dimanche 26 juillet 2009

encore... bellement

Bon.
Il faut croire que certains modèles perdurent et se déclinent. Celui de la pyramide en gradins et celui, plus particulièrement de la pyramide inversée en gradins sont des modèles bien anciens. On pourrait parler d'encorbellement, chose bien connue des villes à pans de bois comme Rouen par exemple.
Pour gagner de la place, à chaque étage on augmente la surface. Facile !
Il faut croire aussi qu'à une époque, ce modèle était celui de la modernité voire d'une certaine audace architecturale.
Au Mans, je mange dans une cantine administrative de ce type, en plein cœur de la ville moderne : c'est fabuleux.
Je vous propose d'abord un cambriolage éhonté car j'ai volé cette image sur internet mais la tentation était trop forte tout comme le prix de cette carte postale ancienne d'ailleurs !
Voyez :


il doit s'agir d'une forme de démonstration des capacités de l'entreprise de bois, sorte de geste triomphant d'ailleurs fort remarquable. Mais la forme est là et cela résonne avec ça :



Nous sommes à Pontoise devant la préfecture du Val de l'Oise par Monsieur Henry Bernard architecte (celui de la Maison de la Radio à Paris).
Cette première carte postale est une édition Mage en couleurs naturelles. Regardez bien au rez-de-chaussée les petits modules blancs nous en reparlerons plus tard. La prise de vue, d'un peu en dessous accentue l'effet de pyramide. Ça coince un peu le cadre vers la gauche et la préfecture est collée au bord. Pour tout voir, il faut être loin et le parking et sa pelouse attenante font un premier plan vraiment euh... plan.



On continue avec le même bâtiment Chez Lyna éditeurs (mes chouchous). Nous ne sommes plus à Pontoise mais à Cergy, nous sommes donc à Cergy-Pontoise ! La carte postale fut envoyée au Club Dorothée, les nostalgiques des années 80 apprécieront. Le photographe Monsieur Paul Viard a choisi un point de vue inverse avec pensées colorées au premier plan. Tout est bleu grâce au ciel magnifique et à la façade vitrée. C'est un brin artificiel mais ça passe. Remarquons sur cette image comme la préfecture fuit d'avantage et semble s'écraser vers l'arrière. Certainement un choix d'objectif photographique bien différent. Alan, Sylvain, vous avez un avis ?
Je vous donne la page de notre guide vénéré, vous verrez qu'ils font eux aussi mention de ce goût pour les pyramides...

Poursuivons avec deux cartes postales de la collection de Monsieur Persitz dénichées par Claude.




Nous sommes à Montréal, c'est écrit dessus, devant le pavillon canadien, c'est écrit derrière. Deux très belles cartes postales de cette pyramide inversée, le plus grand pavillon national situé au cœur de l'île Notre-Dame. La pyramide porte le nom de Katimavik (lieu de rencontre en esquimau) !
L'éditeur Benjamin News ne nous donne pas le nom de l'architecte Arthur Erickson. Pour plus d'informations voici un site remarquable sur l'expo 67 .
Voici maintenant presque une pyramide, au moins un bel encorbellement :

L'hôtel du Lac de Tunis par l'éditeur Société Carthage. Très impressionnante la volée d'escaliers à chaque extrémité qui récupère la différence de surface. Sous un certain angle certains voient dans cet hôtel un rapprochement formel avec l'un des vaisseaux de Star Wars de Georges Lucas. Oui. Joachim se fait l'écho de ce point de vue sur son toujours excellent blog : ICI
Mais je reste muet sur l'architecte de cette merveille étrange. On admirera l'effet de socle du rez-de-chaussée accentuant là aussi le bel effet moderne et présentant le bâtiment comme un objet de luxe.

samedi 25 juillet 2009

Gaudi pour Guimard

Je voulais me faire le relais de l'ouverture du nouveau site du Cercle Guimard et pour cela il me fallait trouver une carte postale de l'architecte.
La seule originale que je possède, je vous l'ai déjà montrée et les belles rééditions également. Alors...

