mardi 5 juillet 2011

Si moderne, si loin.

Samedi, ma rabatteuse de cartes postales me mit celle-ci dans les mains en me demandant si vraiment cela pouvait m'intéresser :


Et comment !
D'abord j'ai été séduit par la belle régularité de la façade et par sa casquette sur le toit. Grande rigueur de lignes droites contrebalancées par la rotonde sur le devant venant s'articuler et dire une fonction différente. C'est un effet bien connu à l'époque et ce genre de construction est assez courant, on brise le parallélépipède par une courbe saillante.

un détail :

Puis j'ai aimé la qualité de la photographie au noir et blanc superbe dont les palmiers ponctuent à leur tour l'image. On doit cette carte postale et son cliché à Pep's (sic !) pour les éditions R. Richard et Compagnie à ...
Au fait, nous sommes à Conakry !
Nous sommes devant l'Hôtel de France qui est encore en "Guinée française ".
Une bien belle carte postale vous en conviendrez.
Mais voilà il s'agit aussi d'un hôtel qui a eu les honneurs par deux fois d'Architecture d'Aujourd'hui !
Il faut dire que les architectes et les participants à sa construction ne sont pas piqués des hannetons si vous me permettez ce langage.
On retrouve Gilles Lagneau, Michel Weil et Jean Dimitrijevic. Nous connaissons Monsieur Lagneau par chez moi pour le superbe Musée André Malraux du Havre
Mais on trouve aussi pour cet hôtel Charlotte Perriand pour les aménagements intérieurs et Jean prouvé pour les pièces en aluminium...
Rien moins...
Alors je vous laisse déguster cette pépite avec délice.
les photographies proviennent donc des N° 62 (1955) et 70 (1957) de la revue Architecture d'Aujourd'hui.
Presque comme la carte postale :







Actualités : ne manquez pas la superbe exposition sur Charlotte Perriand et la photographie au Petit Palais en ce moment à Paris.
les documents sont superbes, la scénographie limpide et le travail de Madame Perriand remarquable comme vous vous en doutez.

lundi 4 juillet 2011

la forme est mouvement

Il m'arrive encore de vouloir joindre une carte postale à un article de notre guide d'architecture contemporaine de Monsieur Amouroux.
Voici un exemple :


Nous sommes devant l'école nationale de ski et d'alpinisme à Chamonix grâce à cette carte postale Cap-Théojac en Mexichrome pour Iris.
Le photographe est resté curieusement derrière le porche d'entrée ce qui nous permet seulement de deviner les très belles formes de cette école.
Une tour un rien trapue s'enfonce entre de très beaux tripodes de béton blanc.
On devine tout de même depuis ce point de vue un travail de qualité à la manière dont se "cale" la volumétrie sous ces auvents spectaculaires.
L'ensemble est dû, et c'est notre guide qui nous en informe, au très grand architecte Monsieur Taillibert.
Mais laissons la parole plus informée et plus lyrique à Monsieur Amouroux et profitons une fois de plus des informations de ce guide :



Nous retrouvons notre école de ski dans le n°168 d'Architecture d'Aujourd'hui en 1973.
Les photographies (anonymes !) sont absolument superbes et donnent bien l'ampleur du dessin de Monsieur Taillibert.






dimanche 3 juillet 2011

Le futur avait raison

Voici une bien belle architecture et une bien belle carte postale :


Nous retrouvons un des lieux préférés de ce blog, "le Renouveau" à Beg-Meil par Monsieur Szekely architecte et sculpteur.
Ici on aime son travail parce qu'il a su donner au réel des formes que l'on croyait disponibles seulement pour l'imaginaire.
Et ce passage, cette transcription qui sont aussi une ambition se réalisent dans des lieux que l'on arpente, visite et vit comme les autres.
En fait, Monsieur Szekely comme Monsieur Haüsermann par exemple ont concrétisé l'utopie.
Chaque fois qu'il me sera possible, par le biais d'une carte postale d'évoquer leurs univers formels, je le ferai.
Cette édition Jos nous offre une belle image du lieu, bien cadrée avec une diagonale douce du terrain qui met au premier plan la grande demi-sphère de l'établissement.
On perçoit bien qu'ici le travail a aussi consisté à jouer des volumes fermés et ouverts alternant des blocs aveugles et des baies vitrées généreuses.
Oui, il s'agit d'une lubie de la courbe, d'une joie des sphères et oui c'est un rien naïf.
Du moins c'est ce que le registre formel pourrait laisser croire. Mais si la révolution de ce genre d'architecture ne tient pas dans une totale refonte de la fonction et de sa forme, elle offre tout de même le sérieux d'une attention à la joie et à l'humour dont trop de fois malheureusement l'architecture semble manquer.
Une jubilation de l'espace.
Lorsque dans l'un de mes livres de science-fiction La planète fantastique, de Steven Caldwell je trouve ce genre d'images ...



