samedi 25 octobre 2008

bunker et culture et couleurs



Il semble que la Maison des Jeunes de la Culture de Troyes eut droit à une iconographie riche. Voici en effet une nouvelle découverte : il s'agit d'une carte éditée par Combier en 1965. Elle nous montre la construction de Claude Parent en couleur sur un papier mat ce qui est rare pour des cartes postales. L'image possède un grain très présent. On remarque immédiatement que la maison présente sur le fond de la carte présentée au début du mois a disparu et que des grilles sont toujours posées devant l'édifice ce qui peut laisser penser à son inachèvement. Une voiture est étrangement encastrée sous le bâtiment. La petite Simca Aronde bicolore donne à tout cela une ambiance très années 60.
C'est beau.
Surtout ce volume aveugle très mystérieux qui contraste de façon remarquable avec les baies vitrées. Cela fait pas moins de trois images pour Troyes : le compte est bon ?

j'y suis



Ma Chère Jacquelyne, une carte qui vous était destinée depuis le mois de mai. une X là où nous sommes il manque la Tour juste de l'autre côté de la route.
Françoise saisit tout. A la fois elle indique précisement sa situation l'inscrit d'une manière fine et discrète et dans le même temps signale que l'image a un cadre, que celui-ci est toujours insuffisant à rendre la totalité du monde. Il est la visée du photographe, il n'est pas la vie de Françoise et le monsieur du premier plan est saisi dans ce cadre à jamais. D'un regard que l'on devine intense il fixe pendant un 125 ème de seconde son image retournée au cœur de l'appareil photographique. Peut-être que lui aussi a marqué d'une croix non seulement le lieu de son habitation mais sa présence. Une chance rare et comme me le demande Claude : qui a eu cette chance de se voir ainsi emprisonné, cloué comme un papillon dans le cadre idéal d'une carte postale ?
La carte nous montre Ermont en Seine et Oise, la route de Saint Leu aux éditions Combier.


Pour cette carte de Villeneuve-Loubet que vous connaissez bien (voir article du 9 septembre 2008) la correspondante n'a pas cru bon redire sa localisation laissant à Blanche la destinataire le plaisir de découvrir le lieu. On ne sait pas si d'ailleurs celui-ci est un lieu temporaire ou un lieu permanent mais on comprend la fierté de découvrir chez le marchand de cartes postales que son balcon est représenté. Est-ce ainsi que l'ensemble des propriétaires de balcons ont fait pour indiquer leur propriété ? Il faudra collectionner l'ensemble des cartes postales d'un même lieu marqué par un ensemble de correspondants... Compléter la grille. La carte est une édition La Cigogne.



C'est dans cette Tour "Atlantique" que j'avais un rendez-vous parisien avec la SAGA qui d'ailleurs t'avait téléphoné. G.B le 29 mai 79
Comme c'est précis. Deux croix l'une pour la tour l'autre pour la fenêtre. Rendez-vous d'affaire, de travail ? En tout cas besoin clair et puissant de permettre à l'autre le partage de l'expérience parisienne. La carte est une édition Lyna dont je chante si souvent les louanges. La Tour Atlantique est une œuvre de Delb, Chesneau, Verola et Lalande d'après Wikipédia et la Tour du Crédit Lyonnais est de Jean Dubuisson.


Carte muette. Seule, tel un étendard, triomphe l'indication "restaurant tournant" sur le ciel de cette carte postale de la Tour de l'Europe à Mulhouse. L'éditeur La Cigogne est plus bavard et nous indique la hauteur 100m et le nom des architectes MM Spoerry et Michau. Manger dans un restaurant qui tourne... le cœur.

vous êtes ici, enfin presque




Je reprends un peu le filon d'Alphonse Allais avec, à nouveaux trois cartes postales monochromes. Outre qu'elles se placent dans cette tradition pataphysicienne, elles m'offrent également l'occasion d'évoquer les débuts de ma traque de cartes postales.
Voyez-vous, au commencement était le goût pour la carte postale proposant sur son recto un signe, une marque de l'expéditeur indiquant sa situation, sa localisation. Une croix, une flèche ou encore un rond permettaient au destinataire de se projeter plus précisément sur le lieu du correspondant. Comme pour les cartes aux trésors de notre enfance, Jules Verne, Stevenson et tant d'autres, il s'agit d'un acte que je trouve assez fort, un acte de marquage une manière d'appropriation. Ici et pas ailleurs, je suis dans l'image, je la parcours, j'en fais une réalité dépassant ainsi le registre pur de l'image pour le destinataire qui, lui, de fait et même s'il connaît le lieu n'est pas là avec la même intensité car maintenant que le marquage est effectué il s'agit à la fois d'une image et à la fois du lieu, du réel. Une distanciation donc pour le destinataire toujours moins précisément là que l'expéditeur qui lui fait acte de personnalisation. Il EST Là en puissance, gravé (le couchage vernis de la carte postale ne résiste pas au stylo bic) dans l'image. Pourtant il y a une difficulté pour l'expéditeur : la précision. Alors un registre de signes est inventé : la croix est bien connue mais souvent en même temps qu'elle signale elle camoufle... La flèche indique mais peut aussi contrarier le point de vue, elle pointe non pas tant le sens du point de vue de l'expéditeur que le signalement de son fait : écart... Le cercle est une tentative plus juste mais étrangement plus rare certainement parce que son graphisme se doit d'être parfait au risque de virer à la patate désagréable et gâcheuse d'image. Le cercle est réservé aux personnes certaines de leur coup de crayon, habiles et précises.
C'est en regardant ces cartes postales que je découvris qu'au verso était parfois indiqué le nom de l'architecte. C'est en regardant ces cartes postales que je pris la décision de collecter celles-ci et d'aller voir si du haut de la fenêtre du vingtième étage, si depuis la plage, si ces vues, lieux marqués sont toujours d'actualité.
Une croix, un cercle, une flèche souvent des signes de fierté, de désir de cocher la grille d'un grand ensemble comme on coche la grille du loto afin de sortir de l'image et dans un geste simple et simultané de s'y inscrire.

