samedi 5 février 2011

les tubes des années 70, volume 4

Revenons aux cartes postales Prestige chez Cap-Théojac.
D'abord avec cette vue étonnante pour son point de vue sur le tube :

Nous la devons à M. Garanger qui serait bien Marc Garanger, le photographe des femmes algériennes dévoilées par la brutalité militaire lors de la guerre d'Algérie.
Notre carte postale nous montre un Centre Pompidou encore sous échafaudage dont la dégringolade du tube s'achève sur une entrée encombrée de détritus de tous genres.
Pour ma part, je n'ai jamais pénétré dans le Centre Pompidou par cette entrée et je ne sais pas si elle fut un jour réellement active.
Pourtant elle disait la grande liberté d'appréhension du lieu, faisant glisser les visiteurs depuis la place vers l'intérieur du Centre ou les laissant se servir à loisir du boyau transparent pour circuler sur la façade comme on le fait d'un sol.
L'image de Marc Garanger dit bien cette aptitude à avaler et digérer les visiteurs et la bouche béante du tuyau offre cette image un rien organique.
Heureusement le jeu superbe là aussi de la structure porteuse du tube offre à la fois la perspective et rigidifie l'objet.
La lumière dont on ne sait si elle est celle du soir ou du matin encore une fois est bleue.
Soleil :


Il s'agit encore d'une carte postale Prestige que nous devons cette fois à l'Agence Top dont je ne sais rien.
Ici c'est la transparence du tube de l'escalator qui est mise en avant avec un contre-jour dont le jaune puissant du soleil fait toute la noirceur.
C'est une image très dure au sens qu'elle ne s'amuse finalement que peu de l'architecture mais semble surtout vouloir la faire travailler contre un élément habituel et pittoresque, le lever ou coucher du soleil.
Vu l'orientation du Centre Pompidou, il ne peut s'agir je crois que d'un soleil de l'ouest donc en soirée.
Mais ce qui m'étonne c'est que nous avons la sensation d'être à l'intérieur du Centre. C'est assez étrange...
Peut-être que finalement le photographe aurait non pas visé l'objet mais son reflet. Je reste dubitatif...
Pour finir cette série (qui reste ouverte) je dirai qu'une architecture reste toujours un moyen de façonner des images.
Il existe pourtant des architectures qui portent en elles leurs images à venir, voire sont constituées pour en produire un certain nombre bien précis (I am a monument !) et d'autres qui par leurs qualités plastiques semblent tout à la fois insaisissables et totalement ouvertes aux regards photographiques, comme un terrain de jeu perpétuel.
Elles sont à la fois l'objet à regarder et l'objet qui permet de voir, machines optiques et de promenades.
Le Centre Pompidou est de cette catégorie, il joue des images familières, même les accuse (industries, usines...) mais également par le lieu même de sa construction et les milliards de contrastes que cela produit, il est un objet vibrant, brisant et surprenant que rien ne semble lasser.
Il est à jamais un étonnement.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, l'entrée par le bas de l'escalator a été ouverte jadis. De même que l'on pouvait entrer par la mezzanine qui longeait la rue du Renard. Le bâtiment était bien plus poreux alors, ouvert de plusieurs côtés sur son environnement – et bien sûr ouvert aussi par la transparence de ses façades. Le rdc était une continuation de la piazza, occupé par la vie d'une place publique: badauds, sdf, passants…

Tom a dit…

Bravo et merci pour cette série d'articles sur les tubes du Centre Pompidou!
Je ne le verrai plus de la même manière.