dimanche 29 mars 2009

Par internet, Berlin à nouveau

Le 7 mars je vous montrai des cartes postales d'églises de Berlin.
J'avais acheté ces cartes postales sur internet et ce correspondant avait bien compris mon intérêt pour l'architecture contemporaine et moderne. Il me proposa donc de poursuivre mes achats ce que je fis sans hésitation, vu la qualité éditoriale des cartes postales qu'il me proposait.
En plus de tout cela nous avons commencé à échanger menus propos et divagations. Il est heureux toujours, de voir que l'on peut ainsi "rencontrer " des personnes sur le seul motif d'un achat de cartes postales.
Yves Krier, c'est son nom a eu en plus des cartes postales que je lui ai commandées, la gentillesse de joindre à l'envoi un petit guide d'une des églises concernées, celle de St Canisius. C'est en allemand mais on y trouve des images et des plans. Nous avons ainsi bien le nom de l'architecte Monsieur Reinhard Hofbauer. 
Voici la double page des plans :



La carte postale de l'intérieur est reprise sur la couverture du livret. Le photographe est nommé, Monsieur Wienand Stockmann. C'est une très belle carte postale en véritable photographie d'une grande qualité. Beaux contrastes, belle lumière et cadrage superbe. On comprend bien comment la lumière arrive par les ouvertures laissées entre les arcs.


Voici un autre intérieur, celui de l'église St-Ansgar que nous connaissons déjà. La carte postale nous indique la localisation précise Berlin-Hansaviertel et le nom du photographe, Monsieur Harry Wagner. Là également c'est une véritable photographie. On reconnaît bien les ouvertures sur le côté gauche et on découvre le beau caissonnage du plafond. Rien ici d'ostentatoire, la blancheur permet de lire les objets du culte et les représentations religieuses. Une économie de décoration qui permet une parfaite lecture du volume.
Là aussi le photographe a fait un travail remarquable. Douceur et contraste se répondent.


La dernière carte postale est une image de l'église du Kaiser Friedrich Gedächtnis Kirche à Hansaviertel. L'architecte est le Professeur Ludwig Lemmer et la photographie est de Monsieur Arthur Köster.
Le clocher est superbe, il s'accroche à des volumes qui semblent industriels. On remarque des vitraux circulaires et surtout un très bel exercice de béton plié sur le toit qui forme auvent d'une grande finesse.
Là également une carte postale d'une grande beauté éditoriale et de conservation. Pas un pli, pas une cassure, pas une tache : un très beau document sur le renouveau de l'art sacré.
Tout cela laisse donc penser une belle vitalité allemande et berlinoise pour la construction d'églises juste après la guerre. Et cela sans nostalgie, sans regard vers le passé, pas de compassion architecturale. Une page se tourne et les fidèles la tournent dans des lieux de leur époque, des lieux esthétiques, modernes et parfaitement bien construits.
Un bel exemple.
Merci encore à Monsieur Krier.



samedi 28 mars 2009

Royan, vues de haut

Il y a longtemps que je n'ai évoqué la plus belle ville du monde après Brasilia : Royan.
Je cherche toujours des images où on la découvre en train de naître, des images du chantier. Les vues aériennes de l'époque sont souvent l'occasion de dénicher des petits et gros morceaux de cette ville en construction car les éditeurs de cartes postales, soucieux d'évoquer la ville, en prenant de l'altitude, savent donner l'impression que l'ensemble est constitué.
Peu d'évocation du grand chantier alors que la reconstruction apparaît partout comme jubilatoire, les éditeurs aiment mieux les maquettes (le rêve) ou bien l'achèvement (la réalité) que le transitoire !
Si vous avez dans vos cartons des cartes postales de Royan en chantier, église, casino et marché soyez assez gentil de penser à moi !
Alors voici :


En couleur, chez Berjaud pour Tito éditeur, le boulevard de la Grandière expédiée en 1955.
En haut à gauche le marché n'est pas construit mais les bâtiment de la grande conche qui donnent à Royan son plan, eux, sont bien présents. La poste également ainsi que la galerie marchande, lieu de rêve des enfants, bouées, bateaux à voile et ballons multicolores en pagaille ! (et cartes postales!)
On remarque tout de suite qu'une construction faisant angle n'est pas terminée. Dans le remarquable guide architectural de Royan 1950 de Monsieur Préaut, on nous indique qu'il s'agit de la maison de ville "hélianthe", Villa Counil due à Monsieur Salier architecte livrée en 1956. Cela concorde parfaitement puisque la carte fut expédiée en 1955.




