mardi 12 octobre 2010

des amis fidèles

Il y a des constructions dont on sait que le modèle fort répandu vous donnera régulièrement la joie de les revoir.
Voici deux exemples bien connus des plus fidèles d'entre vous, alors sans chichi ni blabla, je vous les offre à la vue dans la nudité de leur représentation (fort belle) de carte postale.


D'abord le Palais des Sports, centre omnisports de Saint Etienne (42) par messieurs les architectes P. Dufau, R. Aillaud, L. Vendange.
Une carte postale La Cigogne qui ne mentionne pas l'inventeur du modèle physique : Buckminster Fuller.
Puis une icône de plus :


Vous connaissez cela par cœur.
Mais regardez comment le photographe choisit le degré d'ouverture de cette piscine Tournesol de Monsieur Schoeller l'architecte.
Une sorte d'entre-deux, ni totalement ouverte, ni totalement fermée, on dirait bien, vu les barrières, que la piscine n'est pas encore terminée et il pourrait s'agir là d'essai d'ouverture.
La terre battue indique aussi peut-être cet état de chantier.
Nous reste à remercier les éditions Artaud pour ce beau document d'une des stars de ce blog.

lundi 11 octobre 2010

Brasilia, un noeud routier

Toujours dans la donation Claude Lothier.
Certainement en forme d'avant-goût d'une prochaine promenade, voici une carte postale de Brasilia assez étrange.

D'abord comme vous pouvez le voir sur cette carte postale Uniao Postal Universal, le lieu lui-même. Il s'agit en portugais dans le texte de L'Estaçao Rodoviaria qui est, si j'ai bien saisi, une sorte de nœud routier offrant une entrée à la ville, une gare routière et un immense parking.
Tout cela certainement pour permettre une circulation raisonnée dans la plus belle ville du Monde.
Mais ce qui est assez saisissant c'est bien que ce nœud routier, alors que la ville regorge de monuments les plus extraordinaires les uns que les autres, que ce nœud routier donc mérite ainsi une carte postale.
Certainement qu'il est question ici de nous dire la modernité de la pensée du plan de Brasilia, nous dire à quel point la ville est une machine conçue dans sa totalité. Il est aussi ici question de l'imaginaire d'un paysage car l'horizon plan et lointain ainsi nettoyé et égalisé prend l'aspect d'une plate-forme ouverte offrant bien une vision d'espace gigantesque.
Ce vide apparent, les formes à peine visibles des constructions alors esseulées offrent certainement une vision d'une ville ambitieuse et géante s'étendant jusqu'au fond du regard.
Mais aujourd'hui...




Il suffit d'un coup d'œil de satellite pour voir comme tout cela ressemble plus aujourd'hui à une immense foire urbaine.
Et la sensation d'une ville à soi, dégagée, semble bien lointaine.
Mais ce qui est encore plus incroyable c'est la correspondance au dos de la carte. Dans une écriture un peu difficile à lire et tout en langueur, l'auteur écrit (je crois) ces mots :
Brasilia est un paradis pour les architectes ; Espérant que notre amitié soit aussi harmonieuse mais non point inachevée comme cette belle ville. A bientôt. M Ascot, (Mascot ?)
J'aimerais beaucoup recevoir ce genre de texte...
Pourquoi diable alors qu'il est question de belle ville envoyer cette partie-ci ?
Certainement que l'amitié a besoin d'une plate-forme encore très large pour se poser. Une plate-forme faite d'un nœud de chemins dans une ville.

dimanche 10 octobre 2010

une Ombre Blanche sur Royan

Continuons d'explorer la donation de Claude.
Et de quelle manière !
Ce que vous allez voir est pour moi tout à fait exceptionnel, comme une sorte de Saint Graal, d'aboutissement de collectionneur.
J'avance avec un vocabulaire bien lourd car peut-être que certains d'entre vous peu sensibles à l'architecture de la ville de Royan ne vont pas bien comprendre mon enthousiasme lorsqu'ils découvriront la carte postale en question.
Disons que, comme pour la maison Prouvé vue ici, il y a des points de vue de Royan impossibles comme si les photographes et les éditeurs de cartes postales s'étaient donné la consigne de ne pas faire de cartes postale de tel ou tel endroit de la ville.
Et donc le collectionneur cherche cherche cherche encore cette image qui pourrait à quelques mètres près le rendre heureux.
Il en va ainsi de cette carte postale, attention.... voilà :


Oui, je sais c'est peu spectaculaire.
Pourtant...
Sur cette carte postale des éditions Lapie apparaît enfin l'une des constructions emblématiques de la ville de Royan, peut-être même l'une des plus photographiées, étudiées, regardées : la villa Ombre Blanche de Claude Bonnefoy, architecte.
La voici d'un peu plus près :


