mardi 10 avril 2012

de la peinture moderne (presque)

Voilà un cas vraiment intéressant.
En même temps on verra qu'intéressant ne veut pas forcément dire beau...



Cette carte postale du Centre Pompidou est une reproduction d'une peinture de M. Legendre aux éditions Krisarts (1981).
Et là, c'est le choc !
D'abord bien évidemment par le style de la peinture dont on devine l'habitude de peindre plus certainement les mamelons gonflés de Montmartre que de l'architecture moderne. Ensuite parce que l'objet peint abrite lui-même l'avant-garde picturale et subit ainsi une sorte de retournement fond-forme assez saisissant !
Monsieur Legendre le peintre pourtant joue sa carte stylistique avec vigueur dans une sorte d'imitation grise d'un post-post-impressionnisme rejoint de manière fatale (hélas pour lui) par une naïveté d'effets picturaux éculés.
Mais ...
Car, vous vous doutez bien que je ne prendrais pas cinq minutes à défendre cette œuvre s'il n'y avait pas un mais...
On remarque sur cette peinture un élément incroyable c'est le Diatope de Monsieur Xenakis et ici, sur cette peinture, il est représenté à un moment tout aussi incroyable : sa construction !*



On peut donc malgré la qualité relative de cette peinture lui rendre grâce d'avoir su enregistrer ce moment ! Aucune autre carte postale dans ma collection ne me montre ainsi le Diatope. On devine même les drapeaux flottants de Radio-France !
Comme quoi, un document malgré des qualités redoutables peut tout de même porter des informations étonnantes : ici la structure de l'œuvre éphémère de Monsieur Xenakis.
Enfin reste à relativiser le réalisme de cette représentation...
D'ailleurs est-ce d'abord une représentation du Centre Pompidou ou une représentation de la peinture de Monsieur Legendre ?
Je vous laisse y répondre avec les empâtements, les rehauts et la gamme chromatique du peintre et aussi une certaine forme de tendresse...

* et si, vu la date de l'édition, il s'agissait du démontage ?...

lundi 9 avril 2012

un (demi) œuf de Pâques

Une petite gourmandise de Pâques pour tous les amoureux de mobilier des Seventies.
Une friandise, presque rien, un aménagement intérieur par Bruce Boyd, un californien comme le précise l'article de ce Paris Match de février 1973, an american egg for children.
Une petite sucrerie qui aurait sans doute plu à Monsieur Haüsermann.
Bon lundi de Pâques à tous... Et merci Christophe pour cette découverte !


dimanche 8 avril 2012

Architecture de lumière : une revue magnifique

Et si nous parlions un peu d'une revue d'architecture hélas aujourd'hui disparue ?
Il s'agit de la superbe revue Architecture de Lumière.
Par bonheur je possède quelques numéros de cette merveille éditoriale. Tout ce que nous aimons sur ce blog y est parfaitement représenté !
Le choix des constructions, le choix des photographes, les mises en page font un objet imprimé d'un luxe inouï et quasiment œuvre de livres d'artistes.
Pour vous faire un peu baver, (c'est ma méchanceté !) je vous donne quelques-unes des extraordinaires couvertures. La sobriété est ici... à son apogée !






Alors ?
Certes Architecture de Lumière n'est pas une revue d'analyse et de torture critique. Elle donne à voir avec beauté et finesse les architectures qu'elle défend. C'est sa ligne éditoriale : une esthétique au service des architectures, faire de l'espace de la revue un espace d'accueil de l'art des architectes. Les bâtiments sont décrits au plus juste, parfois par les architectes eux-mêmes.
Les doigts se posent sur les images et on se prend les constructions en pleine figure. C'est magnifique. Et comme il n'y a pas de hasard, un article de plusieurs pages rend compte de la construction du centre Thomson-Houston par Messieurs Parent et Virilio.
Photographies de Monsieur Bérenger:






