samedi 31 mars 2012

AG DOCOMOMO

Pour la première fois, je me suis rendu à l'assemblée générale de DOCOMOMO, une association de défense du patrimoine architectural moderne et contemporain dont je fais partie.
Merci à Olivier Nouyrit et Agnès Cailliau pour cette invitation.
J'ai donc pu pour l'occasion expliquer la démarche de ce blog mais surtout comprendre une fois de plus que ce combat que nous menons est aussi fait de chaleur humaine, d'énergie passionnée et d'un réseau qui semble, eu égard au trop petit nombre d'adhérents, d'une grande efficacité.
Alors, je sais que vous êtes nombreux à venir ici vous régaler des images de l'architecture que nous aimons mais sachez bien que ces architectures ne sont pas que des images, elles sont dans le réel et parfois (souvent) menacées même pour celles qui, vu leurs auteurs, pourraient sembler à l'abri.
C'est même sidérant de penser que des personnalités comme Zehrfuss, Prouvé ou encore Freyssinet ne suffisent pas, malgré leur noms qui résonnent comme des formules magiques, à prémunir leurs constructions contre les menaces de démolition.
Si vous chercher un moyen de me remercier pour ce blog gratuit et sans publicité, adhérez à DOCOMOMO !
Alors, je m'autorise à vous demander de participer à ce mouvement, de faire preuve de votre attachement à cette architecture : rejoignez par votre adhésion DOCOMOMO France !
Nous avons, vous avez besoin d'une telle structure pour pouvoir encore vous régaler des espaces superbes des créateurs et des architectes que vous aimez.
Pour plus d'informations sur l'action de DOCOMOMO France allez ici sur son site :
L'autre chose très émouvante pour moi ce fut de rencontrer des lecteurs de ce blog.
Je ne peux pas tous les citer mais j'avoue mon plaisir d'avoir rencontré Bénédicte Chaljub qui a écrit avec Renée Gailhoustet l'un des plus beaux livres sur l'architecture qui soit.

La Politesse des maisons
Renée Gailhoustet, architecte
Bénédicte Chaljub
L'impensé
ACTES SUD
isbn 978-2-7427-8227-7
22 euros

Je ne plaisante pas, lisez (et achetez) ce livre ! Vous verrez comme c'est humain l'architecture, comme c'est poétique, comme c'est plastique et comme c'est social.
Bénédicte Chaljub travaille également à la sauvegarde de l'école d'architecture de Nanterre de Jacques Kalisz que nous avons vu ici. Lisez son article dans la revue AMC N°203.
Il faut défendre ce bâtiment !
Et cerise sur le gâteau, voici que Jérôme Daudel m'offre dans une enveloppe cette série de cartes postales sur le siège du Parti Communiste à Paris par Oscar Niemeyer. Merci Jérôme ! Et même si j'ai déjà eu l'occasion de vous en montrer quelques-unes, je vous montre la série dans son ensemble. Toutes les photographies sont de Michel Moch.
Vive l'architecture !




lundi 26 mars 2012

sources

Reus, Gaudi, Bofill.

Voici une carte postale espagnole qui va nous permettre à nouveau de parler de Ricardo Bofill.
Nous sommes à Reus devant le Barrio Gaudí dessiné par le Taller de Arquitectura.



La carte postale coupée en deux dans sa longueur permet d'inscrire l'ensemble de Bofill dans son échelle.
On devine d'ici des façades creusées aux traitements forts et colorés jouant avec la brique de manière habile.
On sent immédiatement un dessin, une recherche, quelque chose qui tranche des réalisations habituelles. Une fragmentation, des articulations.




On comprendra mieux grâce aux très belles photographies tirées d'Architecture d'Aujourd'hui de 1970 (N°149) les qualités d'espaces, les jeux formels.
Je regrette de ne pas avoir connu cette construction plus tôt car je suis passé bien près lors d'un voyage en Espagne !
Il faudra y retourner !
Une nouvelle fois Ricardo Bofill dans cette période de son travail avait su faire une œuvre belle, réfléchie, déterminée et même sensible.
Nous aimons ici défendre cette période même si celle des colonnes et des corniches nous amuse aussi...
Il était alors question dans les termes de l'architecte d'architecture du désordre, d'une ville dans l'espace... Il faudra y revenir aussi !
La carte postale est sans éditeur mais le photographe est nommé : Raymond de Tarragona.
Comment vit-on aujourd'hui au Barrio Gaudí ?













dimanche 25 mars 2012

Un peu comme un plan de Resnais.