Elle est à elle seule la quintessence de la villa années 50 à Royan, offrant en un seul bâtiment l'ensemble des particularités du style royannais.
Pilotis, façade creusée en retrait, toit en pentes inversées, blancheur et polychromie bien sentie, tout cela dans une villa sur le bord de mer, au centre de la conche de Royan, affichant contre les restes du Royan d'avant-guerre sa modernité d'une manière presque ostentatoire.
C'est en quelque sorte LA villa de Royan.
Mais sa position dans le creux de la conche a toujours posé un problème pour les éditeurs de cartes postales.
A la fois un rien isolée des constructions du Royan urbain très typé, entourée d'anciennes villas, manquant de visée sur la ville déjà un peu loin et trop dans le creux pour sortir de la conche, elle resta jusqu'à cette carte postale miraculeuse comme impossible à trouver sur une carte postale.
Car le point de vue est ici aérien, pris d'avion en rase-motte.
D'ailleurs s'il ne s'agissait pas de voir et de trouver cette villa sur cette carte postale du boulevard Garnier, je crois bien que cette carte postale aurait un intérêt très relatif...
Regardons par exemple des cartes postales qui furent pour moi toujours et encore frustrantes parce que justement Ombre Blanche n'y était pas visible :






Vous voyez ?
Vous comprenez ?
Il s'agit donc bien pour ma collection de la seule et unique carte postale montrant cette villa Ombre blanche de manière... euh... lisible !
Comme vous avez été sages et que vous avez pris le temps comme moi d'user vos yeux sur ces cartes postales, je vous donne quelques vues bien plus réjouissantes. Elles sont tirées d'un ouvrage indispensable pour les amateurs de Royan : l'invention d'une ville, Royan années 50 éditions du Patrimoine.




Superbe non ?
Je vais donc ranger ma carte postale avec soin en n'oubliant pas de remercier enore et encore le donateur de cette clef de voûte de ma collection : Monsieur Claude Lothier.


samedi 9 octobre 2010

Guillaume Gillet et Marseille

Claude, hier, m'a offert un petit paquet de cartes postales.
Dans ce paquet quelques petites pépites dont étrangement la liaison pourrait se faire par Royan.
Mais aujourd'hui, je vous montre l'une d'elles, une carte postale d'un quartier de Marseille, le Roy d'Espagne qui fut en partie dessiné par l'architecte de l'église de Royan : Guillaume Gillet !
Lorsque Claude me passa le lot de cartes, il était aisé de deviner sur celle-ci un travail architectural de qualité.


On y voit de petites constructions étendues dans un parc au tissu très détendu et offrant une végétalisation importante.
On devine aussi un réseau piétonnier ouvert et qui se glisse sous les arches et pilotis des constructions. Les façades aussi offrent un beau dessin net et géométrique.
On admirera au premier plan, les belles lignes du centre commercial.


On voit aussi que ce quartier tout en se faisant modeste dans le paysage sait y être fort et contrastant.


C'est ouvert.
On trouvera sur ce lien toutes les informations nécessaires sur ce quartier.
La carte postale des éditions Tardy ne fait pas mention des deux architectes Guillaume Gillet et Louis Olmeta. Elle ne donne pas de date non plus.
Mais dans sa modestie, cette carte postale reste aussi un incroyable point de liaison entre deux villes : Royan et Marseille.

mercredi 6 octobre 2010

Royan, toi


Nous aurions garé la 4cv sur la place devant le portique. Nous aurions un peu regretté que cette place soit encore en terre battue mais finalement aurions trouvé bien pratique de nous garer ainsi en centre ville.
Nous aurions immédiatement entendu la mer sous le portique que nous aurions emprunté pour vivre l'horizon dégagé.
Le ciel est gris pourtant.


Tu aurais voulu acheter une carte postale et aussi un ballon de plage pour ton filleul. Nous aurions sous le portique visé la boutique Fantasio.


Pendant que tu faisais ton choix dans la boutique, assis sur un siège de rotin j'aurais commandé deux Vittel Délice Orange bien glacés.
Admirant la courbe moderne du front de mer, j'aurais su immédiatement que j'étais heureux ici.
Le rouge des peintures, leur acidité, ferait rêver à un avenir radieux.
Tu serais revenu avec ce même rouge sur un ballon de plastique pris dans un filet. Gros comme une pastèque j'aurais ri à notre difficulté de faire le voyage de retour avec cet étrange fruit des plages dans le petit coffre de la 4cV.
Tu aurais posé ta pile de cartes postales sur la table en rouspétant contre les quelques gouttes renversées sur le formica, demandé et obtenu un papier absorbant au serveur affable et tu te serais mis à écrire une à une et méticuleusement tes cartes postales.
Mordillant le capuchon de la pointe Bic, tu aurais cherché l'inspiration pour finalement écrire toujours la même chose : le ciel, la mer, la plage, la joie.


J'aurais admiré le dernier modèle de chez Simca en y préférant tout de même la Renault Frégate. Assise en face de moi dans un de ses sièges modernes, une jeune femme lirait son Marie-Claire avec le mannequin Bettina en couverture, chapeau de paille conique, revers de chemisier-blouse retroussés sur un cou parfait, œil de chat à l'envi.
Tu aurais fini par terminer ta corvée d'écriture, j'aurais paraphé quelques cartes postales et nous aurions repris notre chemin vers la poste.