Regardons maintenant cette belle carte postale Tito expédiée en 1956. La conche est bien construite mais le Casino sort à peine de terre. Quasiment qu'un tracé au sol. Si on regarde bien on devine au loin en face, la maison de ville "hélianthe est un peu plus avancée. Et il reste encore un toit à poser rue Gambetta.


Sur cette carte postale Gagy pour Artaud photographiée par Raymond Delvert Pilote Photographe (quel métier génial !) on voit bien le boulevard Aristide Briand terminé. Mais le front de mer lui, n'est pas terminé et ni le casino ni l'église ni le palais des congrès n'existent encore. Les terrains sont en friches.
Cette ville...
Royan.
Qui décidera enfin à y faire le ménage ? Sauver ce qui peut encore l'être...

Pour mes amateurs d'art sacré contemporain et moderne

Disons le tout de suite, il m'arrive de faire des achats sur internet.
Les boîtes à chaussures disparaissent des étalages de foires à tout et je gagne beaucoup de temps en cherchant sur des sites spécialisés.
Et puis si je veux trouver au moins une carte postale de chacun des monuments décrits dans notre guide vénéré, il est plus simple de procéder ainsi même si les surprises sont aussi toujours les bienvenues.
Alors voilà aujourd'hui je vous propose cela : Saint Rouin en Argonne sa chapelle.



Dans le guide il n'y a pas d'images mais la description laisse rêveur. Lorsque j'ai vu les cartes postales s'afficher sur mon écran j'ai su que je ne pourrais résister à cet achat !
Je ne dirais pas mieux que ce qu'en disent les auteurs de notre guide :

Et ce qu'en dit l'excellent ouvrage l'architecture religieuse contemporaine en France de Georges Mercier (mame éditeur) qui reste une référence pour tous les amateurs comme moi d'art sacré contemporain :



Les cartes postales ne comportent aucun nom d'éditeur, de photographe ni d'architecte. Pas de date non plus, seul un tampon indique Collection J.F.M.
On découvrira aussi qu'une artiste japonaise de 10 ans a réalisé une partie de la décoration, mademoiselle Kimié Bando.
Qu'est-elle devenue ? Si elle nous lit, qu'elle nous donne des nouvelles !
Bien entendu tout est réuni pour que j'aime cette architecture.
Béton brut de décoffrage à la limite formelle du cryptique, quoique bien ouvert, forme radicale et simple comme le meilleur de l'art roman, utilisation du Modulor, et c'est une chapelle.
C'est un petit bunker ouvert sur pilotis ce qui le rend un peu "radieux" et fragile. Monsieur Székély y a travaillé, ce qui ajoute à mon intérêt pour cet artiste et ce bâtiment.
Merci à Valérie Herran pour son message et ses informations.
Si sur Lyon vous avez le désir de faire des visites d'églises modernes et contemporaines allez ici :
http://confluences-lyon.cef.fr/spip.php?article109

mercredi 25 mars 2009

c'est oblique

Très rapidement et parce que Monsieur Parent vient d'être évoqué dans l'émission de François Chaslin Métropolitains, voici un bel exemple de pente accusée, il s'agit d'une architecture que l'on doit à Monsieur Blondel, invité de ce jour.
Ça penche...
Ça glisse...
http://www.brabantwallon.be/fr/tome-8--prix-de-lurbanisme-et-de-larchitecture-du-brabant-wallon-2008.html?cmp_id=7&news_id=1253&vID=129

mardi 24 mars 2009

nous avons reçu...


