lundi 2 juin 2008

Les rosiers, l'autre utopie construite de Marseille





Magnifique surprise encore ce matin.
Dans une enveloppe discrète sur laquelle est inscrite un petit message, je trouve quatre cartes postales représentant un quartier de Marseille : les Rosiers.
Je ne connais pas ce quartier de Marseille où je ne suis allé qu'une seule fois pour y découvrir vous devinez quoi : la Cité Radieuse. J'y ai aussi aperçu une piscine Tournesol, l'incroyable centre commercial posé sur un chantier archéologique, l'immeuble Brasilia et le plaisir d'être nu au soleil au bord de mer avec mon ami. Mais je ne me souviens pas de ce quartier et je le regrette déjà ; il ne figure pas dans mon guide favori et c'est la première fois qu'on peut ainsi le prendre en défaut.
Je me permets de vous livrer le texte qui figure au dos de ces cartes postales :
"groupe de 753 logements avec commerces, construit entre 1954 et 1959 par l'architecte Jean Rozan, et financé par le 1% patronal pour loger les employés d'entreprises industrielles locales. Elle feront faillite 20 ans plus tard.
Ensemble labellisé patrimoine architectural remarquable du vingtième siècle, c'est aussi aujourd'hui le cadre de vie d'une population parmi les plus modestes de France. Dans ce gros morceau d'utopie urbaine et sociale sans manifeste, le spectacle de la vie collective se déploie suivant les trois dimensions; les enfants appellent les 5ème et 8ème étage des grands blocs "1ère et 2ème plate-formes" ; ce sont des rez-de-chaussée suspendus, ouverts et généreusement proportionnés. Cette organisation ne peut qu'être inspirée des recherches des constructivistes soviétiques. L'aspect de l'ensemble évoque les chateaux-forts dans le Sahara repris par un ancien éléve des beaux-Arts.
Les travaux de 2008 effaceront 50 années de patine des enduits et le mystère des volées d'escaliers manquantes. L'entrée n'y est pas fermée par une grille, le rôle des gardiens n'y est pas de refouler les visiteurs."
Voilà qui est fort intéressant. mais qui est ce Jean Rozan ?
Mais qui est cet ancien élève des Beaux-Arts ?
Pourquoi ne connait-on pas mieux cet ensemble ?
Vivement les travaux donc et vive le T.G.V qui me permettra peut-être de quitter la Normandie pour aller y voir.
Les cartes appartiennent à une série de quatre éditées à l'occasion des journées Architecture et Environnement des Rosiers les 23 et 24 novembre 2007, pour fêter le cinquantenaire de la résidence. La conception est de Philippe Piron et Nicolas Memain que je dois chaleureusement remercier pour cet envoi et cette totale et riche découverte.
Merci Monsieur Memain. Merci.
Les cartes vont rejoindre ma collection.

4 commentaires:

Joachim a dit…

Connais pas non plus ce Jean Rozan, mais on sent plus une influence nettement plus Pouillon que Le Corbusier, ce qui pourrait expliquer sa discrétion.

Anonyme a dit…

Mdr j'avais jamais lue cet article!Mais pour y avoir vecue 10 longues,trees longues années...je peux vous dire que c'est loin d'être merveilleux de nos jours ca ressemblerai plutot au bronx entre fusillades et voitures brulées tous les 2 jours;sans parler du racisme envers les francais(et oui ca existe)c'est totalement vétuste et le syndicat des coproprietaires fait payer des frais exorbitants aux habitants en charges, pour soi disant l'espace vert ce qui fait bien rire quand on a vu le coin!En tout cas vous n'avez rien raté et si l'envie vous prenait de passer par là-bas je vous conseillerai d'y passer vite fait devant en voiture et de ne pas rentrer dans la cité...

Liaudet David a dit…

je suis allé aux rosiers, je suis monté dans les étages sans soucis.
Mais je comprends parfaitement votre point de vue.
c'est celui d'un usager d'une architecture et cette parole doit être aussi entendu. Ilfaut pourtant de pas accuser une nouvelle fois l'architecture et s'en prendre aussi aux responsables politiques, municipaux, aux bailleurs etc...l'incivilité n'est jamais un désir d'architecture, enfin je crois...Merci en tout cas de votre témoignage qui raconte le réel face aux images.

Unknown a dit…

J'ai vécu 20 ans aux Rosiers, depuis leur création la même année que ma naissance. J'y est donc des souvenirs de jeunesse et d'adolescence, de 1959 à 1980. A l'époque la cité était entourée de champs, une vieille ferme, une mare aux grenouilles, des commerces à l'ancienne et la vie était celle d'un véritable quartier multiculturel où tout le monde se connaissait. J'ai eu très froid chez mes parents, chauffage au mazout acheté avec le gérikane au bas du bâtiment, vent qui s'engouffre dans ces fameuses plate-forme.. Mais l'éclairage de l'appartement très spacieux était merveilleux et la lumière dorée du soir qui tombait était magnifique sur les murs de la cuisine. Petite, mon père me soulevait à la fenêtre pour voir les lumières des bateaux de pêche qui rentraient au loin.. je ne les voyais pas mais les imaginait.. Quelles belles années nous avons passé et quels souvenirs familiaux des rosiers.. J'ai le coeur qui saigne à l'idée que des populations aujourd'hui y souffrent et je formule pour elles cette idée que l'on peut vivre bien tous ensemble mais il est évident qu'il faut arranger ce cadre de vie, mettre les moyens y compris publics pour bien entretenir la cité et l'embellir..