mardi 20 septembre 2011

Jacques Kalisz : un architecte et un roman photo...

Alors là vous allez tomber par terre !
Vous allez vous frotter les yeux, appeler vos amis, écrire des messages.
Vous aurez une nouvelle fois l'occasion de dire que les éditeurs et les photographes de cartes postales ont travaillé pour les archives, pour l'histoire de l'architecture simplement en offrant la possibilité de voir l'architecture en fonctionnement !
Comment ?
Tout simplement en faisant une série complète de cartes postales sur le même objet architectural au point qu'on pourrait croire à un roman photo.
Et de plus quand cet objet architectural est une belle construction de Jacques Kalisz le bonheur du collectionneur de cartes postales n'est-il pas complet ?
Allons voir maintenant le centre nautique (piscine) d'Aubervilliers :




Les trois cartes postales Hachette en Hcolor nous donnent : centre nautique, le solarium.
Pas de doute ici, les architectes Kalisz et Perrottet ont construit un bel ensemble sachant joindre préoccupations structurelles affichées et subtilité d'une lecture du programme.
On devine sans problème d'ailleurs cette qualité sur les cartes postales.
Mais regardons de plus près la vie qui se déroule dans ces trois images. On devine rapidement que le photographe n'a que très peu bougé et même que les trois images sont faites dans le même temps. Comment ?
Et avec ça :




Il s'agit bien du même monsieur !
Et là de la même jeune femme !




Ici les deux garçons apparaissent et disparaissent :



Mais un détail encore plus émouvant pour moi est celui-ci :


Formidable en effet comment le gamin s'est glissé dans la poutre métallique de la construction !
Comment ne pas être ému devant un tel génie de l'appropriation des espaces ? Il va sans dire que les architectes n'avaient sans doute pas songé que cela puisse être ainsi utilisé.
Le dos du gamin posé contre cette poutre me confirme que la valeur d'usage est toujours bien plus forte que tous les rêves et imaginaires des architectes.
J'aime ce détail au-delà de tout, il prouve l'ingéniosité de l'enfant, une connaissance de son espace, un désir aussi sans doute de s'offrir "un endroit à lui" lieu caché et ouvert en même temps.
Il trouve là un dossier, un poste d'observation. Il trouve son architecture.
Mais ce n'est pas tout.
Le photographe entre dans la construction et voici le bassin sportif :


Et... le bassin école :


Regardez la qualité du traitement des plafonds ! D'une beauté abstraite ! Et cela joue à merveille avec le calme de la surface de l'eau dans les bassins. Ici, pas d'animation, le photographe a choisi ce calme pour (j'en suis certain) sa beauté plastique, son évidente qualité esthétique. Ces deux cartes postales ne sont-elles pas aussi belles que des photographies de Candida Höfer ?
Et regardez également comment le bâtiment au fond des images fait jouer sa légèreté et sa transparence.
Mais ce n'est pas fini.
Vous en voulez encore ?
Et ça :


Dans le bar-restaurant du centre nautique d'Aubervilliers on imagine les parents qui attendent le retour des enfants partis au bain.
Là, dans un espace impeccable et serein, ils se détendent aussi en profitant de la lumière.



Et puis regardez bien les très beaux sièges, ils sont de Joe Colombo si je ne me trompe pas.
Vous êtes convaincus maintenant que les cartes postales racontent l'architecture moderne, qu'elles disent la jubilation des espaces, qu'elles documentent l'utilisation des architectures, qu'elles offrent même des moments d'une grande qualité esthétique simplement par un regard descriptif et attentif au beaux moments de vie d'un lieu.
Je me jette dans ces images sans retenue, certain que je suis d'y retrouver une place tranquille et sereine mais aussi un moyen d'apprendre.

