs comment ce lycée a mangé l'espace autour de la Villa, et presque digéré !
Aujourd'hui on devine à peine ce lycée derrière la haie plantée autour de la Villa Savoye...
Mais ce qui est encore bien plus amusant c'est que ce lycée n'a pas l'honneur d'avoir d'architecte ! L'éditeur Ruyant Production ne pense pas que cela soit nécessaire...
Cela dit tellement de l'indifférence pour la villa Savoye encore à cette époque. La carte postale n'est pas datée mais elle pourrait bien être de la fin des années soixante.
Alors si vous connaissez le nom de l'architecte du lycée Le Corbusier...

jeudi 7 juillet 2011

arlequin 9


- Allez... quoi... raconte !
- Bon c'était à la piscine d'Antony, un gros bâtiment assez curieux mais pas très beau.
Il est passé à côté de moi et je ne sais pas, un truc dans l'air, un regard et j'ai compris.
- Et...
- Oh ba rien d'extraordinaire, tu imagines, lui, moi, les douches, les cabines et puis tu es bien curieux...
- Qui a lancé la conversation hein ?
- Bon d'accord d'accord mais toi ?
- C'est un peu plus... exotique...
- Ah oui ?
- En Suisse...
- Non !


- C'était il y a longtemps maintenant, j'étais en séjour avec les parents, tu imagines bien, on faisait les musées, les panoramas enfin toutes ces conneries et puis tout de même il y avait l'exposition nationale suisse à Lausanne.
- Ah oui..
- Oui un machin touristique, des pavillons de tous les pays tu vois le genre... des constructions les plus débiles, les plus étranges les unes que les autres... bref je m'emmerdais...
- Mais quoi...
- Voilà : Mes parents me laissèrent en toute confiance dans le secteur du port et là eh bien il y avait de la jeunesse...
- Mais encore...
- Un groupe de Polonais...
- Non !
- Si ! et des pas mal si tu vois ce que je veux dire, enfin tu vois sportifs, venus faire de l'escalade et tout ces trucs pour types musclés.
- Tu es bien long.
- Justement...
- Arrête !
- Un peu vite, on a parlé en anglais, on a regardé les muscles...
- T'es un marrant toi !
- Eh tu veux que je raconte oui ou non ?
- Hum ouais... je ne suis plus si sûr...
- ah ba... faut savoir... enfin c'est un bon souvenir...
- Tiens voilà Gilbert...
- Vous parlez de quoi ?
- La première fois...
- ?
- Ben oui la première fois... quoi...
- C'est amusant...
- Oui... enfin...
- Et toi Gilbert ?
- Je t'ai déjà raconté ça cent fois... d'ailleurs tu étais avec nous enfin je veux dire en vacances avec nous...
- ça se corse...
- C'est le cas de le dire c'était en Corse au Club Med de Cargese.


- Et...
- On avait fait, ne riez pas, l'atelier "cerf-volant" le matin. On s'était un peu cherché tu vois, gentiment. Et puis on se connaissait de l'année d'avant.
- Alors ?
-Ba c'est tout. Je ne vais pas te raconter tous les détails tout de même surtout que ce n'était, à vrai dire pas très brillant... dans les bungalows du Club pendant que les parents étaient à la soirée bridge, depuis j'adore le bridge !
- Tu m'étonnes !
- Non mais ! ah !
- Mais ce que vous ne savez pas c'est que je l'ai revu... eh oui !
- Comment ça ?
- Dans un bled, Courtaisson ou Courthézon. Tu sais avec mon métier je fais tous les hôtels-restaurants de France et pas les meilleurs...


- Te plains pas, raconte.
- Je commande dans le resto un déjeuner et je vois arriver qui ? Mon gaillard de Corse !
- Là, je ne te crois pas !
- Si si pourtant c'est vrai ! Et même que...
- Non ? Encore !
- Eh oui... Après le service. Mais je suis repassé là il y a un mois et il avait disparu... J'étais un peu triste, les patrons m'ont dit qu'il était parti pour un hôtel à Perros-Guirec "le verger " je crois...



- Ce que je crois c'est que j'en connais un qui ne va pas être long à aller cueillir les pommes !
- Toi t'es trop fort ! Tu en inventes de ces histoires...
- Eh dis, on te connaît assez !
- Bon, qui vient avec moi demain ?
- Tu vas où ?
- Me baigner.
- J'en suis.
- Moi aussi.

Antony-la piscine
édition Abeille-cartes pour Lyna.

Exposition nationale suisse, Lausanne
30 avril-25 octobre 1964
secteur du port et tour Spiral de nuit
édition Perrochet

Cargese (Corse)
village de vacances
Club Méditerranée de Chioni
édition la Cigogne

hotel-restaurant porte des princes
Courthézon;
édition Marcel Porte

Perros-Guirec
"le verger" hôtel
édition d'art Jack

Merci à Claude pour les cartes.

mercredi 6 juillet 2011

fortune critique du classement du centre commercial de Monsieur Parent à Sens



Incroyables retombées !
je ne pensais pas il y a deux ans que :

- j'obtiendrais le classement du centre commercial de Sens

- cela susciterait autant de retombées médiatiques !

Il faut croire que l'architecture moderne intéresse encore un peu la population. Mais je sais aussi que l'écart entre les termes monument historique, centre commercial et supermarché font aussi l'intérêt pour ce classement.
Il va de soi que c'est une grande joie de voir ainsi le travail de Monsieur Parent reconnu (il en a toujours besoin) et qu'une démarche citoyenne défendue et soutenue par des institutions nationales et régionales ( la DRAC Bourgogne) finisse par aboutir à la sauvegarde d'un chef-d'œuvre architectural.
Dommage que cela n'ait pas eu lieu pour la très belle Cité des Poètes de Pierrefitte-sur-Seine...
Je vous donne ici quelques liens pour suivre un peu l'information.
Je tiens à remercier ici les médias locaux qui ont toujours informé la population de ma démarche et tout particulièrement l'Yonne Républicaine et France 3 région.
Merci.











et d'autres encore à venir ?

mardi 5 juillet 2011

Si moderne, si loin.