Alors il se trouve que depuis peu ma collection comporte cette carte postale du Paseo de Gracia à Barcelone. On y voit très nettement la maison que dessina Gaudi. Elle se nomme Casa Mila ou La Pedrera.
Je ne m'étendrai pas sur cette construction ni sur l'architecte, les informations sont foisonnantes.
J'avoue que j'ai toujours eu une réticence vis-à-vis du travail de Gaudi. Quelque chose me retient d'aimer cela. J'y trouve parfois des masses qui m'intéressent comme ici l'aspect grotte ouverte mais toujours un surplus de bardages décoratifs, une impossibilité de calme, un supplément de chantilly m'écœurent un peu.
Mais voilà, à part la Sagrada Familia que j'ai visité vite un après-midi, je ne connais rien vraiment de l'architecte. Peut-être aussi que la multiplication des images ici peut écraser le désir d'en appréhender la réalité. Certainement...
Je ne sais pas de quelle nature étaient les liens entre Gaudi et Guimard. Ont-ils discuté autour d'un verre des dessins de l'un et de l'autre ? Guimard a-t-il trouvé dans une revue des images de son collègue espagnol ? A-t-il reçu des cartes postales de Barcelone envoyées par des amis ?
La carte postale la plus ancienne ici montrée ne nous dit rien de l'architecte. Par contre elle nous montre bien le bâtiment qui occupe la moitié du cliché. Je n'arrive pas à trouver de date, le tampon de la poste n'est pas bien apposé. Des spécialistes du timbre espagnol nous donneront certainement cette information. En tout cas la construction est achevée donc nous sommes aux alentours de 1910, 1911.

La carte postale moderne nous donne bien le nom de l'architecte Gaudi mais ne précise pas le nom de la maison. Cette carte est éditée en 1961, photographie de J. Ubach Puig en Ektacrom. La couleur nous permet de deviner les jeux de matériaux. les arbres ont grandi, les volets sont encore fermés comme si depuis le début du siècle ils n'avaient jamais vraiment laissé passer la lumière de Barcelone.
Aujourd'hui, si j'allais à Barcelone mes yeux glisseraient sûrement d'abord sur la Torre Agbar de monsieur Nouvel. Peut-être dois-je en passer par là pour, à l'envers, venir aimer un peu plus justement le grand architecte espagnol.
En attendant n'oubliez pas de visiter le site du Cercle Guimard, c'est passionné, passionnant et pointu.
Merci à Dominique M. pour cette information.

vendredi 24 juillet 2009

l'Œuf, centre d'études


Si, comme moi, vous aimez passer la porte d'un hall d'immeuble et vous retrouver dans une bulle temporelle grâce à une céramique sur le mur, un aménagement d'espace et un choix de mobilier qui ne semblent pas avoir bougé depuis trente ans alors il vous faut immédiatement vous précipiter sur l'ouvrage : la mosaïque contemporaine, l'Œuf centre d'études par Marc Gaillard au éditions Massin.
Dans un article du 24 août 2007 je m'interrogeais sur ce que ce terme d'Œuf, centre d'études pouvait bien dire. Grâce à cet ouvrage vous saurez tout de ce groupe qui réalisa des dizaines d'aménagements d 'architectures avec en particulier ce goût pour des céramiques particulièrement colorées. Il suffit d'en voir une pour sentir les années soixante-dix vous tomber sur les épaules. Beaucoup de nos lieux publics se sont inspirés de ce groupe et on retrouve alors ces terres cuites brunes et oranges mélangées d'inox dans des lieux publics. Mais toutes n'ont pas la qualité de celles de l'Œuf, centre d'études.
Il ne faut pas oublier aussi les sculptures et les aménagements urbains tout aussi typés...
Le livre retrace l'histoire du groupe, offre une liste des lieux et une iconographie somptueuse de bleu turquoise, de vert tendre étendus dans des cercles aux jeux vasaréliens magnifiques.
Vous allez adorer !
Il existe peu ou pas de cartes postales directement inspirées par les réalisations mais voici la mairie de Gennevilliers.

