mardi 27 janvier 2009

un certain idéal


Voilà typiquement le genre de carte postale que j'adore.
Point de vue indéterminé sur une époque qui l'est tout autant, le photographe en retrait de la bretelle périphérique cadre au centre le point vert d'un arbre esseulé. les panneaux indicateurs nous laissent deviner un peu le lieu où nous sommes, en France.
Mais nous pourrions être en Allemagne ou ailleurs.
On ne sait pas pourquoi c'est là précisément qu'il a posé son cadre. Pourquoi l'éditeur l'a envoyé là. 
"Dis Coco tu devrais aller faire des clichés de l'espace situé entre la route, le parking et la gare y a un marché je crois... t'as qu'a prendre la 404 elle est garée derrière... et puis récupère les péloches au magasin t'en auras besoin demain pour la série sur les remparts... Au fait j'ai trouvé les chatons pour la série en studio mais tu sais pas où j'aurais foutu le panier en osier ?"
Oui...
la carte postale...
Mais il y a ici de l'architecture et de la bonne ! A droite un parking fort intéressant de l'Atelier d'Architecture AUGEA. J'aime ces mastodontes un rien Owen Luder. Je trouve sur internet le nom d'André Senténac pour ce parking. Quelqu'un  aurait des informations plus précises sur ce monsieur ? j'ai le sentiment étrange de le connaître et d'avoir déjà entendu parler de ce parking (Métropolitains de Monsieur Chaslin ?)
A gauche nous avons la gare S.N.C.F de Messieurs Madelain et Lefol. Et là c'est certain je dois avoir déjà ça dans mes classeurs.
Pour ceux qui ne tiennent plus, je vous le dis maintenant, nous sommes à Nantes grâce à cette carte postale Artaud.
Un pur chef-d'œuvre.

samedi 24 janvier 2009

Kubuswoning, Helmond




Je possède dans ma collection plusieurs cartes postales de bâtiments à monter soi-même après une découpe et un collage. Je vous épargnerai la Tour Eiffel bleu-blanc-rouge et l'Arc de Triomphe mais je propose de l'exotique, du curieux de l'incroyable bref de l'hollandais avec les Kubuswoming d'Helmond.
Je voulais réaliser le volume depuis longtemps mais sans découper ma carte postale. Grâce à ma nouvelle imprimante j'ai pu agrandir et imprimer celle-ci puis tenter le montage.
Il s'agit d'un vaste programme comportant 143 maisons et des services réalisés par l'architecte Piet Blom. C'est tout simplement surprenant mais aussi diablement intelligent puisque le retournement du cube permet un gain de place au sol prodigieux, l'ensemble tenant donc sur pilotis de béton. Mêlant habilement lieu privé et lieux publics cet ensemble est aussi un nouveau morceau de ville à part entière. L'ensemble reste difficile à lire et les plans ne facilitent pas la tâche avec ce mélange de diagonales très ludiques !
Pour ce qui est de la carte postale il s'agit d'une édition ARP Keizersgracht avec un design que l'on doit à René Paul Stikkelorum. A noter que celle-ci est légèrement plus grande que du 10x15cm habituel.
Les photographies sont tirées de la revue "L'architecture d'aujourd'hui" N°196 avril 1978 qui fait une faute d'orthographe avec t terminal au lieu d'un d.
Nous pouvons voir une vue satellite sur le site de Benoît Ciron.
La photographie du montage est prise dans un décor de Claude Lothier dont le travail pourrait bien avoir inspiré l'architecte à moins que ce ne soit le contraire voire même qu'il n'y ait aucun lien mais bon là ...
Pour en savoir beaucoup, beaucoup plus :
http://www.kubuswoning.nl/introkubuseng.html




