mardi 8 mars 2011

La Baule au Blackberry et au Leica

L'émission Thalassa a pour habitude de nous bassiner avec le bétonnage des côtes françaises préférant sans doute l'empierrage militaire à la Vauban.
(parfois moi aussi)
Mais...
Ici on aime bien le béton, sa plasticité, les dessins et surtout une certaine invention du paysage que la marée montante du tourisme de masse des années 70 a produite.
Masse est le mot juste.
J'aime les masses, leur force, leur radicalité et surtout leur incontournable présence.
Alors si tout n'est pas merveilleux, s'il est vrai que le bord de mer ressemble dans certains endroits à une muraille il est possible aujourd'hui de manière apaisée et joyeuse d'aimer des monstres.
Voici que mon ami photographe Sylvain Bonniol m'envoie des images fascinantes de La Baule.
Alors qu'il est un très bon photographe, il ne travaille pas pour un éditeur de cartes postales et je le regrette souvent !
Voyez :










Je me souviens voyant ces beaux clichés avoir dans mes archives, sous le coude, une carte postale de cet ensemble de La Baule.


La carte postale Iris en Mexichrome nomme l'ensemble les résidences du boulevard de l'Océan mais ne nous donne pas le nom des architectes. Par contre on apprend qu'il s'agit d'un cliché en Leicagraphie par J. Guillard de l'agence Scope. Leicagraphie... Calmez-vous messieurs Sylvain et Alan...
Alors que penser d'une telle construction ?
Comme souvent on est un peu gêné aux entournures.
Dans son expressivité formelle qui voudrait parler du maritime, des voiles, des vagues, et des dunes, on comprend bien qu'avec ce vocabulaire on peut faire bien mieux que des découpes de béton blanc. (Voyez Monsieur Parent)
Ici il s'agit de décorer des barres, de les camoufler dans un faux-semblant de réflexion moderne.
La feuille de béton découpée sert à isoler chaque voisin lui permettant en maillot (ou sans) de prendre le soleil et de lui faire croire, isolé sur son balcon, qu'il est le seul à jouir de la vue.
Alors oui c'est sans doute une architecture sans grande réflexion mais je ne peux m'empêcher de m'en réjouir tout de même parce qu' elle signe aussi son époque, qu'elle est un rien prétentieuse et clinquante, parce qu'elle est aussi dans son étendue, je le redis, monstrueuse.
Elle présente pourtant de beaux détails comme le dessin des garde-corps et finalement sa ligne générale n'est pas sans une certaine envolée. Sylvain parle de tsunami, la vague géante. Mais si cette vague figée à la Baule n'a sans doute pas soulevé l'histoire de l'architecture, elle a le pouvoir encore aujourd'hui de nous fasciner. Les yeux écarquillés comme devant le python qui nous dévorera.
Les photographies de Sylvain Bonniol sont prises au Blackberry. Il demande notre indulgence. Nous lui accordons bien volontiers et nous n'oublions pas d'aller faire un tour sur son site pour voir et revoir son très beau travail.

lundi 7 mars 2011

Rouen à l'oblique de Claude Parent


J'ai démarré enfin mon travail de maquette pour le projet de mise à l'oblique du PLOT HR de Rouen dans le cadre de l'intervention du comité de vigilance brutaliste en ce lieu et sous l'invitation de Marc Hamandjian et Jean-Paul Berrenger.
Thomas Dussaix prépare ses dessins, affûte ses pierres noires et il pourra rester en résidence pour avancer de son côté.
Ce que vous allez voir c'est donc les premières esquisses d'occupation de l'espace en oblique en suivant tout particulièrement l'exemple de l'aménagement de l'appartement de Neuilly de l'architecte.
En effet, le PLOT HR est tout en longueur et dispose d'une hauteur de plafond de 2m44. Ce qui nous fait un grand rectangle allongé à occuper.
Je me rends compte également de ma difficulté à me projeter dans des espaces à cette échelle et je comprends mieux pourquoi je ne suis pas architecte !
Je redécouvre le rapporteur, les équerres et le balsa.
J'ai taillé un morceau de bois à mon échelle soit 1m75 devenu... 16,5 cm !
Et je promène celui-ci sur mes rampes en carton en tentant de voir à quel moment on se cognera au plafond !
Les premières images très sombres et contrastées sont là pour vous faire comprendre combien Thomas et moi parfois nous aimons les mêmes choses...
Allez ! Regardez !
On verra où on en sera demain !













les arcs : tous types.