Cette carte postale Abeille-cartes nous montre l'Hôtel de Ville de l'extérieur. On sait que l'architecte pourrait être Auzol (?).
Mais grâce à notre nouvel ouvrage on peut voir la salle des mariages très euh... Cosmos 1999 !
Est-elle toujours ainsi ?


Epatant non ? Et attendez de voir ce qui suit !

Ici nous sommes à Paris, rue Curial 19ème

Là, à Neuilly avenue du Roulle 1966


Et là, non pas dans le vaisseau amiral de Star Treck mais à Paris, place Pinel 13ème...
Dans l'équipe de l'Œuf, centre d'études on trouve : Pierre Puccinelli, Jean Piantanida, Roger Brusetti, Charles Miglierina, Charles Gianferrari, Roger Brusetti, René Edouard, Maurice François, Françoise et Maurice Idoux entre autres.
Pierre Puccinelli ne m'est pas inconnu car j'ai fait la chasse ce printemps aux très beaux immeubles parisiens qu'il dessina avec Roger Anger. Ces immeubles sont des jeux de volumes particulièrement spectaculaires et jubilatoires d'une grande force plastique et toujours au service d'une architecture utile.
Voici un des exemples nombreux rue Erard dans le 12ème arrondissement.





J'avais pu pénétrer à l'intérieur sans problème et je m'étais régalé de ce hall d'entrée. Je ne savais pas à ce moment là que, oui l'Œuf, centre d'études en avait réalisé le décor de 15m2 en 1966 !
Les livres tout de même c'est bien.

La mosaïque contemporaine
l'Œuf, centre d'études
années 1960-1990
Marc Gaillard
éditions Massin
dépêchez-vous, à mon avis, il n'y en aura pas pour tout le monde !



jeudi 23 juillet 2009

petit chef-d'oeuvre


Que voulez-vous que je vous dise ?
Quand la qualité éditoriale se mêle à la qualité photographique pour donner à voir la qualité architecturale, il n'y a pas grand chose à ajouter.
Nous sommes à Bobigny (oui encore) avenue Edouard Vaillant grâce à une édition J. Godneff 193 avenue Jean Jaurès, Aubervilliers. Le tout en véritable photographie au bromure.
Petit rappel : c'est la cité de l'abreuvoir par Emile Aillaud en 1958...

une grotte

Vous savez, ( si si vous savez) , que certains parmi les plus éminents architectes ont conçu leur architecture d'église contemporaine en évoquant la grotte, celle de l'apparition de la Vierge à Sainte bernadette par exemple.
Certains parmi ces plus éminents architectes, entre symbolisme et imitation cryptique ont persuadé les autorités ecclésiastiques qu'il y avait là dans la fabrication de la crypte le rappel évident du lieu même du miracle.
Il existe d'autres architectes qui, eux, pensent que l'imitation ne suffit pas et qui proposent aux fidèles une vraie grotte comme lieu de culte.
Par exemple :



La carte postale nous donne Raron/VS, Felskirche St Michael.
Après quelques recherches, je trouve finalement que nous sommes en Suisse à Rarogne, devant l'église Saint Michel construite par l'architecte Donat Ruff (?) dont malheureusement je n'arrive pas à en savoir plus.
Un site nous parle de construction. J'aimerais bien savoir si l'ensemble fut creusé ou bien si la cavité existait naturellement. Peut-être un peu des deux, une cavité naturelle peu profonde et aménagée en église. 500 places tout de même...
Du point de vue symbolique, évidemment cela n'est pas la même chose ainsi que du point de vue architectural ! L'ensemble est au pied d'un promontoire. On sait que les chrétiens des premiers temps se réfugiaient au sein des cavités naturelles pour prier. On sait que finalement, une église est un lieu que l'on décide comme telle et la messe finalement peut bien se dérouler n'importe où. Il n'y a donc rien là d'exceptionnel. Mais s'il s'agit d'une construction, d'un trou provoqué, il est étonnant que cette idée de refuge, presque d'absence dans le paysage se signale aussi fortement par un portique en béton aussi visible et fort qui ne manque pas d'ailleurs d'élégance. Ce jeu entre faire voir et cacher tout en même temps est intéressant. Surtout en Suisse qui ne manque pas, eh oui, d'abris nucléaires et de campements militaires enfouis sous les montagnes. C'est une habitude helvétique, méfiez-vous, en Suisse la montagne est creuse...



