jeudi 11 août 2011

Présence Urbaine : une collection.

Par le biais de mon désir de partager avec vous l'une de mes architectures parisiennes préférées, je découvre une maison d'édition de cartes postales modernes : collection Présence Urbaine.
Voici la carte postale, voici l'objet architectural :


Pour le bâtiment vous aurez tous reconnu le superbe Palais Omnisports de Paris-Bercy qui demeure donc l'une des pièces maîtresses du travail de messieurs Andrault et Parat que j'aime tant.
Et je trouve que cette carte postale par son cadrage lui rend un hommage bien senti même si l'abstraction un rien trop poussée ne nous donne pas de lecture de l'objet. Mais je crois que cela n'est pas un reproche possible tant les architectes ont fondé eux-mêmes cette sensation pour leur construction en troublant même le jeu de l'élévation par le recouvrement du bâtiment par du gazon...
Cette colline artificielle, cette pyramide végétalisée, temple dédié à la réunion d'un public avide de spectacles, est un spectacle elle aussi qui sait rendre mystérieuse son identification.
Mais revenons à la carte postale.
L'audace (relative) du cadrage, la présence de bords blancs sur le recto et tout un ensemble d'inscriptions sur le verso placent cette carte postale dans un registre bien particulier : la carte postale de création.
Au dos en effet les termes la photographie contemporaine de luxe (sic), Collection Présence Urbaine et même Perfect Design nous indiquent qu'il est question d'un autre type de regard sur l'architecture et sur la carte postale. Il s'agit bien d'une ambition de différenciation, d'une mise à l'écart du tout-venant de la carte postale, d'une échappatoire au cliché.
On perçoit cela également avec la précision sur l'objet photographique car le photographe est cité comme un artiste : Philippe Etienne.
Et également les noms de nos architectes : Pierre Parat et Michel Andrault.
Mais ce type de précisions est également visible sur des cartes postales plus... traditionnelles.
Il n'empêche qu'il y a bien ici une volonté de faire si ce n'est une œuvre au moins un objet identifié comme "artistique" et "original" et même "luxueux" comme cela est inscrit.
On pourrait s'amuser de cette volonté naïve mais enfin, on peut tout aussi bien se réjouir de cet effort de qualité car, oui, elle est belle cette carte postale.
Belle ici veut dire qu'elle dit un regard particulier et inédit sur la construction, qu'elle le dit dans une qualité éditoriale poussée et offre finalement un point de vue non pas particulièrement original mais un point de vue... édité (re-présenté) !
Il va de soi qu'il faudrait pour tirer une conclusion encore plus grande sur cette édition connaître les autres cartes postales de la collection Présence Urbaine dont d'ailleurs le titre est bien choisi.
Est-ce une spécialisation sur les architectures modernes ? Sur un regard de biais sur des objets architecturaux originaux et peu diffusés en cartes postales ? Est-ce une proposition arty de cartes postales moins vulgaires ?
Philippe Etienne est-il le seul photographe de ce collectif ?
On connaît les travaux des éditions Prestige qui, dans la même période tentaient avec succès une remise en question de l'objet carte postale, serions-nous avec les éditions collection Présence Urbaine devant le même type de réflexion ?
Beaucoup de questions, je sais !
Mais internet est plein de réponses et il va de soi que bientôt Philippe Etienne nous les donnera !
Pour une fois je vous présente le verso de la carte postale. Regardez le choix de typo et la réponse au jeu.


Et puis comme pour prouver la différence ténue entre la carte postale qui se veut artistique et celle qui rend compte de l'existant, voici une édition Lyon :


Est-ce que ce cadrage démérite ? Est-ce que la qualité éditoriale est plus pauvre ?
Non.
Au dos figurent également les noms des architectes et le nom du photographe : Luc Nemeth.
Il a fait un beau travail en allant chercher le jeu magnifique des escaliers devant la pyramide. Il a su donner toutes les informations importantes sur la construction en cadrant à la fois, les escaliers donc, la structure métallique de Jean Prouvé, les magnifiques et puissants points d'appui en béton et évidemment les pentes de gazon.
Rien ne manque pour identifier le bâtiment, aucun signe de cette architecture n'est absent et pourtant son image est originale, serrée et même puissante.
Ce qui, malheureusement, la ramène dans le domaine d'une carte postale plus traditionnelle c'est l'inscription sur la photographie : Palais omnisports de Paris Bercy.
D'ailleurs dans une typo un rien ancienne mais là, je ne suis pas assez spécialisé pour affirmer son retard sur l'image.
Est-ce que Guillaume Grall peut nous aider ?
On remarque aussi que les deux photographes (les deux éditeurs surtout ?) choisissent une vue vide de visiteurs et de passants. Pourtant la photographie d'architecture gagne souvent à voir fonctionner la construction avec son public.
Certainement, dans les deux cas, un désir de pureté formelle qui d'ailleurs ici fonctionne parfaitement.
Alors encore une fois, la leçon des éditeurs est donnée. Le mystère de la photographie d'architecture errant entre objectivité et subjectivité reste entier.
Car, je crois bien qu'à la différence des Becher ni Philippe Etienne, ni Luc Nemeth n'ont arraché d'arbres pour prendre leurs clichés...
Peut-être ont-ils tous deux passé un coup de tondeuse...


PS : vous aurez sans doute remarqué que de nombreuses cartes postales de ce blog sont des réponses à des jeux concours télévisés ou radiophoniques.
Si quelqu'un connaît la piste qui fait revenir ces cartes postales dans les classeurs des collectionneurs...
J'ai volontairement effacé les noms des correspondants.





1 commentaire:

Guillermain a dit…

vraiment belle idée ce blog consacrait aux vies jalonnés de cartes postales.
Bonne Continuation.
Jean-Claude Guillermain