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parking noir et blanc


Me revoici à Toulouse avec le parking Victor Hugo. Déjà publié sur ce blog le 3 novembre 2007, je ne peux m'empêcher de vous montrer cette nouvelle acquisition.
Comment ne pas trouver cette forme remarquable ? Comment ne pas jubiler à la ligne noire qui fend la blancheur du béton ?
Comment ne pas voir dans ces ellipses, pyramidions, rayures déterminés par le contraste du noir et blanc le plaisir d'un dessin radical qui devait peu ou prou ressembler à la construction ?
Je crois qu'il s'agit là d'un dessin construit d'une pureté formelle déterminée non pas tant par la fonction que par l'allure du graphisme. Ici c'est le dessin qui fut traduit en forme, tout part du rêve de ce point de vue.
Faire vibrer le fond de l'œil comme une œuvre d'Op'Art. Puisqu'il faut garer les voitures garons les et dans les courbes de la tour faisons crisser les pneus. Les yeux ravis derrière le pare-brise de la Dauphine, les ombres feront trembler la façade.
La carte postale est une édition "Pyr. Océan" envoyée en 1960.

lundi 19 janvier 2009

Monsieur Libeskind et Copenhague




Hier j'évoquais la capitale danoise.
J'y reviens.
Quelques années après cette première visite, je retournais à Copenhague avec cette fois-ci les étudiants de l'école.
Patrick nous proposa la visite du Musée Juif. Ce musée fut aménagé par Daniel Libeskind.
C'est assez rare dans sa vie pour être souligné mais une très vive émotion me submergea à l'intérieur de ce lieu. Pourtant c'est simple d'un point de vue constructif. Juste le dessin hardi des vitrines, le déploiement des espaces et quelques pentes sur le sol le rendant en permanence trouble à la stabilité. Ça nous tombe dessus, ça glisse sous le pied, ça se brise sous les yeux. Nous avions peu de temps, le musée allait fermer et nous n'avons pu nous attarder réellement sur les collections mais nous avons subi le lieu. Je veux dire par subir que c'est lui qui nous construisait en tant que visiteur. Quelle merveille !
Très expressionnistes, un rien de Murnau et d'une éclatante lisibilité, les aménagements ne jouent pas l'intégration mais au contraire semblent vouloir plier le lieu. L'un s'installe dans l'autre, le force.
Parfois la sensation que les espaces se resserrent sur nous à notre approche. Si seulement nous pouvions plus souvent voir ce genre de qualité qui tient à faire dans une construction existante sans en bousculer les structures même des recréations totales d'espaces ! Il y a là du génie.
Oui.




Alors, une fois de plus, au-delà de l'image il y a l'expérience du lieu. Je vous invite grandement à la faire.
Je me répète mais j'attends avec beaucoup d'impatience le bâtiment, le lieu qui sur moi, par-dessus mes connaissances me donnera autant de cette joie sourde et un peu douloureuse que l'on reçoit parfois comme une résonance à son être et que j'ai reçue ici dans ce musée.
J'irai à Berlin.
L'ensemble des cartes postales est édité par Dansk Jodisk Museum.
www.jewmus.dk

dimanche 18 janvier 2009

Copenhague et Thouars



Il y a quelques années maintenant, à la recherche d'un bateau nommé Georges Perec  échoué sur les plages du Danemark, je passais avec Emmanuel à Copenhague.
Depuis les rues de la ville, nous décidâmes de monter dans une tour incroyable. Cette tour dont la fonction est d'être un observatoire date de 1642. Ce qui est absolument unique c'est qu'il ne s'agit pas là d'un escalier en colimaçon mais d'une pente douce. Et surtout d'une grande largeur, car il me semble que le roi et consorts montaient dans la tour à cheval !
Il s'agit bien là non pas tant d'une architecture que d'une prolongation de la rue. Ici le construit prolonge l'urbain en inventant un espace suffisamment vaste pour que la mobilité, le déplacement ne soient pas bloqués mais ouverts. En fait on pourrait voir cette tour comme un tunnel vertical permettant le passage d'un point à un autre : Sol, Ciel.
Ce tunnel vertical invite le corps du piéton a une inflexion très douce, sans les coups des marches d'un escalier. Le piéton peut, vu la grande largeur de la pente, également se déplacer transversalement, du cylindre central vers les fenêtres, sentir alors la pente plus accentuée au centre mais aussi il peut s'arrêter au bord, voir par les ouvertures la ville qu'il quitte. Il décolle.
Voyez sur cette carte postale que j'avais envoyée à ma grand-mère en 1997, comment la lumière s'amuse des briques au sol et de la blancheur de la chaux sur les murs. Cette douceur contraste avec la relative dureté de la tour vue de l'extérieur qui ressemble à une fortification.
J'ai un souvenir réellement merveilleux de cette expérience urbaine. J'ai mis du temps avant de la rapprocher possiblement d'autres expériences comme le petit musée juif de Daniel Libeskind (également à Copenhague) au sol destructuré ou encore à la fonction oblique de Monsieur Parent. Architectes dont j'ignorais même l'existence à cette époque.
Mais ici le sol ne rejoue pas tant que ça le plafond. La pente est invisible sous la tête qui se promène, elle, sous des arcatures délicates. la section visible ici est la même que quelques mètres plus loin dans un sentiment d'infini assez incroyable. On monte, on descend sans aucune sensation d'étouffement car il s'agit bien là d'une place publique verticale et non d'un boyau mécanique que l'on escalade.
Si donc, la vie vous mène là, passez la porte un rien rébarbative et faites l'expérience de la rue verticale !
la carte postale est une édition Rundetarns Forlag.