Elle, sur une rive.
Lui sur l'autre.
Tous deux visant les Buildings comme leur lieu de rendez-vous. L'approche se fait à pied, parfois en noir et blanc.
Rien ne dit que finalement ils se retrouvent dans cette géométrie neuve d'un ensemble architectural sorti tout juste de terre après la catastrophe.
Tu n'as rien vu à Boulogne-sur-Mer.



Elle lui a dit que c'était facile à trouver. Il lui a dit que non, rien n'est facile dans une relation naissante et que, c'était bien cela qu'il fallait aimer.
Elle a marché, son fichu sur la tête ondulant sous les courants d'air.
Il a arpenté le quai, les mains dans les poches de son pardessus pour le retenir contre son corps et contre le vent.





Les immeubles grandissent alors, s'approchent et leur égalité successive donne l'illusion d'une multiplication infinie.
Elle s'accroche à cela comme à une analogie possible de leur relation.
Il n'y croit déjà plus, perdu dans la foule des anonymes venant voir la modernité du port. Tout a changé....


...laisser la vie du port aux habitants, figurines obligées d'une vie réelle. Inventer le déplacement des corps des comédiens et de la fiction. Faire en quelque sorte glisser la caméra toujours vers l'avant pour enfoncer les images...

...regarder les cartes postales de Boulogne-sur-Mer surtout pour les immeubles de Pierre Vivien l'architecte, immeubles que l'on appelle ici les Buildings parce que c'est l'Amérique et c'est le futur.
La modernité prend pied, elle autorise à croire au changement radical des vies et des lieux de vie.
Pourquoi donc si peu de cartes postales de ces Buildings en gros plan ? Pourquoi toujours les situer dans le port, dans le contexte de la ville ? Pourquoi cette dernière se reconnaît-elle encore dans cette activité et ne reconnaît pas les constructions comme un objet autonome, puissant, méritant une image éditée ?
Sans doute ici, simplement qu'ils font partie du décor. Ils font déjà décor. Et, le cinéma, comme un peu au Havre, fait de l'architecture moderne un décor. Car, il reste toujours difficile de croire en la réalité d'un tel bouleversement et il est plus simple de penser que cela n'est qu'une illusion pour des films, des fictions, des histoires d'amour.
La géométrie moderne, la complexité de ses articulations, la brutalité de ses formes simples sont faites, oui, pour la projection...

... un ABCDaire serait parfait pour suivre cette énigme. Une lettre, un buiding, une définition. La spirale permettant la rapidité de la recherche. Faire un beau livre amoureux de cette architecture.
Des images, un film, une histoire. La conquête d'une modernité par un architecte pris dans la révolution de son époque. La Tabula Rasa affreuse permettant d'enfin voir le concret de la tentative moderne. Concret, comme disent les anglo-saxons du béton. Concret.
Un livre parfaitement documenté d'archives, de témoignages et de photographies contemporaines que l'on doit à Frédéric Lefever.
Il me faudra arpenter Les quais de Boulogne-sur-Mer avec ce livre à la main et remercier chaleureusement Frédéric Debussche pour cet envoi, cette invitation, et ce travail important.












ABCD,aire d'une modernité
les quatres buildings de Pierre Vivien à Boulogne-sur-Mer
Frédéric Debussche
Service d'animation de l'architecture et du patrimoine
de la ville de Boulogne-sur-Mer
ISBN 978-2-9527718-3-2
15 euros
Achetez-le !


samedi 24 mars 2012

extrêmement fort et incroyablement près

J'ai souvent l'occasion de vous montrer de l'incroyable.
Mais il existe encore des surprises inédites dans les cartes postales, des images étranges, fortes, et vraiment particulières qui donnent à cet art populaire une sorte de capacité de sidération.
Vous allez voir une carte postale de Ronchamp. Une image absolument inouïe, attention... et hop !



Je vous avais prévenus...
La carte postale est une édition de la Société Notre-Dame du haut et la photographie est de Charles (?) Bueb.
Il y a quelque chose d'extrêmement troublant dans cette photographie, quelque chose d'un ogre.
La petite fille est visée sous un angle que je crois bien totalement impossible aujourd'hui !
Mais aussi la construction de la chapelle de Le Corbusier ainsi mise à l'écart de l'image donne une puissance effrayante et menaçante à la tension un rien... euh... enfin...
Oui, un ogre.



Qui est cette gamine ? L'image est-elle construite, je veux dire désirée ? Ou fortuite ?
On pourrait à l'envi analyser cette image et je crois bien que la psychanalyse ici trouverait bien des choses à dire. (Certainement aussi sur mes propres projections !)
L'audace du rapprochement entre l'enfant qui certainement dans sa pureté et son innocence semble porter quelque chose de l'espérance chrétienne prend ici par sa pose et son rapport à l'architecture (masse, espace, ciel, regard) une tonalité aujourd'hui un rien débordée.
Mais le photographe Charles Bueb n'est pas un inconnu pour les aficionados de Corbu puisque Le livre de Ronchamp * contient des clichés de ce photographe.
En voici quelques-uns qui ne semblent pas aussi marqués mais qui permettent de sentir un photographe aux audaces de cadrages et aux détails passionnants. Les clichés pris à l'intérieur de la coque même de la construction sont vraiment palpitants et révélateurs de cette architecture.
Qui aurait des informations sur ce photographe ?