Guide d'architecture contemporaine en France
Messieurs Amouroux, Crettol et Monnet
Technic-union 1970

Chairs Icons
Charlotte et Peter Fiell
Taschen 2001

lundi 19 septembre 2011

un peu de people


Cette photographie pourrait bien être la plus "people" de ce blog.
A gauche se cette image vous voyez Monsieur Dominique Amouroux qui est l'un des trois auteurs du "guide d'architecture contemporaine en France "qui est, et vous le savez puisque vous êtes fidèles, qui est notre guide essentiel, notre référence en matière d'architecture.
C'est dans ce guide édité en 1970, que j'ai pour la première fois vu les œuvres de Monsieur Claude Parent.
C'est ce guide qui me donna l'envie de voir et de découvrir un nombre incroyables de constructions comme l'église de Nevers et...le centre commercial de Sens, de Reims-Tinqueux etc...Et c'est avec Claude Lothier et son énergie que ce désir devint une réalité.
A droite de l'image c'est bien évidemment Monsieur Claude Parent.
Au centre...votre serviteur !
Alors qu'une exposition de dessins de Claude Parent organisée par Monsieur Amouroux et Laurence Claquin me permette de réunir ainsi certainement les deux personnalités les plus importantes pour mon goût de l'architecture reste une opportunité de faire une photographie qui me rend très heureux.
Donc si vous passez par Nantes, faites le petit détour vers le centre d'art des Landes Blanches. Vous y verrez certainement de quoi vous réjouir.
Belle visite à vous.

samedi 17 septembre 2011

la chaise des enfants

On peut aussi parfois regarder le mobilier.
Vous allez voir que deux cartes postales de deux lieux différents mais de fonction identique nous proposent curieusement le même mobilier pour les enfants.
Ces deux lieux furent d'ailleurs publiés sur ce blog pour des raisons plus architecturales.
Commençons par l'un des bâtiments que j'aime le plus sans jamais avoir eu l'occasion de le visiter.
Sans doute que lors de "mon voyage annuel", j'aurai l'occasion d'y dormir... Il s'agit du très beau Village Vacances Famille Belambra de Anglet, connu sous le nom de "chambre d'amour".
Ici nous voyons la crèche :



La carte postale Europe enregistre une lumière un peu jaune, un peu dure mais dans cet espace vide de jeux, d'enfants, de cris, nous montre le mobilier et particulièrement les petites chaises de plastique rouge qui doivent, vu leur dessin pouvoir s'empiler.



On regardera aussi les petites tables rondes et la collection de chaises hautes ! La mienne, celle de mes frères, il y a encore peu celle de mes neveux, est encore au sous-sol : infatigable !
Maintenant la montagne :


Nous sommes à Super-Besse, au... Village Vacances Familles et "ça c'est la crèche" c'est ce que nous dit dans une typo enfantine le titre de la carte postale Lumicap.
Les bambins cette fois, sont à la fête.




Les jouets sont sur les tables et les fesses sur... les mêmes chaises en plastique qu'à Anglet !
On admirera sans condition les beaux ballons, l'attention sérieuse des deux jeunes femmes et la propreté du linoléum.
Quel beau document !
La bande blanche en bas de la carte postale nous dit sans doute qu'il s'agit d'un cliché d'amateur
récupéré pour l'occasion, enfin je crois.
Le cube N°6 est perdu au premier plan, je vous laisse chercher le N°4.


Cette belle petite chaise est un design signé de Marco Zanuso et Richard Sapper si j'en crois l'excellent livre Chairs de Charlotte et Petre Fiell chez Taschen éditeur :





jeudi 15 septembre 2011

Jean Renaudie : le modèle

Il vous suffira un jour de prendre votre voiture vers Ivry-sur-Seine ou vers Givors et d'aller arpenter les chemins entre les pointes des constructions de Monsieur Jean Renaudie pour, comme moi (et bien d'autres !), affirmer qu'il est sans aucun doute un modèle pour toute construction de logements sociaux.
La leçon qu'il nous donne, leçon que nous donne également Madame Gailhoustet est l'une des plus humanistes, des plus sensibles mais aussi des plus plastiques.
Ici la forme naît de la réflexion sur l'usage tout en suivant une radicalité architecturale des plus remarquables.
Avoir ainsi construit non pas seulement de l'habitat mais également du paysage est rare.
Nous avons la chance en France que de telles personnalités, il y a peu de temps finalement pouvaient construire de telles œuvres.
Curieusement, il semble que cela fasse bien trop peu école.
Alors nous allons voir et un peu sans doute, visiter Givors grâce à deux cartes postales Combier d'une très grande qualité photographique.
Il s'agit d'une édition spéciale si j'en crois cette très haute qualité, le timbre du premier jour au dos des cartes mais aussi la personnalité de l'un des deux photographes.
Voyez :