Autre expérience du biais.
En 2007, l'artiste Vincent Lamouroux nous propose dans la Chapelle Jeanne d'Arc de Thouars une pièce intitulée "La perspective inclinée (Héliscope)".
On pourrait, juste avec l'image, croire à une chose simple presque froide : un escalier métallique légèrement de guingois. On pourrait penser qu'il s'agit là d'une image qui, comme souvent pour certaines pièces de l'art contemporain, nous dit une expérience mais ne nous invite pas à la vivre. Or, là dans cette chapelle sans grand intérêt architectural on monte.
Et l'objet-image devient un véritable outil à vertige. L'angle léger, si léger qu'il pourrait passer à l'as, sous les pieds du promeneur devient d'une force réellement déstabilisante !
Si forte que je n'ai pu aller jusqu'en haut tant le vide vous appelle, et la fragilité du garde-corps semble alors bien mal porter son nom !
Tout me semble remarquable dans cette pièce. Sa forme ici posée dans une incongruité totale, ne reniant rien de son utilitarisme. Sa couleur, le blanc de la maquette, de la neutralité presque de la transparence, pour troubler le moins possible les fonctions du lieu. Sa proportion, ni trop haute, ni trop basse pouvant ainsi laisser penser à un morceau d'architecture réinvesti (il n'en n'est rien). Le dessin très beau du garde-corps faisant vriller la pièce dans l'espace libre de la croisée des transepts et le piètement triangulé rassurant et frêle en même temps. Enfin le droit de l'arpenter, d'en user, le droit de la vivre. On monte si on veut.
C'est essentiel.
Je suis très jaloux de l'ensemble du travail de Monsieur Vincent Lamouroux.
Je ne sais pas pourquoi j'ai décidé dans cet article de vous proposer ces deux expériences. Soudain quelque chose les rapprochait dans le ton général, la blancheur. Mais aussi dans la jouissance d'un corps totalement obligé de se redéfinir car contraint à une expérience inédite d'espace. 1642 et 2007.
Combien de ziggourats, de pentes, de collines, de supermarchés, de rampes d'accès pour handicapés devrais-je arpenter pour sentir toujours plus mes pieds, mes genoux, et mon bassin au travail, en pleine conscience de leur existence ?

Pour en savoir un peu plus on peut aller là pour Copenhague :
http://passages.ebbs.net/fiches/tourrond.htm
Et pour Vincent Lamouroux ici :
http://www.vincentlamouroux.net/
Je tiens à préciser qu'à Thouars nous avons été parfaitement accueillis dans cette chapelle par une jeune femme qui a su nous faire voir, aimer son lieu. Je ne sais pas son nom mais merci.
La carte postale est une édition du service arts plastiques de la Ville de Thouars et la photographie est de Claude Pauquet.

