dimanche 14 juin 2009

Notre sincère désir est votre plaisir


Souvent sur ce blog je vous dis l'importance pour moi du travail de Martin Parr.
Comme lui, je suis fasciné par l'ennuyeux relativisé par mon intérêt pour l'architecture et, comme Tom Phillips, je pense qu'il s'agit bien plus d'une jubilation croustillante.
Bref, je jalouse sa collection de cartes postales "Boring" mais préfère l'approche plus passionnante de Tom Phillips.
Pourtant Martin Parr a mis sous mes yeux ébahis la formidable série de cartes postales éditées pour le centre de loisir Butlin's Filey.
Si je trouve facilement des cartes postales de John Hinde, l'éditeur de cette série, il m'était encore impossible de vous présenter une carte postale de la série mise au goût du jour par Martin Parr.
C'est chose faite.
Nous voici in the Oasis Bar. 
Tout est là : les couleurs criardes, la pause, l'éclairage dur, la moquette surchargée, l'aquarium factice et le chandail rouge d'un des personnages.
Dans l'ouvrage consacré à cette série éditée par Textuel, les photographes racontent les prises de vues avec bière renversée sur les moquettes et retouches de John Hinde pour obtenir cette qualité si particulière faite d'une saturation maximum des couleurs, allant pour ce faire jusqu'à toujours installer un point de couleur rouge (pull-over ou fleurs) pour ponctuer la scène d'une touche de couleur vive censée rehausser l'ambiance. Il semble pourtant que l'Irlande ne soit pas en manque de ce point de vue.
Même s'il ne s'agit pas là, à proprement parler d'architecture, je suis heureux de vous faire partager ce pur moment kitch.
Notre sincère désir est votre plaisir
Martin Parr, John Hinde
Textuel éditions 2002

samedi 13 juin 2009

Régalez-vous


Bobigny est une ville riche pour ce blog.
Il me faudra m'y rendre et arpenter ses rues.
Pour le moment mes yeux glissent sur cette carte postale Duchateau expédiée en 1990 pour un jeu. Il s'agit du Palais de Justice.
Il fallait, si Maryline ne s'est pas trompée, trouver "régalez-vous".
C'est ce que je vous propose.
A vrai dire j'aime assez la volumétrie générale de la bâtisse mais ne supporte pas les huisseries et le traitement des ouvertures. L'aluminium large et le verre miroir sont impossibles. L'assise en brique par contre est superbe ainsi que les fûts en béton blancs (escaliers ?) qui rythment l'ensemble. Ainsi le bâtiment pourrait passer pour un agglomérat de petites constructions indépendantes et réunies ici, ce qui nous offre un panorama presque (oui presque) villageois. Le point de vue coinçant la passerelle sur la droite, donne envie d'avancer vers la construction qui semble isolée du reste de la ville comme sur un îlot.
Mais qui est l'architecte ?

Van Treeck, architecte d'orgues


Le 27 novembre 2007, je vous parlais déjà de cet îlot de Paris dans le 19ème arrondissement. 
Je reçois une nouvelle carte postale aux éditions Chantal dans la Collection Librairie des Orgues.
L'image arbore le même point de vue quasiment que celle publiée il y a deux ans.
Et je continue à beaucoup aimer ça. 
Les encorbellements sont extraordinaires. Il faut aussi circuler derrière.
L'architecte est Monsieur Martin Schulz van Treeck.
Les coins de la carte postale sont arrondis. Il s'agit des seules courbes de ces bâtiments. Je ne sais pas qui a nommé l'ensemble "Les orgues", Les habitants, l'architecte, le promoteur ?
Mais il faut avouer que c'est bien trouvé et certainement que par grand vent, l'air s'engouffrant dans le canyon doit faire chanter le béton.

lundi 8 juin 2009

pétition européenne, patrimoine-héritage

C'est le moment.
D'ailleurs avez-vous entendu beaucoup parler de culture pendant les élections européennes ?
Si vous pensez qu'un droit de Veto européen sur le Patrimoine architectural est nécessaire, alors allez là :
C'est rapide, gratuit et totalement indolore. 
Et surtout cela pourrait être parfaitement utile !

Le Corbusier en Sarthe

N'oubliez pas la quinzaine radieuse à Piacé dans la Sarthe.
Si l'architecture de Le Corbusier vous intéresse, si le design des frères Bouroulec vous intéresse...
On vous rappelle le programme ici :
ou allez au message publié le 8 mai 2009.

