Elle, sur une rive.
Lui sur l'autre.
Tous deux visant les Buildings comme leur lieu de rendez-vous. L'approche se fait à pied, parfois en noir et blanc.
Rien ne dit que finalement ils se retrouvent dans cette géométrie neuve d'un ensemble architectural sorti tout juste de terre après la catastrophe.
Tu n'as rien vu à Boulogne-sur-Mer.
Elle lui a dit que c'était facile à trouver. Il lui a dit que non, rien n'est facile dans une relation naissante et que, c'était bien cela qu'il fallait aimer.
Elle a marché, son fichu sur la tête ondulant sous les courants d'air.
Il a arpenté le quai, les mains dans les poches de son pardessus pour le retenir contre son corps et contre le vent.
Les immeubles grandissent alors, s'approchent et leur égalité successive donne l'illusion d'une multiplication infinie.
Elle s'accroche à cela comme à une analogie possible de leur relation.
Il n'y croit déjà plus, perdu dans la foule des anonymes venant voir la modernité du port. Tout a changé....
...laisser la vie du port aux habitants, figurines obligées d'une vie réelle. Inventer le déplacement des corps des comédiens et de la fiction. Faire en quelque sorte glisser la caméra toujours vers l'avant pour enfoncer les images...
...regarder les cartes postales de Boulogne-sur-Mer surtout pour les immeubles de Pierre Vivien l'architecte, immeubles que l'on appelle ici les Buildings parce que c'est l'Amérique et c'est le futur.
La modernité prend pied, elle autorise à croire au changement radical des vies et des lieux de vie.
Pourquoi donc si peu de cartes postales de ces Buildings en gros plan ? Pourquoi toujours les situer dans le port, dans le contexte de la ville ? Pourquoi cette dernière se reconnaît-elle encore dans cette activité et ne reconnaît pas les constructions comme un objet autonome, puissant, méritant une image éditée ?
Sans doute ici, simplement qu'ils font partie du décor. Ils font déjà décor. Et, le cinéma, comme un peu au Havre, fait de l'architecture moderne un décor. Car, il reste toujours difficile de croire en la réalité d'un tel bouleversement et il est plus simple de penser que cela n'est qu'une illusion pour des films, des fictions, des histoires d'amour.
La géométrie moderne, la complexité de ses articulations, la brutalité de ses formes simples sont faites, oui, pour la projection...
... un ABCDaire serait parfait pour suivre cette énigme. Une lettre, un buiding, une définition. La spirale permettant la rapidité de la recherche. Faire un beau livre amoureux de cette architecture.
Des images, un film, une histoire. La conquête d'une modernité par un architecte pris dans la révolution de son époque. La Tabula Rasa affreuse permettant d'enfin voir le concret de la tentative moderne. Concret, comme disent les anglo-saxons du béton. Concret.
Un livre parfaitement documenté d'archives, de témoignages et de photographies contemporaines que l'on doit à Frédéric Lefever.
Il me faudra arpenter Les quais de Boulogne-sur-Mer avec ce livre à la main et remercier chaleureusement Frédéric Debussche pour cet envoi, cette invitation, et ce travail important.
ABCD,aire d'une modernité
les quatres buildings de Pierre Vivien à Boulogne-sur-Mer
Frédéric Debussche
Service d'animation de l'architecture et du patrimoine
de la ville de Boulogne-sur-Mer
ISBN 978-2-9527718-3-2
15 euros
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