Les graphistes connaissent bien cette pratique et impriment des cartes comme celle-ci avec déjà des signes comme "mon bureau" (Barcelone !) pour cette carte du Ministère des Affaires Etrangères proposant des stages à l'étranger et éditée par CartCom.
Finalement les fonds monochromes des cartes postales humoristiques démontrent que l'important n'est pas tellement le lieu qui s'écrase en un aplat de couleur que le fait même d'y être et cela toujours contre celui qui n'y est pas. Petite violence amicale, petite aiguille piquée dans l'œil, la distance étant à jamais impossible à combler par une image du moins tant que les voyages simultanés de Gaston de Pawlowski décrits dans le Voyage dans la Quatrième Dimension ne seront pas inventés. Le don d'ubiquité est encore un don du ciel pour les Supers-héros. Je vous le disais au début Alphonse Allais est parmi nous.
Les cartes postales monochromes sont éditées par Le Coffre à Malices à Challans, sans date.

mardi 21 octobre 2008

Twingo bibliothèque


Je m'aperçois que je ne vous ai pas informés que nous (Claude Lothier et moi-même) avions lancé un atelier avec nos étudiants aux Beaux-Arts du Mans autour de la carte postale de l'architecture et du point de vue des artistes face à ce module. (Ça vous rappelle quelque chose ?)
Une partie de la collection a donc pris la route, de nuit vers le Mans.
Nous avons décidé de relancer le site "des vues du Mans qui manquent". Il faudra y faire un tour. Nous ferons de ce blog un centre d'études, un lieu de rencontre et une immense banque d'images possibles, existantes, rêvées et indécises. Il s'agira de recherches et de créations et il s'agira de jubilation.
http://lesvuesdumansquimanquent.blogspot.com/

lundi 20 octobre 2008

encore un peu d'église





Puisque les choses se croisent poursuivons avec encore un peu de religion et d'architecture.
Samedi après-midi, en me rendant à la Galerie du Bellay qui propose une exposition passionnante de vidéos et d'œuvres choisies judicieusement dans le fond du F.R.A.C de Haute Normandie articulant la question du cinéma dans l'art contemporain, je me suis arrêté à l'église de Mont-Saint- Aignan.

Il s'agit de Notre-Dame de Miséricorde au centre Colbert dont vous avez déjà eu connaissance. Je suis passé devant cette église un peu en retrait des dizaines de fois en me jurant de m'y arrêter : c'est fait. Il faut dire que j'étais motivé par la découverte successive de deux cartes postales la représentant et c'était sans doute un excellent déclencheur.
Elle est comme beaucoup de ces églises de cette époque se voulant moderne et discrète, contemporaine mais pas effrayante. Il faut dire qu'à Rouen le syndrome Arretche était fort et les architectes devaient se méfier de formes par trop voyantes. Elle est modeste et cherche surtout à rassurer et inviter le fidèle sous son énorme toit d'ardoise évoquant les églises des villages normands. La modernité est surtout présente par une géométrie du toit accusant la pointe et la pente et par des vitraux en dalles de verre si typiques de cette période et qui sont parfois réussis parfois ratés. Ici c'est de qualité, laissant une belle lumière pénétrer le bâtiment tout en offrant des pierres et des verres superbes dans lesquels l'œil découvre des fossiles et des bulles colorées. La monumentalité est tout entière dans le chapeau de l'entrée accueillant et ouvert. Le sol en pente vers le chœur permet de bien lire la charpente en lamellé-collé, là aussi matériau de cette époque.

Jeu de volumes, croisements des bois offrent un rythme et un jeu plastique agréable et un volume à l'echelle humaine. On est un peu étonné par le resserrement vers le chœur qui s'écrase en pointe sous la descente du toit. De chaque côté de l'entrée et sous l'orgue on trouve à droite une tout petite pièce avec le bénitier et à gauche une identique pour les confessions.

Les chaises Mullca 510 tournent le dos aux pénitents pris dans un coin sous un aquarium de verre...
Un baptême se préparait ce qui me valut le droit d'entrée et un large sourire du prêtre. C'est déjà ça.