samedi 17 janvier 2009

moi, je ne danse pas

Moi, je ne danse pas.
Je veux dire jamais.
Même sous les ordres des étudiants aux soirées discos et bruyantes, je ne danse pas.
Patrick danse, il danse rarement aux soirées discos et bruyantes.
Vous connaissez Patrick Gaïaudo, il est l'un des grands donateurs de ce blog. Il aime l'architecture et il en parle mais surtout lui il danse cet espace public, il le pratique étrangement avec d'autres en bougeant autrement que moi.
Je ne sais pas si vous dansez comme ça, moi non. Je ne sais pas si vous utilisez l'architecture comme ça, moi non.
Je crois qu'il y a chez les danseurs surtout une connaissance parfaite du poids. La pesanteur accusée, maîtrisée et consciente alimentée par un corps dont chaque articulation sert à le plier et à le connecter. Tête contre tête comme des siamois souples.
Alors je vous invite à aller sur son site pour comprendre un peu mieux ce que je vous raconte.
Contact.
http://www.non-ora-non-qui.org/
Et puis ne pas oublier que les architectes, certains, aiment les danseurs. Ils aimeraient surtout croire que les escaliers, les pentes, les estrades, les fenêtres puissent nous aider à une mobilité, voire une promenade. Ils pensent à raison que c'est avec et parfois contre notre corps qu'il faut construire (ce que le corps contient d'habitudes). Lire Claude Parent pour comprendre cette lutte contre les murs.
J'aimerais arpenter parfois l'architecture comme les yamakasi. Oui, si techniques et physiques. Une puissance contre les vides.
Parfois je m'autorise à grimper sur la rampe d'un escalier, c'est tout.

mardi 13 janvier 2009

Maurice Novarina, œuvres civiles

L'article précédent consacré à Monsieur Novarina architecte, nous parlait surtout de son œuvre religieuse incroyablement prolixe et bien plus encore que ne le laisse percevoir cet article.
Mais je possède aussi quelques images de bâtiments civils.


Voici :
Une carte postale La Cigogne nous montre la nouvelle mairie de Grenoble ville olympique. La carte expédiée en 1970 nous donne le nom des architectes : Monsieur Novarina donc, mais aussi Messieurs Velti et Giovannoni.
L'image est superbe, le bâtiment un peu de loin offre le plaisir de photographier le parking au photographe ! Difficile d'avoir du recul sans viser le sol !
D'une grande qualité plastique, moderne, de son époque et sobrement tendu de verre l'immeuble me rappelle les beaux décors de Playtime de Monsieur Tati.
Une autre carte postale spectaculaire nous le propose de nuit avec filets de lumière des automobiles.
Magnifique.
Voyons ce qu'en dit notre bible :



Autre construction intéressante à Evian cette fois. Voici la nouvelle buvette Cachat d'abord en couleur grâce à cette carte postale Combier. On devine plus qu'on ne voit la construction de Monsieur Novarina. On sait que celle-ci fut soutenue par monsieur Prouvé et la finesse de l'ensemble ne laisse aucun doute. Aucun des architectes n'est nommé.
Sur cette autre carte postale la longueur du bâtiment et sa superbe surface de verre sont soulignés. Admirable construction, finesse des montants de verre, une architecture presque dématérialisée... incroyable.
On devine derrière les piliers, je devrais dire les plis de métal qui supporte le toit. L'animation est joyeuse, la qualité photographique superbe c'est réellement une superbe carte postale Jansol qui nous livre, elle, le nom de Monsieur Novarina.




Encore un chef d'œuvre éditorial avec cette carte postale Cap expédiée en 1957. On lit parfaitement le bâtiment. Vraiment quelle merveille !
Finesse encore, légèreté, air et dessin forment une construction d'une subtilité géniale. Regardez le détail des petits caissons des entrées... Regardez  les pilotis en bordure, ils doivent faire 5 ou 6cm de diamètre...
Une aile d'avion.
Monsieur Novarina est nommé mais pas Monsieur Prouvé qui pourtant me semble être l'autre génie de ce lieu.
Merci encore à Carine Bonnot de m'avoir rappelé à ce désir de parler de Monsieur Novarina. Nul doute que votre thèse rencontrera son public.
Pour voir d'autres images on peut aller là
http://www.flickr.com/photos/maurice_novarina/
il s'agit d'images de Corinne Bonnot.

