Toujours du nouveau c'est le titre d'un dépliant de cartes postales réalisé par Thierry Mouillé en 2002.
Je viens, suite à un grand rangement, de le retrouver sous un livre de Pincemin... Rien à voir.
Vous savez que sur ce blog on aime bien quand les artistes contemporains se servent des cartes postales pour diffuser leur travail, voire le constituer en une édition d'artiste.
C'est le cas ici.
9 cartes postales détachables et un revers faisant porte-folio nous montrent des photographies de zones abandonnées, d'aires d'autoroutes, de lieux un rien vains.
Ce regard nous est familier et il semble que la photographie contemporaine aime ainsi à investir ces lieux laids, quotidiens et improbables certainement à la fois pour nous autoriser à les voir mais aussi finalement parce qu'ils sont là, simplement dans leur réalité.
Cela aussi une nouvelle fois s'amuse du pittoresque et rejoint un rien des préoccupations de boring postcards où de photographies allemandes dites objectives.
Mais...
On pourrait vite passer sur ce nouveau jeu si l'artiste Thierry Mouillé ne jouait pas avec nous dans une mise en abyme des lieux les uns dans les autres en utilisant une fenêtre ou plutôt un écran de projection bien particulier : le panneau d'affichage.
Ainsi chaque photographie (carte postale) nous montre un de ces lieux indifférents avec en position centrale ou inscrit dans le paysage un beau panneau d'affichage sur lequel est affiché... un panneau d'affichage qui, lui, est systématiquement plié, détruit ou inopérant.
Comme pour nous informer de la mort future de celui qui est debout.
Parfois les uns derrière les autres, reprenant les motifs, les panneaux se succèdent comme des petits soldats de la communication et de la publicité. Ils polluent.
Mais leur jeu est ici d'une grande vanité et c'est bien là que se fonde sans doute le regard politique (oui je sais...) et social de l'artiste.
Il ne semble pas que Thierry Mouillé ait désiré ici raconter d'histoire, il ne semble pas non plus qu'il nous narre un voyage.
La succession semble hasardeuse et souligne ainsi vraiment le manque de particularité de ce genre de zone qui ravit Philippe Vasset.
D'ailleurs ce qui m'enchante assez c'est que des micro-signes disent tout de même un certain territoire et même signent un pays : la France.
Seule une carte postale semble prise ailleurs, en Grande Bretagne sans doute car on reconnait un taxi... londonien.
L'autre chose importante c'est qu'il s'agit à n'en point douter d'un montage et non de photographies d'installations d'affichages dans le réel.
L'artiste aurait-il rêvé mais pas pu obtenir son effet ?
Est-ce au contraire un travail qui se joue sur une perception et ne réclame en fait aucun passage à l'acte dans le réel ?
On ne peut rien en dire car l'objet éditorial reste muet sur les intentions de Thierry Mouillé.
Nous avons comme information qu'il s'agit du 75ème numéro de la Collection Cardinaux, imprimé le 20 décembre 2002 sur les presses de l'imprimerie Mégatop (sic !) à Naintré.
Tirage de 400 exemplaires dont 15 signés par l'artiste. (pas celui-ci malheureusement)
Le logo du Ministère de la Culture et de la Communication laisse penser à une action culturelle.
Chaque image porte le même titre : Thierry Mouillé, Toujours du nouveau, 1999-2002.
Avec en plus, un copyright Artel, la fondation mouvante.
Tout cela est bien mystérieux.
Moins sans doute avec ce texte de Paul Ardenne sur l'artiste.
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