samedi 17 octobre 2009

Monsieur Székely en série

Aimer les architectes, finalement cela permet de mieux les connaître et de faire de belles rencontres.
Je viens en effet de recevoir une belle série de cartes postales du Carmel de Saint-Saulve que l'on doit à Monsieur Székely.
Très gentiment en effet sa fille me les envoie et je vous en fais profiter. On connaît bien, si on est fidèle à ce blog l'œuvre de Monsieur Székely.
Son travail de sculpteur lui a valu la confiance des architectes à une période où la synthèse des arts était encore une réalité. On pouvait en effet parfois sculpter des architectures, habiter des sculptures et le plus possible inventer des relations étroites entre les deux arts. Aujourd'hui les artistes contemporains semblent retrouver cette nécessité de regarder l'architecture, de la compléter, de l'interpréter et c'est étrange qu'un travail comme celui de Monsieur Székely ne soit pas plus souvent cité.
En attendant voici des cartes postales :



N'est-ce point là une image mystérieuse ? Qui en effet pourrait dire le programme architectural d'une telle forme blanche dans un paysage ? Comment penser que ces volumes blancs aveugles et massifs sont des lieux pour la prière et le recueillement ?
La bâtisse semble vouloir se protéger de l'extérieur comme pour mieux peut-être lui offrir un écran. Le blanc dessine l'arbre et coupe le bleu du ciel.
Un poids énorme appuie sur la terre fraîchement retournée. Si la photographie ne nous offre pas d'ombres, la construction n'en porte pas moins une volumétrie imposante et rigoureuse. On peut facilement suivre les décisions, les lignes tranchées et polies. C'est un volume que l'on a fendu, ouvert et qui s'offre nu à la lumière du nord.
C'est bien le carmel de Saint-Saulve, sa chapelle.
Cette autre :

Toujours Saint-Saulve. Magnifique.
Il faut évoquer les volumes et l'image ensemble. La lumière qui baigne le bâtiment est un rien acide et irréelle. Voyez la solarisation autour de l'arbuste et le vert du gazon. Une ligne blanche découpe les volumes dans le ciel. Un effet photographique pour redéfinir la forme. Aujourd'hui sous Photoshop on dirait "contours plus nets".
L'emprise du bâtiment sur le sol est ferme donnant la sensation que l'ensemble finalement n'est que l'émergence d'un iceberg de béton. Le volume basculé de droite me fait penser à Monsieur Parent et le cube ouvert formant un carré sombre à un Malévitch pénétrable. On peut aussi sur cette image saisir les liaisons des volumes toujours surlignées de noir.
Les ouvertures ne semblent pas donner sur l'extérieur mais au contraire, nous offrir à nous un minimun de visibilité sur l'intérieur, cela nous rassure. En même temps il s'agit aussi du vocabulaire défensif et de protection. Un refuge ?
Puis:


Cette carte postale Combier nous propose une bien différente ambiance. Toute bleue.
Triste aussi.
L'arbre a bien poussé et cache un peu trop le jeu des volumes. Le chemin a perdu ses rondins au profit d'un bitumage. Un peu glacial non ?
La carte postale nous indique que le photographe est Monsieur Poutry. Elle nous donne aussi le nom des "réalisateurs : P. Szekely et C. Guislain".
Mais le point de vue nous donne à penser que l'ensemble est enfoui, caché. Je crois que le photographe a eu peur des volumes !
Mais non ! Regardez :



Toujours Monsieur Poutry au cadrage. le nord est donc bleu et les ombres ici arrivent enfin en nappe presque violette.
Seule la lame prend la blancheur d'un soleil un peu bas. L'œil est noir. J'aime particulièrement la succession des volumes sur la droite et on perçoit le petit escalier qui oblige à passer dans le carré. C'est vraiment une belle et étrange image. C'est un lieu étonnant qu'il me tarde de visiter.
Marie Székely m'annonce aussi une exposition à Saint-Lô sur l'œuvre de son père. Dès que j'ai plus d'informations je vous les communique.


1 commentaire:

Claude Lothier a dit…

C'est un peu loin pour y courir mardi. Un peu plus loin que la gare de Colombes Le Stade. Mais il ne me déplairait pas d'explorer les abords de la frontière belge au-delà de Valenciennes.