samedi 28 mai 2011

sur le perron, la Cité le Corbusier


Nous sommes devant l'une des cités radieuses de le Corbusier, celle de Nantes-Rezé.
Nous sommes un peu loin d'ailleurs. Pourquoi ?
Il était pourtant aisé de cadrer plus fort le bâtiment. Il était aisé au photographe des éditions Artaud de s'approcher, de parcourir ce terrain un peu vague empli d'herbes folles.
Que venait-il chercher d'aussi loin ?
La campagne, la verdure ?
Mettre la Cité à la campagne ?
Mais un indice me fait tourner de l'œil au sens propre. Ce perron et cette volée de marches à droite de l'image qui ne mènent nulle part.
Est-ce une ruine de la guerre pas si lointaine que cela ?
Est-ce la destruction volontaire d'une maison de Rezé pour faire place nette à la modernité ?
Mais ce petit escalier m'émeut tout particulièrement, comme une ruine à rêver. J'imagine là, sur ces quelques marches les "au-revoir" nombreux, l'odeur du repas du soir déjà présente, les fesses des gamins assis là en attendant.
Mais je m'égare.
Au fond de l'image tout est radieux, l'avenir, le logement, la France reconstruite. Et les gamins dans les herbes ont du faire de cette petite ruine un château de pirate, une forteresse bouleversante, une île aux trésors.
Alors le photographe sensible au changement d'état de ce lieu aura l'air de rien cadré la liberté des usagers et la transformation de la ville et de la vie.
Regardez bien comme le chemin qui mène à la Cité Radieuse est un chemin d'habitude, tracé par les pas des gens et non par un plan d'urbanisme. Un chemin creux et émouvant.

la carte postale fut expédiée en 1964 au mois d'août.