dans la famille Novarina, je demande le père

Oui, parfois je reçois des commandes. Oui parfois mes intuitions rejoignent des intérêts de lecteurs de ce blog.
En l'occurrence ici une lectrice qui me demande si j'ai l'intention de faire un article sur Maurice Novarina architecte.
Oui Mademoiselle Carine Bonnot, j'en ai l'intention. La preuve.
Comme Mademoiselle Carine Bonnot me signale qu'elle effectue une thèse sur l'architecte, je ne lui ferai pas la leçon sur cet architecte et du coup pour les autres non plus ! Et puis je n'ai pas les épaules pour ça...
Nous allons juste prendre plaisir à circuler dans les nombreuses cartes postales que je possède sur l'architecte car il fut très demandé et très publié. Je redécouvre aussi que des bâtiments de l'architecte sont dans ma région et qu'une promenade d'actualisation va s'imposer. Beaucoup d'églises dans ma collection alliant un subtil mélange de modernité et de régionalisme. C'est assez étrange parfois et je dois avouer que ce n'est pas toujours mon inclination. Mais soyons sereins, pour la plus part ces bâtiments ne sont pour moi que des cartes postales pas encore arpentées.

Commençons avec l'église Notre-Dame-de-Toute-Grâce sur le plateau d'Assy. Une véritable iconographie complète pour cette église existe. 
De l'extérieur et en couleurs voici une image de la façade nous offrant une belle vue sur l'éclatante mosaïque de Fernand Léger. Le peintre trouve ici un terrain pour sa belle monumentalité et pour ses aplats de couleurs qui ravivent un peu cette pierre grise et rugueuse. La carte est datée de 1955, elle est une édition Paroissiale d'Assy.



On prend un peu d'angle avec cette carte Lumicap en Mexicrome ce qui nous permet de lire le volume global et de voir avec le recul le clocher (campanile ?). De la pierre, du bois, un toit à double pente tout cela s'insère parfaitement avec les maisons du cru. Les colonnes monumentales semblent disproportionnées pour un toit si mince et la tour bien vaillante semble vouloir faire la nique aux sommets environnants. Cela se veut un peu sans âge, tranquille et rassurant.

Du même point de vue, en noir et blanc cette autre carte postale, photographie de J. Merlin pour les éditions Lescuyer, situe mieux l'église dans son environnement.


Le Noir et blanc pour calmer la couleur trop vive et trop moderne pour l'époque et la réduire au dessin ? C'est bien possible car cet éditeur poursuit sans couleur avec cette vue de la façade. Notons que Fernand Léger est nommé pas Monsieur Novarina.


Avançons-nous un peu, visons le médaillon de la Vierge, beau dessin puissant du peintre. Les matériaux sont ici magnifiés par une merveilleuse qualité héliographique. C'est solide et construit pour longtemps ! Étrange petite lucarne au-dessus de la Sainte... La carte est expédiée le 1er juillet 1951.


Nous voici à l'intérieur, dans le choeur. Je dois l'avouer cela me déplaît totalement... La petite colonnade bien lourde a du mal à soutenir la belle tapisserie de Lurçat, le caissonnage du plafond semble intéressant mais cet arc de pierre sur le devant... C'est massif, un peu indéterminé, les décors ne semblent pas travaillés ensemble mais donnent le sentiment de se rassembler là en rajout. Pierre sur bois sur tapisserie sur béton...


Changeons de lieu avec l'église de Notre-Dame-du-Léman à Vongy sur la route de Thonon. Là encore on sent le désir d'utilisation des codes de ce qui fait église. C'est un peu sévère, sérieux dans un registre formel très connu et reconnu : une église.
C'est plein de pointes, de triangles, de pentes. La neige sûrement... faut que ça glisse du toit.
On devine un beau travail de façade avec une claustra que j'imagine en béton. L'ogive de l'entrée permet d'accéder à un portique sous colonnade pour s'abriter en cas d'averses et faire liaison entre intérieur et extérieur. L'église est sur une estrade. Le dessin de l'ensemble malgré tout reste moderne parce que les lignes sont nettes, emboîtantes, affermies. Le clocher s'élance fier dans un ciel étrange et retouché. La pierre est certainement du coin, tout est du coin d'ailleurs.