Un peu comme ça sans point commun autre qu'une époque magnifique où l'intégration architecturale était une blague que même les plus réactionnaires n'osaient pas se raconter.
Un peu au hasard de mes réceptions postales.
Rien que vous ne connaissiez déjà.
Mais du beau, du bon, du parti pris.
J'aime les Halles. Je suis seul je sais mais j'aime les Halles.
On va tenter de les remplacer par une canopée (laissez-moi rire, voilà c'est fait) qui se couvrira magnifiquement de merde d'environ 2 millions de pigeons parisiens.
Les mots...
On a failli avoir un dance-floor ! On aura une canopée !
Alors j'aime le trou des Halles. J'aime cette idée, j'aime qu'on se frotte à la sortie du R.E.R, c'est serré, c'est tendu. J'aime les parapluies blancs et fumés ridicules et joyeux, j'aime surtout le très beau parc. Et surtout, surtout l'incroyable travail qu'a réalisé Monsieur Chemetov sous ce jardin.
C'est Piranèse, c'est le génie civil, c'est massif, fort, solide et tellement tellement remarquablement dessiné !
Avec ce classicisme élégant que de très rares personnes savent jouer, ceux qui sont suffisamment cultivés pour que ça passe sans la plaisanterie post-moderne.
Monsieur Chemetov là vraiment c'est du génie.
Que fera-t-on de cela ?
La canopée va-t-elle le préserver ? Et si la forêt, la végétation, du plafond tombaient à l'intérieur, que la ruine s'organise, que ça pousse sous les voûtes, que les racines tournent autour des piliers que l'on se décide à inventer là la plus belle ruine de Paris, la plus solide...
La carte postale édition Chantal nous indique bien que les architectes sont Messieurs Vasconi et Pencreac'h. Pas de date.
Qui se souvient de cette belle entrée de R.E.R en toile cirée orange ?
Qui se souvient de cette peinture de l'homme qui marche de... de... tiens j'ai oublié de... ah non rien à faire. C'était superbe aussi cela. J'avais je crois une carte postale... Et que cachait ce gros bloc gris que l'on dirait redessiné par Nicolas Moulin ?

Et puis voici une nouvelle piscine Tournesol de Monsieur Schoeller. Celle-ci est à Landivisiau dans le Finistère. La blancheur de la coupole mobile renvoie les cris des enfants harnachés dans des bouées de polystyrène. Le bonnet est obligatoire, toutes les couleurs. On peut suivre le déplacement du maître-nageur au bruit de ses sandales, ça claque. Longtemps j'ai eu peur, je suivais le bord. Souvenir latent d'une presque noyade à 4 ans. Les bulles montent et au fond assis sans inquiétude je les regarde monter. Je me sens happé par le haut, c'est le maître-nageur qui me sauve. C'est, étrangement, un beau souvenir...
J'utilise encore pour nager ces petites planches de polystyrène que j'aime à tenir devant moi, calées derrière ma nuque ou pincées avec mes jambes. C'est super sport...
Je regarde sur l'autre ligne les grands nageurs.
Elles sont belles ces piscines, ouvertes sur le dehors. Elles sont belles.
La carte postale est une carte des éditions d'Art Jos expédiée en 1991 pour un jeu.

samedi 14 mars 2009

soucoupes volantes


Depuis longtemps je voulais vous faire un petit festival de soucoupes volantes.
Imaginons une réunion interstellaire sur un grand terrain vague où iraient se réunir ces magnifiques O.V.N.I qui ne seraient en fait que des Objets Architecturaux Non Identifiés !
Pas tant que cela finalement...
Commençons avec la plus soucoupe volante des soucoupes volantes : Evoluon à Eindhoven.
La carte postale est muette sauf pour ce très joli logo très ligne Atome à la bruxelloise !
L'architecte est Monsieur Kalff et on peut trouver pleins d'informations ici :
http://www.evoluon.com/home.html
On peut aussi voir ça sur you tube :
http://www.youtube.com/watch?v=RMSdP_jxwC4&feature=related
On voit les visiteurs s'amuser des expériences et jeux scientifiques que proposait le lieu avant de se transformer en centre de congrès.

On voit aussi cette jeune femme avec la carte postale à la main, la musique de ce petit film est euh... d'époque ! et particulièrement réjouissante ! Je n'aime pas, j'adore !


