Deux cartes postales du même quartier de la Patrotte à Metz.
Pour moi, Metz reste une ville un rien dure, difficile.
Je n'en ai que des souvenirs d'ambulancier militaire attendant dans le véhicule le retour des malades que nous y avions envoyés. Et pour certains chanceux, le retour à la maison.
Il y a aussi la stupéfiante église Sainte-Thérèse qui reste pour moi une grande et belle œuvre.
Maintenant Metz c'est le centre Pompidou et son chapeau qui fuit.
Pas encore visité.
Mais revenons ici :
Un archétype de la construction du logement social en quelque sorte.
On pourrait vite dire que les barres minérales dans un gris étendu et froid ne semblent pas particulièrement enviables.
Il faut reconnaître que le canyon fermé, au sol fait d'un parking, ne donne pas spécialement l'occasion de dire son admiration.
Mais je n'aime pas mes jugements hâtifs sur des images, surtout quand il s'agit de parler de l'architecture et du lieu.
Je peux par contre aimer ces images, leur dureté.
Par exemple les lignes fuyantes des coursives rayant l'image régulièrement et le point de fuite impossible dans les fenêtres de la barre du fond sont d'une fermeté visuelle rare.
Je n'ai, malgré la très belle exposition au Pôle Image de Rouen des photographies des Becher toujours pas compris ce qu'ils appelaient l'objectivité photographique. Mais devant de telles images populaires comme ces cartes postales, je sais de quoi ils voulaient sans doute parler.
Retenir l'essentiel d'un lieu, loin des scories des narrations pathétiques mais tenus par le respect des gens qui y vivent, le vivent.
Le noir et blanc économique permet le dessin c'est-à-dire que, comme une épure, les constructions ne sont retenues que par leur force constructive, parfois leur violence. Chez les Becher aussi c'est le noir et blanc de l'économie et aussi celui de l'autonomie. Une forme de solitude, d'entre soi photographique qui donne à leur proposition la grandeur d'une position de sauveteurs.
Emmener avec soi son monde qui s'écroule.
Pour certain, il s'agit alors non pas de faire les prises de vue mais de les collecter. Enfermées dans des classeurs, à soi seulement disponibles et seulement réactivées à son seul regard, elles permettent de retrouver ce monde disparu ou en état de l'être.
Une forme de lutte. Appelez ça objectivité si cela vous chante.
Alors il convient de dire merci à ces photographes, les grands et les anonymes des cartes postales pour l'occasion qu'ils nous donnent de croire en la pérennité de notre, mon monde.
Les deux cartes postales sont de l'éditeur Estel en véritable photographie et non datée.
4 commentaires:
Pourtant passionnante cette ville de Metz. Beaucoup l'identifient avec raison à leur service militaire, à la grisaille charbonneuse et surtout à sa gare, symbole de l'annexion de 1870 pour les vieux messins qui ne les ont jamais acceptées.
J'y suis retourné régulièrement ces derniers mois, à cause du centre Pompidou qui mérite vraiment le coup d'oeil. Pour son dessin unique mais plus encore par l'effet qu'il provoque sur l'urbanisme du quartier autour (d'ailleurs celui de la gare).
Le nombre de visiteur du Centre a dépassé les prévisions les plus optimistes, ce qui ne manque pas d'interroger les promoteurs du projet car on y vend une modernité qui n'est pas toujours - vous en savez quelque chose - adorée de nos contemporains.
Metz possède au delà quelques joyaux.
Ainsi son quartier impérial (construit entre 1870 et 1918 pour la plupart des bâtiments, magnifiques) mais plus encore son vieux centre, merveille que le XVIII° épiscopal a laissé en témoignage.
Vous devez y retourner. Un coup de TGV et hop !
Thierry
ces photos de la Patrotte datent de 1959 à peu pret , le quartier n'était pas encore achevé , deux immeubles à coursive , vont se rajouter dans le fond
Ce quartier fût mon toute mon enfance jusqu’à mes 14 ans, ou on se baladait en journée,on s'amusait avec une balle, un vélo, des jeux de parc, un bac a sable, de l'herbe, des fleurs ... Des journées d'amusement éternelles... Les soirs, on se rencontraient pour jouer encore. Les adultes, la journée et même les soirs ramenaient leur chaise pliante, discutaient et riaient de longues heures devant un concours de pétanques avec barbecue et musiques ou fêtes dansantes que ma mère et moi raffolions ... On jouait aussi sur les coursives avec nos patins à roulettes nos vélo, bref, on s'éclataient, les voisines venaient discuter encore et encore...C'etait les plus beaux jours de mon insouciante vie ...Ma vie. Et puis à mes 35 ans je n'arrive plus a y mettre un pied sans que mes larmes coulent de voir que de tristesse, de désert, d'abandon et de violence ... plus rien tout est mort comme ma mère à mes 14 ans ou j'ai du quitter le quartier de ma joie d'enfance.
merci pour ce très beau et émouvant témoignage qui replace l'architecture dans sa valeur d'usage.
merci.
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