lundi 9 août 2010

une question d'échelle

Depuis deux cartes postales on peut s'amuser au jeu des erreurs.
Pour cela il vous faut une carte postale de la maquette d'un bâtiment puis la carte postale du bâtiment construit.
Comme dans le cas qui suit je ne sais pas qui a suivi l'autre, je ne sais pas s'il s'agit d'un manque d'attention au plan ou un manque d'attention au réel !
Mais...
Certains détails de la maquette me font pencher pour un réalisme de la maquette et des erreurs du réel !
Comment les modifications ont eu lieu, je ne sais.
Les Aficionados du Corbu nous le diront certainement.
Mais voyez, d'abord la maquette :


Nous la connaissons bien mais pas sous cet angle. Je vous entoure ici des détails qui diffèrent de la réalisation.


Si vous en voyez d'autres...
La carte postale de cette maquette est une carte postale de soutien à la construction et on nous donne l'adresse pour envoyer des dons. Cela pourrait signifier une sorte de concordance temporelle entre l'objet et le bâtiment. La maquette était-elle visible sur le chantier ?
On a aussi le nom du Père Sage qui réalisa la maquette, du photographe de la carte postale Monsieur Récamier et le nom de l'imprimeur M. Lescuyer.
Mais pour ce couvent dominicain d' Eveux pas de date ni de réalisation ni d'envoi. On admirera le dégagement du ciel totalement blanchi par retouche, le bord du plateau soutenant la maquette maintenu dans le cadre !
le réel :


Passionnant !
Regardez bien, le couvent est encore en construction.


On voit également que le blanc de Meudon est encore sur les vitres !


Quelle image !
L'angle de prise vue permet de bien saisir le travail de l'architecte sur la prise de pente du terrain. Le coin de sol au devant de l'image à droite dit bien cela. La lumière vient de la droite, de l'est. (le matin ?)
Monsieur A. Caillon le photographe de cette carte postale auto-éditée par le couvent des dominicains a bien travaillé. Il a su dire la masse et la puissance de cette architecture. On rêverait bien de voir les autres clichés sur la pellicule...
Là aussi, il s'agit d'une carte postale de soutien à la construction ici bien avancée. Malheureusement, là aussi pas de date d'envoi.
En tout cas pour moi, l'un des sommets du brutalisme architectural.
Pour retrouver cette maquette et cette construction vous pouvez aller à rebours ici, ou ici, ou encore et puis .

3 commentaires:

Janvier a dit…

Bonjour Mr Liaudet, la maquette de la Tourette attribuée par l’imprimeur Lescuyer à l’abbé Sage ressemble furieusement, sapins compris, à la maquette d’étude no 2 de l’atelier du Corbusier. Il s’agit très probablement de l’état révisé du projet de novembre 1954, après que Yannis Xenakis eut mis au point le principe du ‘’pan de verre ondulatoire’’ pour les façades sud et ouest (réfectoire, chapitre, salles de classe et salle commune) , les canons à lumière sur les chapelles, la forme des pilotis du couvent etc, soit vers mars-avril 1955. Durant cette année les études avec les ingénieurs se sont poursuivies, les consultations avec les dominicains aussi et les appels d’offre envoyés aux entreprises. Mais, ‘’…quand au mois de janvier 1956 les entreprises consultées renvoyèrent leur devis, on commença à s’inquiéter.’’ L’offre la plus basse tutoyait les 240 millions alors que l’évaluation optimiste des maîtres d’œuvre se chiffrait sous la barre des 200 millions…
Commença alors la bataille des prix et des économies à réaliser. Révisions architecturales déchirantes comme on dit. Mr Liaudet, vous avez actualisé sur la photographie le geste qu’on fait quand l’argent manque << …et ça, est ce vraiment nécessaire ?>> .<< Et là, ne peut-on pas faire plus simple ?>> .<< Ne pouvez vous pas [ le client à l’architecte] enlever, supprimer, simplifie, tailler ?>>
Sources : Le couvent de la Tourette Editions Parenthèses, Le Corbusier Oeuvre complète les Editions d’Architecture.
Janvier

Liaudet David a dit…

le geste de l'économie vu par le travers des différences entre le réel et la maquette !
Voilà encore de votre part un bien beau et documenté commentaire.
Merci.
Peut-on voir cette maquette encore aujourd'hui ?
A la Fondation Le Corbusier peut-être ?
Refaire les clichés...

Janvier a dit…

Mr Liaudet, j’ajoute à mon précédent post un extrait d’une lettre émouvante du Corbusier du 13 mars 1956, à son chef de chantier Joseph Wogenscky au sujet de l’arbitrage entre prix et qualité : <<….Concernant le projet lui-même, j’ai fait la révision totale avec les simplifications que le projet peut supporter. Je ne peux pas me livrer à d’autres suppressions et je ne peux pas consentir d’autres changements. Vous excuserez mon manque de modestie, mais j’aime ce projet ; je le trouve bien fait et je voudrais le voir exécuté tel qu’il est là. Dites vous bien une chose : je n’ai pas à 68 ans à faire une démonstration d’architecture pas chère. La marge des prix qu’il faut comprimer est compressible : la peinture peut-être diminuée beaucoup, le lait de chaux suffit amplement : le couvent tout blanc partout : Je ne veux pas supprimer les loggias[des cellules], qui sont au point de vue moine la clef même qui a inspiré toute mon architecture domestique à partir de 1907 à la Chartreuse d’Ema en Toscane.>> Le couvent de la Tourette Editions Parenthèses p. 36
Janvier