lundi 22 octobre 2012

Un patrimoine au pied des barres

Comme pour atténuer la rigueur d'une orthogonalité un peu rude, souvent au pied des tours et des barres H.L.M, on pose une petite construction tourmentée. Nous avons eu l'occasion maintes fois ici de voir que l'église moderne joue souvent ce rôle à la fois d'objet architectural original qui opère alors comme un signal et même un signe du nouveau quartier.
Mais il arrive aussi souvent que la hall des sports, la piscine, la maison des jeunes, le marché, s'accordent également cette place et, dans une expression quasi sculpturale, offrent aux habitants une sorte d'effet Bilbao à rebours !
Voyez encore un exemple ici à Malakoff :



Nous sommes sur la place Henri Barbusse et au pied du hard french un effet de style vient se poser. Le petit centre commercial est d'ailleurs d'une très grande beauté avec son toit en double courbure typique du goût pour les paraboloïdes hyperboliques de l'époque. Les mathématiques font de belles courbes, donnent l'impression d'un geste moderne et gratifient les constructeurs (et l'architecte !) d'un sentiment de prouesse et de devoir accompli : ici, je le répète, avec justesse.
Le voile de béton dessine bien des courbes fines, une sorte de toile de tente figée qui abrite un ensemble extrêmement léger de pans de verre (aujourd'hui bouchés semble-t-il).





On admirera aussi le beau dessin des points d'appui et la récupération des niveaux du sol. Sur ce ciel de béton tendu, se posent quelques bulles de plastique distribuant de la lumière. On pourra tout de même reprocher à ce centre commercial d'être un rien trop proche sans doute des habitations offrant aux regards des fenêtres un étrange paysage courbé et vide. Mais c'est bien ce patrimoine qui fait les belles surprises de la banlieue, qui donne envie de venir la voir et de l'aimer aussi comme un laboratoire de l'architecture que les éditeurs de cartes postales (ici Lyna) ont su révéler et offrir.
Regardons encore :



La carte postale Combier nous donne le ciel comme hauteur sur la ville de Charleville-Mézières, Mohon. Nous sommes au-dessus de "Ronde-couture", quartier dessiné par le Cabinet Charlot-Despas si on en croit l'éditeur. Une fois encore, plantés au milieu des monolithes de béton dont ici les proportions restent humaines on devine des constructions bien plus étranges aux toits hérissés de pointes spectaculaires.




On retrouve un peu ce type de dessin sur une architecture de Courbevoie vue ici. Les constructions renferment les services habituels : centre commercial, bibliothèque, etc. Mais une fois encore c'est bien dans le contraste que se décident ces gestes architecturaux, sans doute pour offrir au regard des immeubles et de l'habitation une architecture originale, presque un spectacle de la modernité. On prendra le temps pour cette image de regarder le plan urbain si typique également du traitement de ce genre de quartier. Les immeubles sont jetés au milieu de pelouses dont le seul traitement semble bien le tracé des chemins piétonniers tortueux et "libres", comme inventés par le cheminement des piétons et des habitants. L'organisation de places et de placettes sur lesquelles on pose les jeux pour les enfants et les bancs pour "les liens sociaux". On rejette les parkings des automobiles en périphérie pour justifier des espaces-jardins libres et végétalisés. Si tout cela ne manque pas de volonté, tout cela manque tout de même un rien d'idées. Il semble que la vue depuis une tour sur une pelouse verte plate et vide reste le summum de l'urbanisme. Plus tard, comme partout, planter des arbres et faire faire des graffs sur les murs du préau de l'école seront les deux seules politiques visibles de la transformation urbaine. Le cimetière des hommes est toujours là mais celui des automobiles visible au bas de la carte postale a disparu. On n'en déduira rien.

2 commentaires:

patrick bellenfant a dit…

bonsoir david
effectivement les baies vitrées sont malheureusement occultées de nos jours
la localisation via google earth
48°48'52.02"N 2°17'12.58"E
bien a vous

Liaudet David a dit…

merci Patrick !