Le Vespa aurait fait un bruit pétaradant qui m'aurait fait sursauter et me rapprocher de toi.
Tu aurais dit : "et le cinéma... ce soir ?
J'aurais dit : "non"
Sans vraiment savoir pourquoi, certainement que l'idée d'une salle noire en plein après-midi chaud ne me réjouissait pas.
Je serais passé devant, perdu que tu serais devant les photos du cinéma, réalisant que, finalement toi non plus tu n'avais pas cette envie.
Nous irions plus sûrement regarder le jour tomber simplement sur la mer et sentir la fraîcheur venir du fond de l'estuaire.


J'aurais regardé les mains des adultes tenir les mains des enfants avant de traverser la rue. J'aurais certainement jalousé ce geste impossible.
Mais j'aurais aussi souri à leur costume de petits adultes bien polis et au chapeau de scout hors d'âge du monsieur.
Qu'importe, c'est l'été, c'est débraillé et chic en même temps.
Tu aurais bifurqué d'un coup vers ta gauche en suivant la courbe du toit de la poste, suivant exactement le cheminement de Monsieur Ursault son architecte.
Les cartes postales jetées d'un coup dans la boîte "autres départements", tu serais venu me rejoindre.
Un petit vent venait de se lever apportant parfois l'odeur de plâtre et de ciment frais d'une ville encore en construction.
Il fallait aussi penser à acheter quelques films Kodak pour ton Foca Sport.
Demain, nous avions décidé de pousser jusqu'à Talmont. Il paraît que les ruelles sont remplies de roses trémières à cette saison. C'est ce que nous avait dit hier soir la patronne de l'auberge de Saint-Palais.
En remontant le boulevard, je savais que nous avions encore peu de jours à partager. Qu'il fallait que chacun d'eux soit comme une promenade tranquille sans enjeu, sans risque, sans obligation.
Quelque chose qui coule comme du sable dans le creux des doigts, chaud et impossible à retenir.

mardi 5 octobre 2010

Mallet-Stevens à la rue

Deux cartes postales très différentes n'ayant comme point commun que l'architecte à l'origine de la construction.
Deux approches donc pour les collectionneurs, ceux à l'affût d'un réel saisi dans son époque et ceux embusqués à la recherche d'un jeu postal, fabrication d'un objet de collection précieux.
Dans les deux cas, deux beaux documents, deux belles constructions, un architecte passionnant.
On y va....


Les automobiles hideuses des années 80 encombrent la rue Mallet-Stevens.
On devine tout de même un coupé Peugeot Pininfarina. La voiture de Monsieur Claude Piéplu ?
Finalement on voit peu de choses et le timbre est plus clair et laisse mieux par son dessin comprendre celui très beau de l'architecte.
Certainement aussi que cette difficulté à lire les bâtiments est due en partie à ce gros sapin qu'il faudrait d'un geste peu amical... tronçonner à la base !
On s'amusera également que la rue Mallet-Stevens soit une voie... sans issue, un cul de sac architectural ?
C'est un bel endroit dans Paris.
La carte est donc une édition Empire Philatélique photographie de F. Perol en 1987.

1925 !

Je publie bien moins souvent des cartes postales aussi anciennes !
Tout est dit sur l'image : Paris Exposition des arts décoratifs.
Il s'agit donc du pavillon "renseignements et tourisme".
le nom de Rob. Mallet-Stevens est bien écrit.
On comprend la jubilation de l'architecte à venir poser ainsi un totem moderniste contre des envolées décoratives finalement pas si anciennes que cela.
Ce signal est beau comme une axonométrie d'avant-garde avec aussi ici finalement un décoratif très particulier, celui d'une géométrie pure.
La succession des angles droits, le chevauchement des aplats, l'étirement des lignes sont autant d'éléments faisant moderne. Ils ne sont pas plus utiles à la construction que les sabots des chevaux sur le toit du Grand Palais.
Mais c'est moderne, cela se veut ainsi.
Et finalement le plaisir de cette image vient aussi de ce contraste entre les deux constructions.
On ne parlera pas de l'incroyable chantilly de métal du pavillon de l'Intransigeant...

dimanche 3 octobre 2010

Stuttgart 21, eine deutsche Schande

Aujourd'hui c'est dimanche.
Une journée de repos, vous avez donc quelques minutes à accorder au patrimoine architectural moderne et contemporain.
Et, alors que vous surfez de site en site, de blog en blog, de facebook en twitter, vous ne savez plus exactement ce que vous cherchez.
Vous cherchez ça :
Vous essayez de comprendre pourquoi le projet Stuttgart 21 est un mauvais projet soutenu par une violence policière sans précédent en Allemagne depuis...
Alors vous vous dites que l'Allemagne c'est loin, vous sentez bien votre petit cœur porté à soutenir les opposants à la destruction d'un des chefs-d'œuvre de la ville mais comment faire, oui, comment faire ?
Allez là :
Vous pouvez aussi si vous parlez allemand aller sur ce site pour voir ce qui se passe :

La carte postale est une édition Iris française donc ?
Nous avions déjà vu cette beauté allemande ici.