vendredi 30 septembre 2011

Les rosiers de Marseille : égalité des images

Cette carte postale va me permettre d'établir un argument au sujet des politiques éditoriales des cartes postales sur l'architecture moderne.
C'est une sacrée ambition !
Voilà :


Lorsqu'on regarde et réunit les cartes postales consacrées à la Cité Radieuse de Le Corbusier et que l'on découvre la multitude de cartes produites, on pourrait un peu vite, dire que les éditeurs de cartes postales sont prolixes envers ce bâtiment parce que, d'une certaine manière, il est exceptionnel et que, à ce titre, il mérite d'être en cartes postales. Les éditeurs répondant finalement au désir des clients venant voir et désireux de communiquer cette visite à leur proche.
Sans aucun doute cela est vrai.
Mais...
Au regard de la carte postale Ryner nommée Marseille et sa banlieue, Saint Gabriel-lotissement " les rosiers" on peut tout aussi bien déclarer que La Cité Radieuse existe en carte postale comme n'importe lequel des logements sociaux de l'époque à Marseille et ailleurs, bien plus représentatif d'une carte postale servant à localiser l'expéditeur dans sa ville et son habitat qu'à faire une démonstration de particularité architecturale.
Ce blog le prouve souvent, le logement social entre 1945 et 1980 est représenté de manière récurrente et sans jugement de valeur architecturale en passant du chemin de grue le plus dur aux Cités Radieuses de Le Corbusier (toutes représentées), aux étoiles de Jean Renaudie (toutes représentées) ou encore par les errements géniaux de Bofill (tous représentés !)
Dans la même ville, Marseille ici, les éditeurs de cartes postales ont donc cru bon d'aller vers l'exceptionnel, le remarquable et le médiatiquement évoqué en photographiant la Cité Radieuse sous toutes les coutures mais ils ont aussi promené leurs photographes dans des quartiers bien moins connus du grand public mais au potentiel de clientèle bien plus vaste, c'est le cas des rosiers de Marseille.
Mais... (j'aime bien faire ça)
On découvre aussi finalement et grâce au travail de Monsieur Nicolas Mémain que si cette carte postale des rosiers nous donne une image d'une grande dureté que l'on pourrait bien vite ranger dans une catégorie "Boring Postcard", il suffit d'un regard plus affûté, du désir aussi d'aimer ce lieu au-delà des images, pour comprendre qu'il s'agit bien également là d'une architecture moderne digne d'intérêt.
Nicolas Mémain nous avait fait la joie de cette découverte avec l'édition d'une série de cartes postales mettant en avant ce lieu et son modernisme, lieu aujourd'hui portant le Label Patrimoine du XXe Siècle. Sans lui, je ne serais jamais allé voir ce quartier, sans lui, je n'aurais pas pu écrire cet article.
La grande différence éditoriale entre la Cité Radieuse et les rosiers vient aussi sans doute, de la multitude de cartes postales consacrées à la vie et au fonctionnement de la Cité du Fada alors que seules des cartes postales des façades de la cité des rosiers existent à ma connaissance.
Comme si la curiosité sur un lieu n'avait pas besoin de s'exercer sur un autre, comme si déjà l'un devenait une sorte d'icône dès la fin de son chantier alors que l'autre, malgré une vie riche et intense sombrait rapidement dans une indifférence des images.
Heureusement, un jour, un photographe envoyé par un éditeur de cartes postales est arrivé sur le parking, a choisi un point de vue, a cadré son image et ainsi dans un noir et blanc superbe nous a permis de maintenir les rosiers de Marseille dans leur éclatante et belle vérité architecturale.

Un détail qui permet de mieux comprendre l'existence d'étages ouverts, sorte de plate-forme ou de rue intérieure :


mercredi 28 septembre 2011

Rueil-Malmaison Chapelle


Dans la banlieue de Paris, une petite construction discrète, presque anodine au premier regard.
Pourtant déjà une petite flèche monte doucement sans arrogance et laisse dans son sommet une frêle et fine croix.
La construction pourrait être un garage bien dessiné, un bâtiment communal, une petite société ou une petite manufacture.
C'est une boîte, certes dans ses détails remarquablement moderne, mais une petite boîte un rien aveugle et mystérieuse qui ne se décide pas à poser son toit sur ses murs d'enceinte.
Le métal retient le ciel et la pluie, les murs offrent l'enceinte tranquille avec pour le débordement le signe de l'entrée. Murs et toit en ne se rencontrant pas, laissent la lumière entrer par cet espace qui court tout autour.