... je ne peux que faire le lien entre mes imaginaires et ceux de Monsieur Szekely et de tant d'autres architectes. Il s'agit d'illustrations de Peter Elson.
Je sais que, si je veux vivre un instant la certitude d'un Futur rêvé et désiré débordant mon espace il me suffit d'aller voir Beg-Meil, Sens ou d'autres espaces pour comprendre que construire c'est souvent projeter.
Le futur avait raison.

La planète fantastique
Steven Caldwell
éditions Fernand Nathan 1980

vendredi 1 juillet 2011

petites choses sur la route

Allez... prenons la route vers Saint Nicolas d'Aliermont pour ranger l'exposition.
D'abord on fera un arrêt à Eslettes au club des jeunes du même type que celui de Pitres dans l'Eure vu ici.


On remarquera que le plan diffère un rien mais qu'il s'agit bien du même type de construction assez étrange d'ailleurs mais qui ne manque pas, dans le détail, d'une certaine beauté ;
par exemple les petits plots en métal plié qui reçoivent le toit.


Toit d'ailleurs aussi assez intéressant avec ses plaques de métal et son système d'écoulement des eaux.







La forme générale tient de la pointe pyramidale qui fait saillie et offre en bord de mur un abri.
Ce Club des Jeunes est dans le même état que celui de Pitres dans l'Eure. On sent l'abandon gentil, l'indifférence passive, bref on laisse le temps faire son œuvre puis au matin frisquet on rasera tout ça avec contentement.

Un château d'eau à Dieppe.
Celui-là je le vise depuis longtemps et toujours je poursuivais mon chemin en me disant que j'irais voir un autre jour.
C'est aujourd'hui !






Les amoureux des années soixante-dix se réjouiront de ce monument peint par Vasalery lui-même ! Son nom est d'ailleurs indiqué. Mais le château d'eau manque d'entretien et la peinture si vive et joyeuse s'efface aussi...
Arrivons à Arques-la-Bataille. Là, j'avais repéré ce beau groupe scolaire si moderne.








Une vraie merveille dont il faudra visiter l'intérieur un jour. Je n'ai pas osé franchir le perron... mais déjà la volumétrie de l'ensemble est superbe. Il est protégé... Ouf !



En sortant d'Arques-la-Bataille ne pas oublier de passer voir sa piscine Tournesol toujours active et en bon état. C'est un classique pour nous sur ce blog.
Puis au carrefour vers Saint-Nicolas-d'Aliermont, les plus "Architecture Principe" d'entre nous se régalerons d'un bunker un peu caché. Je vous laisse le trouver.
Enfin nous arrivons à Saint-Nicolas-d'Aliermont. Après la visite du Musée de l'Horlogerie, vous achèterez à la maison de la presse cette carte postale :


Elle nous montre la résidence Myosotis que l'on doit à l'architecte diplômé (sic !) Monsieur Antoine George qui est établi à Fécamp.
C'est certes simple mais de bon aloi.
Bonne route !

le piège de l'ombre



Une carte postale finalement assez banale d'une vue intérieure de piscine.
Nous sommes à Amneville en Moselle et le toit en lamellé-collé offre une belle courbe bien sentie, bien dans le goût économique et spacieux d'une architecture des joies sportives.
L'ambiance est à l'unisson et les enfants sur le bord du bassin regardent ceux dans l'eau comme l'habitude de ce type de cliché.
Mais...
Mais...
Voilà que le soleil passe, un rien rasant, par la grande baie vitrée de la piscine. Il envoie une lumière orangée bien nécessaire qui dessine des ombres longues. Nous serions donc soit tôt le matin, soit tard le soir.
Et puis soudain comme un indice incroyable un jeu d'ombres se détache tout particulièrement du premier plan.
Regardez bien :


