Vous connaissez maintenant mon intérêt pour ces lieux construits et ludiques, eh bien voici encore deux représentations de ces espaces au pied des tours de la Cité Paul Eluard de Bobigny.
La première :
Cette carte postale Raymon expédiée en 1975 inscrit cet espace de jeux au creux d'une sorte de vallon vert et encadré par ce qui semble un parking à jardinières. En haut sur la dalle les barres hautes et rugueuses, un rien (?) minérales dominent et surveillent.
Pour venir là il doit falloir descendre l'escalier à droite.
Les volumes de jeu sont des tubes de canalisation en béton
peints de couleurs vives. Il y a aussi des cubes qui jouent de l'échelle, bien plus petits que les immeubles mais encore trop grand pour un jeu de cube en bois. Ils sont une taille intermédiaire et sorte de réduction joyeuse d'un plan d'urbanisme.
Toujours je dois lire un détail. Toujours.
Et là dans cette image c'est ce jeune homme de dos habillé dans un ensemble bleu en jean qui me rappelle beaucoup celui de mon père dont je garde encore (et porte aussi parfois) la veste.
Les mains sur les hanches il parle à une jeune femme en surveillant j'imagine son enfant venu jouer là.
Où vont-ils se rendre ensuite tous les deux ?
Depuis quel étage l'enfant pointe-il du doigt cet espace de jeux lorsqu'il veut descendre ?
Puis si on se déplace légèrement :
Le même endroit photographié par Serge Henry pour les éditions Lyna, Abeilles-cartes.
C'est intéressant cette proximité de points de vues entre les éditeurs. Les deux photographes viennent là et placent tous deux leur appareil photographique sur ce morceau d'enfance au pied des tours.
Serge Henry choisit la hauteur et écrase un peu plus les jeux alors même qu'il s'en rapproche. Il fait dominer l'architecture mais aussi dans ce même geste propose cette tour de ciel qui ouvre l'image et écarte les deux tours l'une de l'autre.
On perçoit mieux de quoi sont faits ces jeux et une nouvelle fois on peut penser à Jacques Simon.
J'aime cette image car elle me semble faite de deux lieux, le bas, sorte de déjeuner sur l'herbe et le haut, radicalité massive du logement social.
En cherchant des informations sur Bobigny je suis tombé sur les images de Denis Darzacq. J'avais déjà eu la chance de voir ses photographies de la série
La Chute au Pôle Image de Haute-Normandie et j'avais été littéralement soufflé par ce travail superbe.
J'enviais alors à la fois la liberté des corps suspendus et la capture puissante de cet instant. Je jalouse complètement ce travail.
Et ma jalousie va de celui qui pose à celui qui photographie. Je veux dire qu'il m'est impossible d'entreprendre mon corps dans un tel espace et que je suis encore bien plus incapable de penser le saisir.
L'espace urbain, le lieu même de ces chutes apporte encore au sentiment de liberté car ici point de subterfuge de l'atelier ou du Lieu. Simplement le trottoir, la façade, la fenêtre éléments devenus un instant (300ème de seconde ?) le cadre, l'échelle de cette liberté.
Je vois ici Donald O'Connor marchant sur les murs, je le vois avec eux jouant chacun leur tour de leur connaissance parfaite de leur oreille interne et de l'articulation de leurs genoux !
Allez voir le travail de Denis Darzacq.
1 commentaire:
touchantes ces photographies. j'ai habité Bobigny entre 1963 et 1999. Au moment de ces photographie ( 1975 ) j'avais 16 ans. La ville avait été profondément remaniée par la construction de ces grands ensembles , autrefois il y'avait des maraichers. A l'emplacement exacte de l'actuel tribunal de Bobigny il y'avait le café de mon grand père.
Enregistrer un commentaire