Seul défaut à ce monument éditorial : sa fragilité. Surtout du point de vue de la reliure qui ne permet pas (ou au risque d'une brisure nette) l'ouverture complète du magazine.
Le comité de rédaction de Architecture de Lumière était composé de Messieurs F. Moreau de Balasy, A. Boulard comme rédacteur en chef, J. Sauvegrain secrétaire de rédaction, S.A. Nicolaïdis pour la fabrication.
Le comité de Rédaction : Messieurs G. Bras, M. Bedetti, J-P. Etiévant, B. Galey, B. Manhes, E. Maymil, R. Morel, Y. Tallec, E. Vinot et Madame M. Riand. La revue est une publication sous le patronage de la Compagnie de Saint-Gobain. Mes revues sont datées de 1966 à 1967 à raison de trois numéros par an... Il m'en manque !
Voici d'autres beaux moments... attention les yeux !
Un article sur Marcel Lods et ses belles constructions des Hauts de Rouen aujourd'hui menacées :




Un article sur le centre nautique d'Aubervilliers que nous avions découvert ici :




Un article de Claudius-Petit (!) sur Chandigarh par le Corbusier, les photographies sont de Claudius-Petit :






Un article sur la Villa d'Antibes par André Bloc et Claude Parent, les photographies sont de Monsieur Gilles Ehrmann :



Si des vieux numéros traînent dans votre sous-sol... je suis preneur !

samedi 7 avril 2012

Monsieur Novarina en résidence

Il y a des moments où tout est à l'unisson.
D'abord un parfait carton 10 par 15 cm, absolument neuf et imprimé avec soin nous montre une belle tour surgissant forte et majestueuse entre les deux bords verticaux de cette carte postale Guy pour André Leconte éditeur.
Puis au dos, comme pour confirmer l'impression de qualité et dire que l'œil ne s'est pas trompé, le nom d'un grand architecte français : Monsieur Novarina.
La carte est expédiée le 11 octobre 1971 depuis Viry-Chatillon car c'est bien là que nous sommes dans cette image. Devant l'ensemble résidentiel CILOF. Compagnie Immobilière des Logements des Fonctionnaires.
Regardons :



D'abord une surface grise légèrement mauve. Viennent des barres horizontales, une fois pour les ouvertures, une fois pour la façade elle-même. La ponctuation des stores de couleur rythme aussi ici cette façade : qui écrira une histoire des stores de couleur dans l'architecture moderniste ?



On remarque que les ouvertures verticales sont toutes rejetées vers les bords de la tour brisant ainsi la monotonie de la grille et soulignant par la même occasion sa verticale. Simple ? Oui mais efficace.
On devine une tranchée verticale sur les côtés de la tour qui allège aussi la silhouette.
Revenons au sol et regardons maintenant comment cette tour travaille son contact avec la terre. Un rez-de-jardin qui semble décoré d'une céramique ou d'un appareillage de brique forme le socle fin et accueillant de la tour de Monsieur Novarina. Puis une première ligne de percées horizontales (stores oranges) assoit encore cette horizontale : des appartements ?
On remarque que si nous poursuivons notre chemin depuis ce point de vue vers la tour, nous arriverons par sa gauche à une sorte de premier niveau en passant sur un édicule de béton gris. La tour est en effet un peu en contrebas.



Puis sur la façade, deux niveaux aveugles sauf aux extrémités forment un rectangle plein qui aussi assoit la tour. Une sorte de "socle" pour la grille de la façade.
Tout est parfaitement dessiné, sobre, élégant.
D'ici, comme souvent avec Monsieur Novarina, simplement une grande et belle architecture.


URGENCE : Signez la pétition pour la sauvegarde du centre Thomson-Houston de Claude Parent et Paul Virilio architectes.

vendredi 6 avril 2012

Star Wars : une archéologie du futur... euh du passé !

Il y a longtemps, très longtemps...
Ça commence comme ça et évidemment tout de suite après les images sont bien celles d'un futur.
Star Wars, La Guerre des étoiles, est un chef d'œuvre dont l'influence sur le monde de l'architecture ne fait aucun doute à moins que cela ne soit le contraire.
Amusons-nous, nous avons bien le droit, à trouver quelques possibles échanges entre la Trilogie de Georges Lucas et quelques cartes postales récemment atterries dans ma collection.
Le fait que j'aie trouvé cette carte postale...