Cette carte postale Combier est superbe, le cliché est de Michel Durand. D'abord par son point de vue qui permet de lire la manière dont l'ensemble de Monsieur Renaudie est accroché à la falaise mais aussi par sa lumière qui frappe durement le centre de l'image.
Le chantier vient d'être livré si j'en crois le vide dans les appartements et les terrasses qui ne sont pas encore très plantées. Le béton est encore blanc.
Pourtant ici des habitants font déjà usage de leur terrasse en faisant sécher le linge...



On remarque aussi la pancarte qui annonce la disponibilité des appartements.



Dans la même collection "impression Combier Macon " :



Cette photographie nous permet une lecture plus directe des étoiles.
Le choix du noir et blanc vous semble curieux ?
Alors...
Alors sachez que c'est Robert Doisneau lui-même qui a fait le cliché de cette carte postale !
D'ailleurs il s'agit d'un noir et blanc très dur qui dessine bien plus qu'il n'informe. Ce qui est troublant pour un photographe que l'on dit humaniste c'est qu'il fut bien lui aussi totalement intrigué par les formes caractéristiques des constructions de Jean Renaudie.
A moins qu'il ait eu du mal à cadrer un gamin descendant les escaliers avec une bouteille de vin ou des amoureux se bécotant sur les parapets...
En tout cas, voici une carte postale qui croise l'architecture moderne et contemporaine et la photographie artistique (ou comme on dit aujourd'hui plasticienne).
Il est donc évident qu'il ne s'agit sans doute pas de cartes postales pour les tourniquets de bureaux de tabac mais bien des cartes postales pour collectionneurs, sans doute à tirage restreint et diffusées le premier jour de l'oblitération du timbre.
C'est, en tout cas, l'occasion d'évoquer le travail de Monsieur Renaudie et cela suffit à faire mon bonheur.
Quelqu'un sait-il si d'autres grands photographes ont fait un safari à Givors ?

villes improbables aux landes blanches

Je me fais le relais d'une information importante.
Les landes blanches / centre d'art organise une exposition de dessins de Claude Parent dont le titre est "Villes improbables".
L'exposition se tiendra du 18 septembre au 16 octobre 2011.
Nous ne rappellerons pas, (oh et puis si tiens), l'importance du travail de Claude Parent pour ce site qui chaque fois qu'il le peut évoque le travail de cet architecte.
Vous connaissez tous le travail effectué ici autour du sauvetage de Sens.
Alors comme en plus, cette exposition est organisée pour une part par Monsieur Dominique Amouroux l'auteur du Guide d'architecture contemporaine en France, guide qui est LA référence de ce blog vous comprendrez bien qu'il est nécessaire de se rendre à cette exposition.
Et puis, il ne fait aucun doute qu'une nouvelle fois, l'architecte nous fera part de sa grande dextérité graphique qu'il sait associer à sa grande dextérité d'analyse de notre monde et de l'architecture.
Il portera sans doute nos rêves (et nos cauchemars) à un grand degré de pertinence en nous offrant enfin dans des lignes et des contrepoints une représentation des plus beaux paysages à venir.
Pour vous régaler, allez ici :


vous y trouverez toutes les informations pratiques.
Et voyez ce beau dessin de Claude Parent sur le carton d'invitation :



mercredi 14 septembre 2011

presque rien et pourtant

Voilà.