Il s'agit de la Chapelle Saint-Jean-Marie-Vianney par les architectes Pierre Sonrel et Jean Duthilleul en 1960.
De cette simplicité apparente se détache en fait un travail d'une grande rigueur et d'une grande attention. C'est souvent la démonstration d'une grande qualité.
On a déjà sur ce blog évoqué ces églises modernes qui refusent l'effet "Ronchamp" pour prendre tranquillement l'espace sans désir de faire un monument, mettant toute leur force dans la présence des fidèles, leur accueil.
Cette Chapelle fait partie de cette école je crois offrant une grande modernité simple et paisible (apaisée même).
Une nouvelle fois, la carte postale permet de voir l'objet architectural, de le comprendre et les enfants animent encore en majorité ce parvis. Et toutes les petites filles portent un foulard sur la tête et les garçons semblent bien endimanchés...



Sommes-nous un dimanche matin ou simplement un jour de semaine avec une bande de gamins curieux et joyeux de la présence de ce type qui vient faire une photo de la modernité de leur vie ?
Les excellentes et passionnantes éditions Raymon sont à l'origine de ce très beau cliché et de cette carte postale qui ne donne aucune date, aucun nom d'architecte.
Une nouvelle fois, si vous avez travaillé pour cette maison d'édition ou pour Lyna édition, merci de nous raconter votre expérience.




lundi 26 septembre 2011

Bureaux, c'est beau.

Disons que pour une fois les cartes postales seront un prétexte pour vous montrer un beau livre.
Et en plus ce "beau" livre est assez étonnant dans son objet puisqu'il évoque les bureaux modernes, leurs installations, les avantages et inconvénients des open space, bref, il fait le tour des nouvelles méthodes d'aménagement du tertiaire. Je le soupçonne d'être un rien partisan mais bon...
Comment un livre de ce type peut-il également être un beau livre ?
Patience...
D'abord un peu de cartes postales !


Cette carte postale, nous la devons à Albert Monier, grand photographe de Paris. Il nous montre la tour Nobel (hauteur 107m) par les architectes De Mailly et Depussé. La carte postale écrit depussee avec un E de trop et ne signale par Jean Prouvé pour la façade. La carte postale est écrite en 1972 et je peux même vous dire qu'elle est écrite dans le métro !
Comment je le sais ? C'est le correspondant qui le dit !
Lisez :


Maintenant, chez Raymon éditeur :



La nuit tombe sur la Défense et le noir se remplit de grilles et de points lumineux. Une belle image dont nous devons la photographie à J.N. Duchateau qui est un photographe de cartes postales que nous avons déjà croisé sur ce blog.
D'ailleurs nous le retrouvons ici :



La carte postale est toujours une édition Raymon expédiée en 1979. l'histoire ne dit pas si Mr Duchateau a fait cette deuxième photographie puis a attendu la tombée de la nuit pour faire la première !
Maintenant le livre...
Ouvrage publié par SARI, le Conseil des Entreprises en Immobilier, il est tiré à 5000 exemplaires et imprimé en 1980. C'est un grand carré de 30 centimètres de côté certainement utilisé comme cadeau d'entreprise.
La création et la superbe mise en page reviennent au Studio André Surer. Les photographies sont créditées mais malheureusement pas attribuées... Voici les noms : Cees de Hond, Jean-Philippe Cyprès, Claude Couillec, Jean Evian, Yan Matton et André Surer.
Je vous laisse regarder et admirer. Cliquez pour agrandir, cela vaut le coup !


on reconnaît la fresque de Fabio Rieti au forum des halles :





certainement une de mes doubles pages préférées. Le collage escalier et Caddie est superbe.

on reconnaît le travail de Andrault et Parat :




à gauche la Tour Totem de Andrault et Parat...