Poursuivons avec le cirque de Tachkent, si j'en crois la traduction de la légende faite par l'expéditeur de cette carte postale qui trouve également la nourriture bizarre ! cette carte soviétique fut expédiée en 1978. Il semblerait que les architectes soient Messieurs Alexandrovitch et Muftakhov.



Un autre vaisseau spatial soviétique mais là vraiment non identifié. La carte postale est entièrement en cyrillique ! Je vais essayer Kiev pour voir, ça y ressemble un peu.
Non, finalement non. Si vous trouvez quelque chose... En tout cas Buckminster Fuller aurait adoré ça...


Nous voici maintenant au portugal avec le palais des sports de Porto. L'architecte est Monsieur José Carlos Loureiro. Quelque chose d'une centrale nucléaire mais avec force de hublots pour permettre d'admirer les paysages. J'aime beaucoup cette forme pleine comme moulée d'un bloc qui donne une sensation de protection et de solidité presque indestructible, militaire s'il n'y avait la base très largement ouverte.


Finissons enfin en France à Saint Nazaire. Voici encore une salle des sports aux éditions du Gabier. On doit ce chef-d'œuvre (oui) à Messieurs Vissuzaine, Longuet et Rivière. Les Men in Black ne sont pas loin.

une autre carte postale chez Cap en mexichrome expédiée en 1974 nous indique bien les architectes.


Avec les éditions Jansol on prend de l'altitude. On comprend mieux la forme globale et la belle pente du toit presque plat. Quelle surface ! Dommage que cela ne soit pas un vrai lieu offert à la ville ! Quelle belle place cela aurait pu faire, libérons les toits, marchons dessus, habitons-les ! Les toits c'est de la ville libre encore, des terrains à reprendre. On admirera les rampes d'accès qui, pour le coup, sont vraiment à l'image des soucoupes volantes.



Je vous donne la page de notre guide. On découvre que le génial René Sarger est l'ingénieur de ce bâtiment. Rien d'étonnant quand c'est beau c'est Sarger.
J'aurais pu finir cette série sur une belle piscine Tournesol de monsieur Schoeller mais vous les connaissez si bien maintenant...




Essen modern greetings


Deux très beaux bâtiments modernes à Essen, Allemagne.
Commençons par le Städtische Badeanstalt. Merveilleuse construction que nous devons certainement à Monsieur Ernst Bode.
Encore une fois, ici s'expriment la rigueur géométrique et l'emboîtage des volumes. Les ouvertures soulignent (dessinent) les cubes en faisant contraster la blancheur de la ligne avec la brique de la façade.
Si j'en crois mes connaissances, l'horizon est situé entre les deux lignes d'ouvertures du cube de l'entrée. L'angle y est peu marqué, presque une droite, la hauteur de l'œil.
Ah oui, il s'agit de la piscine municipale. 
La carte postale ne nous indique que peu de choses : Heiko N°30128 en photographie véritable. Pas de date, d'éditeur rien. Mais une merveille ça c'est certain.

Toujours à Essen la Deutchlandhaus de l'architecte Koerfer. Facile de trouver ce nom grâce au magnifique ouvrage Modern Greetings dont je vous ai déjà parlé (voir post du 21 avril 2008). On trouve d'ailleurs dans ce livre d'autres bâtiments de cet architecte. C'est d'ailleurs en cherchant des cartes postales tirées de cet ouvrage sur internet que j'ai pu me procurer ces deux modèles. Je rêve à la collection complète...
A souligner également que ces deux bâtiments sont toujours debout et parfaitement visibles sur Google Earth.
La Deutschlandhaus est éditée Cramers Kunstanstalt à Dortmund.
Quelques pages de moderne grüße modern greetings chez Arnoldsche éditeur.






samedi 7 mars 2009

un peu derrière

Sur l'article précédent, je remarquais avec vous un bâtiment derrière l'église St Canisius.
Il se trouve que lors de ma visite sur un site marchand j'ai trouvé ça :


Je n'aime pas beaucoup voler des images sur l'internet mais là c'était trop fort !
On reconnait immédiatement la construction, son escalier et l'étagement des fenêtres. On reconnait le drapeau flottant. Si, en plus on fouille un peu l'image, on retrouve notre église par son campanile juste là :


Le site nous indique qu'il s'agit  de Wilhem Weskamm-Haus- Thomas Morus Kolleg und newmann helm (?).
Je vais fouiller encore un peu pour trouver un peu plus d'informations...

dédicaces à Céline Frémaux

Quand la qualité architecturale s'allie à la qualité éditoriale on est souvent en Allemagne.
A Berlin pour être précis avec ces trois cartes postales d'églises.