Samedi, ma rabatteuse de cartes postales me mit celle-ci dans les mains en me demandant si vraiment cela pouvait m'intéresser :


Et comment !
D'abord j'ai été séduit par la belle régularité de la façade et par sa casquette sur le toit. Grande rigueur de lignes droites contrebalancées par la rotonde sur le devant venant s'articuler et dire une fonction différente. C'est un effet bien connu à l'époque et ce genre de construction est assez courant, on brise le parallélépipède par une courbe saillante.

un détail :

Puis j'ai aimé la qualité de la photographie au noir et blanc superbe dont les palmiers ponctuent à leur tour l'image. On doit cette carte postale et son cliché à Pep's (sic !) pour les éditions R. Richard et Compagnie à ...
Au fait, nous sommes à Conakry !
Nous sommes devant l'Hôtel de France qui est encore en "Guinée française ".
Une bien belle carte postale vous en conviendrez.
Mais voilà il s'agit aussi d'un hôtel qui a eu les honneurs par deux fois d'Architecture d'Aujourd'hui !
Il faut dire que les architectes et les participants à sa construction ne sont pas piqués des hannetons si vous me permettez ce langage.
On retrouve Gilles Lagneau, Michel Weil et Jean Dimitrijevic. Nous connaissons Monsieur Lagneau par chez moi pour le superbe Musée André Malraux du Havre
Mais on trouve aussi pour cet hôtel Charlotte Perriand pour les aménagements intérieurs et Jean prouvé pour les pièces en aluminium...
Rien moins...
Alors je vous laisse déguster cette pépite avec délice.
les photographies proviennent donc des N° 62 (1955) et 70 (1957) de la revue Architecture d'Aujourd'hui.
Presque comme la carte postale :







Actualités : ne manquez pas la superbe exposition sur Charlotte Perriand et la photographie au Petit Palais en ce moment à Paris.
les documents sont superbes, la scénographie limpide et le travail de Madame Perriand remarquable comme vous vous en doutez.

lundi 4 juillet 2011

la forme est mouvement

Il m'arrive encore de vouloir joindre une carte postale à un article de notre guide d'architecture contemporaine de Monsieur Amouroux.
Voici un exemple :


Nous sommes devant l'école nationale de ski et d'alpinisme à Chamonix grâce à cette carte postale Cap-Théojac en Mexichrome pour Iris.
Le photographe est resté curieusement derrière le porche d'entrée ce qui nous permet seulement de deviner les très belles formes de cette école.
Une tour un rien trapue s'enfonce entre de très beaux tripodes de béton blanc.
On devine tout de même depuis ce point de vue un travail de qualité à la manière dont se "cale" la volumétrie sous ces auvents spectaculaires.
L'ensemble est dû, et c'est notre guide qui nous en informe, au très grand architecte Monsieur Taillibert.
Mais laissons la parole plus informée et plus lyrique à Monsieur Amouroux et profitons une fois de plus des informations de ce guide :



Nous retrouvons notre école de ski dans le n°168 d'Architecture d'Aujourd'hui en 1973.
Les photographies (anonymes !) sont absolument superbes et donnent bien l'ampleur du dessin de Monsieur Taillibert.






dimanche 3 juillet 2011

Le futur avait raison

Voici une bien belle architecture et une bien belle carte postale :


Nous retrouvons un des lieux préférés de ce blog, "le Renouveau" à Beg-Meil par Monsieur Szekely architecte et sculpteur.
Ici on aime son travail parce qu'il a su donner au réel des formes que l'on croyait disponibles seulement pour l'imaginaire.
Et ce passage, cette transcription qui sont aussi une ambition se réalisent dans des lieux que l'on arpente, visite et vit comme les autres.
En fait, Monsieur Szekely comme Monsieur Haüsermann par exemple ont concrétisé l'utopie.
Chaque fois qu'il me sera possible, par le biais d'une carte postale d'évoquer leurs univers formels, je le ferai.
Cette édition Jos nous offre une belle image du lieu, bien cadrée avec une diagonale douce du terrain qui met au premier plan la grande demi-sphère de l'établissement.
On perçoit bien qu'ici le travail a aussi consisté à jouer des volumes fermés et ouverts alternant des blocs aveugles et des baies vitrées généreuses.
Oui, il s'agit d'une lubie de la courbe, d'une joie des sphères et oui c'est un rien naïf.
Du moins c'est ce que le registre formel pourrait laisser croire. Mais si la révolution de ce genre d'architecture ne tient pas dans une totale refonte de la fonction et de sa forme, elle offre tout de même le sérieux d'une attention à la joie et à l'humour dont trop de fois malheureusement l'architecture semble manquer.
Une jubilation de l'espace.
Lorsque dans l'un de mes livres de science-fiction La planète fantastique, de Steven Caldwell je trouve ce genre d'images ...



... je ne peux que faire le lien entre mes imaginaires et ceux de Monsieur Szekely et de tant d'autres architectes. Il s'agit d'illustrations de Peter Elson.
Je sais que, si je veux vivre un instant la certitude d'un Futur rêvé et désiré débordant mon espace il me suffit d'aller voir Beg-Meil, Sens ou d'autres espaces pour comprendre que construire c'est souvent projeter.
Le futur avait raison.

La planète fantastique
Steven Caldwell
éditions Fernand Nathan 1980