Une carte postale finalement assez banale d'une vue intérieure de piscine.
Nous sommes à Amneville en Moselle et le toit en lamellé-collé offre une belle courbe bien sentie, bien dans le goût économique et spacieux d'une architecture des joies sportives.
L'ambiance est à l'unisson et les enfants sur le bord du bassin regardent ceux dans l'eau comme l'habitude de ce type de cliché.
Mais...
Mais...
Voilà que le soleil passe, un rien rasant, par la grande baie vitrée de la piscine. Il envoie une lumière orangée bien nécessaire qui dessine des ombres longues. Nous serions donc soit tôt le matin, soit tard le soir.
Et puis soudain comme un indice incroyable un jeu d'ombres se détache tout particulièrement du premier plan.
Regardez bien :
Vous avez compris.
Il s'agit du photographe présent par son ombre et celle du pied de l'appareil photographique !
Ne devine-t-on pas également le geste de la main qui se lève tenant le déclencheur ?
Ils sont même deux derrière cet appareil photographique que nos amis Alan, Sylvain ou Julien nous aideront à identifier. Une chambre photographique non ?
Mais regardons encore un peu mieux le déroulement de la scène.
A gauche deux gamins regardent les photographes. Ils attendent. Au bout du plongeoir, un nageur est en plein vol et je crois qu'il ne s'agit pas d'un hasard, ce plongeon est commandité par le duo de photographes qui attendent, déclencheur à la main, le moment subtil du corps suspendu entre l'eau et l'air. On remarque comment l'espace devant les photographes est parfaitement dégagé. Dans le bassin trois nageurs regardent également les photographes. Trois plongeurs ayant effectué déjà pour l'image un plongeon à saisir ?
Mais à droite une petite fille au maillot de bain rouge et au bonnet bleu attend de pouvoir traverser le champ de l'image. Elle a cette position typique de sortie de bain, essayant de se réchauffer en serrant ses mains et ses bras sur sa poitrine.
On peut être certain que "Le Rapport Photographique S.A" à l'origine du cliché doit avoir dans ses archives des clichés successifs de ce moment où une fois le déclencheur est parti trop tôt et une fois trop tard !
Mais cette ombre me saisit tout particulièrement comme un autoportrait assumé du ou des photographes. Il est donc certain maintenant que nos images de cartes postales ne sont pas immanentes et mécaniques, que malgré parfois des images qui semblent intangibles elles sont bien œuvres humaines.
La photographie enregistre certes la lumière mais ce faisant elle dessine des ombres. Dans ma collection de cartes postales, il ne fait aucun doute que ces ombres-ci sont parmi, pour moi, les plus belles et les plus touchantes.
La carte postale fut expédiée en 1981 pour un jeu du "coffre-fort" vers le Luxembourg et R.T.L.
1 commentaire:
Très bel autoportrait. ca me fait penser à Vermer qui se peignait dans le reflet de l'oeil de son modèle
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