...un détail





Alors ? C'est beau les bureaux non ?

dimanche 25 septembre 2011

club des jeunes

Les petites constructions sont parfois bien saisissantes non pas par leur ambition mais bien plus par leur caractère typé, leur don d'ubiquité.
Ici, nous aimons l'architecture éditée, celle que l'on retrouve ici ou là au détour d'une départementale et qui fait signe à ses semblables à quelques encablures dans une autre ville.
En voici un exemple avec un club des jeunes dans la petite ville de Sainte Bazeille dans le Lot et Garonne :


La carte postale Combier nous montre la Maison des jeunes et de la Culture.
On y voit en effet sur fond d'église ancienne et de verdure qui sentent bon la France tranquille la belle construction de bois facilement assemblée et bien dessinée représentée par ce modèle de club des jeunes connu sous le nom de Ed Kit.
Est-ce que les jeunes de Saint Bazeille savent qu'à Marçon dans le même modèle exactement, les jeunes de leur âge au même moment vivaient les mêmes expériences ?
Combien de parties de tennis de table, combien de pièces de théâtre, combien d'expositions de peinture ou même de premiers baisers échangés là à l'occasion d'une soirée Disco en même temps dans le même lieu à des centaines de kilomètres de distance ?
Revoici quelques images du Club des jeunes de Marçon. Il faut souligner la très belle qualité de construction, son entretien rigoureux et le sérieux de nos étudiants lors de la visite. Les photographies sont de Miguel Mazeri, je crois... Merci Miguel.








samedi 24 septembre 2011

not so hard for you ?

soft hard french

Ce qui caractérise une époque, c'est souvent comment cette époque habille ses images.
On pourrait ainsi sans grande difficulté dire que la fin des années 50 et le début des années 60 se caractérisaient par le pastel.
La technique de colorisation au pochoir des cartes postales sur des images en noir et blanc produit une douceur, une suavité de sorbet pistache-fraise qui aujourd'hui nous amuse. Curieusement cette peinture posée sur la réalité photographique produit une poésie, une pictorialité que des artistes comme Mathieu Pernot ont à juste titre utilisées. Mais c'est aussi souvent (et malheureusement) le seul traitement que semble réserver aux bâtiments les propriétaires de ces lieux dans notre réel d'aujourd'hui.
Sur les murs des H.L.M, on peint, on ravale de ces roses saumon, de ces terres de Sienne les barres des "Cités" dites difficiles comme si finalement, (et là j'exagère !) l'idée que l'on se fait du bonheur possible dans ces lieux avaient pour modèle un pochoir appliqué brutalement avec des couleurs douces sur une réalité bien plus dure...
Mais là où nos éditeurs de cartes postales tentaient de jouer avec la réalité pour donner plus que la technique d'impression ne le permettait, nos ravalements d'aujourd'hui sont souvent des camouflets (camouflage ?) à une politique des banlieues bien triste, morne et sans pensée.
On fait propre.
C'est déjà ça...
Voyons ces deux cartes postales de Clichy, de la rue Léon Blum plus particulièrement.


Sur cette première carte postale Raymon le photographe choisit de viser le vide... entre les deux bâtiments.


Il fait une perspective cornue (c'est cela Claude ?) qui fuit de gauche et de droite accentuant à merveille la longueur des bâtiments. Mais le choix de ce vide rempli de bleu du ciel tente également sans doute pour le photographe premièrement de placer dans une seule image les deux barres et ainsi proposer à la vente aux habitants une situation plus aisée, et deuxièmement, ce vide dit aussi un espace, une circulation et donc une respiration adoucissant en quelque sorte la dureté des grilles des constructions. En regardant ce type d'urbanisme, je me pose souvent la question de comment sont calculés les angles d'articulation entre les bâtiments et la largeur de la séparation.

- "on va mettre celui-là ici et puis, tiens passe moi l'autre... on va le mettre comme ça."
- "Patron c'est un peu court, là pour le virage..."
- "Oui t'as raison, pousse le un peu sur la droite, on bouffe un peu sur le parc mais l'orientation n'est pas mauvaise"
- "Oui mais regardez Patron ça fait un rien corridor non ? là..."
- "Mouais, mouais, pas trop grave, y aura là un jardinet"

Mais je ne sais rien de cette difficulté à construire, rien. Ce que je sais c'est ce que je vois et ici l'espace autour des barres est vaste, presque trop comme si on n'avait pas su l'animer autrement que par des petites plantations parsemées de-ci de-là comme un motif sur un tapis, sur une moquette.


La même cité à Clichy, la même rue :


Mais pourquoi donc, le photographe ici n'a pas attendu que le camion se déplace ?
La camionnette Renault comble le vide du parc entre les deux immeubles et anime le lieu. Doit-il aussi dans sa réalité dire la vie du quartier ?
L'arbre semble pousser dans la benne et son feuillage est bien peinturluré !


