dimanche 1 février 2009

Sens Oblique, précipitation

Des nouvelles de la défense du supermarché de Sens.
J'ai eu un contact fort intéressant avec un maire adjoint de la Ville de Sens chargé du Patrimoine et de l'architecture, Monsieur Ory.
Nous avons convenu d'une rencontre et je crois qu'il peut s'agir d'un appui. La Ville de Sens semble, en tout cas, au courant de la portée historique de ce bâtiment. C'est déjà ça.
J'ai également reçu une réponse très encourageante de la part de Madame Cécile Ullmann, conservatrice des monuments historiques de la Région Bourgogne. Là aussi la prise de conscience est effective et il semble que la constitution d'un dossier soit la voie à suivre pour l'obtention d'une protection.
Je me mets au travail dès lundi.
Des courriers seront envoyés à Monsieur Armaury de Seze, président du conseil d'Administration du Groupe Carrefour et à Monsieur Bertrand Arnaud, Président du Groupe LVMH.
Mieux vaut s'adresser aux dieux qu'à leurs saints...
Au fait, tous courriers, déclarations d'intérêts, témoignages, soutiens seront les bienvenus pour ce dossier. Qui que vous soyez, je n'attends plus que vous. Merci.

mardi 27 janvier 2009

un certain idéal


Voilà typiquement le genre de carte postale que j'adore.
Point de vue indéterminé sur une époque qui l'est tout autant, le photographe en retrait de la bretelle périphérique cadre au centre le point vert d'un arbre esseulé. les panneaux indicateurs nous laissent deviner un peu le lieu où nous sommes, en France.
Mais nous pourrions être en Allemagne ou ailleurs.
On ne sait pas pourquoi c'est là précisément qu'il a posé son cadre. Pourquoi l'éditeur l'a envoyé là. 
"Dis Coco tu devrais aller faire des clichés de l'espace situé entre la route, le parking et la gare y a un marché je crois... t'as qu'a prendre la 404 elle est garée derrière... et puis récupère les péloches au magasin t'en auras besoin demain pour la série sur les remparts... Au fait j'ai trouvé les chatons pour la série en studio mais tu sais pas où j'aurais foutu le panier en osier ?"
Oui...
la carte postale...
Mais il y a ici de l'architecture et de la bonne ! A droite un parking fort intéressant de l'Atelier d'Architecture AUGEA. J'aime ces mastodontes un rien Owen Luder. Je trouve sur internet le nom d'André Senténac pour ce parking. Quelqu'un  aurait des informations plus précises sur ce monsieur ? j'ai le sentiment étrange de le connaître et d'avoir déjà entendu parler de ce parking (Métropolitains de Monsieur Chaslin ?)
A gauche nous avons la gare S.N.C.F de Messieurs Madelain et Lefol. Et là c'est certain je dois avoir déjà ça dans mes classeurs.
Pour ceux qui ne tiennent plus, je vous le dis maintenant, nous sommes à Nantes grâce à cette carte postale Artaud.
Un pur chef-d'œuvre.

samedi 24 janvier 2009

Kubuswoning, Helmond




Je possède dans ma collection plusieurs cartes postales de bâtiments à monter soi-même après une découpe et un collage. Je vous épargnerai la Tour Eiffel bleu-blanc-rouge et l'Arc de Triomphe mais je propose de l'exotique, du curieux de l'incroyable bref de l'hollandais avec les Kubuswoming d'Helmond.
Je voulais réaliser le volume depuis longtemps mais sans découper ma carte postale. Grâce à ma nouvelle imprimante j'ai pu agrandir et imprimer celle-ci puis tenter le montage.
Il s'agit d'un vaste programme comportant 143 maisons et des services réalisés par l'architecte Piet Blom. C'est tout simplement surprenant mais aussi diablement intelligent puisque le retournement du cube permet un gain de place au sol prodigieux, l'ensemble tenant donc sur pilotis de béton. Mêlant habilement lieu privé et lieux publics cet ensemble est aussi un nouveau morceau de ville à part entière. L'ensemble reste difficile à lire et les plans ne facilitent pas la tâche avec ce mélange de diagonales très ludiques !
Pour ce qui est de la carte postale il s'agit d'une édition ARP Keizersgracht avec un design que l'on doit à René Paul Stikkelorum. A noter que celle-ci est légèrement plus grande que du 10x15cm habituel.
Les photographies sont tirées de la revue "L'architecture d'aujourd'hui" N°196 avril 1978 qui fait une faute d'orthographe avec t terminal au lieu d'un d.
Nous pouvons voir une vue satellite sur le site de Benoît Ciron.
La photographie du montage est prise dans un décor de Claude Lothier dont le travail pourrait bien avoir inspiré l'architecte à moins que ce ne soit le contraire voire même qu'il n'y ait aucun lien mais bon là ...
Pour en savoir beaucoup, beaucoup plus :
http://www.kubuswoning.nl/introkubuseng.html