La carte postale de l'intérieur de l'église nous montre celle-ci en plein fonctionnement avec une messe. C'est très rare de choisir ce moment pour une carte postale et je me demande bien pourquoi d'ailleurs. On perçoit bien la charpente, bien mieux que sur mes clichés et le point de vue est placé sur la mezzanine (quel nom autre ?) de l'orgue. C'est l'hiver sûrement car tout le monde est habillé chaudement. Oui je sais en Normandie l'hiver commence au mois de septembre et finit en mai... Peut-être qu'un fidèle de la paroisse se souvient de ce jour (le jour du sacrement de l'église ?) Une date est visible encore au crayon sur les charpentes, le 9 avril 1973. Mais l'église daterait de 1970.

Une autre marque attira mon attention, une marque de charpentier je crois, placée sous une poutre. Si vous connaisez ce signe... Expliquez-moi. Cette carte est une édition Eurolux photographie de Candelier Brumaire.

L'autre carte aux éditions Kettler, en couleurs naturelles nous montre l'entrée et son toit en casquette. Derrière les pans de verre un peu sombres, l'orgue dort.
Les architectes sont Messieurs Lefebvre et Rauscher.

dimanche 19 octobre 2008

une thèse



Vous connaissez mon intérêt pour les églises modernes et contemporaines.
Je viens de recevoir un message de Monsieur Pierre Lebrun qui a écrit une thèse intitulée " Le complexe du monument : les lieux de culte catholique en France durant les trente glorieuses".
C'est passionnant !
On y retrouve beaucoup des bâtiments dont j'ai eu le plaisir de vous parler et pleins d'autres informations sur ce sujet : la question de la représentation architecturale du lieu de culte y est particulièrement appuyée. On voit ainsi apparaître des églises gonflables, enterrées, démontables, transformables et mobiles (dans des camions par exemple) et même des églises quasi-virtuelles comme dissoutes dans les villes portées uniquement (et c'est sûrement l'un des lieux les plus touchants) dans les cœurs des paroissiens et des prêtres.
C'est étonnant et cela tente également de renouer avec une certaine forme de nomadisme des fondateurs de l'église chrétienne. Cela passionnera tout le monde car il s'agit là de la question de la forme d'un lieu lié à un programme et dépasse de loin la question de la croyance de chacun.
Les exemples vont de Claude Parent et Virilio en passant par Jean Prouvé, Yona Friedman et Hans-Walter Müller (église gonflable) et tant d'autres.
On comprend un peu mieux les formes parfois discrètes, parfois ingrates de ces lieux de culte et comment un désir d'œcuménisme peut entraîner à une forme banalisée, pauvre, tentant de mettre en avant le cérémonial et la communion des fidèles (de toutes obédiences) bien plus que la richesse baroque et monumentale d'une construction. Un désir de retour à l'origine pastorale qui essaie de suivre une époque de mobilité et de transformations perpétuelles. Une simplicité retrouvée se fondant dans des lieux difficiles.
Il faut que vous alliez lire et voir.
Je vous propose deux cartes postales du centre œcuménique de Chamrousse par les architectes Jomain et l'atelier Berthe-Chappis-Jomain. Les sculpteurs sont Szekely (dont il faudra faire un article un jour), Pirot et Gaillard. Il s'agit d'une édition Combier en Cimcrome par Michel Voisin, photographe.
J'ai choisi ce bâtiment parce qu'il en est question dans cette thèse, parce que les cartes postales sont de grande qualité parce que ce bâtiment par le déploiement des pans de verre s'ouvre sur la nature offrant ainsi une modularité importante et un certain regard sur le paysage devenant à son tour le lieu même du culte. J'aime la franchise (la brutalité ?) des matériaux, le dessin élégant et l'inscription dans le paysage.
La thèse de monsieur Pierre Lebrun est lisible ici :

http://demeter.univ-lyon2.fr/sdx/theses/lyon2/2001/lebrun_p

lundi 13 octobre 2008

carte postale en rafale

Si vous êtes fidèle à ce blog, vous connaissez mon attachement pour "La Rafale" de Reims Croix-Rouge détruite depuis peu.
Ce magnifique exemple de brutalisme à la française n'a pas résisté à la puissance politique de la restructuration des quartiers dits difficiles. L'architecture est coupable, on le sait c'est la théorie française, cela permet de ne rien penser d'autre...
Bien.



Voici une carte postale multiple éditée par La Cigogne qui nous montre le magnifique bâtiment au temps de sa gloire. Il est entouré d'autres vues du quartier et notamment de la faculté pour laquelle nous nous étions déplacés et qui nous permit de découvrir "La Rafale". On peut aussi percevoir la place très dessinée et les extraordinaires jeux-sculptures du quartier. La place doit aujourd'hui être détruite également. Pour ce qui est des jeux, ils n'existaient déjà plus lors de notre visite.
N'oubliez pas d'aller revoir les articles du 27 août 2007.
Pour les rémois, je suis à la recherche de cartes postales du supermarché de Reims-Tinqueux dessiné par... Claude Parent !