Les deux cartes postales qui suivent n'ont en commun qu'une partie de leur dénomination : arc.
Mais ce qui m'amusa en les rapprochant c'est que, toutes deux semblent vouloir trouver pour ce mot une image lisible rapprochant le nom de la construction d'une réalité plus franche.
Vous allez comprendre :


Sur cette carte postale de l'arc-en-ciel à Saint-Jean-de-Monts, le photographe de la carte postale a cru bon de faire jouer le soleil sur la résidence qui porte ce nom jusqu'à obtenir sur les verres optiques de son appareil l'effet d'arc-en-ciel.


Cette construction que l'on doit à Merlin en 1976 n'a pourtant rien qui permette de la rapprocher d'un effet lumineux aussi léger qu'un arc-en-ciel !
Mais si on trouve facilement le nom du promoteur on trouve plus difficilement celui de l'architecte.
La présence du très beau VVF de Claude Marty à proximité ne peut pas nous aider.


Ici on se retrouve aux... Arcs !
C'est écrit dessus et de plus, là aussi, pour bien appuyer la dénomination du lieu l'éditeur de cartes postales ajoute une photographie de jeunes en train de tirer... à l'arc !


Ainsi tout est bien dit.
Ici, on sait l'importance du travail architectural, on sait que Charlotte Perriand participa à la création de la station, on sait que la station a obtenu le Label Patrimoine du XXème siècle.
Alors nous reste le plaisir de rapprocher des types très différents de constructions pourtant finalement interrogeant le même programme : les vacances.
Et on saisit bien que nommer ne fait pas "la chose".
Mais comme vous m'avez sagement suivi sur ce jeu de mots, jeu de choses, je vous donne deux autres cartes postales montrant ces mêmes lieux.
d'abord :


Prise depuis l'arc-en-ciel cette carte postale de Saint-Jean-de-Monts nous montre depuis l'un de ses balcons la Cité Marina que l'on doit à Monsieur Naulleau architecte. On comprend comment cela fonctionne. Une muraille orientée soit vers la mer soit vers le parking. Il faut choisir...
Une carte postale Iris pour Théojac.
Et :


Ici les Arcs 1600 (Pierre Blanche) avec les résidences de l'Adret et du Versant Sud.
L'éditeur Yvon ne donne pas le nom des architectes pourtant on ne peut qu'être impressionné par l'inscription de l'architecture dans le paysage à la fois sans compromis mais suivant les pentes et jouant admirablement de l'échelle du lieu.

samedi 5 mars 2011

point, ligne, plan



Je ne m'en lasse pas.
Chaque fois que je trouve une nouvelle carte représentant les jeux du Group-Ludic (Aires et Volumes) ou de Sculpture-Jeux, je suis en joie.
Je me vois sautillant sur les cubes, basculant sur les haricots rouges, glissant sur les tubes.
Je pourrais aussi tout à loisir, me réfugier dans une des pyramides de couleur ou bien explorer la peur joyeuse au ventre le sous-marin caché sous le sable.
Sur cette carte postale éditée par le Groupe Mornay qui devait être le propriétaire du Village de Vacances des pins de Cordouan, on voit bien notre ensemble de jeux de plein air que nous avons déjà admiré ici ou ici.
Mais si on regarde bien, on sent une certaine usure de l'ensemble ce qui pourrait nous indiquer une prise de vue plus récente.
Et n'oublions pas, puisqu'il est bien visible ici, de jeter un œil sur le bâtiment lui-même, offrant des qualités architecturales indéniables. Il est de Messieurs Villeminot et de Champrit architectes.
La carte postale fut expédiée en 1981 et la photographie est de J. Bottin.