Nous commencerons par ces deux vues de la St Canisius Kirche. Les cartes postales nous donnent bien le nom de l'architecte Monsieur Hofbauer et nous indiquent qu'il s'agit là de véritables photographies d'ailleurs d'une rare qualité. Le bâtiment semble une succession d'arcs en décalage donnant l'impression d'un cylindre fendu. C'est assez simple et très efficace. On remarquera également la différence de traitement avec le campanile laissé en béton brut de décoffrage et nous offrant une forme magnifiquement dessinée en aile d'avion verticale. Un petit édicule en bas de celui-ci pourraît bien abriter le baptistère. Tout cela est tendu, fin et remarquablement sobre. Regardez la finesse de l'arc qui fait porche d'entrée : une feuille de béton. Mais jetons un oeil ici aussi.

Ce petit immeuble derrière m'a l'air particulièrement intéressant ! Un bâtiment administratif certainement car il porte un drapeau allemand.
J'ai trouvé peu d'informations sur cette église mais si mon allemand est encore bon il semble qu'elle est brulée (?) et fut remplacée par ça :
www.flickr.com/search/?q=canisius+kirche
Ce qui n'est pas mal du tout aussi !


Nous voici maintenant devant la Kath. Kirche St Ansgar à Berlin-Hansviertel. On sait (ceux qui sont allés à Berlin) que ce quartier fut entièrement reconstruit par les plus grands noms de l'architecture d'après-guerre, de Gropius à Niemeyer.
Ici l'architecte est Willy Kreuer. L'église fut construite entre 1955et 1959. On remarquera là également que le campanile est comme décroché de l'église. Jeux d'obliques sur la façade largement ouverte, décrochements de celle-ci en plusieurs plans donnent un caractère à la fois léger et transparent. Le campanile est une structure porteuse comme peut en produire le génie civil. On peut entendre les cloches sur ce site !
http://www.youtube.com/watch?v=Nx8VZ_reaLI
la photographie est de Harry Wagner. C'est un très beau document pour une belle église pour une belle carte postale !

mercredi 4 mars 2009

Il reçoit Michel Marot

Encore à l'écoute de Métropolitains ce matin.
Cette dernière émission sera podcastée tant elle concerne ce blog.
Ce Matin Monsieur Chaslin a cité notre guide vénéré. Oui.
Il a dû s'y résoudre pour évoquer un ensemble que l'on connaît bien sur ce blog : Marina baie des Anges. (voir article du 9 septembre 2008)
En fait ce matin François Chaslin recevait Michel Marot architecte fort passionnant. Sur les trois articles consacrés à cet architecte dans notre guide, deux sont très durs à son encontre et seulement l'article consacré à la Villa Arson semble plus ouvert !