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parking noir et blanc


Me revoici à Toulouse avec le parking Victor Hugo. Déjà publié sur ce blog le 3 novembre 2007, je ne peux m'empêcher de vous montrer cette nouvelle acquisition.
Comment ne pas trouver cette forme remarquable ? Comment ne pas jubiler à la ligne noire qui fend la blancheur du béton ?
Comment ne pas voir dans ces ellipses, pyramidions, rayures déterminés par le contraste du noir et blanc le plaisir d'un dessin radical qui devait peu ou prou ressembler à la construction ?
Je crois qu'il s'agit là d'un dessin construit d'une pureté formelle déterminée non pas tant par la fonction que par l'allure du graphisme. Ici c'est le dessin qui fut traduit en forme, tout part du rêve de ce point de vue.
Faire vibrer le fond de l'œil comme une œuvre d'Op'Art. Puisqu'il faut garer les voitures garons les et dans les courbes de la tour faisons crisser les pneus. Les yeux ravis derrière le pare-brise de la Dauphine, les ombres feront trembler la façade.
La carte postale est une édition "Pyr. Océan" envoyée en 1960.

lundi 19 janvier 2009

Monsieur Libeskind et Copenhague




Hier j'évoquais la capitale danoise.
J'y reviens.
Quelques années après cette première visite, je retournais à Copenhague avec cette fois-ci les étudiants de l'école.
Patrick nous proposa la visite du Musée Juif. Ce musée fut aménagé par Daniel Libeskind.
C'est assez rare dans sa vie pour être souligné mais une très vive émotion me submergea à l'intérieur de ce lieu. Pourtant c'est simple d'un point de vue constructif. Juste le dessin hardi des vitrines, le déploiement des espaces et quelques pentes sur le sol le rendant en permanence trouble à la stabilité. Ça nous tombe dessus, ça glisse sous le pied, ça se brise sous les yeux. Nous avions peu de temps, le musée allait fermer et nous n'avons pu nous attarder réellement sur les collections mais nous avons subi le lieu. Je veux dire par subir que c'est lui qui nous construisait en tant que visiteur. Quelle merveille !
Très expressionnistes, un rien de Murnau et d'une éclatante lisibilité, les aménagements ne jouent pas l'intégration mais au contraire semblent vouloir plier le lieu. L'un s'installe dans l'autre, le force.
Parfois la sensation que les espaces se resserrent sur nous à notre approche. Si seulement nous pouvions plus souvent voir ce genre de qualité qui tient à faire dans une construction existante sans en bousculer les structures même des recréations totales d'espaces ! Il y a là du génie.
Oui.




Alors, une fois de plus, au-delà de l'image il y a l'expérience du lieu. Je vous invite grandement à la faire.
Je me répète mais j'attends avec beaucoup d'impatience le bâtiment, le lieu qui sur moi, par-dessus mes connaissances me donnera autant de cette joie sourde et un peu douloureuse que l'on reçoit parfois comme une résonance à son être et que j'ai reçue ici dans ce musée.
J'irai à Berlin.
L'ensemble des cartes postales est édité par Dansk Jodisk Museum.
www.jewmus.dk

dimanche 18 janvier 2009

Copenhague et Thouars



Il y a quelques années maintenant, à la recherche d'un bateau nommé Georges Perec  échoué sur les plages du Danemark, je passais avec Emmanuel à Copenhague.
Depuis les rues de la ville, nous décidâmes de monter dans une tour incroyable. Cette tour dont la fonction est d'être un observatoire date de 1642. Ce qui est absolument unique c'est qu'il ne s'agit pas là d'un escalier en colimaçon mais d'une pente douce. Et surtout d'une grande largeur, car il me semble que le roi et consorts montaient dans la tour à cheval !
Il s'agit bien là non pas tant d'une architecture que d'une prolongation de la rue. Ici le construit prolonge l'urbain en inventant un espace suffisamment vaste pour que la mobilité, le déplacement ne soient pas bloqués mais ouverts. En fait on pourrait voir cette tour comme un tunnel vertical permettant le passage d'un point à un autre : Sol, Ciel.
Ce tunnel vertical invite le corps du piéton a une inflexion très douce, sans les coups des marches d'un escalier. Le piéton peut, vu la grande largeur de la pente, également se déplacer transversalement, du cylindre central vers les fenêtres, sentir alors la pente plus accentuée au centre mais aussi il peut s'arrêter au bord, voir par les ouvertures la ville qu'il quitte. Il décolle.
Voyez sur cette carte postale que j'avais envoyée à ma grand-mère en 1997, comment la lumière s'amuse des briques au sol et de la blancheur de la chaux sur les murs. Cette douceur contraste avec la relative dureté de la tour vue de l'extérieur qui ressemble à une fortification.
J'ai un souvenir réellement merveilleux de cette expérience urbaine. J'ai mis du temps avant de la rapprocher possiblement d'autres expériences comme le petit musée juif de Daniel Libeskind (également à Copenhague) au sol destructuré ou encore à la fonction oblique de Monsieur Parent. Architectes dont j'ignorais même l'existence à cette époque.
Mais ici le sol ne rejoue pas tant que ça le plafond. La pente est invisible sous la tête qui se promène, elle, sous des arcatures délicates. la section visible ici est la même que quelques mètres plus loin dans un sentiment d'infini assez incroyable. On monte, on descend sans aucune sensation d'étouffement car il s'agit bien là d'une place publique verticale et non d'un boyau mécanique que l'on escalade.
Si donc, la vie vous mène là, passez la porte un rien rébarbative et faites l'expérience de la rue verticale !
la carte postale est une édition Rundetarns Forlag.