Une carte postale que Martin Parr aurait rangée dans son classeur boring postcards.
Sans doute qu'il y a quelques années j'aurais fait de même.
Mais maintenant, sur l'horizon de la ville de Montrouge, je vois surgir une silhouette que j'ai appris à connaître, aimer et que je suis allé voir.
Cette silhouette ?
la voici :

Les aficionados de Claude Parent auront reconnu la Fondation Avicenne, la Maison de l'Iran.
Regardez de nouveau cette carte postale Hachette.
Regardez comme ce bâtiment maintenant se détache clairement de son environnement, comment il construit son paysage. Il semble regarder l'église du Sacré-Cœur de Gentilly qui me fait toujours rêver à Métropolis.
La carte postale Hachette, expédiée en 1974 indique "Montrouge. L'autoroute".
Elle ne dit pas : "paysage urbain avec architecture d'art sacré moderne et architecture contemporaine puissante".
Elle ne nomme pas les architectes ni les ingénieurs du génie civil qui ont tracé l'autoroute.
Et vous savez pourquoi ?
Simplement parce que la bonne architecture sait à la fois être un événement, un signe urbain, mais aussi elle sait dans la brutalité de son apparition faire acte d'une forme d'indifférence.
Et si l'autoroute passe au pied de ces deux très belles œuvres architecturales, c'est sans doute parce que nous ne savons toujours pas comment construire en un geste unique la route et la ville mais aussi par une forme de respect de l'un et de l'autre créer ainsi un paysage, une jubilation des changements, presque (j'ose) une courbe amoureuse.
Et j'aime toujours, en voiture sur cette autoroute avoir ainsi à viser, presque militairement, mes belles constructions. Je les attends au travers du pare-brise comme lorsque je prends un ami au bord de la route à la sauvette qui devra faire vite et sauter dans la voiture le plus rapidement possible.
Comme vous aimez les belles images, je vous offre des photos de la Maison de l'Iran au moment de sa construction, photos trouvées dans la si belle revue italienne l'architettura N° 156 de 1968.








lundi 12 septembre 2011

Cité radieuse ? Et de 5 !

Finalement, il est possible de voir toutes les cités radieuses...
Avec la visite dernièrement de celle de Briey nous finissons notre collection. Nous aurons vu Marseille, Nantes, Firminy, Berlin et Briey.
Et finir par celle de Briey c'est une bonne idée.
Pourquoi ?
Parce que ce fut celle qui fut la plus menacée et c'est maintenant l'une des plus belles et des plus accueillantes.
D'abord un charmant jeune concierge vous ouvre, vous demande d'où vous venez et vous guide fier de sa Cité Radieuse jusqu'à la porte de l'Association "La Première Rue".
A nouveau, on vous accueille, vous confie les clefs pour que vous puissiez voir l'appartement témoin aménagé avec grand soin et aussi la galerie composée de deux appartements réunis ensemble par le percement d'un mur mitoyen ! Une belle exposition de photos vous y attend.
Il faut dire que la vue de l'appartement meublé suivi de la galerie à l'espace ouvert crée un contraste assez saisissant !
Qu'elle est belle cette Cité Radieuse de Briey-en-forêt sous un crachin léger. Entièrement repeinte de ses couleurs vives à l'extérieur comme à l'intérieur, elle donne à voir les idées de Le Corbusier avec beaucoup d'ampleur.
Pour ce qui est des cartes postales d'époque des Cités radieuses vous irez ici, ici ou encore ici ou bien ici, puis encore ici et certainement ! Et si vous êtes gourmand, ici, et puis encore là !
Pour ce qui est de mes images voyez là :

la belle grille...

si abstraite et polychrome...

abritons-nous sous les pilotis...


réjouissons-nous du volume...


et des beaux détails comme l'escalier qui ne descend pas jusqu'au sol...


le bas-relief au Modulor...

l'accueil...


la rue au troisième...

poussons la porte...

regardons la maquette pour comprendre l'architecture...

admirons la déco...

en haut, la chambre des enfants, d'un côté de la cloison...

puis de l'autre...

l'escalier (ici galerie) que je trouve simplement superbe !...

admirez le détail : une rampe haute pour les adultes, une basse pur les enfants...(eh oui)