Une question : les pochoirs étaient-ils réalisés avec une conscience de la réalité ou inventés à l'atelier, chez l'imprimeur avec juste un vague souvenir des couleurs vues le jour de la prise de vue ?
Mais une nouvelle fois, l'émotion simple de ce genre d'image naît de son animation. Derrière le camion, presque cachées, trois jeunes filles regardent le photographe, l'observent, nous observent à l'infini de la fixation photographique.



Chaque fois que je regarderai cette carte postale, elles seront là, dans la timidité de leur posture, dans leur distance respectueuse avec le détail si beau parce qu'attentif à leur coquetterie, d'un minuscule pochoir qui colore leur robe !


La personne qui a ainsi eu l'attention et la tendresse de donner un peu de couleur à ces deux robes de petites filles me rassure un rien sur le monde.
Quatre millimètres de couleur rose, peut-être même deux, en forme de triangles, font des trois enfants les témoins d'une architecture certes dure et française mais également habitée, vécue et sans doute, peut-on le croire aujourd'hui regrettée.
On pourrait dire du soft hard french.

jeudi 22 septembre 2011

Royan actualités

Hier, nous avons une nouvelle fois quitté Royan pour rejoindre la Normandie.
Toujours difficile...
Mais un beau présent m'attendait dans le journal La Croix. Il s'agit d'un article écrit par Stéphane Dreyfus sur le travail que l'on fait ici sur ce blog. Merci Mr Dreyfus.


Vous pouvez soit le lire dans le journal papier soit le lire ici sur le net. En plus il y a une image !
Alors pour partir de Royan un peu plus facilement, j'ai aussi fait quelques images rapidement sous le ciel bleu de la ville blanche.
Elle s'éloigne géographiquement mais reste toujours, toujours pour moi le lieu même de ma nostalgie.
Royan c'est ma ville et cela malgré toutes les dégradations visibles. le Front de Mer et la galerie Botton sont devenus une catastrophe de laideur commerciale.
Il faudra être un jour à Royan vraiment radical, voire brutaliste !
Mais je reçois des nouvelles encourageantes de l'association de défense de l'église de Royan. Des travaux vont débuter enfin !
Regardez les images et allez à Royan :


le dos de l'Auditorium et sa mosaïque superbe :




mercredi 21 septembre 2011

Royan en direct

Ce jour, j'ai vu ma ville et ses icônes : le marché et l'église Notre-Dame.
Toujours je me réjouis de les retrouver, de tourner autour, de les viser de loin et de près.
Mais aujourd'hui le constat est amer car les deux constructions semblent vraiment souffrir d'un manque évident d'entretien.
J'avais eu la chance de voir il y a quelques années l'impressionnant chantier de restauration du marché. Il était beau juste après. Mais il faut croire que cela fait déjà trop longtemps car à nouveau ses peintures se cloquent, des murs se lézardent... Cbref c'est inquiétant.
Et encore le marché s'en sort bien face à Notre-Dame de Royan qui est dans un état catastrophique...
Vous savez que je suis membre de l'association de défense de l'église de Royan et quand je vois son état, je me dis qu'il est effectivement grand temps de la restaurer et même de la sauver avant que l'irréparable n'ait lieu.
Partout le béton éclate, partout les fers sont visibles.
Il me semble avoir vu ici ou là des explorations du béton pour, sans doute, établir un constat mais vraiment c'est une grande tristesse de voir ainsi cette fière et belle dame de béton tomber en morceau et ce n'est pas une image !
Vite, tous ensemble, adhérons à l' A.D.E.R et surtout défendons ce patrimoine superbe.
Pour ce qui est des cartes postales, on trouve encore facilement Notre-Dame. Mais ce qui est assez curieux c'est l'absence totale de cartes postales du Marché pris de l'extérieur... Pourquoi ce manque ? Trop dégradé pour être photogénique ?
Alors je ne fais pas de détail et je vous donne posées sur le lit, toutes les cartes en même temps.


je vous propose également quelques photographies toutes chaudes puisque prises il y a quelques heures à peine...


l'état de la couverture est inquiétant...

un point de vue que je voulais vérifier : il est possible depuis l'entrée ouest de ne pas voir la flèche !

détails du béton...


l'intérieur reste splendide :

non il ne s'agit pas d'un collage !

les V Laffaille font merveille !

une vue vers les hauteurs :