Autre expérience du biais.
En 2007, l'artiste Vincent Lamouroux nous propose dans la Chapelle Jeanne d'Arc de Thouars une pièce intitulée "La perspective inclinée (Héliscope)".
On pourrait, juste avec l'image, croire à une chose simple presque froide : un escalier métallique légèrement de guingois. On pourrait penser qu'il s'agit là d'une image qui, comme souvent pour certaines pièces de l'art contemporain, nous dit une expérience mais ne nous invite pas à la vivre. Or, là dans cette chapelle sans grand intérêt architectural on monte.
Et l'objet-image devient un véritable outil à vertige. L'angle léger, si léger qu'il pourrait passer à l'as, sous les pieds du promeneur devient d'une force réellement déstabilisante !
Si forte que je n'ai pu aller jusqu'en haut tant le vide vous appelle, et la fragilité du garde-corps semble alors bien mal porter son nom !
Tout me semble remarquable dans cette pièce. Sa forme ici posée dans une incongruité totale, ne reniant rien de son utilitarisme. Sa couleur, le blanc de la maquette, de la neutralité presque de la transparence, pour troubler le moins possible les fonctions du lieu. Sa proportion, ni trop haute, ni trop basse pouvant ainsi laisser penser à un morceau d'architecture réinvesti (il n'en n'est rien). Le dessin très beau du garde-corps faisant vriller la pièce dans l'espace libre de la croisée des transepts et le piètement triangulé rassurant et frêle en même temps. Enfin le droit de l'arpenter, d'en user, le droit de la vivre. On monte si on veut.
C'est essentiel.
Je suis très jaloux de l'ensemble du travail de Monsieur Vincent Lamouroux.
Je ne sais pas pourquoi j'ai décidé dans cet article de vous proposer ces deux expériences. Soudain quelque chose les rapprochait dans le ton général, la blancheur. Mais aussi dans la jouissance d'un corps totalement obligé de se redéfinir car contraint à une expérience inédite d'espace. 1642 et 2007.
Combien de ziggourats, de pentes, de collines, de supermarchés, de rampes d'accès pour handicapés devrais-je arpenter pour sentir toujours plus mes pieds, mes genoux, et mon bassin au travail, en pleine conscience de leur existence ?

Pour en savoir un peu plus on peut aller là pour Copenhague :
http://passages.ebbs.net/fiches/tourrond.htm
Et pour Vincent Lamouroux ici :
http://www.vincentlamouroux.net/
Je tiens à préciser qu'à Thouars nous avons été parfaitement accueillis dans cette chapelle par une jeune femme qui a su nous faire voir, aimer son lieu. Je ne sais pas son nom mais merci.
La carte postale est une édition du service arts plastiques de la Ville de Thouars et la photographie est de Claude Pauquet.

samedi 17 janvier 2009

moi, je ne danse pas

Moi, je ne danse pas.
Je veux dire jamais.
Même sous les ordres des étudiants aux soirées discos et bruyantes, je ne danse pas.
Patrick danse, il danse rarement aux soirées discos et bruyantes.
Vous connaissez Patrick Gaïaudo, il est l'un des grands donateurs de ce blog. Il aime l'architecture et il en parle mais surtout lui il danse cet espace public, il le pratique étrangement avec d'autres en bougeant autrement que moi.
Je ne sais pas si vous dansez comme ça, moi non. Je ne sais pas si vous utilisez l'architecture comme ça, moi non.
Je crois qu'il y a chez les danseurs surtout une connaissance parfaite du poids. La pesanteur accusée, maîtrisée et consciente alimentée par un corps dont chaque articulation sert à le plier et à le connecter. Tête contre tête comme des siamois souples.
Alors je vous invite à aller sur son site pour comprendre un peu mieux ce que je vous raconte.
Contact.
http://www.non-ora-non-qui.org/
Et puis ne pas oublier que les architectes, certains, aiment les danseurs. Ils aimeraient surtout croire que les escaliers, les pentes, les estrades, les fenêtres puissent nous aider à une mobilité, voire une promenade. Ils pensent à raison que c'est avec et parfois contre notre corps qu'il faut construire (ce que le corps contient d'habitudes). Lire Claude Parent pour comprendre cette lutte contre les murs.
J'aimerais arpenter parfois l'architecture comme les yamakasi. Oui, si techniques et physiques. Une puissance contre les vides.
Parfois je m'autorise à grimper sur la rampe d'un escalier, c'est tout.