J'ai déjà dit comme je peux me satisfaire de Marina baie des Anges. Je vais donc vous montrer aujourd'hui l'église qu'évoque Michel Marot dans l'émission de ce matin grâce à deux cartes postales. J'ai reconnu ce nom d'ailleurs et j'étais certain d'avoir des images. J'ai fouillé d'abord dans mon classeur "Vatican 2" sans résultat et j'ai finalement mis la main sur ces deux cartes postales dans le classeur alphabétique, juste à côté de  Monsieur Minangoy.
La carte postale de l'extérieur de l'église nous montre donc un bâtiment en pointe au clocher plus que spectaculaire, d'une arrogance jouissive. Au concours du clocher le plus pointu de France il aurait la palme, ça gratte le ciel. Dessous une pyramide aplatie reposant semble-t-il sur une ligne de vitrail et un mur de pierres. Je ne sais comment on appelle l'énorme chien-assis qui fait portail mais je le trouve assez incongru et très "village". Les poutres qui le soutiennent sont bien maigres. Michel Marot nous dit que c'est Monsieur Novarina qui le conseilla aux commanditaires. C'est possible qu'il reste quelque chose de cet autre architecte ici. J'ai pour ma part toujours beaucoup de mal avec ce mélange de matériaux et de couleurs. C'est à la fois paysan et moderne ou ni l'un ni l'autre. La carte postale ne nous indique que le nom de la commune : Les Grès (Aube) (commune de Fontaine-les-grès) Eglise Ste-Agnès. Michel Marot est cité comme architecte. Pas de date ni d'éditeur.
Sur cette autre carte postale, nous pénétrons à l'intérieur de l'église. Un culte aux lambris de pin semble y être effectué !
On admirera la flèche dessinée par le vide du clocher qui évoque l'ascension rapide et étroite à travers la fusée du même clocher. J'aime ça. Dessiner un tel signe avec du vide c'est étonnant. La photographie y rend bien justice et le noir et blanc ici est judicieux. J'aime comment tout cela joue aussi avec l'ellipse du lustre fruste. (Dites le vite : lustre fruste !)
J'aime moins les deux appuis de biais qui passent devant le chœur. 
Il s'agit d'une carte postale en photographie Roze. L'architecte est nommé et son titre de Grand Prix de Rome aussi. 1954. A-t-il rencontré, croisé là-bas dans les jardins et sur les terrasses Jacques Ramondot ?

En piqûre de rappel je vous remets un peu de Marina Baie des Anges. Je tiens à signaler qu'aucune de mes cartes postales ne cite Michel Marot comme architecte mais toujours Monsieur Minangoy. Il me faudra travailler cette question parfois si délicate de l'attribution des bâtiments. Dois-je corriger mes cartes postales et bouleverser mon classement ?
En attendant voici :
Villeneuve-Loubet Marina "Baie des Anges" Architecte Minangoy, le port chez Combier en Cimcolor expédiée en 1979.
Puissant non ?
Guide d'architecture contemporaine en France
Par Messieurs Crettol, Monnet et Amouroux
chez technic-Union 1972

mardi 3 mars 2009

la laideur en héritage


Il y a des sites, on ne sait pourquoi, on a beau détruire et refaire c'est toujours la laideur qui l'emporte.
Je crois que la Peak Tower de Hong Kong fait partie de ce type de lieu.
Voyez ce Peak Tower restaurant. C'est laid non ?
Je veux dire c'est grotesque et même risible. Une mauvaise architecture qui tangue entre un James Bond sans budget et un décor pour la série des thunderbirds que j'adorais enfant. Vous me direz c'est déjà pas mal. Oui.
Mais non.
Je peux accorder facilement mon dégoût à ma nostalgie si nécessaire, parfois même je m'y roule mais là franchement. C'est quoi ?
Un morceau de cargo posé sur pilotis ? un nécessaire de toilette agrandi ?
Remarquez, on n'oublie pas facilement ce genre de construction.
Et puis arrive l'argent et Terry Farrell architecte, on détruit le moche et on construit... le moche !
Là le registre c'est bouchon de flacon de parfum à deux balles. Épouvantable...
Comment faire aussi raté ?
Ça veut tellement pas faire comme tout le monde, ça veut tellement faire moderne que c'est une vraie tartufferie. c'est le Futuroscope sans l'humour, c'est le coup de compas qui ne se discute pas, c'est clinquant. je crois que si on met le pied dedans ça peut porter bonheur non ?
C'est typiquement ce genre de truc qui dégoûte de l'architecture contemporaine. C'est un bidule, un machin, c'est dessiné en deux secondes sous une influence fromagère.
la commande devait être simple : la même chose mais moderne. C'est réussi c'est la même chose mais moderne mais laide.



