jeudi 10 mars 2011

Parking provençal

Comment faire ?
Voici l'exemple encore bien typique d'une difficulté de jugement, de prise de position.
Port-Grimaud.
Véritable chef-d'œuvre de pastiche de village provençal aux allures de Venise de récupération, Port-Grimaud ne signe rien moins que le déclin du modernisme, l'espoir mis dans la révolution des formes pour la révolution des vies.
C'est faire semblant.
Faire semblant est-ce faire architecture ?
Tout ici pourrait, devrait me hérisser le poil. Tout ici devrait me faire faire un pas en arrière.
Collages affolants de matériaux de récupération pour établir un style dont on ne devine que trop bien l'inspiration provenant d'un folklore de boîte de biscuits, cette construction est bien une invention de l'imaginaire de la ville provençale.
Cela sent les essences de lavande de l'Occitane, le touriste en goguette cherchant l'authentique dans une tuile romane trop cuite, l'usure d'une porte.
Port-Grimaud est inutile à l'architecture sinon pour dire les soubresauts de son histoire.
Reste certainement un parking ravissant pour bateaux de plaisance en plastique.
Et puis Brigitte Bardot pieds nus y a chanté...Alors...



Alors pour poursuivre notre début d'exploration des côtes françaises, voici quelques cartes postales de Port-Grimaud, preuve que je ne suis pas rancunier :




Les trois cartes Combier nous donnent les informations suivantes au verso :
"Cité lacustre réalisée par la Société Etige suivant un projet de François Spoerry, architecte D.P.L.G, vue typique (sic!)"
Aucune des trois cartes n'est datée, mais ce que vous voyez est bel et bien "moderne" !


Enfin une carte postale aux éditions Rella en Rellacolor qui donne également des informations :
"conçu par François Spoerry, architecte D.P.L.G., ce village situé au fond du Golfe de St-Tropez est la première cité lacustre de France."

On notera donc que les éditeurs nous donnent systématiquement le nom de l'architecte et signalent de la sorte que l'image que nous voyons est bien une réalisation récente et une invention totale.
C'est vrai que... ce n'est pas très clair !
Vous relirez sans doute avec plaisir (si si) l'article publié ici et surtout ne loupez pas le texte de Monsieur Amouroux !

2 commentaires:

Jimmi a dit…

Bonjour,
j'habite à Port Grimaud depuis longtemps...venus en couple, pour y travailler l'été 1986, on s'y est établis, Nos 3 enfants sont nés ici et y ont grandi. J'avoue qu'on ne peut pas se résoudre à vivre ailleurs, on aime ce village au point de ne plus pouvoir ni vouloir le quitter...Même si j'avais aussi l'impression au début que ce n'était qu'un décor de théâtre, de maisons en carton-pâte, qui ne sortait de sa léthargie qu'à la belle saison, et noyé sous le nombre affolant de visiteurs... Maintenant, je trouve qu'au contraire, il y règne une atmosphère paisible, et les maisons se fondent si bien dans le paysage, on peut même retrouver sur les façades et les toits, les couleurs du ciel, des nuages, des monts alentours. On s'estime privilégiés de pouvoir s'y trouver, presque hors du temps. Finalement la cité lacustre vieillit assez bien.
Port-Grimaud a été l'amour de la vie de François Spoery, si bien qu'il a désiré y reposer... Vraiment, je vous demande de bien vouloir y revenir, (et plutôt en dehors de Juillet et Aout), afin de vérifier mes dires...si le cœur vous en dit. Peut-être changerez vous d'avis...Cordialement, JM et C

Liaudet David a dit…

voilà une invitation !
je comprends parfaitement votre avis et je suis heureux de votre bonheur dans Port Grimaud.
Sans doute que je pourrais bien un jour, baigné dans un flot de post-modernisme et une mer chaude, y trouver avec vous une joie de vivre.
Mais vous avez raison, c'est bien ceux qui vivent les lieux qui disent le mieux comment on y vit.
Merci de votre témoignage.