Regardez bien l'homme debout à l'intérieur de la coque !


* Le livre de Ronchamp, Le Corbusier
éditions Les Cahiers forces vives, 1961

mardi 20 mars 2012

le Comité de Vigilance Brutaliste vous conseille...



Je reçois une invitation pour une exposition de la part de l'un de mes fidèles lecteurs.
Il s'agit de l'exposition ALPINO qui vous montrera des photographies prises par Louis Malachane et Mathieu Bujnowskyj.
Ils ont photographié la Suisse et " Nous voulions enfin rencontrer l'architecture de ces lieux. Une architecture puissante, souvent austère mais sensuelle. Conçue et construite à l'image des grandioses paysages alpins dans laquelle elle s'inscrit."
Cela tombe à pic (oui... jeu de mots) avec notre article sur Hérémence et Walter Förderer.
Vu les photographies jointes au dossier de presse, nul doute que l'exposition vaut le détour même si pour moi c'est un peu loin.
Alors à tous les lecteurs de la région de Lyon, je conseille la visite ici :

l'exposition se déroulera au Gonzo Bar :

mardi au samedi, de 16h à 01h au
3 rue Montesquieu, à Lyon 7ème (en face de la piscine du Rhône).
Métro D – Tram T1 arrêt Guillotière
09 52 83 07 50

Le vernissage a lieu le 29 mars, buvez à ma santé !

Je vous offre un avant-gôut, merci de ne pas diffuser ces images sans mention du copyright kiblind-alpino ou des noms des deux photographes Louis Malachane et Mathieu Bujnowskyj :




Ris-Orangis : un centre commercial Monument Historique ?


Cela ne vous rappelle rien ?
Oui.
La demande de classement du centre commercial de Ris-Orangis dessiné par Claude Parent vient d'être envoyée officiellement ce jour.
C'est donc un beau jour !
Ce dossier contient une lettre de demande, des images d'époque, des images de l'état actuel, des textes dans lesquels la construction est évoquée, la situation et les plans.
Je dois dire immédiatement que cette demande est faite avec le soutien du gérant actuel de l'Intermarché de Ris-Orangis Monsieur Prost-Romand.
Une carte postale est déjà éditée et sert de pétition. Elle est distribuée, envoyée gratuitement à toute personne désireuse de nous soutenir dans cette action citoyenne.
(me contacter par courriel)



Le centre commercial de Ris-Orangis est beau, incroyablement articulé. Il est certes moins représentatif de la Fonction Oblique que celui de Sens mais sa volumétrie est cryptique comme Sainte-Bernadette du Banlay. La jonction du parking au magasin s'opère par une passerelle qui est, à elle seule, une sculpture.
L'ensemble est en bon état et même en cours de ravalement. Le centre commercial participe pleinement à la vie de son quartier. Il appartient à tous, aux amateurs d'architecture contemporaine, aux usagers, au Patrimoine de la ville de Ris-Orangis.
Il mérite d'être protégé et révélé à nouveau. Il mérite de faire histoire et modèle dans une France qui aujourd'hui laisse les boîtes à chaussures garnir des ronds-points dans des zones commerciales voraces et hideuses. Claude Parent a su faire de ce programme une œuvre, un cheminement, un morceau de ville. Il a offert à la ville de Ris-Orangis une construction superbe, modeste et ardue.
C'est ce que nous voulons défendre. Cette audace simple d'un architecte au travail, d'une pensée de l'espace urbain.
Toutes les énergies sont les bienvenues. Aidez-nous. Envoyez une carte postale, un courrier à la DRAC Ile-de-France. Faites comme vous voulez. Je compte sur vous mes lecteurs et lectrices fidèles !
Preuve de son inscription dans l'histoire de la ville cette carte postale Raymon :



On y voit le Hameau de la Roche et le Domaine de l'Aunette mais on y voit surtout le centre commercial de Monsieur Parent !
J'agrandis :



Et comme les cartes postales sont pleines de surprises, au verso de celle-ci le correspondant écrit (et je n'invente rien) : "faire plaisir voilà un vrai plaisir".
Alors vous savez ce qu'il vous reste à faire...
Pour ceux qui voudraient voir, voici quelques images :






La couverture de la revue "la galerie des Arts":