Palace


C'est pour ce genre de rencontre que je continue à fouiller dans les boîtes à chaussures.
Voici le Riyadh Palace Hotel.
Je n'ai pas beaucoup de renseignements, franchement rien. Mais c'est vraiment un dessin que j'aime. Un cylindre central aveugle articule deux barres écrans aux vitres fumées comme des lunettes de soleil de contre-bande. Ce marron foncé est si daté...
Puis, à chaque extrémité à nouveau deux cylindres ajourés à peine, presque une architecture de défense, des meurtrières. Les escaliers de secours sans aucun doute. C'est brutal et franc comme construction et comme dessin. On aimera également les pilotis très élevés et de base carrée comme si on n'avait pas fini de descendre la façade jusqu'au sol. La structure ici se donne à voir.
Pas de débauche de matériaux luxueux, pas de marbre en fine feuilles sur la surface. Le luxe se cache ailleurs, dans un service impeccable, une attention discrète au client. Du moins j'imagine.
J'imagine le silence des pneus des énormes limousines glissant sur un parvis ombragé.
J'imagine.
Ce bâtiment pourrait être une sous-préfecture, un centre bancaire, un palais de justice n'importe où.
Il baigne pourtant dans un air surchauffé en Arabie du Sud.
International.
La carte postale n'est pas datée, elle nous indique : Saudi Hotel Services Company. Riyadh palace Hotel P.O box 2691 Riyadh Saudi Arabia telephone 4012644 telex 200312 Kasser SJ
Si vous vouliez y réserver une chambre...

axe majeur plié


J'aime les livres à systèmes que l'on appelle parfois pop-hop.
J'aime l'architecture.
J'aime les villes nouvelles.
J'aime la sculpture contemporaine.
Donc : j'aime ce livre que je reçois ce jour.
Etrange publication éditée par l'Etablissement Public d'Aménagement de Cergy-Pontoise en 1992, ce livre se déploie et nous donne à voir, à la manière de nos livres d'enfance, l'Axe Majeur dessiné par Dani Karavan à Cergy-Pontoise.
Il s'agit certainement là encore d'un ouvrage promotionnel. C'est en tout cas un bel objet éditorial mettant en balance à la fois la monumentalité de l'œuvre et la fragilité extrême du livre à systèmes.




 
Déplié on est en avion au dessus de 1m (!) de paysage. C'est tout bonnement spectaculaire. Je connais mal l'œuvre de Dani Karavan, je veux dire de visu (de visée).
Pourtant Cergy n'est pas loin. ma visite de son site me permet de comprendre un peu mieux son univers formel très orienté vers des bases géométriques alliant puissance, cheminement, point de vue et monumentalité.
Il fait des monuments. Moins des sculptures. 
Il me faudra parcourir cet Axe Majeur bientôt.


Je trouve dans ma collection bien rangée maintenant une carte postale de Cergy-St-Christophe nous montrant un coucher de soleil sur l'Axe Majeur. Cette carte lyna est une photographie de Paul Viard qui a su mettre en scène l'inscription astronomique de l'œuvre de Karavan. Nous sommes sur la trace des Aztèques, des Indes ou encore de Stonehenge ou la cosmogonie rejoint l'espace sous les pieds. Impressionnant. Il me faudra vérifier si cet alignement céleste et terrien a lieu tous les jours et à quelle heure...


En attendant je tente une reconstitution où le soleil est une lampe de poche.
Je vous rappelle que l'architecture est de Ricardo Bofill. Il semble que là, dans cette rencontre avec Karavan un ensemble incroyable d'influences se soient rencontrées : le jardin à la française (à l'italienne donc) revisté façon New-Age dans une remarquable piste d'atterrissage pour soucoupe volante.
Mais je suis trop sarcastique peut-être et je ne suis pas certain de savoir quoi faire de ce genre de travail, à la fois remarquablement spectaculaire et grandiose et totalement épuisé par justement ce trop grand sens d'une métrique spirituelle qui m'exaspère un peu. Comme on disait dans les années 80 : too much. Mais reste l'incroyable monument à Walter Benjamin en Espagne et le magnifique monument aux morts de la Brigade Neguev à Beersheba.
www.danikaravan.com/ 

http://www.cergypontoise.fr/sortir/axemajeur/site.php