...en cherchant tout autre chose n'est pas pour rien dans ce désir ! Cette carte postale reprend l'affiche du second volet, le plus beau, le plus fort. Elle est datée de 1984.
Vous allez voir que parfois je tire un peu beaucoup la ficelle, mais on s'en fiche non ?
Ce qui compte c'est d'aimer, le prétexte pour aimer n'a que peu d'importance.
Allez hop !


D'abord une salle de concert pour que l'Empereur puisse écouter un orgue sinistre et sombre, celui du Côté Obscur...
La grande main fait bien évidemment référence à celle perdue du fils de Vador, Luke, dans un jeu symbolique qui n'aura pas échappé aux aficionados. Il faudrait, pour être parfaite, que cette salle de concert de l'Empereur se sépare de ses chaises en plastique.
Puis :

Non il ne s'agit pas de bâtiments mais d'une paire de filtres à protons de l'un des vaisseaux de la Rébellion. Déposés sur terre suite à une panne de moteur, ils sont aujourd'hui squattés par des étudiants pour en faire des logements pas trop chers. La taille d'un tel élément mécanique laisse présager de la dimension de l'ensemble du vaisseau. Il s'agit pourtant de l'une de ses plus petites pièces mécaniques...
Continuons...

Ce radar de défense prit place sur la planète Hoth mais sa vocation militaire ici n'est pas très utile. Il sert donc surtout ici à contrôler la forme et la puissance des nuages, il ne sert à rien en fait. C'est pour cela que le photographe a choisi de coller un arbuste au premier plan qui est bien le sujet de cette image !
Enfin...
Oui...
Je sais...
Ce... comment dire ?... cette chose construite est bien un vaisseau interstellaire de Classe A à vocation diplomatique. Perdu quelque part sur les terres arides, il dispose d'une carapace fortifiée et d'un système de plantation de pelouse automatique dès son atterrissage !
Ce qui ressemble à des lampadaires tout autour du vaisseau est en fait des yeux d'observation pour permettre aux délégations protocolaires de discuter tranquillement sur les pelouses toutes neuves. C'est, dit la Légende, dans un vaisseau de ce type que fut signée la reddition de l'Empire.

Je vous donne les intitulés exacts de ces carte postales ou je vous laisse chercher un peu....
Allez, je vous sens impatients.
Donc, par ordre d'apparition à l'image nous avons :

Alpes d'Huez, Centre Notre-dame-des-Neiges, maquette de Jean Marol, architecte à Vichy. La conception de l'orgue est de Jean Guillou de l'église Saint-Eustache à Paris et la réalisation par Detlef Kleuker, facteur d'orgues à Brakwede, Westphalie. C'est une belle édition Cellard.

Distinctive Dormitory towers of the University of Pittburgh. La carte postale fut expédiée en 1967 et c'est une édition Imperial (oui!) Greeting Card.

Reims, Amphithéâtre du Campus universitaire de Croix-Rouge. C'est là que nous avions découvert La Rafale, centre commercial brutaliste et superbe disparu aujourd'hui malheureusement ! On reviendra plus longuement sur cette carte postale plus tard.

Centre de la Francophonie à Cotonou par HPS éditeur avec une photographie de Emile Hazoume. Un curieux et beau bâtiment dont je n'arrive pas à trouver le nom de l'architecte. La référence à Melnikov semble évidente mais...
Avouez que l'Afrique nous réserve décidément bien des merveilles !

mercredi 4 avril 2012

cartes postales militantes : la Donation Richard Klein

Nous sommes militants.
Et vous l'êtes avec moi.
Il y en a d'autres et pas des moindres. Je reçois en effet un courrier contenant des cartes postales militantes de la part de Monsieur Richard Klein que nous connaissons bien sur ce blog pour être entre autres l'un des responsables de la publication de l'ouvrage de référence pour ce blog : Les années ZUP, architecture de la croissance, chez Picard éditeur. Richard Klein est enseignant à l'école d'architecture de Lille.
Qu'il puisse lire ce blog est déjà un honneur (et une responsabilité quant à sa tenue !) mais cela devient aussi un plaisir quand on reçoit ainsi de belles cartes postales de défense du Patrimoine.
Quel Patrimoine ?
La Villa Cavrois de Mallet-Stevens !
Regardons...