La carte postale Cap photographiée du sol nous donne à voir les bas-côtés que je trouve d'une tristesse grandiose. Une sorte de machine à prier n'affirmant que son désir de ne rien troubler et mettant tout ses atouts dans le matériau. Quelque chose de paysan au bon sens du terme, une efficacité redoutée, presque oserais-je protestant et suisse.


Une vue de nuit chez Combier. 1965. Admirons le travail de retouche pour rendre visible le clocher qui indique presque 10 heures du soir.


Nous voici à Annecy, Albigny. L'église Sainte-Bernadette semble plus inscrite dans son époque.
Du moins pour ce que laisse apparaître le campanile. Du béton brut parfaitement dessiné et découpé, accolé en un bâtiment en fentes successives. Mais que contient la base de ce cylindre ?
Un puits de lumière, un bénitier ?
L'architecte est nommé mais il semble que Monsieur Novarina ait travaillé avec Monsieur Claude Fay que l'on rencontre d'autres fois. La carte est imprimée en Ixakrome, couleurs réelles pour Gil éditeur. l'église est de 1965.



Autre vue intérieure d'une chapelle de Monsieur Novarina avec cette carte postale de la Chapelle d'Amphion-les-Bains à Publier.
On devine une superbe pyramide avec un caissonnage là encore spectaculaire. j'aime beaucoup cette image. J'aime aussi la sobriété décorative, les ouvertures blanches de lumière. C'est vraiment très beau et quelle différence avec Assy ! L'architecte est nommé sur cette carte Combier datée de 1960.



dimanche 11 janvier 2009

Monsieur Gomis Architecte et les vacances


Voici à nouveau les V.V.F au travers de l'œuvre de Monsieur Gomis.
Un petit tour vers Guidel déjà publié sur ce blog et enrichi ici de deux nouvelles cartes postales.
On commence avec cette "vues multiples" chez Iris Job expédiée en 1968, le 8 juillet. On retrouve les pyramides d'ardoises, une vue de loin et une vue intérieure nous montrant un peu la décoration très euh... marron.


Sur cette carte postale du même éditeur on pénètre à l'intérieur du pavillon d'accueil. La pyramide est donc emplie de cette mezzanine qui utilise la très grande hauteur sous plafond. La charpente semble en lamellé-collé et offre un jeu de caissons assez esthétique même si cela semble un peu sombre. La lumière rasante provenant des ouvertures dégagées à la base de la pyramide ne semble pas suffisante à offrir un éclairage naturel. Quels sont les points de vue depuis l'étage de la mezzanine ? La charpente ? Mais tout cela dégage un sentiment de bien-être et de modernité, les plantes vertes ont trouvé leur place côté soleil au pied du bel escalier métallique. Admirons le superbe sol en plaques d'ardoise.
L'architecte Monsieur Gomis est nommé sur ces deux vues.
On quitte Guidel pour Balaruc-les-Bains.


D'un peu loin, le photographe de cette carte postale Combier en Cimcrome nous montre le Village Vacances. D'un tout autre modèle que Guidel, on comprend une construction plus classique en petit immeuble à coursive extérieure protégé par un jeu de courbes sur le toit. L'ensemble en béton peint de blanc et de jaune lumineux offre un caractère méditerranéen. C'est simple mais efficace.