Alors pourquoi pas une église.
Celle-ci nous propose un dépouillement très protestant mais là je ne suis certain de rien. On remarquera que le béton est laissé brut à l'extérieur, jouant le fruste, mais que la surface interne de la grotte est blanchie... Contraste donc encore. Où est la vérité du matériau ?


L'espace a l'air immense et bien ordonné, voire sculpté surtout pour ce qui concerne le chœur parfaitement symétrique. Il doit être étonnant de passer des intempéries climatiques de l'extérieur à la protection intérieure et le moment où le fidèle ressort de ce lieu pour redécouvrir le monde doit toujours être fort.
Soudain me vient l'image du jardin d'hiver de Dubuffet posé en plein Centre Pompidou. La grotte de l'artiste, porte fermée était toujours pour moi un rendez-vous incontournable de mes visites. J'aimais beaucoup ce moment où l'on retrouvait après quelques minutes dans la sculpture le brouhaha du musée.
On remarque d'ailleurs que l'éditeur de la carte postale nous en propose immédiatement et simultanément deux vues : intérieur et extérieur. Je crois qu'il est évident pour ce genre de conception qu'on ne peut faire autrement. L'extérieur ne dit rien de la forme interne et comment la cavité pourrait parler de la manière dont elle se présente à nous ?
Deux vues donc pour dire et tenter de faire sentir le contraste fort entre les deux moments du bâtiment.
Si quelqu'un sait qui est Donat Ruff...

samedi 18 juillet 2009

j'ai trouvé Luciano Perini

Donc l'architecte de Marilleva est Luciano Perini. Voyez là c'est beau:

à nouveau sur le sol de Berlin




Poursuivons encore un peu avec Berlin.
J'ai reçu de mes amis Patricia et Philippe une carte postale intitulée :
Ost Berlin 1989 Lenindenkmal.
Il s'agit d'une carte postale tout à fait contemporaine mais jouant, je crois, le registre d'une nostalgie de l'Allemagne de l'Est. Je pense que la photographie est bien de 1989 mais je ne suis pas certain que cette image fut publiée en son temps. Il va de soi que tous les signes qui font " D.D.R" sont de sortie. Monument grandiloquent à Lénine, immeubles impressionnants de collectivisme puissant et automobiles sagement rangées certainement pour parler d'une économie florissante...
Deux trabans et une camionnette marron.



D'ailleurs le ou la passagère de cette dernière tourne le dos et cache son visage au photographe. Geste volontaire ou surprise du cliché, on ne saurait en tirer une conclusion trop hâtive.
L'image est belle (oui), forte et les immeubles sont refroidissants. Une célèbre encyclopédie en ligne nous donne Hermann Henselmann comme architecte.
Mais voyez-vous, j'ai de bons yeux et une bonne mémoire. Et je retrouve facilement dans mes cartes postales ennuyeuses d'Allemagne une autre vue de cet endroit.




Cette fois la carte est d'époque et elle annonce la couleur : Berlin Hauptstadt des DDR.
Au verso : Leninplatz, Rathausstrasse, unter den Linden, Blick zum Fernseh- und UKW Turm des deutchen Post.
La carte fut expédiée en 1981 vers la France. Pas de volonté nostalgique ici, rien que les bons souvenirs de Mickael à Odile. 8 ans après...