Cette première nous raconte une histoire. Le dessin est de Laurent Zimmy pour B.A-ba un journal d'architecture. Au crayon léger la date de 1998 est notée dans un coin... On voit la Villa Cavrois de Mallet-Stevens sous une neige épaisse puis elle finit dans une boule à neige sans doute moyen ici rhétorique de dire que bientôt il ne pourra plus être question de voir la Villa que de cette manière !
Une autre :



Datée de 1993, celle-ci est due à Philip Bernard. Ce beau collage moderniste confronte le dessin de la Villa à son état au moment du collage et joue de la comparaison avec un paquebot pour cette architecture. L'ensemble penche et sombre dans un bleu maritime et d'oubli. On entend la sirène ! Je trouve cette image superbe.
Puis...



Voici le paquebot !
On devine une image au temps de sa splendeur, sans doute une image de presse. Quelle merveille non ? Et dire qu'il aura fallu la manifestation d'un soutien à cette architecture pour que ce patrimoine soit sauvé... après des années d'effort ! Et encore, il semble bien que des difficultés soient encore présentes.
Pour plus d'informations sur ce sauvetage, l'avancement des travaux et le programme allez vite ici sur ce site : http://www6.nordnet.fr/mallet-stevens/sommaire_general.htm
Si nous étudions ces cartes postales militantes et que nous commencions à les comparer avec d'autres (suivez mon regard...) on pourrait trouver les différences suivantes : ici pas de destinataires forcés, le champ de l'adresse reste ouvert, les images ne sont pas celles de l'objet dans son état actuel mais jouent soit de l'affiche soit de la BD pour raconter les menaces. Une association revendique l'édition et se pose en défenseur du lieu, il n'y a pas d'espace pour le timbre. Pour le reste le vocabulaire postal est présent : titre, noms des illustrateurs, des photographes, barre verticale centrale, format même, disent bien une carte postale. On commence maintenant à avoir vu ici un ensemble de cartes postales militantes qui forment presque un corpus dans ma collection. Elles ne défendent pas toutes un patrimoine avant destruction puisque certaines évoquent même littéralement celle-ci, mais parfois aussi évoquent une histoire urbaine, célèbrent une Labellisation, racontent la ville, sont des œuvres d'artistes. Il pourrait y avoir là un sujet d'études, de réflexion sur ce média pétitionnaire ou festif prenant "image" d'un média populaire de correspondance. Le jeu, le second degré, mais aussi la présence physique du carton aident certainement à ce passage à l'acte de défense que parfois la signature sur un formulaire A4 photocopié n'encourage pas... Il faudrait mesurer la portée de ce type d'actes militants sur les institutions. Je me souviens à Dijon de mon émotion à revoir les cartes postales pour sauver Sens dans le dossier de la DRAC Bourgogne.
Je me souviens que cela fut indiqué comme important mais pas "primordial" dans la décision de son inscription...
Merci en tout cas Monsieur Klein pour cet exemple.
Pour finir, un peu de communication et il s'agit bien là aussi d'une carte postale !
Et n'oubliez pas de lire aussi le livre consacré à la Villa Cavrois et à Mallet-Stevens écrit par Richard Klein et publié chez Picard éditeur.



le Comité de Vigilance Brutaliste vous conseille...

le documentaire "le Palais" actuellement visible sur le site d'Arte et qui nous offre l'occasion de découvrir l'incroyable Corviale que nous avons eu la chance de visiter de nuit (!) avec les étudiants en 2008 ...Rappelez-vous ici !
Même si le documentaire ne vous dira rien d'un point de vue strictement architectural, il est un très beau moment de partage avec ces habitants.
Vite vite ! Allez voir Le Palais !