Sur cette autre carte postale Combier on perçoit un peu mieux le dessin. Les pins offrent une ombre bien nécessaire. C'est calme.
L'architecte est là encore nommé.
Pépère et Mémère ont l'air heureux du séjour !

la chambre d'amour

J'ai évoqué avec vous la richesse architecturale du groupe V.V.F. Suite à un contact par courriel, le groupe qui porte aujourd'hui le nom de Belambra m'a envoyé un ouvrage qui retrace son histoire. Même si l'ouvrage de Jean Lobry ne comporte pas de réflexions particulièrement axées sur l'architecture, on peut sentir entre les lignes cet attachement à des programmes de qualité essayant d'offrir aux vacanciers un cadre de vie et de vacances alliant espace, loisirs et qualité environnementale.
On ne trouve que peu de propos directs d'architectes à part un texte de Jean Percillier peu éclairant du point de vue architectural alors qu'il y aurait beaucoup à dire sur le parti-pris du V.V.F d'Anglet que j'aime tant et qu'il a construit avec Monsieur Hébrard. Il reste donc quelque chose à écrire sur cette collaboration fructueuse.
Je vous montre ici deux nouveautés de ma collection concernant la chambre d'amour d'Anglet.


Commençons par la carte postale en Elcécolor envoyée par Marie qui nous signale que c'est très joli dedans. (Mais dehors ?)
Pas de Date, pas de nom d'architecte.
Ne sont-ils pas simplement magnifiques ces volumes en gradins fendus d'une ligne d'ouvertures ? Peut-on accéder aux terrasses ainsi dégagées ? Et que sont devenus les jeux pour enfants assez remarquables posés sur la plage ?


On se rapproche un peu pour nous retrouver sur le patio. C'est du moins ce que nous indique la carte postale Europe envoyée en 1973.
On comprend un peu mieux le registre des matériaux utilisés : galets, tuiles, béton brut et huisseries massives en bois. C'est très beau et ai-je tort d'y sentir un rien de Frank Lloyd Wright ?
Je vous rappelle les articles suivants sur les V.V.F et l'architecture : 29 décembre 2008, 23 décembre 2008, 9 septembre 2008, 8 juin 2008, 1 octobre 2007 ouf !!
Remercions encore les services de communication du Groupe Belambra qui ont promptement répondu à ma requête et cela en pleine période des vacances ! Voilà qui est efficace.
Et puis, après tout, si j'allais y dormir dans la chambre d'amour à Anglet ?
Village Vacances Familles
Chronologie pour la mémoire
Jean Lobry
édition des V.V.F 2000

samedi 10 janvier 2009

un honneur et une responsabilité


Monsieur Parent m'a envoyé ce dessin.
En figure de proue, le drapeau de la "Fonction Oblique" à la main sur le toit du supermarché de Sens je mène le vaisseau de béton vers les rives d'une sauvegarde espérée.
Oui je la souhaite cette protection et avec mon énergie mélangée à votre soutien déjà si prolixe, chers lecteurs, je n'ai plus qu'à ne pas décevoir Monsieur Parent qui avec sa casquette de Capitaine me donne les bons conseils et son appui.
Comment ne pas répondre à ce désir et à cette nécessité !

 

Monsieur de Brauer et Marcel Breuer


Mystère...
Voici une carte postale bien étonnante. Il s'agit :
"Sur l'emplacement même du gisement de gaz naturel de Lacq situé à quelque 4000 mètres de profondeur cette station à l'architecture audacieuse distribue l'essence séparée du gaz (260.000 tonnes par an) dans l'usine voisine de la Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine. Architecte Mr de BRAUER."
Très surprenant le rapprochement formel avec l'auvent de l'Unesco vu sur ce blog le 10 décembre 2008.
Très surprenant le rapprochement des noms des architectes Marcel Breuer et De Brauer...
Vraiment on peut imaginer qu'il s'agit du même architecte. Pourtant on a déjà vu sur ce site des rapprochements tels que Bloc et Bloch...
Alors...
Je reste dubitatif mais je reste béat devant ce magnifique morceau de voile de béton tendu. Quelle puissance ! On remarquera la courbe inversée du toit par rapport à l'auvent de l'Unesco et les piliers un tout petit peu plus haut.
C'est fin, élancé un très beau morceau je vous dis.
Mais tiens donc, notre guide vénéré nous indique qu'à Paris les bureaux du Serete sont de Monsieur de Brauer.
Donc il ne s'agit pas d'une erreur nominative mais bien de l'œuvre de cet architecte qui a dû bien regarder l'autre.
Grâce à Street View on peut constater que le bâtiment est toujours là et toujours aussi beau.