chef-d'œuvre de profil


C'est du lourd.
Soyons sérieux, là en terme de collectionneur de cartes postales d'architectures modernes et contemporaines, je touche au Saint Graal !
Je ne croyais pas qu'il puisse exister une telle carte postale. Pourtant ce domaine m'a assez souvent averti de ses incroyables ressources. Lorsque j'avais vu pour la première fois la carte postale de Saint Bernadette du Banlay de face (est-ce un terme pour ce type de bâtiment ?) je croyais avoir là l'objet final, celui autour duquel toute ma collection tournerait.
Mais voici à nouveau, une carte postale de l'église Sainte Bernadette absolument superbe.
Brutalisme, Art Sacré contemporain, Claude Parent, beau béton, dans le guide, toutes ces approches sont bonnes pour cette carte postale et évidemment pour le bâtiment.
Le point de vue est remarquable, le bloc y est bien brisé, fendu. On remarque que la photographie est aux limites extrêmes, collant l'église dans le cadre, ce qui accentue la masse.
Impossible de nommer cela une église pour qui ne connaîtrait pas la fonction. Aucune croix, aucun signe ne le laisse penser. La forme dit avant tout sa référence, sans peur, sans honte. Le bunker est bien un bunker, l'image ne peut pas dire autre chose, c'est donc bien une construction basée sur le sentiment du bâti plus que sur sa réalité constructive. Ce sentiment qui est le jeu des architectes, qui fonde le leurre visuel pour accentuer l'écart entre fonction et forme, est aussi ce qui fait de l'église un outil pour la foi. Ici, il faut croire en la force de transcendance pour accepter de prier là . Les premiers chrétiens, aux poissons gravés sur les parois, se réunissaient dans des grottes. Il s'agit de faire de nos sens, des objets du doute. L'œil voit un bunker alors que le cœur sait l'église, et ce doute profite à la foi, la motorise (j'aime ça) la met en action. Pénétrer là, oser le passage sous le béton, sentir la tête se rentrer dans les épaules, c'est la position du pénitent. L'aridité offensive augmente le désir de l'autel et de la réunion des fidèles, quelque chose comme la nécessité alors, de se blottir sur des pentes obliques qui, pour l'œil, également  nous réunissent. 
C'est un chef-d'œuvre.
Où trouve-t-on ailleurs ce décalage entre perception et fonction ? Quel bâtiment nous offre l'obligation de reprendre tout ce que nous avons de préjugés pour en faire des formes interrogatives ? Quel lieu nous dit, loin des expériences vécues, la possibilité de les jouer partout ? 
Ce que réussit Sainte Bernadette du Banlay, c'est bien nous dire, excusez-moi, la nécessité de la pénétration d'un bâtiment, sa valeur d'usage. L'extérieur ne dit rien de son rôle, même il nous trompe. Il faut utiliser le bâtiment dans son parcours pour en saisir son sens et le trouble affiché. C'est une église, quoi que vous en pensiez, en doutiez. Il faut ici devant le béton renoncer à tout sauf à sa foi. Moi qui ne suis pas croyant, je tente d'imaginer ce que cette expérience de dépouillement peut avoir de forte pour ceux qui pénètrent ici en croyants. Il faut reconnaître qu'elles sont peu nombreuses les pensées religieuses capables d'accepter un tel remaniement du lieu de culte et ce fut là aussi un moment puissant pour l'église catholique en France cette ouverture inouïe à des formes scandaleuses au sens qu'elles obligent à Croire.
Une pensée, ici a pris corps, on dit incarnée.
Elle s'est d'abord modelée aux expériences du corps des architectes. De leurs expériences, ils ont établi une stratégie conceptuelle qui a rencontré une nécessité et une ouverture. L'ensemble s'est construit, pour une fois hors de l'utopie, sur un morceau de terrain à Nevers. C'est splendide ce que l'imaginaire relié à l'expérience des sensations peut offrir à la pensée d'une forme.
Voyez Ronchamp, Royan, voyez Nevers.

La carte postale n'est pas datée, elle est éditée par les éditions des nouvelles images à Lombreuil ; elle ne dit pas le nom des architectes, messieurs Virilio et Parent.
N'oubliez pas de refaire un petit tour au message du 17 juillet 2007.



dimanche 7 juin 2009

des indispensables



Julien Donada, un jour, m'a écrit.
Si vous êtes des fidèles de ce blog vous le connaissez déjà. Vous connaissez son travail de vidéaste.
Aujourd'hui il vous est possible, à nouveau, de vous procurer quelques-uns de ses films réunis sur un seul DVD aux éditions Petit à Petit Production. Ne le manquez pas. Vous verrez la Grande Motte, Paris, Nevers, la Géorgie et la Pologne.
Vous verrez beaucoup de choses importantes filmées de manière importante.
C'est grâce à Julien Donada que je connais l'intérieur de l'église de Nevers de Monsieur Parent.
C'est donc important. 
Importants aussi sont les écrits de Claude Parent. Les éditions de l'œil d'Or viennent de réunir trois textes en un seul volume. Vous pourrez lire Cuit et Archi-cuit, le Déclin et l'Architecture.
Trois textes aux registres différents mêlant humour, poésie et analyse. C'est irrésistible !
On y retrouve un extrait cité par Julien Donada :
L'ARCHITECTURE
est initiation
recompostion spontanée
d'une connaissance
parcellaire
l'œil enregistre et transmet.
le cerveau engrange et codifie.
l'esprit mémorise et synthétise.
L'âme apprécie
l'ARCHITECTURE
naît d'un acte mental
réalisé dans la mémoire
de l'instant.

Pour aujourd'hui, je vous donne trois cartes postales de Yerevan en Arménie.

Voici le Dvin Hôtel. Beau bâtiment à la pierre légèrement rose et au rythme bien établi sur un socle puissant. Les gardes-corps des balcons filants font tout le travail. Sur le toit un petit édicule, un restaurant ?


Voici un escalier monumental pour le complexe sportif et de concert (!). La cascade en porte-à-faux cache un passage. C'est aztèque, maya, brutaliste. C'est simplement superbe. Je ne sais pas en quoi ce gigantisme de l'accès était nécessaire mais ça produit en tout cas une image et un lieu incroyable.

Finissons en beauté avec the Place of Youth. De place on voit surtout une tour surmontée là aussi d'un édicule circulaire. La façade est percée comme un ruche. On sent le bâtiment juché sur un socle aux rampes d'accès imposantes. Mais que cache, à gauche, l'ouverture géante ?
On ne sait pas bien à quoi sert cette tour, un hôtel, une auberge de jeunesse (youth ?) un ministère ?
Ces cartes postales  éditées en 1987 donnent envie d'aller en Arménie.
Pour commander le DVD :
http://www.chaletfilms.com/dvd/1820-5_films_realises_par_Julien_Donada.html
Les éditions de lœil d'or :
http://loeildor.free.fr/