Voici à nouveau que les cartes postales nous permettent de voir l'importance architecturale de cette cité dont il faudra réveiller les potentiels patrimoniaux avant qu'il ne soit trop tard...
Commençons :
Il s'agit là d'un exemple typique de cartes postales maximum éditées pour les collectionneurs de timbres et de cachets postaux.
Tout est à l'unisson et le jeu consiste à avoir un rapprochement entre les trois éléments le plus serré possible.
A l'occasion de l'édition d'un timbre sur les villes nouvelles, l'éditeur Empire Philathélique nous offre ce cliché dont on connaît également l'auteur : Club Interjeunes-Evry (?)
Un club photo de la ville ?
On voit très bien en tout cas sur ce beau document le travail de moulage de béton réalisé par Bernard Lassus que nous avions déjà vu là.
Cette architecture se place pour moi entre un jardin-gradin d'Andrault et Parat et les étoiles de Renaudie.
En tout cas il est question d'une vraie et belle réflexion sur le logement collectif mettant en jeu le plan, le semi-collectif et une certaine forme de décoratif qui ne manque pas de poésie.
On retrouve cette construction sur cette autre carte postale éditée par Raymon et expédiée en 1980. Il s'agit cette fois d'une "vraie carte postale" et au dos le cachet de la poste tout en datant l'envoi en 1980 nous dit aussi : "Venez voir grandir Evry"
L'éditeur ajoute à Evry le terme de ville nouvelle.
Bien que manquant un rien de netteté, l'image dit bien la beauté des gradins, le jeu de la polychromie.
Encore :
Ici aussi on retrouve notre construction comme perdue dans les champs fleuris et j'imagine le photographe couché par terre, visant la touffe d'herbes folles pour installer la modernité dans un jardin. C'est Alphonse Allais qui rêvait des villes... à la campagne !
On reconnaît à gauche de l'image un ensemble de jardins-gradins de messieurs Andrault et Parat.
Et d'encore plus près :
Toujours chez Raymon éditeur, cette nouvelle carte postale nous offre cette fois les jardins-gradins à proximité de la sculpture et des aménagements superbes de Gérard Singer qui se nomme le déambulatoire si j'en crois l'excellent site Evry-daily-photo.
On y voit les enfants et les vélos, on y voit les jardinières pleines de fleurs.
Evry est une expérience, Evry est une chance pour l'histoire de l'urbanisme en France, la démonstration par l'exemple qu'une ville nouvelle doit tout à la fois inventer et apprendre à aimer cette invention.
Espérons que les politiques locaux, dans des gestes iconoclastes de marquage, ne cassent pas cet héritage.
En fait espérons qu'ils ne gèrent pas... comme ils disent si souvent.
On ne gère pas un patrimoine, on le défend.
2 commentaires:
Humm... J'ai connu Evry au début de son existence. Je me souviens encore de cette ambiance pionnière mâtinée d'intelligence et d'audace. J'adorais me promener dans ces nouveaux quartiers qui semblaient voués au succès.
Le hasard de la vie professionnelle m'a permis trente ans plus tard d'y retourner travailler.
Les Pyramides, merveille devenue "zone sensible", que j'ai parcourue pourtant à pied comme je le faisais à vingt ans, sans doute un peu inconscient des risques (encore qu'il ne m'est évidemment rien arrivé).
Toutes les impressions du passé envolées, remplacées par une atmosphère de violence, de saleté et d'inquiétude.
J'ai pu observer que beaucoup des attributs de ces lieux avaient été modifiés, sinon supprimés, mouvement que je voyais encore se poursuivre devant mes yeux. Une discussion avec un urbaniste m'en a alors donné la raison : "nous sommes passés à côté d'un facteur essentiel, l'insécurité".
On peut rêver à une gentryfication de ces quartiers avec le temps mais je crains que ce processus soit si long qu'il laissera le temps aux bulldozers de faire leur oeuvre.
Thierry
Merci pour ce très juste et éclairé commentaire.
Il est toujours important d'entendre la voix de ce qui "pratique" un lieu.
Bien à vous.
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