Claude Parent, Paris douzième


Je rentre du Mans et dans ma boîte aux lettres je trouve un livre en écriture oblique et une carte postale des années quatre-vingt.
L'ensemble est envoyé par Monsieur Parent.
Notre histoire se poursuit.




Le livre en japonais superbement édité est la traduction de "Vivre à l'oblique" de l'architecte. On se régale de l'incroyable rapprochement de la calligraphie japonaise et des dessins de l'architecte. Je vous propose ici quelques pages. Ce qui est drôle, toujours également c'est la lecture inversée. Il s'agit d'une édition Jo TODA.
La carte postale nous montre un collège dans le 12ème arrondissement de Paris. Je ne connais pas ce bâtiment. L'image nous montre une construction alliant un jeu plastique de formes simples mais subtilement agencées. Cubes, cercles, diagonales en un certain ordre assemblés donnent à voir une belle composition rigoureuse de ces éléments essentiels.
En même temps que j'écris ces mots je me pose la question de la validité d'un tel exercice. Comment parler d'une architecture seulement par le biais d'une image ?
Doit-on forcément parcourir pour lire ?


Maintenant internet avec des logiciels comme Google Earth et la fonction Street-view que je viens d'installer nous proposent des visites de la ville avec une incroyable sensation de présence. Mais on reste à l'extérieur et surtout on ne peut évoluer que sur les pas des photographes ayant effectué les prises de vues. Cela reste saisissant. J'ai donc pu voir d'abord une vue satellite du collège me donnant un peu plus d'informations sur le plan. On peut également découvrir une coupole sur le toit qui doit procurer une lumière à l'intérieur de la bâtisse. J'imagine une sorte de place interne, point nodal de distribution des salles de classes et donnant lecture des niveaux. Mais j'imagine seulement. J'ai pu faire le tour de la construction en suivant les rues et apercevoir au travers des arbres le collège un peu comme un piéton. Mais on reste loin, rien qui puisse valoir le cheminement réel. Tout de même, je me répète c'est assez incroyable.
Alors je peux, toujours les yeux ancrés sur ma carte postale, me réjouir des formes, couleurs, proportions, matières qui constituent le morceau cadré par le photographe (ici A. Gielly). C'est déjà ça. Je peux y voir facilement un traitement du béton très lisse dessinant parfaitement les arêtes des formes cubiques et laissant les joints vides ce qui accentue encore le dessin structurel. Je peux voir des formes imbriquées symétriquement les unes dans les autres offrant un cheminement vers une entrée à hublots. Le jeu de striage entre le rez-de-chaussée (diagonales) et l'étage (verticales) soulignent la brisure du corps principal et le premier étage percé lui aussi de hublots offre les reflets d'un bâtiment de briques.
Mais que puis-je au-delà ?
Tout.
Oui, finalement tout, car mon objectif dans ce blog n'est pas la formulation d'une critique architecturale mais une approche bien plus modeste qui serait celle de l'expérience de l'image. Rien n'oppose l'un à l'autre, je crois même que la première à besoin de la seconde mais mon aventure n'est pas là. Mes visions sont mes positions.
Je mets tout dans l'œil devant les images et je mets le corps entier dans les promenades. Ce qui est certain c'est que j'aime très souvent des images de bâtiments avant même de les avoir pratiqués. C'est comme ça que j'ai aimé Sainte Bernadette du Banlay.
Et on peut voir aujourd'hui encore plus qu'hier, des bâtiments que l'on pourrait penser construits pour les images qu'ils vont produire (Gehry à Bilbao) et j'avoue que j'aime ça !
Alors parfois il y a des rudesses et certaines constructions peuvent apparaître pauvres dans leurs images. C'est pour cette raison qu'il faut toujours en dernier ressort aller voir, marcher, sonner, sentir l'architecture.
La carte postale est une édition du Pavillon de l'Arsenal, imprimée par Image'in.
Cette carte nous informe du Maître d'ouvrage : la Ville de Paris, de l'architecte : Claude Parent, de l'entreprise : Fougerolle.