Vous avez compris.
Il s'agit du photographe présent par son ombre et celle du pied de l'appareil photographique !
Ne devine-t-on pas également le geste de la main qui se lève tenant le déclencheur ?
Ils sont même deux derrière cet appareil photographique que nos amis Alan, Sylvain ou Julien nous aideront à identifier. Une chambre photographique non ?
Mais regardons encore un peu mieux le déroulement de la scène.


A gauche deux gamins regardent les photographes. Ils attendent. Au bout du plongeoir, un nageur est en plein vol et je crois qu'il ne s'agit pas d'un hasard, ce plongeon est commandité par le duo de photographes qui attendent, déclencheur à la main, le moment subtil du corps suspendu entre l'eau et l'air. On remarque comment l'espace devant les photographes est parfaitement dégagé. Dans le bassin trois nageurs regardent également les photographes. Trois plongeurs ayant effectué déjà pour l'image un plongeon à saisir ?



Mais à droite une petite fille au maillot de bain rouge et au bonnet bleu attend de pouvoir traverser le champ de l'image. Elle a cette position typique de sortie de bain, essayant de se réchauffer en serrant ses mains et ses bras sur sa poitrine.
On peut être certain que "Le Rapport Photographique S.A" à l'origine du cliché doit avoir dans ses archives des clichés successifs de ce moment où une fois le déclencheur est parti trop tôt et une fois trop tard !
Mais cette ombre me saisit tout particulièrement comme un autoportrait assumé du ou des photographes. Il est donc certain maintenant que nos images de cartes postales ne sont pas immanentes et mécaniques, que malgré parfois des images qui semblent intangibles elles sont bien œuvres humaines.
La photographie enregistre certes la lumière mais ce faisant elle dessine des ombres. Dans ma collection de cartes postales, il ne fait aucun doute que ces ombres-ci sont parmi, pour moi, les plus belles et les plus touchantes.

La carte postale fut expédiée en 1981 pour un jeu du "coffre-fort" vers le Luxembourg et R.T.L.

mercredi 29 juin 2011

béton architectonique en Poitou



Lors de mon entretien filmé avec Claude Parent ce printemps, celui-ci m'indiqua son mépris pour le béton architectonique.
Défini comme un module permettant faussement de faire une architecture industrielle, économique, je lui faisais remarquer que malgré l'échec patent de ce genre de construction face à une vraie réflexion pour une architecture industrielle comme celle de Marcel Lods, il n'en demeurait pas moins que parfois, ce béton architectonique avait permis la réalisation de belles façades...
"De belles façades, oui... " avait alors avec raison ironisé Claude Parent.
Je vous en propose un exemple grâce à ces cartes postales du Palais des Congrès de Parthenay.



On trouve bien cet élément répété en façade permettant sans aucun doute une belle rythmicité de l'ensemble, alternant par un jeu du dessin sobre et géométrique les entrées de lumières et la composition spatiale de la dite façade.
l'abstraction est totale, assumée et rigide. Le motif pourrait d'une échelle à une autre être une grille de radiateur, un filtre à café, un moucharabieh moderne, un carrelage de cuisine.
Mais soyons tout de même justes et reconnaissons à cette architecture une belle présence, un rigorisme solide et même une fantaisie moderne.
Dans l'excellent ouvrage architecture du XXème siècle en Poitou-Charente aux éditions Patrimoines et média, on trouve dès la couverture la façade de notre palais des congrès de Parthenay ce qui indique bien sa valeur graphique et symptomatique de l'image du modernisme en architecture.


Puis un article nous indique le nom des architectes : Jacques Maréchal et Léon Le Sauter.
Lisons ce que Gilles Ragot, l'auteur de l'ouvrage nous en dit (cliquez dessus pour une meilleure lecture) :


Il a parfaitement raison !