vendredi 4 mars 2011

la main rouge


Sur l'esplanade de la Défense, parfois à Courbevoie, parfois à Puteaux, il a cherché encore et encore comment il allait photographier cette sculpture de Calder.
Non pas qu'il aime tout particulièrement l'art moderne et encore moins l'architecture moderne mais c'est simplement son job.
Et puis ce vent...
Il est venu de bonne heure ce samedi pour que la place soit vide mais il ne pensait pas que cela serait vide à ce point.
Alors il attend un peu, tourne autour de la sculpture en se demandant qui pourrait bien de toute façon acheter une carte postale de ce monstre rouge dont il n'arrive pas à cerner le sens.
Au loin, un trio semble arriver. Deux hommes et une femme se dirigent vers les tours.
Non finalement ils ne passeront pas là devant son objectif.
Alors que les tôles d'acier peintes lui semblent d'un dessin indéterminé et abstrait, soudain dans le cadre de son appareil photographique il voit surgir une main rouge gigantesque posant trois doigts sur le parvis et surplombant les tours.
Il se dit que cette main tente vainement d'enfermer les tours, de les saisir, de les emprisonner.
Il trouve cela un peu vain car elles ne veulent pas partir ces tours, elles sont plantées là pour un moment.
Il y a la Tour Général, la Tour Crédit Lyonnais, la Tour Atlantique.
Alors il se dit que cela serait une belle idée, que certainement Calder avait aussi vu cela, que l'échelle humaine de ce point de vue faisait de sa sculpture une architecture en retenant d'autres.
Il a appuyé sur le déclencheur.

mercredi 2 mars 2011

Femmes égalité !



Oscar Niemeyer avait certainement rêvé d'une continuité de la rue, d'une place publique voire d'une Agora urbaine.
Mais...
La propriété est tenace et finalement, comme le reste, le siège du Parti Communiste Français se retrouve clôturé.
L'effet de glissement des piétons est ainsi rompu et l'étrangeté accentuée de cette dalle de béton blanc lisse qui forme pourtant l'un des paysages les plus étranges de la rue parisienne est rompu.
Michel Moch, le photographe de ces trois vues du siège du Parti Communiste a fait un beau travail.
Il nous propose en quelque sorte ce voyage au cœur de l'un des plus étonnants espaces politiques.
D'abord depuis l'extérieur comme nous venons de le voir puis passant à l'intérieur par le hall d'entrée jusqu'au cœur de la pensée communiste française, dans sa boite crânienne en quelque sorte : la salle de réunion du comité central.



Il s'agit bien d'une promenade, d'un cheminement d'espace en espace configurant et hiérarchisant les lieux allant du public au très réservé.
Avec de la chance, quelqu'un à l'accueil aura envie de vous montrer le toit. Il faudra le suivre car la plage de béton sculptée est l'une des plus belles de Paris.
Les cartes postales à n'en pas douter étaient vendues et éditées par le Parti.
Là, à l'accueil, après la visite d'une exposition ou l'écoute d'une conférence, on pouvait repartir avec les cartes postales pour dire la modernité d'un lieu, la modernité d'une pensée.
Et jetant un regard sur les panneaux d'affichage, on trouvait les slogans du moment qui sont encore ceux d'aujourd'hui :
femmes égalité !

mercredi 23 février 2011

Sonacotra en plastique

En essayant de trouver une carte postale pour chacun des articles de notre guide vénéré, je ne croyais pas possible de trouver pour la Sonacotra de Fos-sur-Mer une carte postale des Tétrodons de l'A.U.A.
Pourtant :


Il n'y a pas si longtemps je vous proposais un article sur les préfabriqués et voici qu'à nouveau grâce à cette image, on trouve une sorte d'échantillonnage de modèles allant de l'Algéco aux Tétrodons justement.





Ce qui est intéressant, au-delà de l'architecture si typée de ce genre de cellule et habitat en plastique c'est que le guide, selon les éditions, nous propose soit un dessin du projet soit une photographie des Tétrodons.





Je vous propose donc les deux versions. On remarquera également le changement d'attribution des constructions ou disons une plus grande précision dans la version nouvelle.


On peut se demander ce que sont devenus ces modèles d'architectures minimales et plastiques.
Et si aujourd'hui avec les containers on semble vouloir retrouver ce type d'habitat modulaire, il est à remarquer qu'ici l'expérience est aboutie et même esthétique.
J'entends Monsieur Chaslin qui nous donne de mauvaises nouvelles des containers du Havre transformés en logements d'étudiants.
Et si on rapatriait les Tétrodons de Fos-sur-Mer au Havre ?

La carte postale est une édition LaCigogne en H Color sans date.